Émilia Masson

Émilia Masson, née Emilija Jovanovic-Slavinski le à Belgrade et morte le à Paris est une linguiste et épigraphiste française d'origine yougoslave.

Émilia Masson
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Emilija Jovanovic-Slavinski
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Revendiquant l'héritage de Georges Dumézil, ses travaux portent principalement sur les inscriptions chypriotes, le hittite et l'héritage religieux indo-européen. Son interprétation de la Vallée des Merveilles fait polémique.

Biographie

Linguiste

Emilija Jovanovic-Slavinski naît le à Belgrade[1], capitale du royaume de Yougoslavie. Selon elle, c'est son origine serbe qui explique son intérêt pour les langues. Elle fait des études dans son pays natal et en France[2].

Mariée au linguiste et épigraphiste Olivier Masson, elle prend le nom d'Émilia Masson[2]. En 1966, elle soutient à l'École pratique des hautes études une thèse de troisième cycle consacrée aux emprunts grecs aux langues sémitiques[3], publiée en 1967. La critique y voit un travail important, plus linguistique qu'historique[4],[5],[6],[7],[8].

Chypro-minoen

Elle devient chercheur au CNRS en 1972. Elle s'oriente vers l'étude de Chypre et de ses écritures anciennes, domaine des recherches de son mari[2].

Elle publie des ouvrages remarqués sur les inscriptions minoennes de Chypre et d'Ougarit. Son livre qui analyse les boules trouvées à Enkomi et à Hala Sultan Tekké qui portent des noms propres[9] est qualifié d'« excellente publication »[10]. Un second volume, consacré au syllabaire chypro-minoen en élargissant le champ de ses recherches à Ougarit, est reçu comme un livre important[11],[12].

Elle fonde avec son mari en 1983 le Centre des études chypriotes[2].

Études hittites

Dans les années 1980, elle se consacre plutôt aux études hittites et à l'héritage indo-européen, étudiant notamment le sanctuaire rupestre de Yazılıkaya (Turquie)[2]. Son ouvrage sur les douze dieux représentés à Yazilikaya, dont elle cherche les origines indo-européennes, est salué comme une « une éclatante confirmation des hypothèses » de Georges Dumézil[13] et celui qu'elle consacre à l'héritage indo-européen dans la mythologie anatolienne est présenté par Bernard Sergent comme « un véritable manuel de la religion hittite »[14].

Elle publie aussi de nombreux articles et parcourt l'Europe et le Proche-Orient pour voir et toucher par elle-même les inscriptions qu'elle étudie[15].

Vallée des Merveilles

Dans les années 1990, elle s'intéresse également aux signes rupestres de la Vallée des Merveilles près du Mont Bégo[2],[15].

Son interprétation de ce site, dans lequel Émilia Masson voit un sanctuaire[16],[17] lié aux mythes indo-européens, est d'abord accueillie favorablement dans la presse[18],[19], mais condamnée dans le monde préhistorien[20]. Une polémique l'oppose notamment à Henry de Lumley, qui conteste l'existence des peintures rupestres qu'Émilia Masson y discerne, qui sont pour lui de simples lichens[21],[22].

Émilia Masson meurt emportée par la maladie le 7 août 2017[15] dans le 14e arrondissement de Paris[1]. Après sa mort, sa fille Diane Masson fait don au Centre d’Études Chypriotes de la bibliothèque de ses parents[23].

Principaux livres

  • Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec (Thèse de doctorat de 3e cycle.), Paris, Klincksieck, coll. « Études et commentaires » (no 47), , 128 p. (présentation en ligne)
  • Étude de vingt-six boules d’argile inscrites trouvées à Enkomi et à Hala Sultan Tekké (Chypre), Göteborg, 1971, P. Åström, coll. « Studies in Mediterranean archaeology » (no 31, 1), , 38 p. (présentation en ligne, lire en ligne).
  • Cyprominoica : répertoires, documents de Ras Shamra : essais d’interprétation, Göteborg, Paul Åströms Förlag, coll. « Studies in Mediterranean archaeology » (no 31, 2), (présentation en ligne, lire en ligne)
  • Le panthéon de Yazılıkaya, nouvelles lectures, Paris, ADPF - Institut français d'études anatoliennes, coll. « Recherche sur les grandes civilisations. Synthèse » (no 3), , 77 p. (ISBN 978-2865380121, lire en ligne).
  • Les douze dieux de l’immortalité : croyances indo-européennes à Yazılıkaya, Paris, Belles Lettres, coll. « Vérité des mythes » (no 4), , 231 p. (ISBN 978-2251324173, présentation en ligne).
  • Le combat pour l’immortalité : héritage indo-européen dans la mythologie anatolienne, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Ethnologies », , 346 p. (ISBN 978-2-13-043775-8, lire en ligne)
  • Vallée des Merveilles : un berceau de la pensée religieuse européenne, Dijon, Faton, coll. « Dossiers d’archéologie », , 144 p. (ISBN 978-2878440119).
  • Kikkuli (trad. du hittite par Émilia Masson), L'Art de soigner et d'entraîner les chevaux, Favre, , 125 p. (ISBN 978-2828905422).
  • Émilia Masson (dir.) et Laurent Dubois (dir.), Philokypros : mélanges de philologie et d’antiquités grecques et proche-orientales dédiés à la mémoire d’Olivier Masson, Salamanca, coll. « Suplementos a Minos » (no 16), , 316 p. (ISSN 0544-3733, présentation en ligne).

Références

  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès d'Emilija Jovanovic-Slavinskis », sur MatchID
  2. Antoine Hermary, « In memoriam Emilia Masson (1940-2017) », Cahiers du Centre d’Études Chypriotes, no 47, , p. 9–13 (ISSN 0761-8271, DOI 10.4000/cchyp.305, lire en ligne, consulté le ).
  3. Emilia Masson, « Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec », Annuaires de l'École pratique des hautes études, vol. 99, no 1, , p. 565–566 (DOI 10.3406/ephe.1966.5089, lire en ligne, consulté le ).
  4. James Germain Février, « Emilia Masson, Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 45, no 1, , p. 193–194 (lire en ligne, consulté le )
  5. Louis Deroy, « Emilia Masson, Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec », L'Antiquité classique, vol. 37, no 1, , p. 326–326 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Paul Burguière, « Émilia Masson, Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec (Études et Commentaires, LXVIII), 1967 », Revue des études anciennes, vol. 71, no 3, , p. 511–512 (lire en ligne, consulté le ).
  7. Jean Humbert, « 7. Masson (Émilia). Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec (coll. Études et Commentaires, LXVII) », Revue des études grecques, vol. 81, no 384, , p. 213–214 (lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) D. M. Jones, « Semitic Loanwords in Greek - Émilia Masson: Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec. (Études et Commentaires, lxvii.) Pp. 128. Paris: Klincksieck, 1967. Paper. », The Classical Review, vol. 22, no 3, , p. 369–370 (ISSN 1464-3561 et 0009-840X, DOI 10.1017/S0009840X00996975, lire en ligne, consulté le ).
  9. Jacques Raison, « Émilia Masson, Étude de vingt-six boules d'argile inscrites trouvées à Enkomi et Hala Sultan Tekke (Chypre), Studies in the Cypro-Minoan Scripts, 1 (Studies in Mediterranean Archaeology, XXXI, 1), 1971 », Revue des études anciennes, vol. 75, no 1, , p. 131–131 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Jacques-Claude Courtois, « Emilia Masson, Étude de vingt-six boules d'argile inscrites trouvées à Enkomi et Hala Sultan Tekke (Chypre). SIMA XXXI, 1 Studies in the Cypro- Minoan scripts, 1. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 50, no 3, , p. 465–467 (lire en ligne, consulté le ).
  11. André Caquot, « Emilia Masson, Cyprominoica. Répertoires, documents de Ras Shamra, essais d'interprétation (Studies in the Cypro- Minoan Scripts 2 = Studies in Mediterranean Archaeology, vol. XXXI : 2). », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 54, no 1, , p. 143–144 (lire en ligne, consulté le ).
  12. Claude Brixhe, « 2. Masson (Emilia), Cyprominoica. Répertoires, Documents de Ras Shamra, Essais d'interprétation », Revue des Études Grecques, vol. 90, no 428, , p. 116–117 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Jacques Freu, « Emilia Masson, Les Douze Dieux de l'Immortalité. Croyances indo-européennes à Yazihkaya. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 67, no 2, , p. 531–534 (lire en ligne, consulté le ).
  14. Bernard Sergent, « E. Masson, Le Combat pour l'immortalité. Héritage indo-européen dans la mythologie anatolienne », L'Homme, vol. 32, no 121, , p. 179–181 (lire en ligne, consulté le ).
  15. Raphaël Nicolle, « Émilia Masson (1940-2017) », Semitica et Classica, vol. 10, , p. 269–274 (ISSN 2031-5937, DOI 10.1484/J.SEC.5.114965, lire en ligne, consulté le ).
  16. « Montagne : FR 3, 18 h sanctuaire à ciel ouvert », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Vallée des Merveilles : la vision spirituelle d’Emilia Masson » [vidéo], Nice Provence Info (consulté le ).
  18. « Les nouvelles Merveilles Les innombrables gravures rupestres de la vallée des Merveilles et de Fontanalba sont la " mise par écrit " des mythes indo-européens », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Les Merveilles démystifiées Les 100 000 gravures de deux hautes vallées des Alpes-Maritimes permettent désormais de voyager loin dans le temps, mais près dans l'espace », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  20. Gilles Gaucher, « E. Masson Vallée des Merveilles, un berceau de la pensée religieuse européenne », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 91, no 1, , p. 12–13 (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Y a-t-il des peintures rupestres dans la vallée des Merveilles ? », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  22. « Les peintures sacrées du mont Bego seraient de simples lichens », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  23. « Emilia Masson | Préfixes » (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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