Abbaye de Moiremont

L'abbaye de Moiremont est une ancienne abbaye de bénédictins, situé à Moiremont dans la Marne, fondée au VIIIe ou IXe siècle, restaurée en 1074. Il ne subsiste de nos jours que l'église abbatiale profondément remaniée devenue église paroissiale après la Révolution.

Abbaye de Moiremont

Ordre Saint-Benoît
Congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe
Fondation 707
Fermeture 1790
Diocèse Reims
Fondateur Nanterus
Dédicataire saints Parthène et Calogère
Sainte-Marie
Localisation
Pays France
Région Grand-Est
Département Marne
Commune Moiremont
Coordonnées 49° 08′ 01″ nord, 4° 53′ 17″ est
Géolocalisation sur la carte : Marne
Géolocalisation sur la carte : France

Histoire

La tradition fait remonter la fondation de l'abbaye de Moiremont à 707 à un comte Nanterus ou Nanceio,avec un chapitre de douze chanoines chargés de garder les reliques des saints Parthène et Calogère ou Calocère († 304), frères martyrs originaires d'Arménie[1], et la place sous la protection du chapitre de Reims. Au IXe siècle, les Normands, qui ravagent tout le pays, saccagent également Moiremont, et le monastère tombe dans une si grande pauvreté qu'il est réduit à un seul chanoine.

En 1074, l'archevêque de Reims, Manassès, sur la demande d'Odalric, prévôt de son chapitre, y envoie des bénédictins et donne une charte de fondation. Les seigneurs du pays, et à leur tête Drogon, sire de Vienne-le-Châleau, veulent s'opposer à l'établissement d'une puissance ecclésiastique rivale ; mais Odalric se rend sur les lieux pour faire cesser ces différends et cite Drogon dans un plaid et le condamne. Après avoir réparé le mal qu'il avait causé, Drogon prend la robe et meurt moine à Moiremont[2].

En 1154, Henri, comte de Grandpré, déclare la guerre à l'évêque de Verdun, ses soldats pillent et brûlent Moiremont en 1156. Le comte de Champagne intervient et force Henri de Grandpré à indemniser les moines et augmente leurs biens. En 1228, Thibaut IV le Posthume après avoir aplani les difficultés entre les religieux de Moiremont et ceux de la Chalade, fait une riche donation en terres et en bois et vers 1244, ajoute soixante arpents de bois entre le territoire de l'abbaye et ceux de Vienne-la-Ville et de Vienne-le-Château[3]. En 1266, il joint à leur domaine la léproserie de Royon[4],[5]. La comtesse Blanche cède une partie de la dîme qu'elle perçoit à La Neuville-au-Pont et à Florent[2].

Vers l'année 1387, un défi met aux prises la ville de Verdun d'une part, et d'autre part Jean de Saulx, Pierre d'Argiers et Guyot de Savigny. Les gens d'armes de Verdun ont l'avantage, et, à leur tête, Richard des Armoises, Jean de Wadonville et Jaquemin de Baleicourt poussent une pointe jusqu'aux environs de Sainte-Menehould; ils en profitent pour faire toutes sortes de dégâts dans la région; ils s'emparent même du prévôt de Sainte-Menehould, de divers habitants du pays et de l'abbé de Moiremont, qu'ils emmènent prisonniers à Verdun[6].

Le relâchement s'introduit peu à peu parmi les moines; En 1622, l'abbaye adhère à la réforme de Saint-Vanne.

Lors de la Fronde, pendant le siège de Sainte-Menehould, les bandes du prince de Condé saccagent le pays et Moiremont est incendiée en 1653 ; les Bénédictins relèvent presque aussitôt leur monastère.

En 1746, il reste 7 religieux qui étudient le grec, 9 religieux en 1768. Le , l'Assemblée constituante prononce l'abolition des vœux monastiques et la suppression des congrégations religieuses. L'abbaye est fermée, l'abbatiale devient église paroissiale.

En septembre 1792, pendant la Bataille de Valmy, le général Le Veneur défend les positions française à Vienne-la-Ville et à l'abbaye[7].

Le reste du bâtiment ancestral est vendu comme bien national et démoli en 1793.

Abbés et abbés commendataires

Abbés réguliers

  • 1074 : Duranne
  • 1112 : Bernard
  • 1167 : Simon
  • 1304 : Jean
  • 1345 : Hugues de Clarieux
  • 1387 : Berthelot Patient, prieur

Abbés commendataires

À partir du Concordat de Bologne, commence la série des abbés commendataires et seigneurs temporels :

Autres personnalités

  • Dom Pérignon, novice à Moirmont vers 1650
  • Dom Etienne Poinsignon (1703-1782), écrivain
  • Dom Grosjean (-†1807), prieur, dernier moine de Moiremont

Prieurés

L'influence de l'abbaye s'étend sur les prieurés où elle envoie ses religieux et recueille les revenus. Le comte de Champagne cède aux religieux de Moiremont, vers le milieu du XIIIe siècle, un terrain près du château de Sainte-Menehould ; ils y bâtirent un prieuré et desservirent longtemps l'église paroissiale ;

Le comte de Bar avait la garde du prieuré de Bayon qu'il avait fondé pour l'abbaye de Moiremont.

Patrimoine foncier

Les biens de l'abbaye étaient considérables et se composaient surtout de vastes forêts , entre autres celle des Hauts-Bâtis ; les principaux villages qui se trouvaient ses tributaires étaient : Apremont, Rouvroy, Arne et Ripont, Sommièvre, Autry, Braux, Cernay, Parcicourt,..

L'abbaye de Moiremont percevait un cens de douze deniers sur l'abbaye de Chéhéry pour lui avoir cédé ses biens d'Apremont en 1177.

Droit de patronage

L'abbé nommait aux cures (droit de patronage, de présentation à l’évêque et de nomination d'un desservant aux églises ou cures (paroisses)) où il percevait les grosses dîmes : Dampierre-sur-Auve, Éclaires, Florent,Janvry, Maffrécourt, la Neuville-au-Pont, Rosnay, Somme-Tourbe, Virginy, Ville-sur-Tourbe, Minaucourt, Moiremont, Notre-Dame de Sainte-Menehould, Somme-tourbe[8].

L'abbaye touchait la moitié des dîmes dans les communes de Minaucourt et Wargemoulin, l'abbaye de Saint-Remi les cinq douzièmes et l'hospice de Sainte-Menehould touchait le douzième[9].

L'abbaye est collateur de la chapelle Sainte Barbe fondée en 1351 dans l'église de Sainte-Menehould

Héraldique

Les armes de l'abbaye de Moiremont se blasonnent ainsi :

D'azur semé de fleurs de lis d'or, à la crosse d'argent.



Bibliographie

  • Édouard de Barthélemy, « Essai sur les abbayes de la Marne, ancien diocèse de Châlons », Séances et travaux de l'Académie de Reims, vol. 16, (lire en ligne, consulté le ). .

Liens externes

Références et notes

Notes
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