Adolf Wölfli

Adolf Wölfli né le à Bowil (canton de Berne) et mort le à Berne est un peintre, dessinateur et écrivain suisse.

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Adolf Wölfli
Biographie
Naissance
Décès
(à 66 ans)
Berne
Sépulture
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Représenté par
Phyllis Kind Gallery (d)

Il est une de figures majeures de l'art brut.

Biographie

Jakob Wölfli, le père d'Adolf Wölfli, est un tailleur de pierre de profession. Alcoolique, il tombe dans la délinquance et finit en prison. Adolf Wölfli prétend, dans sa biographie imaginaire Du berceau au tombeau, ou prière à la malédiction pour le labeur et la sueur, la souffrance et le tourment, que ses parents eurent sept fils dont il était le cadet. Sa mère Anna était probablement blanchisseuse[1].

En 1872, le père abandonne sa famille qui, à peine installée à Berne, meurt presque de faim malgré le dévouement d'Anna. En octobre de la même année, après que tout, ou presque, a été vendu aux enchères, la famille revient à Schangnau, sa commune d'origine. L'assemblée communale convoquée, place Adolf et sa mère chez un paysan, conseiller d'État et agriculteur à Cherlishof, commune de Bumbach. Ils seront séparés en [2]. En 1875, le père retourne dans son pays natal où il succombe au delirium tremens.

Adolf Wölfli va de ferme en ferme où, témoin de beuveries et obligé lui-même de boire, il est parfois maltraité au point de manquer l'école, et parfois mieux reçu. À neuf ans, il apprend la mort de sa mère. D'abord chevrier, il est valet de ferme à partir de 1880[3].

En 1890, il est condamné à deux ans de prison pour tentatives de viol sur deux mineures[4]. Il purge sa peine à la prison Saint-Jean de Gals, dans le canton de Berne[4]. Il récidive à sa sortie, mais est cependant déclaré irresponsable et interné en 1895 à l'asile d'aliénés de Waldau, près de Berne, où il demeure jusqu'à sa mort[3].

Œuvre

Irren-Anstalt Band-Hain (1910), Lausanne, Collection de l’art brut.
Battania Gottes = Aker (1927), Villeneuve-d'Ascq, LaM.

En 1899, Wölfli commence à dessiner, écrire et composer de la musique[5]. Pendant 30 ans, il accumule 1 300 dessins, 44 cahiers où sont exposées ses nombreuses théories scientifiques et religieuses, au travers de longues emphases où les mots sont déformés ou créés, l'orthographe transformée, les voyelles et les consonnes doublées ou triplées pour accentuer le rythme des phrases et sa biographie imaginaire de 25 000 pages, La Légende de Saint Adolf, dans laquelle il affirme une connaissance nouvelle, quasi encyclopédique[6].

En 1921, le psychiatre Walter Morgenthaler publie une monographie entièrement consacrée à Adolf Wölfli, un ouvrage qui contribue grandement à faire connaître l’œuvre d'Adolf Wölfli et dans laquelle il plaide pour que ce dernier soit reconnu comme un artiste[7],[8].

L’œuvre d'Adolf Wölfli est conservée pour l'essentiel au musée des Beaux-Arts de Berne, où elle est mise en valeur par la Fondation Adolf Wölfli. Elle est également très bien représentée à la Collection de l'art brut de Lausanne, car elle est l'une des plus représentatives de ce mouvement que Jean Dubuffet a tenté de définir comme étant de l'art brut[6],[9],[10]. Son œuvre est conservée également au Lille Métropole Musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut (LaM) de Villeneuve-d'Ascq[11].

Publications

  • Courte autobiographie, Lenka lente, Nantes, 2014, (ISBN 978-2-9545845-6-0).
  • (de) Von der Wiege bis zum Graab, Oder, Durch arbeiten und schwitzen, leiden, und Drangsal bettend zum Fluch. Schriften 1908-1912 [Du berceau au tombeau, ou, par le travail et la sueur, la souffrance et les privations, par la prière même, vers la damnation. Écrits 1908-1912], Francfort, Fondation Adolf Wölfli, musée des Beaux-Arts de Berne, 1985.

Wölfli dans la culture

Adolf Wölfli pourrait être un des modèles de Moravagine, le héros fou et criminel du roman de Blaise Cendrars qui a eu, au cours de ses études de médecine à Berne (1909), l'occasion de se rendre à l'asile de Waldau[12],[13].

Le peintre visionnaire américain Joe Coleman a réalisé en 1995 le portrait d'Adolf Wölfli sous le titre Saint Adolf II[14],[15].

Notes et références

  1. « Présentation chronologique de la vie et de l’œuvre d'Adolf Wölfli (publié dans « Adolf Wölfli », catalogue d’exposition, Berne 1976) Juxtaposition des dates biographiques de Wölfli, avec l'histoire imaginaire de sa vie et l'origine de son œuvre. Adapté par Elka Spoerri (traduit par Isabelle Eicher) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  2. Adolf Wölfli, Elka Spoerri, Wölfli : dessinateur-compositeur, L'AGE D'HOMME, , 131 p. (ISBN 9782825102053, lire en ligne), p. 10.
  3. (en) Harald Szeemann, Selected Writings, Getty Publications, , 424 p. (ISBN 9781606065549, lire en ligne), p. 19.
  4. Daniel Baumann, « Wölfli, Adolf », sur Dictionnaire historique de la Suisse, .
  5. [PDF] Adolf Wölfli : L'hôpital comme atelier. Entretien avec Daniel Baumann, juillet 2005 sur ag-archives.net.
  6. Philippe Dagen, « Les dessins chantants d'Adolf Wölfli, un fou génial interné de 1895 à sa mort en 1930, le Suisse a produit une œuvre moderne stupéfiante. Il est exposé à Villeneuve-d'Ascq. », Le Monde, (lire en ligne).
  7. (de) Angela Fink, Kunst in der Psychiatrie: verklärt - verfolgt - vermarktet, , 202 p. (ISBN 978-3643504494), p.42-43.
  8. (en) Allan Beveridge, « A Disquieting Feeling of Strangeness?: The Art of the Mentally Ill », Journal of the Royal Society of Medicine, vol. 94, no 11, , p. 595–599 (ISSN 0141-0768 et 1758-1095, PMID 11691904, PMCID PMC1282252, DOI 10.1177/014107680109401115, lire en ligne, consulté le ).
  9. Eric Tariant, « L’envolée de l’art brut », Le Temps, (lire en ligne).
  10. Anastasia Altmayer, Isabelle Spaak, « Art brut : six cotes à la hausse. Leur talent est souvent reconnu après leur mort. Six artistes atypiques ont récemment obtenu des enchères record à titre posthume. », Le Parisien, (lire en ligne).
  11. Florian Dèbes, « 3 raisons d'aller voir le LAM », L'Express, (lire en ligne).
  12. Claude Leroy, La Main de Cendrars, Presses Univ. Septentrion, , 360 p. (ISBN 9782859394875, lire en ligne), p. 175
  13. Patrice Delbourg, L'odyssée Cendrars, Écriture, (ISBN 9782359050141, lire en ligne).
  14. Reproduit dans le no 11 du magazine Raw Vision.
  15. The Holy Saint Adolf II, Joe Coleman Paintings.

Annexes

Monographies

  • (de) Dr Walter Morgenthaler, Ein Geisteskranker als Künstler: Adolf Wölfi, Berne/Leipzig, 1921
    Rééditions (fr) Dr W. Morgenthaler, Adolf Wölfli. Traduction et préface de Henri-Pol Bouché. Paris, Publications de l'Art brut, 1964. (en) Dr W. Morgenthaler, Madness and Art: The Life and Works of Adolf Wölfli, Ùniversity of Nebraska Press, USA, 1992).
  • (de) Collectif, Adolf Wölfli 1864-1930, Werk aus einer Privatsammlung, Bâle, Kupferstichkabinett, Kunstmuseum, 1971.
  • Collectif, Adolf Wölfli, Berne, Fondation Adolf Wölfli, Musée des Beaux-Arts de Berne, 1976. — Avec une présentation chronologique de la vie et de l'œuvre d'Adolf Wölfli par Elka Spoerri.
  • (en) Elsa Longhauser et Elka Spoerri, The Other Side of the Moon. The World of Adolf Wölfli, [catalogue d’exposition], Philadelphie, 1988.
  • Collectif, Wölfli, Dessinateur-Compositeur, Lausanne, Éditions l’Âge d’Homme, 1991.
  • (de) Marianne Wackernagel von Schwabe, Adolf Wölfli, Sondereinband, 1998.
  • (en) Daniel Baumann et Elka Spoerri, The art of Adolf Wölfli, Princeton University Press, 2003.

Articles notables et chapitres entiers de livres

  • Écrits d’Art Brut. Graphomanes extravagants, Lucienne Peiry, Paris, Le Seuil, 2020.   (ISBN 978-2-02-144768-2)
  • Michel Thévoz, L'Art brut. Genève, Albert Skira, coll. « La Peinture », 1975, 1980.
  • « Wölfli : l’empire du songe », in : Christian Delacampagne, Outsiders, fous, naïfs et voyants dans la peinture moderne (1889-1960), chapitre 5, Paris, Éditions Mengès, 1989, p. 76–88.
  • (en) Elka Spoerri, « Wölfli », Raw Vision, no 4, 1991.
  • (en) Edward Gomez, « Adolf Wölfli: An examination of the « Funeral March », the Swiss Visionary’s final voluminous Illustrated books », Raw Vision, no 18, 1997.
  • « Saint Adolf II, Empereur du gigantisme », in : Jean-Louis Ferrier, Les Primitifs du XXe siècle, Terrail, 1997, p. 76–91.
  • « Le Phénomène Adolf Wölfli », in : John Maizels, L’Art brut, chapitre 2, Phaidon, 2003, p. 22–30.

Ouvrages mentionnant Wölfli

  • (de) Hans Prinzhorn, Bildnerei der Geisteskranken, Springer Verlag, Berlin, 1922 (édition française : Expressions de la folie, Gallimard, 1984 et 1996).
  • Catalogue de la Collection de l'art brut, Lausanne, 1976 et 1986.
  • (en) Another World: Wölfli, Aloïse, Müller, Glasgow, Third Eye Centre, 1978.
  • Michel Random, « L’art visionnaire », Paris, Nathan, 1979.
  • Art brut, Collection de l’Aracine, [catalogue d’exposition], Musée d’Art moderne Lille Métropole, 1997.
  • Lucienne Peiry, L'Art brut, Paris, Flammarion, 1997.
  • Colin Rhodes, L'Art outsider : art brut et création hors normes au XXe siècle, Thames & Hudson, 2001.
  • Florence de Mèredieu, Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne, Larousse, 2004.
  • Laurent Danchin, Art brut. L’instinct créateur, Paris, Gallimard, 2006.
  • Bianca Tosatti, Beautés insensées : figures, histoires et maîtres de l'art irrégulier, [catalogue d’exposition], Skira Seuil Éditions, 2006, 376 p.
  • Claude Quétel, Images de la folie, Paris, Gallimard, .
  • Gilles Deleuze et Félix Guattari, L'Anti-Œdipe, Paris, Éditions de Minuit, 1972.

Articles connexes

Liens externes

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