Agricol Moureau

Agricol Moureau (Avignon, - Aix-en-Provence, [1]) est un prêtre défroqué, devenu jacobin, rédacteur au Courrier d'Avignon, initiateur de la création du département de Vaucluse, administrateur du directoire de ce département et commissaire du Directoire à Paris. Il eut comme surnom le « Sans-culotte du Midi ».

Agricol Moureau
Fonctions
Membre de l'administration du département du Vaucluse
Commissaire du Directoire à Paris
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Avignon
Date de décès
Lieu de décès Aix-en-Provence
Nationalité Française
Parti politique Club des Jacobins
Profession prêtre défroqué, rédacteur au Courrier d'Avignon, avocat

Biographie

Né à Avignon, en 1766, il entra très jeune dans les ordres, fit ses humanités et enseigna la rhétorique au collège des Frères de la doctrine chrétienne à Beaucaire[2].

Enthousiasmé par les idées révolutionnaires, en 1790, il prêta serment à la Constitution civile du clergé, devint avocat et retourna à Avignon. Il fut engagé comme rédacteur du Courrier d'Avignon par Sabin Tournal. Impliqué avec lui dans le Massacre de la Glacière, il bénéficia de l'amnistie du [2].

Nommé procureur de la commune d'Avignon, en 1793, il intervint auprès de la Convention nationale avec le député Stanislas Joseph François Xavier Rovère pour obtenir la création d'un 87e département français qui porterait le nom de Vaucluse. Les deux hommes obtinrent gain de cause le par un décret réunissant les districts d'Apt, Avignon, Carpentras et Orange. Le , Moureau devint administrateur du directoire du nouveau département, fonction à laquelle il fut reconduit en floréal, An II[2].

À la suite de la mort de son neveu Joseph Agricol Viala, face aux fédéralistes des Bouches-du-Rhône, le , il rencontra Robespierre. Le récit qu'il lui fit des exploits du jeune garçon le firent immédiatement considérer comme un « martyr de la Révolution »[3].

Soupçonné d'avoir falsifié des témoignages relatifs à une échauffourée sanglante qui s'était déroulée à Beaucaire le , il est accusé d'avoir truqué la traduction en français des dépositions faites en provençal et arrêté sur ordre du Comité de sûreté générale de Paris, le [3].

En dépit du soutien du Directoire du département de Vaucluse, des sociétés patriotiques de Marseille, Nîmes, Beaucaire, Avignon et Orange, il fut incarcéré quatre mois au Luxembourg. Seule l'intervention personnelle de Robespierre lui permit d'obtenir un non-lieu le 26 germinal ()[3].

Il revint à Avignon. Étienne Christophe Maignet, le représentant en mission pour le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône, l'installa comme administrateur de son département. Il y fit régner la Terreur, tant à Bédoin où l'Arbre de la Liberté avait été arraché, qu'en créant la « Commission populaire d'Orange », tribunal sans appel, qui sévit du 1er messidor au 17 thermidor de l'An II (19 juin au ). Durant ces 47 jours, ce tribunal présidé par Jean Fauvety, assisté de quatre juges, envoya à l'échafaud 322 personnes sur les 583 qui comparurent[3].

Moureau, qui avait préféré rester dans l'ombre depuis sa libération, réapparu en public lors de la Fête de l'Être suprême le 20 prairial () où l'ancien doctrinaire exalta le culte de cette nouvelle divinité. Puis le 30 messidor (), il présida à Avignon les festivités à la gloire des jeunes Bara et Viala[3].

Le même jour, à Paris, Robespierre organisait une grandiose cérémonie en l'honneur des deux jeunes héros de la République. Elle devait se conclure par le transfert de leurs cendres au Panthéon. Mais cet ultime hommage fut repoussé au 10 thermidor (28 juillet). Il n'eut jamais lieu puisque la veille de ce jour l'Incorruptible et ses principaux partisans furent arrêtés et jugés puis conduits, le lendemain, à la guillotine[4].

Dans le Vaucluse, le 25 thermidor (), le député Rovère obtint du Comité de sureté générale un mandat d'arrêt contre Moureau. Ce dernier réussit à fuir et resta introuvable. Ce qui n'empêcha point la réaction thermidorienne de se déchaîner à travers la première terreur blanche. Le 8 messidor, An III (), dans l'après-midi, sur la place du palais des papes d'Avignon, les membres de la « Commission populaire d'Orange » furent guillotinés et leurs corps jetés dans le Rhône[4].

La capitale continua à être agitée par de nouveaux troubles qui culminèrent au cours du mois de vendémiaire An IV. Ce qui permit le 4 brumaire () au Directoire de prendre le pouvoir. Les nouveaux directeurs nommèrent Louis Fréron, représentant en mission dans le Vaucluse. Et celui-ci, dès son arrivée, plaça Moureau sur le siège de président du Tribunal criminel[4].

Dans l'exercice de ses nouvelles fonctions, il fut accusé d'avoir couvert l'exécution sommaire de cinq royalistes le 26 pluviose, An V (). Il préféra à nouveau fuir et se cacher. Il fut cependant dénoncé et retrouvé dans la cave d'une maison de la rue des Trois-Pilats d'Avignon[4]. Avec quarante-quatre autres conjurés, il fut transféré pour être jugé devant le tribunal de Valence puis devant celui de Grenoble. Ce dernier jugement lui permit d'être acquitté[5].

Lavé de tous soupçons, Moureau put reprendre du service politique. Il devint le « régulateur » du Cercle constitutionnel d'Avignon, puis fut élu pour siéger au Conseil des Cinq-Cents mais n'y a pas siégé car le Directoire a cassé son élection. Il devint Commissaire du Directoire en l'An VIII (1799-1800). Il cessa d'exercer ses fonctions le 21 nivose ()[5].

Resté à Paris, il ouvrit un cabinet d'avocat puis, en 1807, fut nommé juge de paix dans le 5e arrondissement. Fait chevalier de la Légion d'honneur, il devint après 1830 rédacteur au journal Le Constitutionnel. Malade et quasiment aveugle, il se démit de ses fonctions en 1838 et se retira à Aix-en-Provence où il décéda en 1842[5].

Œuvre

En 1818, il rédigea et fit publier Réflexions sur les protestations de Pie VII relativement à Avignon et au Comtat Venaissin[5].

Notes et références

  1. Relevé généalogique sur Geneanet
  2. Marc Maynègre, op. cit., p. 192.
  3. Marc Maynègre, op. cit., p. 193.
  4. Marc Maynègre, op. cit., p. 194.
  5. Marc Maynègre, op. cit., p. 195.

Bibliographie

  • Marc Maynègre, Agricol Moureau in De la Porte Limbert au Portail Peint, histoire et anecdotes d’un vieux quartier d’Avignon, Sorgues, 1991, (ISBN 978-2-9505549-0-1)
  • « Agricol Moureau », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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