Albert Le Nordez
Albert Léon Marie Le Nordez, né le à Montebourg, et mort dans la même ville le , est un conférencier et un évêque catholique français. Il est aussi connu pour l'affaire Le Nordez, simple polémique devenue affaire d'État, précipitant l'adoption de la loi de séparation des Églises et de l'État, en 1905.
Albert Le Nordez | ||||||||
Albert Le Nordez, évêque de Dijon, à la une de la Semaine religieuse de Dijon du . | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Nom de naissance | Albert Léon Marie Le Nordez | |||||||
Naissance | Montebourg (France) |
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Ordination sacerdotale | ||||||||
Décès | Montebourg (France) |
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Évêque de l'Église catholique | ||||||||
Consécration épiscopale | par Jean-Pierre Pagis | |||||||
Évêque titulaire de Dionysiopolis | ||||||||
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Évêque émérite de Dijon | ||||||||
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Évêque de Dijon | ||||||||
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Évêque titulaire d'Arca | ||||||||
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Évêque auxiliaire de Verdun | ||||||||
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Autres fonctions | ||||||||
Fonction religieuse | ||||||||
Vicaire, chapelain, chanoine, protonotaire | ||||||||
Fonction laïque | ||||||||
professeur, directeur d'école, conférencier, auteur | ||||||||
Fortiter pro templo et patria stantes | ||||||||
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org | ||||||||
Biographie
Premières années
Albert Léon Marie Le Nordez est né le , à Montebourg, dans le département de la Manche, d'un père tailleur.
Il fait ses études du premier degré à l'École des Frères de la Miséricorde, à Montebourg, puis celles du second degré au petit séminaire de Valognes, avant d'intégrer le grand séminaire de Coutances.
Il est ordonné prêtre, le , et est aussitôt nommé professeur à l'École des Frères de la Miséricorde de Montebourg.
Auteur et conférencier
L'abbé Le Nordez est nommé vicaire de l'église Saint-Nicolas de Coutances, en 1870, puis prend la direction du petit séminaire Saint-Jean de la ville, en 1872.
C'est dans cette paroisse qu'il fait ses débuts d'auteur, en publiant dans la Revue catholique plusieurs articles, sous le pseudonyme Léo Mary[1], tels que Renan d'après lui-même (…) (1872), La Liberté de l'enseignement supérieur devant l'Assemblée Nationale (1875), ou Discours sur l'éducation (1872-1875).
En 1875, Jean-Pierre Bravard, évêque de Coutances-et-Avranches, l'autorise à suivre les cours de l'École des Hautes-Études ecclésiastiques, à Paris.
Installé dans la capitale, il devient chapelain à l'église Sainte-Geneviève, en 1877.
Il y fait, ainsi que dans les églises Saint-Vincent-de-Paul, Sainte-Clotilde, Saint-Eugène, Saint-François-de-Sales et la cathédrale Notre-Dame, des conférences destinées aux femmes, qui lui ouvrent leurs salons littéraires, et lui valent le sobriquet d'« apôtre des Gentilles ».
Ses conférences ont pour organe la revue Fénelon, fondée par l'abbé Le Nordez, en 1886, et fusionnée, dès 1894, avec la Chronique Jeanne d'Arc.
Parallèlement à ses activités oratoires, il rédige plusieurs opuscules tels que Légende de l'abbaye de Montebourg (1887) ou Les Propos Normands sous le Chaume et par les chemins couverts, Tiphaigne de La Roche ou un Moraliste Normand (1890).
Évêque
Il est nommé chanoine de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, v. 1890, protonotaire, en 1895, chanoine de la cathédrale Notre-Dame de Verdun, vers 1895, puis évêque auxiliaire de Verdun, le . En cette qualité, il reçoit, en outre, le même jour, le siège titulaire d'Arca.
Il est consacré par Jean-Pierre Pagis, évêque de Verdun, le , en l'église Saint-Jacques de Montebourg.
Le Nordez aide son supérieur à raviver le culte à Jeanne d'Arc, en organisant plusieurs quêtes et conférences, dont les fruits permettent l'érection des bases de la basilique de Vaucouleurs, jamais achevée.
Il publie, dans le même temps, plusieurs opuscules sur la Pucelle de Domrémy, tels que Septante paroles de Jeanne d'Arc (1888) ; Jeanne d'Arc et les vertus cardinales (1889) et Jeanne d'Arc racontée par l'Image : d'après les sculpteurs, les graveurs et les peintres (1898).
Un poste d'évêque s'offre enfin à lui, le , pour le diocèse de Dijon. Il est confirmé à ce ministère le , et intronisé le , en la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon.
Cette même année, il fait don à sa ville natale d'une statue équestre de Jeanne d'Arc[2], sculptée par Mathurin Moreau, d'après le dessin de Pierre Le Nordez, placée devant sa maison natale[3], et il lance, l'année suivante, une souscription, à Dijon, afin d'ériger dans cette ville un monument à la gloire du célèbre évêque et prédicateur Jacques Bénigne Bossuet.
Après un début prometteur comme évêque de Dijon, il multiplie les maladresses et les fautes psychologiques, déplaçant autoritairement certains de ses prêtres, s'attaquant à des personnalités dont il jalouse l'influence, comme l'abbé Christian de Bretenières, directeur d'une école catholique de Dijon. Affichant ses opinions républicaines, il refuse de publier dans La semaine religieuse de Dijon une lettre de Léon XIII déplorant en de prochaines attaques du gouvernement français contre les congrégations. Il refuse également de signer une lettre des évêques adressée en aux sénateurs et députés, en faveur des demandes d'autorisations faites par les congrégations. Son comportement lui attire l'hostilité d'une partie du clergé du diocèse et des séminaristes, qui refusent en 1904 d'être ordonnés par lui. La presse nationale donne un large écho à l'affaire Le Nordez. Le pape Pie X convoque le prélat, au Vatican, en 1904, pour qu'il s'explique sur sa conduite.
Le Nordez décide de se rendre à l'appel du pape, le , en faisant fi des articles organiques, qui interdisent alors aux évêques de quitter la France sans avoir obtenu l'accord du Gouvernement.
Ce départ est monté en affaire d'État et exploité par les Républicains pour rompre les relations diplomatiques avec le Saint-Siège et pour hâter l'adoption de la loi de séparation des Églises et de l'État, votée dès l'année suivante.
De son côté, Le Nordez démissionne de son ministère le , prend le titre d'évêque émérite de Dijon, se retire à Huberville, jusqu'en 1920, puis regagne Montebourg, où il est nommé évêque titulaire de Dionysiopolis, le .
Mort et hommages
Le Nordez s'éteint à Montebourg, le .
Une rue et une maison de retraite de la ville portent son nom, et un vitrail de l'église paroissiale représente sa consécration.
Distinction
- Chevalier de la Légion d'honneur (13 aout 1900)[4]
Héraldique
Albert Le Nordez portait : parti, d'azur à une épée poignée d'or couronné d'or, à lame d'argent posée en pal, accostée de deux fleurs de lys d'or, au franc-canton d'azur chargé de trois roues d'or ; et de gueules à la croix ancrée d'or, au chef d'azur chargé d'une étoile d'argent[5].
Son blason d'évêque, que l'on peut voir sur une maison d'Huberville avec une tour hexagonale, reprend ses attachements : les armes de Jeanne d'Arc et de Bossuet ; la croix ancrée de Montebourg, là où il est né et l'étoile de l'abbaye où il fut professeur[6].
Notes et références
- Léo, aphérèse de Léon, son deuxième prénom, et Mary, version orthographique de Marie, son troisième prénom.
- La statue équestre de Jeanne d'Arc est toujours visible, rue du Général Leclerc, à Montebourg. Son socle est en pierre de Dijon.
- « L'inauguration de la statue de Jeanne d'Arc en 1899 », La Presse de la Manche, 25 août 2006, p. 17.
- « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- Collectif, Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 77.
- Blasons du Clos du Cotentin, 1996, p. 77.
Voir aussi
Bibliographie
Articles
- Jacques Toussaint, « L'Abbé Le Nordez, conférencier (1875-1896) », Revue du département de la Manche, no 58, 1973
- Joseph Toussaint, « Comment Mgr Le Nordez remit au Pape sa démission », Revue du département de la Manche, no 87, 1980
- Pierre Leberruyer, « Un incident bourguignon à l'origine de la séparation de l'Église et de l'État : l'affaire Le Nordez », Revue du département de la Manche, no 181, 2004
Ouvrages
- Robert Piot, Les Dessous de l’Affaire Le Nordez Histoire documentaire du diocèse de Dijon (1898-1905), Paris / Dijon, Darantiere, 1905, 326 p.
- Pierre Leberruyer, Monseigneur Le Nordez dans un roman et devant l’histoire, Coutances, Editions Arnaud-Bellée, 1973, 115 p.
- Joseph Toussaint, Monseigneur Le Nordez et la rupture des relations entre la France et l’Église, Coutances, Editions O.C.E.P., 1976, 341 p.
Articles connexes
Liens externes
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