Alfred Dauvergne
Alfred Dauvergne est un architecte français, né le à Challans (Vendée), et mort le au Pêchereau (Indre). Il est enterré à Tendu (Indre)[1],[2].
Pour les articles homonymes, voir Dauvergne.
Alfred Dauvergne | |
Médaillon représentant Alfred Dauvergne ; détail du monument funéraire érigé en sa mémoire en l'église Saint-André de Châteauroux (Indre). | |
Présentation | |
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Nom de naissance | Louis Henry Alfred Dauvergne |
Naissance | Challans, Vendée |
Décès | (60 ans) Le Pêchereau, Indre |
Nationalité | France |
Mouvement | Éclectisme (architecture) |
Activités | architecture |
Formation | Abel Blouet |
Œuvre | |
Réalisations | Palais de Justice de Châteauroux Manufacture des Tabacs de Châteauroux Manufacture du Parc Église Saint-André de Châteauroux Église Notre-Dame de Châteauroux |
Distinctions | chevalier de la légion d'honneur (1876) |
Entourage familial | |
Famille | Henry Dauvergne (fils) Louis Dauvergne (architecte) (fils) |
Biographie
Louis, Henry, Alfred Dauvergne, prénommé dans la vie courante, Alfred, entre à l'École des beaux-arts de Paris en . Il y étudie au sein de l'atelier d'Abel Blouet, architecte qui acheva l'Arc de triomphe de l'Étoile. Il épouse en 1846 Radegonde Bourdesol, dont le père était originaire de Châteauroux et dont la mère était native d'Argenton-sur-Creuse. Le , à 26 ans, il est nommé architecte départemental de l'Indre par arrêté préfectoral[3]. À cette date, il est déjà l’auteur d'un projet de palais de justice pour la ville de Châteauroux[2]. Le 1er février 1866, il est aussi nommé architecte de la ville de Châteauroux.
En 1884, il se retire au domaine des Thibauds (Le Pêchereau), et laisse sa place à son second fils, l'architecte Henry Dauvergne.
Son troisième fils, Louis Dauvergne, également architecte, fit carrière en dehors du département de l’Indre.
Principales réalisations
Commande publique
- 1852-1855 : restauration de l'église du couvent des Récollets du Blanc, dédiée à Notre-Dame de l'Assomption,
- il construit aussi une prison au Blanc,
- à partir de 1857 il restaure et transforme l'église Saint-Génitour de l'ancien prieuré bénédictin du Blanc,
- il construit la sous-préfecture d'Issoudun
- 1861 : construction de l'église Notre-Dame de Fontguenand,
- 1866 : reconstruction de la chapelle Notre-Dame de Vaudouan à Briantes, sous le ministère de l'abbé Semelet,
- 1877-1878 : reconstruction de l'église Saint-Martin de Concremiers,
- 1880-1883 : construction du palais de justice du Blanc dont Alfred Dauvergne avait livré les plans dès 1868. Il construit également les palais de justice d'Issoudun et de La Châtre.
Châteauroux
Alfred Dauvergne est l'architecte de la plupart des bâtiments publics et d'ouvrages importants construits durant entre 1850 et 1880 et qui jalonnent aujourd'hui encore l'urbanisme castelroussin :
- 1850-1861 : construction du Palais de justice.
- 1853-1861 : construction de la Manufacture des tabacs, en collaboration avec Eugène Rolland (1812-1885) qui devint directeur général des manufactures de l'État[4].
- 1859-1869 : construction de l'usine Balsan et appropriation de l'ancienne manufacture du Parc[5].
- 1863-1865 : rénovation de l'Hôtel de ville qui avait été réalisé par l'architecte Pierre Murison.
- 1870-1873 : construction de l'école Normale d'instituteurs.
- 1871-1874 : construction du temple protestant.
- 1872-1875 : construction de la caserne Bertrand.
- 1869-1876 : construction de l'église Saint-André.
- 1876-1882 : construction de l'église Notre-Dame.
Il intervient aussi pour restaurer des bâtiments classés à Châteauroux :
- 1854-1855 : restauration de la chapelle Saint-Martin.
- 1879-1884 : restauration de château Raoul, propriété du département. Cette restauration a été terminée à la veille de la Première guerre mondiale par son fils, Henry.
Commande privée
- Au début des années 1860, Alfred Dauvergne travaille pour le marquis Antoine Albert Taupinart de Tilière (1812-1890) à moderniser le vieux château de Chazelet datant du XVe siècle. Le château était entouré de douves. Pour permettre d'atteindre plus facilement un puits, M. Taupinart demanda à l'architecte de concevoir un pont supplémentaire pour les franchir. L'architecte proposa de réaliser un pont métallique, mais le propriétaire choisit de le faire réaliser en ciment armé dont Joseph Monier (1823-1906) venait de déposer un brevet d'invention. Monier vint donc en 1875 réaliser le premier pont en ciment armé jamais réalisé dans le parc du château de Chazelet, près de Saint-Benoît-du-Sault,
- À partir de 1870, il effectue d'importantes transformations du château de Bouges pour son propriétaire Henri Dufour[6].
France
Il intervient sur de nombreux bâtiments dans le département du Cher , et tout particulièrement dans la commune de Sidiailles où il a construit l'église, la mairie-école de garçons et l'école de filles ainsi que le presbytère du village.
Jusqu'à son décès, il conduit les débuts de la construction de l'église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine, achevée par son fils Louis.
Hommages
Dans son état de services[7] rédigé en 1876, il fait le décompte de ses interventions dans les bâtiments civils et religieux. Il a « construit à neuf 31 églises ou grandes chapelles publiques, 24 presbytères (...) réparé, restauré ou agrandi 103 églises de l'Indre » (qui compte alors quelque 250 communes) ! Il est l'architecte privilégié de la famille Balsan; en plus de la manufacture, il fait aussi les plans de l'église de Lagamas, dans le Languedoc-Roussillon, village d'origine de la famille[2].
Un monument funéraire lui a été érigé par souscription dans l'église Saint-André de Châteauroux, son œuvre principale[8]. Sur sa tombe au cimetière de Tendu figurent deux médaillons représentant ses deux œuvres majeures, l'église néo-gothique de Saint-André, et l'église néo-romane Notre-Dame, qu'il avait toutes deux érigées à Châteauroux[3].
Pour expliquer le succès d'Alfred Dauvergne et la quantité incroyable de constructions et rénovations qu'il a réalisées, on peut citer Marc du Pouget, directeur des Archives départementales de l’Indre[9], quand il parle du Second Empire comme une période de prospérité agricole et industrielle pour l'Indre :
« Un architecte sut répondre aux besoins des propriétaires qui voulaient restaurer ou reconstruire leur château, en suivant le nouveau goût néo-médiéval, avec en plus le confort des vastes baies, le chauffage et la salle de bains, dans la lignée du rationalisme de Viollet-le-Duc : Alfred Dauvergne, continué par son fils Henri. Jeune Vendéen ayant fait ses études d'architecture à Paris, fixé dans l’Indre par son mariage, architecte départemental à partir de 1851, il bénéficia du programme de travaux publics réalisés sous le Second Empire. Il fit de Châteauroux une capitale, avec ses églises, ses places, ses avenues, son palais de Justice. Ces succès lui valurent de nombreuses commandes privées, attestées par ses archives. [...] Là où l'architecte a obtenu les moyens, il a créé une œuvre de qualité. »
Notes et références
- État civil du Pêchereau, année 1885.
- Christine Méry-Barnabé, Célèbres en Berry : les personnalités de l'Indre, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, , 256 p. (ISBN 978-2-84910-358-6, BNF 40151269), « Alfred Dauvergne », p. 122-124.
- Marc du Pouget, « Le XIXe siècle : Les Dauvergne », dans Arnaud de Montigny (direction), À la découverte des églises de l'Indre, Éditions Patrimoines et Médias, (ISBN 978-2-910137-79-3), p. 30-31.
- Olivier Prisset, « Des capes et du drap : conception de deux manufactures au fil des papiers de leur architecte (1857-1869) », Profils, no 3 « Architectures françaises de l'industrie », , p. 58-71
- Ibidem
- Vincent Cochet, Le Château de Bouges, Paris, Éditions du patrimoine, coll. Itinéraires du patrimoine, 2004, p. 20.
- État de services, page 2 du dossier pour l'obtention de la légion d'honneur.
- E. Delaire, Les architectes élèves de l'École des Beaux-Arts, 1793-1907, 1907.
- Armelle Querrien, Annie Cospérec et Marc du Pouget, « Introduction », dans Association Promotion Patrimoine (France), Château, manoirs et logis : L'Indre, Chaudray, Éditions Patrimoines & Médias, (ISBN 2-910137-32-5), p. 7-16.
Bibliographie
Monographies
Articles
- Olivier Prisset, « Des capes et du drap : conception de deux manufactures au fil des papiers de leur architecte (1857-1869) », Profils, 3, 2021 p. 58-71.
- Olivier Prisset, « Les grandes fortunes du cabinet Dauvergne (1850-1919), des conditions du monopole aux limites d’un modèle économique », Livraisons d’Histoire de l’Architecture, 41, juin 2021, article en ligne.
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