Armand-François Cillart de Surville
Armand-François-Marie Cillart, seigneur de Surville et de Kerguezennec, dit « comte de Surville »[1], né le à Seglien (Morbihan) et mort le à Jersey est un officier de marine français. Il se signale sous La Motte-Picquet à la demie-victoire française de la Martinique en 1779, alors qu'avec 3 vaisseaux, ils permet à 16 navires marchands et leurs cargaisons d'échapper aux 13 vaisseaux anglais qui les attaquent et qui en capturent 10.
Armand-François Cillart seigneur de Suville et de Kerguezennec | |
Surnom | Comte de Surville M. Cillard de Surville |
---|---|
Naissance | Seglien (Morbihan) |
Décès | Jersey |
Origine | Français |
Allégeance | Royaume de France |
Arme | Marine royale française |
Grade | Chef d'escadre |
Commandement | Belle Poule Réfléchi Actif Bellone |
Conflits | Guerre de Sept Ans Guerre d'indépendance des États-Unis Guerres de la Révolution |
Faits d'armes | Bataille de la Martinique (1779) |
Distinctions | Commandeur de Saint-Louis |
Famille | Famille Cillart |
de gueules au greslier d'argent | |
Il termine sa carrière avec le grade de chef d'escadre des armées navales.
Biographie
Origines familiales
Originaire de Bretagne, la maison de Cillart est noble d'ancienne extraction[2], de sang[3], de nom[4], d'armes[5], d'états[6] et d'épée[7]. Il est le fils de Marc-Antoine Cillart, seigneur de Surville (né en 1681), capitaine de dragons, et de sa femme Marie Jeanne Marguerite Gertrude de Bizien du Lezard[8]. Son frère, le chevalier de Cillart, fait les campagnes de l'Inde sous les ordres du bailli de Suffren, capitaine de vaisseau le . Il est cassé le et renvoyé en France à cause de l'affaire du Sévère (?), au combat de Négapatam (1782).
Carrière dans la Marine du roi
Cillart de Surville est fait enseigne de vaisseau le [9]. Il sert pendant la guerre de Sept Ans et commande le vaisseau le Duc d'Orléans (74 canons) de l'escadre du comte d'Aché au combat qui a lieu devant Gondelour le et à celui qui a lieu au large de Négapatam, le de la même année. Ces combats opposent une escadre française composée de vaisseaux du roi et de la Compagnie française des Indes orientales, à une escadre britannique, conduite par l'amiral Pocock. Il est cité parmi les blessés[10].
Cillart de Surville reçoit une commission de lieutenant de vaisseau le . En 1762, il prend part à l'expédition emmenée par le chevalier de Ternay et M. de Monteil, destinée à prendre Terre-Neuve aux Britanniques. Il est nommé à cette occasion capitaine de la frégate La Licorne (30). Au cours de cette expédition, il contribue à la prise d'un corsaire anglais sur les parages de Terre-Neuve. Ces trois officiers abordent l'ennemi chacun sur un canot et sautent dans le navire avant que l'équipage n'ait eu le temps de tirer un seul coup de fusil. La Gazette de France du écrit : « II sauta dans le navire, lui troisième, avant que l'ennemi ait eu le temps de tirer un coup de fusil ou de canon. »
La paix revenue, il commande la frégate la Belle Poule, célèbre pour son combat contre le HMS Arethusa en 1778 qui marque le début de l'entrée en guerre de la France dans la guerre d'indépendance des États-Unis. Il s'illustre à nouveau pendant ce conflit.
Le , il commande le vaisseau le Réfléchi (64 canons) au combat d'Ouessant au sein du corps de bataille, conduit par le lieutenant général, le comte d'Orvilliers. L'été suivant, il combat dans les Indes occidentales. Le , à la bataille de la Grenade, il commande à nouveau le Réfléchi, au sein de la flotte du comte d'Estaing. Le , il est au combat de la Martinique, cette fois sous La Motte-Picquet. L'Annibal de La Motte-Picquet, assisté du Réfléchi et du Vengeur commandé par le chevalier de Retz, repoussent les 13 vaisseaux britanniques de l'amiral Parker devant Fort-Royal.
Le , il quitte Brest sous les ordres de l'amiral Charles-Henri-Louis d'Arsac de Ternay (1723-1780) comme commandant de la frégate la Surveillante pour escorter un transport de troupes du comte de Rochambeau au Nouveau Monde afin d'aider les Américains dans leur lutte contre les Anglais[11]. Le convoi d'une trentaine de transports ne connaît pas sa destination. Le temps est assez beau. L'amiral de Ternay choisit la route du Sud, moins risquée. C'est seulement le que les officiers apprennent leur véritable destination. Au cours du voyage, ils éviteront les combats : leur vraie mission est le transport des renforts aux Américains dans la guerre d'indépendance des États-Unis . Après 69 jours, ils arrivent au large de Rhode Island, à Boston le . L'amiral Ternay meurt du typhus en décembre de la même année et l'intérim est assuré par Charles Sochet des Touches (1727-1793), en attendant l'arrivée de Barras de Saint-Laurent en [12].
En , il commande la frégate La Bellone au large du cap de Bonne-Espérance, escortant les transports Necker et Sévère. L'escadron a rencontré le HMS Hannibal de 50 canons qui a capturé les transports pour les amener à Sainte-Hélène, tandis que la Bellone faisait voile vers l'Isle de France, venant renforcer l'escadre française sous le commandement du contre-amiral Thomas d'Estienne d'Orves (1727-1782). Le , Estienne d'Orves meurt et Suffren donne le commandement de la Bellone à Jean André de Pas de Beaulieu (1750-1783)[13].
Le , il commande l'Actif (74 canons) à la bataille du cap Spartel au sein de la flotte franco-espagnole qui affronte une flotte britannique placée sous les ordres de l'amiral Howe. Il reçoit ses provisions de chef d'escadre des armées navales lors de la promotion de 1786.
Officier de marine des plus estimés et des plus renommés, le comte de Cillart de Suville, investi de plusieurs commandements successifs et importants, est chef d'escadre quand vient la Révolution française de 1789.
Emigration à la Révolution
Il semble avoir pris part aux mouvements contre-révolutionnaires probablement de concert avec son parent, le marquis de la Boëssière. En effet, en l'an XI, on dénonçait à l'administration préfectorale un officier de marine nommé Cillart comme étant un des chefs de la correspondance de l'ancienne chouannerie qui se retirait tantôt à Étables, tantôt à Saint Quas[14]. Il est élevé à la dignité de commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, le , pendant l'émigration.
Il émigre et meurt à Jersey le .
Mariage et descendance
Le 16 mars 1763, Armand-François-Marie Cillart épouse Anne Marie de Parcevaux (morte en 1779). Elle est la fille de Claude de Parcevaux, chef d'escadre, chevalier de Saint-Louis, et de Marguerite de Kergoët de Tronjoly. De cette union naissent deux garçons et quatre filles.
Notes et références
- Titre de courtoisie.
- D'ancienne extraction car, comme il est prouvé par l'histoire de Bretagne, sa noblesse est antérieure aux plus anciennes réformations connues, même à celle entreprise en 1347 par le duc de Bretagne Jean V.
- Noble de sang, car les anoblis et par suite leurs descendants à la troisième génération jouissaient d'une noblesse qui avait été concédée, tandis que les gentilshommes possèdent une noblesse que les rois eux-mêmes, libres d'ailleurs de faire les grands seigneurs, ne peuvent accorder et qu'ils s'honoraient de porter, dont on ne peut indiquer la source et qui est inhérente au sang transmis par les aïeux.
- Noble de nom, car la réformation de 1669 imprimée par le Père Toussaint Conen de Saint-Luc et qui consacre les réformations précédentes porte Cillart seigneur dudit lieu c'est-à-dire de Cillart. Est-ce la terre qui a donné le nom à la famille ou la famille à la terre. On sait qu'en 1446 dans la paroisse d'Amanlis et l'évêché de Rennes où vivait alors Philippe Cillart se trouvait un fief nommé la Cillartière.
- Noble d'armes, car la famille de Cillart porte pour armes de gueules au greslier d'argent. Le greslier instrument qui rendait un son grêle n'est autre chose que l'olifant ou le cor chevaleresque.
- Noble d'états car cette famille figura toujours selon son droit dans l'assemblée de la noblesse aux États de Bretagne, droit maintenu par chaque famille noble dans la province et qu'enlevait à ses descendants pour trois générations tout gentilhomme qui se mésalliait.
- Noble d'épée, car ce droit s'est maintenu depuis 1384 où Jean Cillart se montre dans l'histoire de Bretagne comme l'écuyer bien-aimé de Louis d'Anjou, roi de Sicile, lequel reconnaît en avoir été puissamment secondé dans son expédition de Sicile. Jusqu'aux rejetons contemporains de la branche de Villeneuve dont trois membres sont tués en 1791 lors de l'expédition de Quiberon, jusqu'au comte Cillart de Suville, qui meurt chef d'escadre et cordon rouge en 1801, avec une des grandes renommées de mer de son temps ; et dans celle de Kermainguy dont plusieurs membres ont servi dans l'armée comme officiers.
- Borel d'Hauterive et Révérend 1855, p. 331
- Gazette de France, .
- Gazette de France, .
- La Monneray, op. cit., p. 190.
- Monaque, op. cit., p. 32.
- Cunat, op. cit., p. 99
- Archives des Côtes du Nord.
Voir aussi
Bibliographie
- Théophraste Renaudot, Gazette de France, vol. 1, Paris, (lire en ligne), p. 395.
- André Borel d'Hauterive et Albert Révérend, Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, vol. 12, Paris, Champion, (lire en ligne), p. 331-332.
- Georges Lacour-Gayet, La marine militaire de la France sous le règne de Louis XVI, Paris, Champion Honoré, 1910.
- Pierre-Bruno-Jean de La Monneraye, Souvenirs de 1760 à 1791, Librairie Droz, 1998, p. 190 (ISBN 9782745300799).
- Onésime-Joachim Troude, Batailles navales de la France, t.2, Challamel aîné, 1867.
- Charles Cunat, Histoire du bailli de Suffren, Rennes, A. Marteville et Lefas, 1852, 447 p.
Article connexe
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