Armand Deperdussin
Armand Jean Auguste Deperdussin (Paris 9e, – Paris 10e, ) est l'un des plus célèbres[Selon qui ?] constructeurs d’avions d'avant la Première Guerre mondiale.
Naissance |
Paris |
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Décès |
(à 59 ans) Paris |
Profession |
représentant de commerce |
À l'origine de la prestigieuse firme aéronautique SPAD, il a possédé de 1912 à 1913 l'aérodrome de la Champagne, aérodrome privé ultramoderne qui, bâti à partir de 1909 à l’emplacement de l’actuelle base aérienne 112 Reims-Champagne, a notamment hébergé l’une de ses écoles d’aviation.
Biographie
Origines
Né dans le 9e arrondissement de Paris, il est le fils d'un négociant : François Auguste Deperdussin, et de Marie Henriette Félicité Taconnet[1].
Entrepreneur de la soie
On ne sait pratiquement rien de la jeunesse d'Armand Deperdussin ; représentant pour une société pharmaceutique belge, il revint s'établir à Paris en 1901 et fut employé de commerce d'un négociant en soie de la rue des Jeûneurs. Il démarcha une banque, le Comptoir industriel et colonial, avec un projet détaillé de concentration verticale du marché français de la soie[2],[3]. Vivement impressionnées, les autorités de cet établissement lui avancèrent les fonds et en l'espace d’exactement dix ans, de juillet 1903 à juillet 1913, Deperdussin s'imposa comme un magnat du marché de la soie, présentant un bilan de 20 200 000 FF ; mais ces chiffres étaient gonflés par divers artifices comptables, car au cours de cette décennie, l'industriel multiplia les fausses factures, pour un montant estimé à 7 065 000 FF, dont environ 4 000 000 FF détournés à son propre profit[2].
Avionneur
En 1909, il fonde avec l'artiste designer Georges de Feure une société d'aéronautique, appelée De Feure & Deperdussin (DFD & Cie). Fin 1910, deux modèles d'aéroplanes sortent des ateliers : le DFD1 et le DFD2. De Feure, blessé lors des essais, se retire de l'affaire, et Deperdussin s'associe alors à l'ingénieur Louis Béchereau, pour fonder la Société de production des aéroplanes Deperdussin (SPAD).
En 1912, il rachète l'aérodrome de la Champagne, terrain d’aviation sur lequel il installa une société de constructions aéronautiques – soit une trentaine de hangars servant d’ateliers de construction et au logement du matériel aérien et quelques bâtiments administratifs ou d’hébergement — et l’une de ses écoles de pilotage.
Créée en 1910, la SPAD connut un succès rapide grâce à Louis Béchereau, à qui Armand Deperdussin confia la conception des avions de la marque. Celui-ci conçut en effet des appareils « monocoques » – appareils dont l’originalité résidait notamment dans le fuselage, rigidifié par la coque elle-même et non plus par l’armature – dont les formes aérodynamiques offraient des performances inaccessibles jusqu’alors. Forte de collaborateurs dévoués et de choix techniques révolutionnaires, la maison Deperdussin remporta de nombreux prix, en particulier la fameuse coupe internationale d’aviation de vitesse Gordon-Benett de 1912 avec le pilote Jules Védrines et la coupe Gordon-Bennett de 1913, disputée à Reims et remportée par le Rémois Maurice Prévost avec plus de 203 kilomètres à l’heure. C'est sur un hydravion monocoque Deperdussin que Maurice Prévost remporte le 16 avril 1913 à Monaco la première épreuve de la Coupe Schneider.
Parvenu au premier rang de l’industrie aéronautique française, Deperdussin s'était lancé dans le music-hall, avait fondé un sanatorium privé et financé un institut de balnéothérapie[2]. Il possédait le château des Barilliers, à Chambray-lès-Tours.
En reconnaissance des services qu'il avait rendus à l’aviation de guerre française en tant que créateur de plusieurs modèles d'aéroplanes, propriétaire et directeur de deux usines d'avions, et propriétaire du célèbre aérodrome de Champagne, le gouvernement français l'avait élevé au rang de chevalier de la Légion d'honneur[2],[4].
Procès et suicide
Le , la SPAD s'avéra incapable de rembourser ses créanciers et fut déclarée en faillite : elle sera rachetée par Louis Blériot (via Blériot Aéronautique), après un retentissant procès qui faisait apparaître un trou de plus de 23 millions. Deperdussin fut arrêté avec sa femme, ancienne vendeuse d’un grossiste en tissus, alors qu’ils prenaient la fuite[2]. L’affaire Deperdussin fut jugée le devant les Assises de la Seine. L’acte d'accusation reprochait à Deperdussin d’avoir abusé de sa position pour détourner d’énormes sommes d'argent à son profit : l’accusé, se disant accablé par la maladie, reconnut en bloc sa culpabilité ; quant à sa femme, qu’il avait épousée sous le régime de la séparation des biens, elle se trouvait désormais à la tête d’une immense fortune, son mari ayant mis les actifs de ses sociétés à son crédit[2]. Armand Deperdussin fut condamné à quatre ans de prison avec sursis en mars 1917, malgré le soutien de plusieurs de ses anciens pilotes venus témoigner, en pleine guerre, en sa faveur.
En 1921, après quatre ans de détention préventive, Armand Deperdussin conservait encore à soixante ans un peu du « charme ensorceleur » de l’ancien placier. On le revoyait à Montmartre, en smoking, s’essayant à faire revivre, dans cette atmosphère de luxe, les splendeurs passées. Le lundi , il rentrait à son hôtel, décidé à mourir plutôt que de vivre misérablement[3]. À neuf heures et demie du matin (les lettres qu'il a laissées en témoignent), il s'était suicidé. Dans la soirée, un télégramme arrivait pour lui : c'est ainsi qu'on l'a trouvé, râlant, la tête traversée d’une balle de revolver, étendu dans le cabinet de toilette du petit appartement meublé qu’il habitait depuis six semaines au n° 3 de la rue Saint-Lazare. Deux lettres : l’une adressée à son ex-épouse (il avait divorcé en 1922), l’autre au commissaire du quartier, faisaient part de sa détermination[3]. Transporté à l’hôpital Lariboisière, Armand Deperdussin y est mort à dix heures[3], au matin du .
Avions Deperdussin
- Deperdussin Type B
- Deperdussin Monocoque
Exploits aériens réalisés avec des appareils Deperdussin
- Le 2 mars 1912, Jules Védrines établit le nouveau record du monde de vitesse pure, soit 167,910 kilomètres à l’heure avec un monoplan Deperdussin à moteur rotatif Gnome[5].
Notes et références
- Acte de naissance no 1199/1864 de la commune de Paris (9e arr.).
- D'après Stanley Spooner, « The Deperdussin Case », Flight, vol. IX, no 15 (433), , p. 348 (lire en ligne, consulté le )
- « La fin tragique d'une vie d'aventures - Armand Deperdussin, ex-multimillionnaire menacé par la gêne, s'est suicidé », Le Petit Parisien, no 17271, (lire en ligne, consulté le )
- « Armand Jean Auguste Deperdussin », base Léonore, ministère français de la Culture. Le dossier n'est pas visible car un des éléments du dossier date de moins de 50 ans. Seule la date de naissance apparaît.
- « Le 2 mars 1912 dans le ciel : Védrines vole à plus de 167 km/h avec son Deperdussin », air-journal.fr.
Voir aussi
Bibliographie
- James M. Laux, « The Rise and Fall of Armand Deperdussin », French Historical Studies, vol. 8, no 1 (printemps),
Liens externes
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