Arnaud de Saxcé
Arnaud de Saxcé, né le à Saint-Jean-de-Braye (Loiret) et tué au combat le à Hemrik, aux Pays-Bas, est un pilote de chasse français de la Seconde Guerre mondiale.
Arnaud de Saxcé | ||
Surnom | Arnold O'Pattley Fifi ou Phiphi |
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Naissance | 10 août 1919 Saint-Jean-de-Braye, France |
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Décès | 10 avril 1945 (à 25 ans) Hemrik, Pays-Bas |
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Origine | France | |
Allégeance | Royal Air Force FFL |
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Arme | Armée de l'air | |
Unité | Groupe de chasse Alsace | |
Grade | Sous-lieutenant | |
Années de service | 1940 – 1945 | |
Conflits | Seconde Guerre mondiale | |
Distinctions | Légion d'honneur Médaille militaire Croix de guerre 1939-1945 Médaille de la Résistance Air Medal Silver Star |
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Biographie
Arnaud est le fils de Jean de Saxcé[1] (1889-1950, lieutenant-colonel, croix de guerre 1914-1918) et d'Élisabeth née d'Ornant[2] (1889-1946). Il est le deuxième fils et le quatrième enfant d'une famille de douze. La maison familiale, dénommée la « Grâce de Dieu », est sise au 150 Faubourg Bourgogne à Saint-Jean-de-Braye (Loiret).
Études
Élève au collège jésuite de Saint-Clément à Metz, où sa famille réside de 1929 à 1939, Arnaud se montre plus doué pour les acrobaties que pour les études. Il excelle en natation, tennis et équitation. Dès son plus jeune âge, il se passionne pour l'aviation lors de ses séjours chez sa tante Marie Raguenet de Saint Albin, née d'Ornant, au château de Reyville (Saint-Cyr-en-Val, Loiret). Gaston Raguenet de Saint-Albin, officier aviateur et beau-frère de sa tante, l'initie à l'aviation. Grâce à l'Aviation populaire, il fait ses premiers essais sur le terrain d'aviation de Frescaty, près de Metz. Il y obtint son brevet de pilote de tourisme. En 1938, il est admis à l'École d'aviation Caudron (Ambérieu-en-Bugey, Ain)[3].
Carrière militaire
En , il s'engage dans l'armée de l'air et commence son entraînement de pilote. En , il est nommé caporal.
En , il est admis à l'école de chasse d'Étampes, puis envoyé à l'école de pilotage d’Évreux d'où il sort en , classé dans l'aviation de chasse. En , l'école est repliée sur la Rochelle, puis à Cazaux et Parme, près de Biarritz. Il est porté absent irrégulièrement le [4]. Avec 17 de ses camarades de la « Promotion Z », il rejoint Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). Le , lors de l'évacuation de l'armée polonaise par la mer, il saute dans une chaloupe et, sous un uniforme et un nom polonais, il embarque pour l'Angleterre à bord du SS Arandora Star. Il arrive à Liverpool le [5].
Il est incorporé aux Forces aériennes françaises libres (FAFL) et poursuit sa formation de pilote. Le il est envoyé sur la base de la RAF à St Athan (en) (près de Cardiff, Galles du Sud, Royaume-Uni), surnommée par les français « Sainte Attente »[6], puis sur celle d'Odiham (en) (Hampshire, Royaume-Uni). Le , il est breveté pilote à Ternhill (Shropshire, Royaume-Uni). Le , il rejoint le 609 Squadron sur Spitfire. En , il est promu sergent-chef. En , il est un des premiers pilotes français à voler sur Hawker Typhoon. Le , il participe aux opérations aériennes du débarquement de Dieppe. Le , devenu adjudant, il rejoint le 341 Squadron du groupe Alsace sous les ordres du commandant René Mouchotte, basé à Turnhouse (Édimbourg, Écosse, Royaume-Uni), puis à Biggin Hill (Londres, Royaume-Uni). Il accumule mission sur mission. En , il est promu sous-lieutenant. Le , il abat un Focke-Wulf au-dessus de l'estuaire de la Seine.
En , basé à Courtrai (Belgique) puis à Anvers, alors sous le feu des V2, il participe à la libération de la Belgique et des Pays-Bas. Le , Charles de Gaulle écrit à Jean de Saxcé : « … Ton fils Arnaud est actuellement au Groupe Alsace à Courtrai. Le Ministre de l'Air doit très prochainement m'envoyer des renseignements plus précis à son sujet[7]... »
Mort pour la France
Le , son avion est touché par la Flak au cours d'une attaque au sol. Arnaud saute mais son parachute s'accroche à l'avion qui part en piqué. Arnaud trouve la mort à l'âge de 25 ans près du village d'Hemrik (Frise, Pays-Bas) où il sera enterré. Le , son corps est rapatrié en France et inhumé dans sa ville natale de Saint-Jean-de-Braye (Loiret).
Jacques Andrieux, commandant du Groupe Alsace, écrit : « Nous t'aimions tous, cher Arnaud, nous tous, tes camarades, nous te respections et nous t'admirions... Franc camarade, plein de modestie et de bonne humeur, avec un moral à toute épreuve... Nous savions tous très bien que tu te cachais chaque fois qu'il était question pour moi de t'envoyer au repos... Désormais, l'avion du commandant de l'escadrille Strasbourg s'appellera "Sous-lieutenant Arnaud de Saxcé"[8]... ».
Paul Aubert raconte : « … Ce fut le capitaine Andrieux qui eut la délicate mission d'annoncer la terrible nouvelle au général de Gaulle en personne. L'entretien fut bref. Les seules paroles du général furent : « Mon Dieu, quel drame ! Vivement que cette guerre se termine ». Il parut saisi et profondément peiné[9]. » Lettre de Charles de Gaulle datée du à Jean de Saxcé : « Mon bien cher ami, Ta douleur est ma douleur. Arnaud était un brave, un généreux, un excellent. Ce sont les Arnaud qui nous auront sauvés en se faisant tuer pour la France[10]... »
Lettre du général Jean de Lattre de Tassigny datée du à Jean de Saxcé : « Mon cher Saxcé, J'ai appris avec émotion la mort de ton fils Armand (sic), et veux te dire toute la part que je prends à ta peine. Il n'est pas besoin de souligner pour toi la gloire de ce jeune héros tombé en plein ciel, je sais qu'elle t'apporte, avec toute notre espérance chrétienne, la plus belle des consolations. Je viens seulement t'apporter mon amitié, ma sympathie profonde de père et de soldat[4]... »
Décorations
- Chevalier de la Légion d'honneur
- Médaille militaire
- Croix de guerre 1939-1945 avec 6 palmes et une étoile d'argent
- Médaille de la Résistance
- Air Medal
- Silver Star
Citations militaires : à l'ordre de la Division aérienne le ; et à l'ordre de l'Armée de l'air le , les 9 et , et le .
Mémoire
- Monument aux morts au cimetière du Vieux-Bourg de Saint-Jean-de-Braye.
- Monument aux morts devant la mairie de Saint-Jean-de-Braye.
- Plaque sur la chapelle Witte Kerk (nl) à Hemrik (Frise, Pays-Bas)[11].
- Un hangar de l'aéroport du Loiret Saint-Denis-de-l'Hôtel a pour nom Arnaud de Saxcé.
- La ville de Saint-Jean-de-Braye a choisi d'honorer la mémoire d'Arnaud de Saxcé en donnant son nom à une rue de l'écoquartier du Hameau (inaugurée le ).
- Monument aux morts à St-Jean-de-Braye.
- Plaque en mémoire d'Arnaud à Hemrik.
- Tombe Saxcé St-Jean-de-Braye.
Divers
Contrairement à ce qui est mentionné dans plusieurs ouvrages et sites web à propos d'Arnaud, il n'était pas le filleul de Charles de Gaulle[12]. Charles de Gaulle était un camarade de Jean de Saxcé, père d'Arnaud, condisciple à Saint-Cyr et au 33e régiment d'infanterie pendant la Première Guerre mondiale, puis à Metz. Au titre de cette amitié, Jean de Saxcé s'adressait parfois à Charles de Gaulle pour avoir des nouvelles de ses fils pendant la Seconde Guerre mondiale[7]. De son côté, Arnaud faisait de même. Le , il écrivit une lettre à « Mme de Gaulle » : « ...Je regrette beaucoup de ne pas vous avoir écrit plus tôt mais je n'osais pas vous déranger. Je n'ai aucune nouvelle de mes parents que j'ai quittés sans même avoir pu leur en donner de moi-même[4][source insuffisante]. »
Arnaud est le petit-fils de Fernand de Saxcé (1848-1915), colonel d'artillerie, officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'ordre de l'Éléphant blanc de Siam, officier de l'ordre impérial du Dragon d'Annam, officier de l'ordre royal du Cambodge, décoré de la médaille de l'expédition du Tonkin. En 1899, Fernand de Saxcé, commandant le 10e régiment d'artillerie de Rennes, aurait dû présider le conseil de guerre chargé de juger Alfred Dreyfus à son retour de l'île du Diable. Avant le début du procès, le journaliste Francis de Pressensé ayant affirmé par voie de presse que « ce serait une infamie pure et simple » que de charger le colonel de Saxcé de cette tâche[13], ce dernier répondit par un ordre du jour et informa son régiment des propos insultants de Pressensé, « cet homme indigne d'un coup d'épée[14]. ». Immédiatement muté à Poitiers, cet incident mit fin à sa carrière militaire.
Il est l'arrière-petit-fils de Félix Lambrecht (1819-1871), homme politique français. Il est l'arrière-petit-fils de Charles Ploix (1824-1895), ingénieur hydrographe de la marine[15]. Il est le neveu[16] de : Jean d'Ornant (1892-1917)[17], lieutenant au 31e régiment d'artillerie, « Mort pour la France »[18] ; d'Édouard d'Ornant (1895-1915)[19], sous-lieutenant au 147e régiment d'infanterie, « Mort pour la France[18] » ; et de Guy d'Ornant (1902-1975), colonel et figure de la Résistance en Alsace et Moselle, commandeur de la Légion d'honneur, croix de guerre, croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs, commandeur du Ouissam alaouite.
Il est le beau-frère d'André Barrault (1910-1958), colonel et pilote d'aviation pendant la Seconde Guerre mondiale, il participa au combat, notamment dans le cadre du Bomber command. Commandeur de la Légion d'honneur, croix de guerre avec palme, titulaire des Distinguished Flying Cross américaine et britannique.
Arnaud de Saxcé avait 6 frères et 5 sœurs, dont :
- Géry de Saxcé (1914-1966), croix de guerre.
- Louis de Saxcé (1922-1979), croix de guerre, officier de la Légion d'honneur.
- Jacques de Saxcé (1924-1987), médaille des évadés, Croix du combattant volontaire 1939-1945, Médaille de la déportation et de l'internement pour faits de Résistance.
- Fernand de Saxcé (1925-1950)[20], lieutenant, « Mort pour la France » le lors d'un accident d'avion[21] à Da Nang au Viêtnam (anciennement Tourane au Tonkin pendant la colonisation française), croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs, chevalier de l'ordre du Million d'Éléphants et du Parasol blanc.
Notes et références
- Général Touzard, « Éloge funèbre de M. le colonel Jean de Saxcé », Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, no Série 5, tome 31, , p. 58-62 (ISSN 0994-6357, lire en ligne, consulté le ).
- Chaix d'Est-Ange, Gustave (1863-1923), Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. XIV. Des-Dug., Évreux, impr. de C. Hérissey, (lire en ligne), p. 161-162.
- Souvenirs racontés par sa sœur aînée, Chantal de Saxcé (1917-2015).
- Archives familiales
- Pierre Laurent, « Une bonne pépinière pour les FAFL : La Promo Z », ICARE, no 152, , p. 124-125 (ISSN 0018-8786).
- « Le camp de Saint-Athan était un lieu de regroupement avant l'envoi des pilotes vers les écoles de pilotage. L'aspirant René Casparius l'avait alors surnommé « Sainte Attente ». René Mouchotte, Mes carnets : juin 1940-août 1943, Vincennes, Service historique de l'Armée de l'air, 2000, 257-XXXI p. (ISBN 2-904521-35-6), p. 61.
- Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets. [5], juin 1943-mai 1945, Paris, Plon, , 496 p. (ISBN 978-2-259-01083-2), p. 342-343.
- Jacques Andrieux, Ciel et l'enfer : France libre : 1940-1945, Paris, Presses de la Cité, , 251 p. (ISBN 978-2-258-01136-6, BNF 34738879), p. 236.
- Paul Aubert, Groupe de chasse Alsace : 1941 à 2001, 60 ans d'existence, Strasbourg, ID éd., , 301 p., p. 85.
- Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets. 6, Mai 1945-juin 1951, Paris, Plon, , 553 p. (ISBN 978-2-259-01184-6, BNF 36606629), p. 21.
- « Hemrik, monument voor A.C.M. de Saxcé » (consulté le ).
- Information confirmée par les sœurs d'Arnaud : Chantal de Saxcé (1917-2015) et Yvonne Barrault (1920-2014).
- « Un général factieux - Le cas de M. Hardschmidt », (consulté le ), p. 1.
- « Le procès des "œillets blancs" », (consulté le ), p. 1.
- Cordier, Henri, « Nécrologie », Revue des traditions populaires, no A10,T10,N3, , p. 180-183 (ISSN 0996-2689, lire en ligne).
- « Dans le monde. Nécrologie », Journal des débats politiques et littéraires, no 221, , p. 4 (ISSN 1770-619X, lire en ligne)
- « Jean d'Ornant », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
- Tableau d'honneur, morts pour la France : guerre de 1914-1918, Paris, La Fare, , 1087 p. (lire en ligne), p. 717-718.
- « Édouard d'Ornant », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
- « Fernand de Saxcé », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
- « UN TERRIBLE ACCIDENT ENDEUILLE LE BÉARN », sur viateurs.e-monsite.com (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Les ailes, : Coups d'ailes, page 2, récit de la mort d'Arnaud.
- Pierre Clostermann, Le grand cirque : souvenirs d'un pilote de chasse français dans la R.A.F. Paris, Flammarion, 1948. page 21 : « … le cher de Saxe (sic), notre squelette ambulant au courage de fer... »
- Germaine L'Herbier-Montagnon, Cap sans retour. Forces aériennes françaises libres, mémorial des premiers compagnons. Monte-Carlo, R. Solar, 1948. p.44.
- Jacques Andrieux, Une Poignée d'as. - Paris : Presses de la Cité, 1976. (ISBN 2-258-00154-4), page 263.
- Jacques Andrieux, Le Ciel et l'enfer : France libre : 1940-1945. - Paris : Presses de la Cité, 1982 ( (ISBN 2-258-01136-1))
- Jean Gisclon, La Grande aventure de la chasse française : de 1939 à 1945 . - Paris : France-Empire, 1983 ( (ISBN 2-7048-0309-9)) [Photographie d'Arnaud p. 14, f.12 entre les p. 480-481 et p. 391, récit de la mort d'Arnaud p. 569]
- Bernard Duperier, Chasseur du ciel. Paris : Perrin, 1991. (ISBN 2-262-00948-1) (p. 226, 234, 236 et photo p. XX)
- Pierre Laurent, Une bonne pépinière pour les FAFL : la Promo Z. ICARE, 1995, n°152, p. 115. ISSN 0018-8786 [Photographies d'Arnaud p. 124 et 125].
- Paul Aubert, Le groupe de chasse Alsace : 1941 à 2001, 60 ans d'existence. - (Strasbourg) : [ID l'éd.], 2001. [Récit détaillé de la mort d'Arnaud p. 85. Egalement cité p. 57, 293, 297 et 301]
- Henry Lafont, Mémorial des Forces aériennes françaises libres, Vincennes : Service historique de l'armée de l'air, 2002 ( (ISBN 2-904521-46-1)) page 288.
- Pierre Closterman, Le grand cirque. 1er octobre 1942-décembre 1943, adaptation et illustration, Manuel Perales. ; Bruxelles : Miklo ; Paris : Dargaud diff., impr. 2004. page 11
- La République du Centre, , p. III, Arnaud de Saxcé, infatigable combattant.
- Regards, le magazine de la Ville de Saint-Jean-de-Braye, , n°99, p. 5, L'abraysien du mois, Arnaud de Saxcé. ISSN 0767-9084.
- George Henry Bennet, The RAF's French foreign legion 1940-45 : De Gaulle, the British and the re-emergence of French air power. London ; New York : Continuum, 2011 (ISBN 978-1-441-18978-3). [cité p.187 et 193]
- Regards, le magazine de la Ville de Saint-Jean-de-Braye, , n°200, p. 9, Deux acteurs de la Seconde guerre mondiale mis à l'honneur. ISSN 0767-9084.
- La République du Centre, , Deux rues pour deux héros à Saint-Jean-de-Braye. ISSN 2271-5193.
Liens externes
- Ciel de gloire
- 609 (WR) squadron Association > Archives > Photo Galleries > Biggin Hill, page 25, premier à gauche]
- 609 (WR) squadron Association > Archives > Photo Galleries > Men of 609, pages 41, 85 et 142
- Mémoire des hommes
- MemorialGenWeb.org - Arnaud de SAXCÉ
- Traditions de l'armée de l'air
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