BYD virus


Le BYD virus est un nouveau flavivirus identifié en 2010 en Chine où pour la première fois et depuis , il est responsable d'une zoonose dite « syndrome de diminution de la ponte » et de la mort d'une partie des canards malades.
C'est un virus de la famille des Flaviviridae (famille dont environ 70 sérotypes sont connus[1], souvent très pathogènes[2], à fort potentiel de maladie émergente[3]).

Ne pas confondre avec le virus de plante nommé BYD virus (Barley yellow dwarf virus), le virus de la jaunisse nanisante de l'orge.

BYD virus
Classification
Type Virus
Groupe Groupe IV
Famille Flaviviridae
Genre Flavivirus

Espèce

BYD virus (BYDV)
— auteur incomplet —, date à préciser

« BYDV » ; BYD désignant la région de Baiyangdian où le virus a été isolé pour la première fois.

Les virus de cette famille sont habituellement transmis par des moustiques ou des tiques[4],[5]et affectant souvent à la fois l'homme et l'animal[6] même si quelques flavivirus isolés chez des tiques ou moustiques, ne causant pas de maladie connue chez l'Homme ou l'animal à sang chaud[7]).

Cette maladie émergente décime des élevages de canards[8], essentiellement dans l'Est de la Chine. C'est la première fois qu'un flavivirus cause une maladie grave chez les canards[9].

Ce virus est génétiquement proche de virus posant de graves problèmes épidémiologiques et écoépidémiologiques tels que celui de la dengue ou de la fièvre jaune ou de maladies émergentes telle que la fièvre du Nil occidental. Pour ces raisons, il préoccupe les autorités internationales vétérinaires et médicales (OIE, OMS...) ; « La plupart des flavivirus sont des zoonoses, ce qui signifie qu'elles peuvent être transmises des animaux aux humains » si l'infection de l'être humain ne peut être exclue (bien que la transmission animal-Homme doive encore être ici confirmée)[8].

Ce flavivirus pourrait aussi avoir des conséquences économiques graves pour l'industrie et les élevages familiaux de canards[9].

Les experts recommandent une étroite surveillance épidémiologique étant donné sa nature zoonotique[9], d'autant que 3 autres virus de la même famille étendent leur aire d'infection et posent des problèmes croissant dans l'hémisphère nord (Dengue, fièvre du Nil occidental, et fièvre de Kyasanur (ou Kyasanur forest virus)[9].

Virologie, pathogénicité

Il s'agit d'un virus à ARN positif simple brin, d'un diamètre d'environ 55 nanomètres[9]. Il affecte notamment les ovaires et oviductes des canards touchés, mais aussi d'autres organes, dont le cerveau et semble-t-il le système digestif (Cf. diarrhées).

L'injection du virus isolé a déclenché la maladie chez des canards sains[9]. Le virus ré-isolées de canards malades, cultivé dans des fibroblastes primaires d'embryon de canard et en culture cellulaires, a montré des effets cytopathiques[9].

Le Séquençage du génome montré que ce virus est étroitement apparenté au virus Tembusu (un flavivirus dont on sait depuis 1955 qu'il est transporté au moins par les moustiques. C'est un virus du groupe des Ntaya virus (NTAV)). Le BYDV présente une similitude de 87-91 % pour le génome codant l'enveloppe protéique du virus Tembusu, et à 72 % similaire au génome entier du virus de Bagaza[10],[11],[12] (flavivirus proche, émergeant en Afrique, dont le génome a été entièrement séquencé)[9].

La parenté du virus Tembusu, du virus et Sitiawan et du BYDV incite à une enquête plus approfondie, car si le virus Tembusu est mal connu du point de vue de ses impacts sur la santé humaine ou animale, des anticorps le ciblant ont été trouvés chez les humains dans les régions où il est présent[13],[14],[15],[16],[17], et un nouveau virus étroitement apparentés (virus Sitiawan[18]) est corrélé à une encéphalite du poulet et un retard de croissance, ce qui laisse penser que le BYDV puisse être (ou devenir par mutation) pathogène pour l'homme ou d'autres variétés de canards.

Les données disponibles satisfont les postulats de Koch, ce qui laisse penser qu'il s'agit bien d'une nouvelle espèce de flavivirus[9].

Histoire

Ce virus a été découvert en 2010, isolé à partir d'échantillons de cerveau et d'ovaires de canards morts dans les 6 h après apparition des symptômes. Les premiers échantillons provenaient de canards venant d'élevages affectés par une brutale chute du nombre de pontes (jusqu'à -90 %), des mortalités et comportements anormaux (déficit de coordination des mouvements, chute d'appétit)[8].

Prévalence

Fin 2010, plus de 4,4 millions de canards avaient été touchés dans les élevages industriels du Fujian, Shandong et Zhejiang, à l'Est de la Chine, où l'élevage de canards est une tradition, mais l'épidémie a aussi touché un nombre indéterminé de canards dans au moins six autres provinces, ainsi que les zones rurales périphériques de Pékin[8].

Les "variétés" de canards repérées comme étant affectées par le virus en 2010 étaient le Canard de Pékin, le Canard de Barbarie et divers canards domestiques[9].

Le virus a été détecté dans des élevages de canards de chair, comme dans des élevages destinés à la production d'œufs[9]. Le nombre d'oiseaux affectés dans les élevages familiaux n'a pas été étudié[9].

Symptômes

Le premier symptôme et le plus caractéristique est chez la femelle, une chute brutale et importante de la production d'œufs (en une dizaine de jours) [9]; Dans certaines exploitations, toutes les reproductions de canards ont échoué. Une perte sévère d'appétit est aussi constatée, (entre le 4e et 14e jour[9] si le canard ne meurt pas) ainsi que des troubles de la coordination voire une incapacité à marcher[9]. Une diarrhée verdâtre a souvent été signalée chez les canards malades[9].
En 2010, selon les élevages, 5 à 15 % des canards malades sont morts[9].

L'autopsie montre des hémorragies légères puis sévères des follicules ovariens suivie d'une réduction de ces follicules[9].

Risques épidémiologiques et écoépidémiologiques

La chine est connue pour être une zone biogéographique propice à l'émergence de pandémies.
En raison de l'omniprésence de l'élevage du canard en Chine, Gao et son équipe invitent les autorités à étroitement surveiller ce virus, notamment parce qu'il pourrait peut-être un jour se propager aux humains. Ils suggèrent aussi le développement d'un vaccin contre le BYD[8].

Peu de données sont actuellement disponibles, ce qui ne permet pas d'évaluer le risque en termes de santé publique ou pour les canards sauvages, mais étant donné l'importance du commerce et de la consommation de canard en Asie, en particulier en Chine, des experts chinois ont en 2011 suggéré de rechercher au plus vite d'éventuelles infection (asymptomatique ou non) d'êtres humains[9].

Traitements...

Il n'en existe pas encore, mais des vaccins ont été produits et testés avec succès pour d'autres flavivirus (fièvre jaune ou encéphalite japonaise par exemple), ce qui laisse penser qu'un vaccin contre le BYDV pourrait être produit pour les éleveurs de canards ou pour les humains si cela devenait nécessaire[9]..

Génétique, phylogénie

Selon Gao et ses collègues, découvreurs du virus BYD, il serait très proche du virus Tembusu, un flavivirus trouvé en Asie du Sud, peut être propagé par les moustiques comme c'est souvent le cas pour les virus de cette famille. Cependant, les changements de température au cours de la période de la propagation du virus ne semblent pas compatibles avec celles des autres flavivirus transmis par les moustiques. Les canards chinois ont commencé à tomber malade par temps frais au début du printemps, avant la pullulation des moustiques et l'épidémie s'est poursuivie ainsi en automne, dans le nord du pays, où les moustiques sont peu actifs à cette époque[8], ce qui laisse penser qu'une contagion interindividuelle peut avoir lieu ou qu'un autre vecteur puisse être actif.
Comme pour le H5N1, ce virus pourrait aussi affecter des populations sauvages en contact avec les zones d'élevage.

Voir aussi

Articles connexes

Références

  1. Gubler DJ, Kuno G, Markoff L (2007) Flaviviruses. In: Knipe DM, Howley PM, editors. Fields Virology 5th ed. Philadelphia: Lippincott, Williams, and Wilkins. pp. 1153–1252.
  2. Gould EA, Solomon T (2008) Pathogenic flaviviruses. Lancet 371: 500–509. (Résumé)
  3. Weaver SC, Reisen WK (2010) Present and future arboviral threats. Antiviral Res 85: 328–345. Résumé
  4. Heinz FX (2000) Family Flaviviridae. In: Regenmortel MHVv, Fauquet CM, Bishop DHL, Carsten EB, Estes MK, et al., editors. Virus Taxonomy: 7th Report of the International Committee on Taxonomy of Viruses. San Diego: Academic Press. pp. 859–878.
  5. Gould EA, de Lamballerie X, Zanotto PM, Holmes EC (2003) Origins, evolution, and vector/host coadaptations within the genus Flavivirus. Adv Virus Res 59: 277–314. (Lien vers article)
  6. Mackenzie JS, Gubler DJ, Petersen LR (2004) Emerging flaviviruses: the spread and resurgence of Japanese encephalitis, West Nile and dengue viruses. Nat Med 10: S98–109 (Résumé)
  7. Dobler G (2010) Zoonotic tick-borne flaviviruses. Vet Microbiol 140: 221–228. (Lien vers article)
  8. Mara Hvistendahl ; Chinese Ducks Felled by New Virus ; Science / AAAS ; 29 mars 2011
  9. Su J, Li S, Hu X, Yu X, Wang Y, et al. (2011) Duck Egg-Drop Syndrome Caused by BYD Virus, a New Tembusu-Related Flavivirus. PLoS ONE 6(3): e18106. doi:10.1371/journal.pone.0018106 (Lien vers l'article complet, en anglais)
  10. Bondre VP, Sapkal GN, Yergolkar PN, Fulmali PV, Sankararaman V, et al. (2009) Genetic characterization of Bagaza virus (BAGV) isolated in India and evidence of anti-BAGV antibodies in sera collected from encephalitis patients. J Gen Virol 90: 2644–2649. (Lien vers l'article)
    1. Digoutte JP (1978) Bagaza (BAG) strain: Dak Ar B 209. Am J Trop Med Hyg 27: 376–377.
  11. Traore-Lamizana M, Zeller HG, Mondo M, Hervy JP, Adam F, et al. (1994) Isolations of West Nile and Bagaza viruses from mosquitoes (Diptera: Culicidae) in central Senegal (Ferlo). J Med Entomol 31: 934–938. (Lien vers l'article)
  12. Bowen ET, Simpson DI, Platt GS, Way HJ, Bright WF, et al. (1975) Arbovirus infections in Sarawak, October 1968-February 1970: human serological studies in a land Dyak village. Trans R Soc Trop Med Hyg 69: 182–186
  13. Wallace HG RA, Rajagopal V (1977) Activity of Tembusu and Umbre viruses in a Malaysian Community - Mosquito studies. Mosquito News 37: 35–42.
  14. Olson JG, Ksiazek TG, Gubler DJ, Lubis SI, Simanjuntak G, et al. (1983) A survey for arboviral antibodies in sera of humans and animals in Lombok, Republic of Indonesia. Ann Trop Med Parasitol 77: 131–137.
  15. Karabatsos N (1985) International Catalogue of Arboviruses including certain other viruses of vertebrates. 3rd ed. San Antonio: American Society of Tropical Medicine and Hygiene.
    1. Wolfe ND, Kilbourn AM, Karesh WB, Rahman HA, Bosi EJ, et al. (2001) Sylvatic transmission of arboviruses among Bornean orangutans. Am J Trop Med Hyg 64: 310–316.
  16. ono Y, Tsukamoto K, Abd Hamid M, Darus A, Lian TC, et al. (2000) Encephalitis and retarded growth of chicks caused by Sitiawan virus, a new isolate belonging to the genus Flavivirus. Am J Trop Med Hyg 63: 94–101 (Lien vers l'article)
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