Bataille de Balmaseda

La bataille de Balmaseda se déroula le à Balmaseda, en Espagne. Elle opposa une division française commandée par le général Eugène-Casimir Villatte à l'armée espagnole du lieutenant-général Joaquín Blake y Joyes. L'affrontement se solda par une victoire espagnole. Malgré sa défaite à la bataille de Durango face au maréchal Lefebvre, le 31 octobre 1808, Blake avait réussi à reculer vers la Cantabrie, rendant caduque la manœuvre de Napoléon visant à l'anéantir. L'Empereur mécontent lança Lefebvre et Victor à la poursuite des Espagnols.

Bataille de Balmaseda
Informations générales
Date
Lieu Balmaseda, près de Bilbao, Espagne
Issue Victoire espagnole
Belligérants
Empire français Royaume d'Espagne
Commandants
Eugène-Casimir VillatteJoaquín Blake y Joyes
Forces en présence
10 à 12 000 hommes24 000 à 37 607 hommes
38 canons
Pertes
200 à 300 tués ou blessés
300 prisonniers
1 canon
légères

Guerre d'indépendance espagnole

Batailles

Coordonnées 43° 11′ 45″ nord, 3° 11′ 34″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Espagne
Géolocalisation sur la carte : Pays basque

De son côté, Blake, renforcé par les troupes régulières du marquis de La Romana, se retourna subitement contre ses poursuivants. La division Villatte, détachée seule en avant-garde, tomba dans une embuscade tendue par Blake à Balmaseda. La surprise et la confusion passée, Villatte se retira en bon ordre, non sans avoir perdu 600 hommes et un canon. Victor, sermonné par Napoléon pour son imprudence, se racheta quelques jours plus tard en infligeant une sévère défaite à Blake lors de la bataille d'Espinosa.

Contexte

En novembre 1808, à la suite des échecs répétés des troupes françaises en Espagne, Napoléon entra dans la péninsule Ibérique à la tête d'une puissante armée afin de rétablir la situation. Son intervention fut accueillie avec soulagement par son frère Joseph, roi d'Espagne, qui avait dû quitter Madrid après la capitulation du général Dupont à Bailén, au mois de juillet.

Entrée de Napoléon en Espagne le 4 novembre 1808. Illustration d'Henri Félix Emmanuel Philippoteaux.

Alors que ses troupes se dirigeaient à marches forcées vers l'Espagne, Napoléon quitta Paris pour Bayonne, puis se rendit à Vitoria où il arriva dans la soirée du 8 novembre, accompagné des maréchaux Lannes et Soult. Il commença alors à élaborer son plan de campagne sur la base des renseignements disponibles. À cette période, les forces françaises étaient encore très dispersées : le Ve corps n'avait pas encore franchi les Pyrénées et le VIIIe, évacué du Portugal après la convention de Cintra, était en train d'être débarqué sur les côtes françaises par la marine britannique. En outre, le Ier corps du maréchal Victor et le IVe corps du maréchal Lefebvre, sur l'aile droite, n'avaient toujours pas effectué leur jonction. Le IIe corps de Bessières était posté au centre à Briviesca tandis que le IIIe commandé par le maréchal Moncey occupait Tafalla et Estella ; enfin, plus en arrière et en approche de Vitoria se trouvaient le VIe corps de Ney et la Garde impériale[1].

Le maréchal Victor, commandant le Ier corps de l'armée d'Espagne. Illustration de Louis Bombled.

Les Français avaient devant eux toute l'armée espagnole sous les ordres des généraux Blake, Castaños et Palafox, soutenus en arrière par les Anglais. L'Empereur voulait à tout prix empêcher la concentration ennemie autour de la capitale, et pour ce faire, il articula ses forces en trois colonnes : à droite, les maréchaux Victor et Lefebvre ; au centre, Bessières et Soult ; enfin, à gauche, Ney, Moncey et Gouvion-Saint-Cyr[2]. Le 31 octobre, peu avant l'arrivée de Napoléon, le maréchal Lefebvre battit les Espagnols du général Blake à la bataille de Durango. Les pertes se limitèrent à 200 hommes du côté français[3] et 600 du côté espagnol[4], mais quoique vaincu, Blake put retraiter vers l'ouest en bon ordre. L'Empereur, furieux de voir les Espagnols s'échapper avec une armée presque intacte, lança à leur poursuite les maréchaux Lefebvre et Victor[5].

Les Français se mirent en marche mais le mauvais état des routes gêna considérablement leur progression. De son côté, Blake reçut le renfort de la division de vétérans du marquis de La Romana, portant ses effectifs à 24 000 hommes et 30 canons. Le général espagnol décida alors de contre-attaquer dans le but de soulager la pression française sur ses arrières[5]. Le 1er novembre, Lefebvre s'empara de Bilbao, coupant la retraite à la division Acevedo en position à Miravalles. D'après le déroulement des opérations donné par l'historien John Fortescue, le maréchal poussa ensuite jusqu'au village de Balmaseda dans l'espoir de tomber sur le corps principal espagnol. Celui-ci étant introuvable, Lefebvre rétrograda sur Bilbao en laissant la division du général Eugène-Casimir Villatte à Balmaseda[6]. Pour Jacques Le Coustumier, c'est le maréchal Victor qui, ignorant tout des projets de Blake, détacha la division Villatte dans la province de Biscaye[7]. Blake décida de tendre une embuscade à cette troupe isolée[5].

Déroulement de la bataille

Le matin du 5 novembre, alors que les troupes françaises arrivées à Balmaseda échangeaient des tirs sporadiques avec l'arrière-garde espagnole, Blake passa à l'attaque. Ses hommes tombèrent avec violence sur la division Villatte qui, presque entièrement dépourvue de cavalerie et d'artillerie, fut rejetée du village en désordre. La confusion s'installa dans les troupes françaises mais Villatte parvint à rallier ses soldats et ordonna le repli pour éviter d'être submergé[5], d'autant qu'au bruit de la fusillade, Acevedo avait fait mouvement et menaçait maintenant sa ligne de retraite[6]. Face aux Espagnols qui l'encerclaient, Villatte forma ses troupes en carrés[5] et décida « avec bravoure et résolution » de se frayer un passage dans les rangs ennemis. La manœuvre effectuée en bon ordre fut un succès[6] et la discipline des soldats français permit de contenir la poursuite espagnole[5]. Les Impériaux perdirent néanmoins la plus grande partie de leurs bagages, capturée au cours de la retraite par la division Acevedo[4].

Bilan et conséquences

Les pertes françaises s'élevèrent à 200[4] ou 300 tués ou blessés[5], 300 prisonniers et un canon[6]. Une autre source mentionne près de 400 hommes hors de combat chez les Impériaux et confirme la perte d'une bouche à feu ainsi que de nombreux fusils[8]. Digby Smith décrit les pertes espagnoles comme « légères »[4]. Villatte fit peu après sa jonction avec le IVe corps, accouru en hâte depuis Bilbao. Dans le même temps, Blake exploita son succès et occupa Güeñes, mais une contre-attaque dirigée par le maréchal Lefebvre l'en chassa et le força à reprendre sa retraite[9]. La bataille de Valmaseda fut la dernière victoire espagnole de l'année 1808[8]. Le 8 novembre, Victor débusqua de Balmaseda l'arrière-garde espagnole qui perdit 750 hommes, tués, blessés ou prisonniers[4]. Le même jour, la ville fut incendiée par la brigade hollandaise du général Chassé[10]. Choqué d'apprendre que ses troupes avaient subi une défaite face à l'armée espagnole, Napoléon réprimanda sévèrement Victor pour son imprudence. Celui-ci se racheta six jours plus tard en infligeant une lourde défaite à Blake à la bataille d'Espinosa[5].

Forces en présence

Ordre de bataille français

Le général de division Eugène-Casimir Villatte.

Selon les sources, la division Villatte dépendait du corps de Lefebvre[11] ou de Victor[7],[12].

Ordre de bataille de la division Villatte[4]
Division Effectif Unités
Division : général de division Eugène-Casimir Villatte 15 bataillons, environ 12 000 hommes[note 1] 27e régiment d’infanterie légère, 3 bataillons
63e régiment d'infanterie de ligne, 3 bataillons
94e régiment d'infanterie de ligne, 3 bataillons
95e régiment d'infanterie de ligne, 3 bataillons
Deux batteries d'artillerie à pied[note 2]

Ordre de bataille espagnol

Le lieutenant-général Joaquín Blake y Joyes.

La cavalerie attachée se composait de trois escadrons pour un total de 302 hommes. L'artillerie de l'armée alignait 38 canons servis par 1 033 artilleurs, auxquels s'ajoutaient les deux bataillons de gardes de l'artillerie, soit 940 hommes[12].

Armée espagnole du général Blake[12],[4]
Corps Division Effectif
Ejército de la Izquierda ou armée de Galice : lieutenant-général Joaquín Blake y Joyes, 37 607 hommes et 38 canons[12],[note 3] Avant-garde : brigadier-général Gabriel de Mendizábal, 5 bataillons 2 884
1re division : brigadier-général Figueroa, 7 bataillons 4 018
2e division : maréchal de camp Martinengo, 7 bataillons 5 066
3e division : brigadier-général Riquelme, 7 bataillons 4 789
4e division : brigadier-général Carbajal, 10 bataillons[note 4] 3 531
5e division ou División del Norte : lieutenant-général Pedro Caro y Sureda, marquis de La Romana, 7 bataillons 4 186
División de Asturias : capitaine-général Acevedo, 10 bataillons 7 833
Réserve générale : maréchal de camp Mahy, 5 bataillons 3 025

Notes et références

Notes

  1. Baker 2006, p. 1032 mentionne 12 bataillons pour un total d'environ 10 000 hommes.
  2. Le Coustumier 2004, p. 98 indique cependant qu'en raison de la difficulté du terrain, la division Villatte se trouva dépourvue de toute pièce d'artillerie.
  3. Baker 2006, p. 1032 et Fortescue 1910, p. 279 donnent un effectif total de 24 000 hommes.
  4. Philippe Borreill donne comme commandant de la 4e division le brigadier-général Porlier y Asteguieta. Philippe Borreill, « Les batailles de la « Guerra de la Independencia » vues par les Espagnols : Zornoza, Espinosa, Gamonal », Planète Napoléon, (lire en ligne).

Références

  1. (en) William Francis Patrick Napier, History of the War in the Peninsula and in the south of France, vol. 1, Londres, Murray, , p. 386 et 387.
  2. Le Coustumier 2004, p. 97.
  3. (en) David Chandler, The Campaigns of Napoleon, Londres, Weidenfeld & Nicholson Ltd, , p. 632.
  4. (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book : Actions and Losses in Personnel, Colours, Standards and Artillery, 1792-1815, Londres, Greenhill Books, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9, BNF 38973152), p. 269.
  5. Baker 2006, p. 1032.
  6. Fortescue 1910, p. 279.
  7. Le Coustumier 2004, p. 98.
  8. (es) José Gregorio Cayuela Fernández, José Ángel et Gallegos Palomares, La Guerra de la Independencia : Historia bélica, pueblo y nación en España (1808-1814), Université de Salamanque, , 590 p. (lire en ligne), p. 163.
  9. Fortescue 1910, p. 280.
  10. (es) Martín de los Heros, Historia de Valmaseda : villa del antiguo condado y señorío de Vizcaya, Maxtor, , 530 p. (ISBN 978-84-9001-440-0, lire en ligne), p. 320.
  11. Fortescue 1910, p. 278.
  12. Diégo Mané, « Les Armées Espagnoles en novembre 1808 » [PDF], sur Planète Napoléon, .

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jacques Le Coustumier (préf. Thierry Lentz), Le Maréchal Victor, Paris, Nouveau Monde éditions/Fondation Napoléon, coll. « La Bibliothèque Napoléon », , 425 p. (ISBN 2-84736-049-2).
  • (en) John William Fortescue, A History of the British Army, vol. 6, Londres, Macmillan, , 448 p..
  • (en) Ralph Baker, « Action at Valmaseda (5 November 1808) », dans Gregory Fremont-Barnes, The Encyclopedia of the French Revolutionary and Napoleonic Wars, vol. 2, ABC-CLIO, , 1213 p. (ISBN 978-1-851096-46-6, lire en ligne).
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