Bataille de Fornoue
La bataille de Fornoue est un affrontement de la première guerre d'Italie qui eut lieu le à Fornoue, à 20 km au sud-ouest de Parme.

Date | |
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Lieu | Fornoue, à 20 km au sud-ouest de Parme |
Issue | Victoire française[1] |
![]() | Ligue de Venise |
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10 000–11 000 hommes[3][4][5] | 20 000-21 500 hommes[5][3][6] |
100–200 tués[7][6][3] 200 blessés[6][3] | 3350-3500 tués[6][3][7] |
Batailles
[8] Coordonnées 44° 41′ nord, 10° 06′ est![]() ![]() |
Bien que Charles VIII ait réussi à s'emparer du royaume de Naples sans rencontrer beaucoup de résistance, l'hostilité grandissante des États italiens face à l'occupation et surtout la formation de la ligue de Venise contre les Français, l'obligent à écourter son séjour à Naples, où demeure Gilbert de Montpensier[9], et à faire retraite vers la France afin de ne pas se retrouver pris au piège. Ses ennemis lui bloquent le passage à Fornoue, l'obligeant à livrer bataille.
Campagne précédant la bataille
Après avoir quitté Naples, l'armée française fait plusieurs haltes prolongées, notamment à Sienne puis Pise, ce qui donne le temps à l'armée ennemie de la devancer et de l'attendre au débouché des Apennins, à proximité de Parme. Mais, ne pouvant se résoudre à abandonner totalement sa conquête, Charles VIII laisse de fortes garnisons dans les villes les plus importantes, réduisant d'autant l'effectif de son armée. Louis d'Orléans demeure à Milan, mais ses soldats attaquent de petites villes, comme par jeu, provoquant la révolte de leurs habitants. L'armée, dont il ne reste que 10 000 hommes, est d'autre part très affaiblie par la syphilis et la variole[9].
Après avoir traversé à grand-peine les montagnes, handicapé par son artillerie qu'il ne pouvait se décider à abandonner, le roi parvient devant les coalisés, dont les condottieres italiens comptent 15 000 cavaliers et 24 000 fantassins[9], le à Fornoue.
Déroulement

Le lendemain, après avoir envoyé Philippe de Commines proposer en vain aux coalisés de laisser l'armée française poursuivre son chemin vers la France sans combattre, les Français, à court de vivres, se mirent en branle.
Le maréchal de Gié commandait l'avant-garde, La Trémoille le corps de bataille et le vicomte de Narbonne l'arrière-garde. Les commandants vénitiens Luca Pisani et Melchior Trevisan dirigeaient d'excellents condottieri accourus pour l'occasion: Bernardino Fortebraccio, Gian Francesco de Ciazzo, les Pelavicino de Parme, les Bentivoglio de Bologne, les Colleoni, les Gonzaga, les Piccinino, et surtout les estradiots de Pietro Busich et de Niccolo de Nin, soit 600 cavaliers sous les ordres de Pietro Duodo, leur commandant vénitien[9].
Ils étaient dans un vallon d'où ils ne pouvaient déboucher qu'en prêtant le flanc à l'armée ennemie située sur une colline de l'autre côté d'un torrent guéable à cette période de l'année. Voyant les Français en mouvement, l'ennemi passa le torrent et attaqua simultanément l'avant et l'arrière-garde françaises. S'emparant du bagage de l'armée française, l'ennemi se mit à le piller plutôt que de combattre, et ne pouvant gagner la bataille se retira, puis les Français firent de même. Le combat ne dura pas une heure en tout. Les troupes françaises[10] montrèrent tout particulièrement un courage et une fougue aux yeux du roi qui, tout particulièrement, y fit preuve de bravoure et risqua par deux fois de se faire capturer ou blesser à la suite de confrontations directes avec l'ennemi.[évasif] Philippe de Commines relate l'exploit réalisé par Mathieu de Bourbon dit le Grand Bâtard de Bourbon. Celui-ci a sauvé le roi Charles VIII et a poursuivi les ennemis. À la suite de cette bataille, Mathieu de Bourbon resta prisonnier chez les Mantoue qui étaient ses cousins. Mathieu de Bourbon revint en France en fin d'année 1495 et au retour il construisit la plus belle tour de toute la plaine du Forez, au château de Bouthéon[évasif].
Bilan
Les Vénitiens se retirent vers Parme après s'être jetés sur le campement royal. Les saccomani pillent le Trésor, l'hôtel du roi, la précieuse garde-robe et l'énorme butin saisi pendant la campagne. Ces richesses proviennent du pillage des plus riches villes d'Italie et sont évaluées à 200 000 ducats. On parle de 200 chariots. Des tentes de quinze mètres de long pour loger les hommes et de trente mètres pour abriter les animaux, protègent les tableaux, les sculptures, les mobiliers et les parures entassés par les familiers du roi[9]. Les Français, ayant perdu leurs bagages, le trésor royal et deux drapeaux, en profitèrent et secrètement levèrent le camp pendant la nuit et prirent une certaine avance sur les coalisés qui, après s'être regroupés et avoir pris conscience du départ des Français, furent bloqués par le torrent dont le débit avait brusquement augmenté. Galeazzo de Sanseverino et Francesco Visconti parviennent toutefois à rattraper les survivants français conduits par Ercole d'Este et Trivulzio[9].
La bataille de Fornoue permit donc à l'armée française de poursuivre sa retraite pour rejoindre Asti. Un petit groupe protégeant le roi y arrive le , dépourvu de vivres et de munitions, après avoir parcouru 200 kilomètres en sept jours. Après avoir pris du repos, l'armée rejoint Grenoble le [9].
La « victoire » de Charles VIII est contestée car contrairement aux lois de la guerre de l'époque celui qui est à la tête d'une armée ne doit pas quitter le champ de bataille avant la fin de celle-ci, ce que Charles VIII fit pourtant. Les ennemis crient victoire chacun à leur tour. Le roi de France a sauvé l'essentiel. Pour le doge de Venise, Agostino Barbarigo, la bataille marque le triomphe de ses condottieres. Francesco Gonzaga et son oncle Rodolfo y ont redoré leur lignage. Le pape Alexandre VI célèbre la victoire en ordonnant le réalisation d'une fresque de la bataille dans la galerie des cartes du Vatican[9].
Iconographie

- Andrea Mantegna, La Vierge de la Victoire, 1496, musée du Louvre, Paris.
- E. F. Féron, Bataille de Fornoue. 6 juillet 1495, 1837, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles.
Sources
- (it) F. Guicciardini, Storia d'Italia, éd. Mazzali, E., 3. vol. Milan, 2006.
- Cathal Nolan, The Age Of Wars Of Religion, 1000 1650, vol. 1:A-K, Greenwood Press,
- Michael Mallett et Christine Shaw, The Italian Wars 1494–1559, Pearson,
- Spencer C. Tucker, A Global Chronology of Conflict: From the Ancient World to the Modern Middle East: From the Ancient World to the Modern Middle East, vol. I, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-85109-672-5, lire en ligne)
- M. E. Mallett et J. R. Hale, The Military Organisation of a Renaissance State: Venice C. 1400 to 1617, Cambridge University Press,
- Trevor N. Dupuy, Harper Encyclopedia of Military History, HarperCollins, (ISBN 978-0-06-270056-8)
Sources primaires
- (it) A. Benedetti, Diaria de Bello Carolino, éd. Schullian, D. M., New York, 1967.
- (it) A. Benedetti, Il fatto d'arme del Tarro fra i principi italiani et Carlo ottavo re di Francia ; insieme con l'assedio di Novara, éd. Domechi, L., Novara, 1863.
- P. de Commynes, Mémoires, éd. Blanchard, J., 2 t., Genève, 2007.
- Lettre de Gilbert Pointet à Jehan Parent, Asti, 15 juillet 1495, dans J. de La Pilorgerie, Campagne et bulletins de la grande armée d'Italie commandée par Charles VIII, Nantes-Paris, 1860, p. 351-361.
- (it) D. Malipiero, Annali veneti dell'anno 1457 al 1500, éd. Longo, F., 2 vol., Florence, 1843-1844, dans Archivio storico italiano, t. VII, vol. I, 1843, p. 5-586.
- (it) M. Sanudo, La Spedizione di Carlo VIII in Italia, éd. Fulin, R., Venise, 1873.
- A. de La Vigne, Le Voyage de Naples, éd. Slerca, A., vol. II, Milan, 1981.
Liens externes
Notes
- Mallett et Hale 1984, p. 56.
- Francesco II Gonzaga at Battle of Fornovo.
- Tucker 2010, p. 361.
- Nolan 2006, p. 303.
- Mallett et Shaw 2012, p. 31.
- Dupuy 1993, p. 462.
- Nolan 2006, p. 304.
- Nicholle 1996, p. 65.
- Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6), « Les premières guerres d'Italie », p. 100.
- Composée des bandes suisses et des bandes françaises.
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