Bataille de Tan-Tan

La bataille de Tan-Tan a lieu entre les 28 et opposant les troupes du Front Polisario et l'armée marocaine à Tan-Tan et ses environs au Maroc.

Bataille de Tan-Tan
Informations générales
Date 28 -
Lieu Tan-Tan, Maroc
Issue Retrait du Polisario
Coup d'éclat politique du Polisario
Belligérants
RASD Maroc
Commandants
Lahbib Ayoub
Sidi Ahmed El Batal
Abdelaziz Bennani[N 1]
Colonel Lahlou
Forces en présence
1 700 hommes
200 véhicules
Quelques centaines d'hommes
Pertes
Au moins 20 mortsAu moins 17 morts
Au moins 14 blessés
1-18 prisonniers
8 civils tués et 9 blessés. 10 femmes enlevées[L 1].

Guerre du Sahara occidental

Batailles

Coordonnées 28° 25′ 46″ nord, 11° 05′ 53″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Maroc

Contexte

L'attaque de Tan-Tan est lancé après plusieurs attaques meurtrières menées dans le cadre de l'offensive Houari-Boumédiène. Le Polisario considère que les attaques marocaines dans le Sahara occidetal l'autorise à une réponse armée sur le territoire de l'« agresseur »[1].

Forces en présence

Le Polisario engage 1 700 combattants et 200 véhicules[2]. Les indépendantistes utilisent des canons sans recul B-11 de 107 mm, des canons sans recul de 106 mm, des canons sans recul B-10 de 75 mm, des bitubes de 23 mm, des mortiers de 120 mm et 82 mm, des mitrailleuses lourdes de 14,5 et 12,7 ainsi que des Kalachnikov[L 1]. L'identité du chef du raid varie selon les sources : Lahbib Ayoub[3] ou Sidi Ahmed El Batal[4].

Les Marocains, s'attendant à une attaque sur Lemsied, y ont déplacé leurs unités. La ville ne compterait qu'une faible garnison d'une trentaine de militaires au moment de l'attaque, sans compter les moghaznis, dépendants du ministère de l'Intérieur marocain[5]. Les forces marocaines sont estimées à quelques centaines de soldats au déclenchement de l'assaut[2]. Le secteur est sous le commandement du colonel Lahlou[5].

Déroulement

Attaque sur la ville (28 janvier)

L'attaque commence aux alentours de 13h30 le . Quand tout à coup, la colonne sahraouie surgit par le sud et encercle rapidement la ville[2]. Des bases de feu sont installées à 6 ou km de Tan-Tan, et les indépendantistes débutent rapidement le pilonnage de la ville à l'aide d'un armement sophistiqué. Les cibles visés sont principalement le P.C. du commandant du secteur, les casernes ainsi que les positions armées[L 1].

Le Polisario ne déploie pas toutes ses troupes à Tan-Tan. Pour empêcher l'arrivée de renforts, les polisariens installent un barrage sur la route Tan-Tan-Guelmim et attaquent les renforts marocains. Couverts à l'arrière, plusieurs petits groupes d'indépendantistes s'infiltrent dans deux quartiers périphériques de la ville, et attaquant civils et militaires confondus[5]. Les groupes en auraient profité pour saccager et piller un maximum de magasins. Les chars marocains présents ripostent en attendant l'arrivée des renforts[L 1]. Les bombardements du Polisario n'atteignent pratiquement pas les objectifs ciblés[5]. On dénombre alors 20 tués parmi les assaillants et 5 morts parmi les civils sans savoir les pertes du côté marocain de l'armée marocaine[1]. Vers 15h00, des unités provenant de Zag et de Tarfaya atteignent la ville, provoquant le repli général des hommes du Polisario une demi-heure après[L 1]. L'intervention de l'artillerie marocaine arrête le bombardement de la ville par les sahraouis[5].

Combats à Khaloua, Lemsied et Oudel Zita (29 au 31 janvier)

Le 29, pendant la retraite des indépendantistes, une partie est interceptée à Khaloua par une unité marocaine, provoquant de nouveaux combats où l'aviation entre en action. L'affrontement dure jusqu'à la nuit tombée[L 1].

Le lendemain, des renforts marocains venus de Lemsied interceptent des indépendantistes au sud-ouest de Tan-Tan, déclenchant d'autres combats. Le 30 janvier, à Oudel Zita, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Tan-Tan, de violents accrochages opposent l'armée marocaine et les maquisards du Polisario jusqu'à la tombée de la nuit[5]. L'aviation marocaine intervient à nouveau pour bombarder les positions ennemies[L 1]. Selon le Polisario, un combat aurait eu lieu à Lemsied le 31 janvier[6].

Bilan et conséquences

Prisonniers marocains et équipement capturé, présentés par la RASD après le raid.

Les Marocains reconnaissent la perte, dans les combats à Tan-Tan même, de 4 militaires tués, 14 militaires blessés et 13 moghaznis tués ainsi que la capture d'un policier. En outre, 8 civils sont morts et 9 blessés tandis que 13 femmes ont été enlevées par les polisariens, dont 3 ont réussi à s'enfuir[5],[L 1].

Selon le Polisario, les militaires marocains déplorent 314 tués, 300 blessés et 18 prisonniers, tandis que 118 prisonniers sahraouis auraient été libérés[6]. Louis Gravier, journaliste du Monde venu sur place, constate que le communiqué exagère notamment les destructions subies par la ville et qu'il qualifie par exemple l'agent de police capturé de « commissaire de police de la province »[5]. Le Polisario revendique aussi 48 tués, 30 blessés et un chasseur F-5 Freedom Fighter dans les combats de Lemsied[6].

Selon les estimations marocaines, 200 combattants du Polisario auraient été tués dans les combats et 100 véhicules détruits[5]. Un important matériel de guerre aurait été abandonné par les indépendantistes selon l'écrivan Attilio Gaudio[L 1].

Après cette attaque en territoire marocain non contesté, tous les partis politiques, notamment l'Istiqlal et l'USFP, appellent à l'union nationale[7]. Le colonel Abdelaziz Bennani, commandant des opérations, est démis de ses fonctions après l'attaque[8]. L'attaque soulève des questions parmi la population marocaine et les politiciens marocains s'interrogent sur les capacités et la stratégie des forces armées royales[L 2].

Annexes

Notes

  1. Commandant de la zone sud

Sources bibliographiques

  1. Gaudio, p. 315.
  2. Santucci, p. 407.

Références

  1. Louis Gravier, « Rabat voit dans l'attaque de Tan-Tan par le Polisario l'œuvre de l'aile dure du F.L.N. algérien », Le Monde, , p. 6 (lire en ligne)
  2. Abdelahad Sebti, « Sahara : Quand le Maroc a failli perdre la guerre », Zamane, no 35, (lire en ligne)
  3. François Soudan, « Sahara Le Retour du guerrier : Pour la première fois depuis son ralliement au Maroc, Lahbib Ayoub, l'ancien chef militaire du Polisario, parle », L'intelligent (Jeune Afrique), no 2180, , p. 34 (lire en ligne)
  4. ALM, « Ramadan à Tindouf : Les maîtres de Tindouf (3) », sur aujourdui.ma,
  5. Louis Gravier, « La ville de Tan-Tan ne paraît pas avoir gravement souffert de l'attaque du Polisario », Le Monde, , p. 4 (lire en ligne)
  6. D.J., « Le Polisario fait état d'une nouvelle victoire contre les troupes de Rabat », Le Monde, (lire en ligne)
  7. Louis Gravier, « Les partis marocains appellent à l'union nationale après l'attaque de Tan-Tan », Le Monde, (lire en ligne)
  8. Tony Jaques, « Tan-Tan : 1979 : Western Sahara wars », dans Dictionary of Battles and Sieges : A Guide to 8,500 Battles from Antiquity through the Twenty‐First Century, vol. 3 : P-Z, Greenwood Press, (ISBN 0-313-33539-7, lire en ligne), p. 995

Bibliographie

  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail du Maroc
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.