Baudouin VI de Hainaut

Baudouin de Flandre et de Hainaut, aussi nommé Baudouin de Constantinople (né en 1171 à Valenciennes, en France et mort en 1205 ou en 1206 à Tarnovo, en Bulgarie), est comte de Flandre (Baudouin IX) de 1194 à 1205, comte de Hainaut (Baudouin VI) de 1195 à 1205 et empereur de Constantinople (Baudouin Ier) de 1204 à 1205. Il est fils de Baudouin V, comte de Hainaut, et de Marguerite d'Alsace, comtesse de Flandre.

Pour les articles homonymes, voir Baudouin Ier et Baudouin VI.

Baudouin VI de Hainaut
Statue équestre de Baudouin à Mons (Belgique)
Fonction
Empereur latin de Constantinople
Titres de noblesse
Comte de Flandre
-
Prédécesseur
Successeur
Comte de Hainaut
-
Prédécesseur
Successeur
Empereur latin de Constantinople
-
Successeur
Biographie
Naissance
Décès
Activités
Famille
Père
Mère
Fratrie
Conjoint
Enfants
Autres informations
Religion
Conflits
Blason

Biographie

Le comte de Flandre et de Hainaut

Il hérite de la Flandre (amputée de l’Artois depuis 1191) à la mort de sa mère le et du Hainaut à celle de son père le , réunissant en sa personne les deux branches de la maison de Flandre qui s’étaient séparées après la mort de Baudouin VI.

Sceau équestre de Baudouin VI de Hainaut

S’il prête rapidement hommage à Compiègne à Philippe Auguste, il reste dans une prudente attente dans le conflit franco-anglais, mais est obligé par le roi de France à donner des garanties supplémentaires à sa foi : le roi reçoit le serment des barons flamands de lui rester fidèle ; la menace d’un anathème plane sur le comte en cas de parjure ; enfin, les fiefs de Boulogne, Guînes et Oisy sont cédés à la Couronne : en , Baudouin s'engage à soutenir le roi des Français Philippe envers et contre tous, à part l'Empereur (saint-Empire romain germanique) et l'évêque de Liège ; il abandonne au roi les prétentions qu'il pouvait avoir à la suzeraineté des comtés de Boulogne, de Guînes et de la terre d'Oisy[1]. Taxé de faiblesse à son retour par les Flamands, Baudouin s’allie alors à Richard Cœur de Lion et demande au roi de France le retour à la Flandre de Lens, Arras, Hesdin, Bapaume, Saint-Omer et Aire. Devant le refus du roi, Baudouin entre en Artois, tandis que le duc Richard occupe les forces françaises en Normandie et met le siège devant Arras. Philippe Auguste réagit, repousse Baudouin jusqu’à l’Yser, mais le comte fait alors ouvrir les écluses sur le camp français. Le roi de France, enserré par les eaux et les armées flamandes n’a d’autre choix que de céder aux exigences de Baudouin, promesses qu’il fait rétracter par son conseil sitôt revenu à Paris. Baudouin prend à nouveau les armes et occupe Aire et St-Omer.

La comtesse Marie intervient alors et s’entremet entre le comte, son mari et le roi de France, son oncle. Son intervention débouche sur la conférence de Péronne en , où les deux parties arrivent à un accord : le roi conserve les terres au-delà du Fossé Neuf, tandis que Baudouin IX garde ou recouvre Douai, Ardres, Lillers, La Gorgue, Richebourg, Aire, Saint-Omer, l’avouerie de Béthune et l’hommage du comté de Guînes. Ce succès renforce la popularité du comte auprès de ses barons et de ses villes.

Le croisé

Le comte entend alors la prédication à la croisade d’Erluin et de Pierre de Roussy, envoyés en Flandre par le pape. Baudouin IX et son épouse Marie de Champagne prennent alors solennellement la Croix le en l’église St-Donat de Bruges, suivis par une foule de chevaliers flamands. Baudouin prend, avec Thibaud de Champagne, Louis de Blois et Hugues IV de Campdavaine la tête de l’expédition. Avant le départ, il confie à son frère Philippe, comte de Namur, la régence de Flandre, assisté d’un conseil composé du chancelier Gérard, prévôt de Saint-Donat, son oncle, de Baudouin de Comines, des châtelains de Bruges, de Gand et de Lille.

Les armées gagnent Venise où un accord a été trouvé avec la république maritime pour transporter les croisés en Orient : la moitié des conquêtes devra aller à la ville de saint Marc. Les croisés prennent d’abord Zara comme paiement aux Vénitiens, puis la croisade est détournée pour secourir son beau-frère Alexis Ange dont le père Isaac II a été renversé à Constantinople par son frère, devenu Alexis III. Chalcédoine en Bithynie est rapidement investie, puis Galata, et les croisés arrivent donc sous les murs de Constantinople. Alexis III s’enfuit, Isaac II est libéré par les Grecs et doit céder aux conditions exigées par les croisés pour l’aide accordée à son fils devenu Alexis IV.

Rapidement, la situation se dégrade : les indemnités promises ne sont pas payées. La position d’Alexis IV devient intenable et il est renversé en par Alexis Murzuphle qui renforce les défenses de la ville et refuse toute négociation. Le lundi de Pâques 1204, les Croisés prennent et saccagent alors l’antique Byzance.

L'empereur de Constantinople

Baudouin est élu empereur avec l'appui des Vénitiens, puis couronné le [2] ; le nouveau souverain respecte les accords passés pendant le siège de la ville avec le doge Dandolo : les Vénitiens reçoivent les trois huitièmes de la ville et de l'Empire.

Baudouin se heurte rapidement aux réticences des Grecs et à l’intervention des Bulgares, appelés à l’aide. Il assiège Andrinople qui s’est soulevée, mais qui espère l’arrivée du tsar des Bulgares Jean Kalojan. Le comte de Blois, désobéissant à l’empereur, se porte au-devant d’eux, ce qui contraint Baudouin à lui prêter secours. Le , les Francs sont battus devant Andrinople, le comte de Blois est tué. Baudouin est fait prisonnier selon Geoffroi de Villehardouin[3].

La tour de Baudouin au château Tsarevets, Veliko Tarnovo, en Bulgarie.

Selon un autre chroniqueur, Nicétas Khoniatès, Baudouin aurait été détenu à Tarnovo (Bulgarie), puis aurait été abandonné dans une vallée pieds et mains coupées, et serait mort après une agonie de trois jours. Cette version est contestée, et il est plus probable que l’empereur flamand soit mort en prison. L'historien byzantin Georges Acropolite prétend que son crâne fut transformé en coupe à boire par Kaloyan.

Sa disparition, suivie six semaines plus tard de celle de Dandolo, entraîna un partage des terres conquises et des querelles que son successeur, son frère Henri, ne sut éviter.

L'homme de lettres

Baudouin a fait publier les « histoires dites de Baudouin ». Il cultivait lui-même la poésie provençale. En 1202, à Venise, dans le palais du marquis de Montferrat, il riposte en vers improvisés au troubadour Falquet de Romans qui, aux yeux de Baudouin, manquait de respect aux princes et barons[4].

Ascendance

Mariage et descendance

Il avait épousé le Marie de Champagne (1174 † 1204), fille d'Henri Ier le Libéral, comte de Champagne, et de Marie de France. Il laissait deux fillettes, à la merci de leur ambitieux suzerain :

L'aventure du faux-Baudouin

Sa mort incertaine permit en 1225 à un imposteur, Bertrand Cordel, de se faire passer en Flandre pour l'empereur, censé avoir échappé à la mort en Bulgarie. Le difficile contexte flamand de l'après Bouvines et la captivité du comte Ferrand permit l'aventure.

Fils d’un vassal de Clarembaut de Capes, natif de Rains, près de Vitry-sur-Marne, Bertrand Cordel était saltimbanque et jongleur. Après Bouvines, vers 1220, les franciscains ont commencé à arriver en Flandre, accompagnés d'un grand prestige. La rumeur plaçait parmi eux d'anciens croisés flamands revenus au pays. C’est dans ce contexte qu’en 1225 un baron crut reconnaître Baudouin IX en Bertrand, qui vivait de mendicité publique et passait pour ermite dans le bois de Glançon, près de Valenciennes. Bertrand, installé dans un hôtel de cette ville, finit par jouer le jeu (). Des personnalités dirent le reconnaître et lui apprirent vraisemblablement des rudiments de la vie de l’empereur et de la manière de bien se comporter. La crédulité du peuple fut correctement exploitée et une immense émotion parcourut les comtés de Flandre et de Hainaut. Il fut acclamé à Valenciennes, à Tournai, à Lille, ses entrées à Bruges et à Gand furent magnifiques. Il y était revêtu de tous les attributs impériaux.

La comtesse Jeanne, fille de Baudouin, dut alors se réfugier au Quesnoy avec quelques fidèles. On tenta même de l’enlever. Elle put néanmoins gagner Mons, alors que l’imposteur régnait à sa place (), entouré des barons dont il servait les intérêts. Jeanne de Constantinople tenta pour le confondre de le faire venir au Quesnoy, mais Bertrand déclina l’invitation. Cependant, grâce au témoignage de Josse de Materen, un des franciscains ancien croisé qui avait accompagné le grand comte jusqu’à sa mort en Bulgarie, elle fut convaincue de son bon droit. Elle en appela au jugement du roi Louis VIII, qui ne pouvait que s’alarmer car le roi Henri III d'Angleterre avait déjà pris contact avec le faux-Baudouin : le roi le convoqua à Péronne, tandis que Jeanne rassemblait toutes les personnes ayant connu son père, dont tous les franciscains qui durent reprendre contact avec le monde pour témoigner, contrairement à leurs vœux. L’enquête fut présidée par l’évêque Guérin de Senlis. Bertrand ne put se soustraire à la convocation du suzerain capétien : il fut accueilli comme s’il était le comte, mais l’imprécision de ses réponses au roi et à Guérin furent décisives. Devant les barons flamands ébahis il ne sut pas dire quand, où et par qui il aurait été fait chevalier, ni quand et dans quelle chambre il aurait épousé Marie de Champagne. Comme preuve définitive, la nuit suivante il s’enfuit de la cour comme un voleur, ne doutant plus de la pensée du roi (-).

Retrouvé en Bourgogne, ou réfugié à Valenciennes, il fut ramené en Flandre, où il fut condamné à mort et étranglé à Lille à la fin du mois de . Son cadavre fut exhibé au gibet de Loos.

Notes et références

  1. Alphonse Wauters,Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique, 10 volumes en 11 tomes, Bruxelles, 1866 à 1904. Tome 3, Année 1196.
  2. Gérard Sivery, « Jeanne et Marguerite de Constantinople, comtesses de Flandre et de Hainaut au XIIIe siècle », dans Nicolas Dessaux (éd.), Jeanne de Constantinople, comtesse de Flandre et de Hainaut, Somogy, 2009, p. 30.
  3. « La Conquête de Constantinople » : Chapitre LXXXI : « Baudoins fu pris vif, et li cuens Loeys fu ocis. »
  4. J.-J. Carlier, « Henri d'Oisy, fragment d'études historiques », dans Mémoire de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, 1857 publié en 1858, Dunkerque, p. 93, lire en ligne

Voir aussi

Bibliographie

  • Edward Le Glay, Histoire des comtes de Flandre jusqu'à l'avènement de la Maison de Bourgogne, Comptoir des Imprimeurs-unis, Paris, MDCCCXLIII.
  • Alain Lottin (dir.) et Henri Platelle, Histoire des provinces françaises du Nord, Dunkerque Nord, Westhoek éd. Éd. des Beffrois, coll. « Histoire », , 279 p. (ISBN 978-2-87789-004-5, OCLC 769438427, lire en ligne).
  • Cécile Douxchamps et José Douxchamps, Nos dynastes médiévaux : comtes de Flandre, ducs de Brabant, comtes de Hainaut, comtes de Looz, comtes de Namur, ducs de Limbourg, comtes de Chiny, ducs de Luxembourg, Wépion, Douxchamps, , 200 p. (ISBN 978-2-9600078-1-7).
  • Geneviève de Cant (préf. Régine Pernoud), Jeanne et Marguerite de Constantinople : comtesses de Flandre et de Hainaut au XIIIe siècle, Bruxelles, Editions Racine, , 246 p. (ISBN 978-2-87386-044-8, OCLC 38764800).
  • John Julius Norwich (trad. Dominique Peters), Histoire de Byzance (330-1453), Paris, Librairie Académique Perrin, (1re éd. 1999) [détail des éditions] (ISBN 2-262-01333-0).

Liens externes

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