Bernard Zehrfuss
Bernard Louis[1] Zehrfuss, né le à Angers et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un architecte français.
Bernard Zehrfuss | |
Présentation | |
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Nom de naissance | Bernard Zehrfuss |
Naissance | Angers |
Décès | (à 84 ans) Neuilly-sur-Seine |
Nationalité | France |
Diplôme | Architecte diplômé par le gouvernement en 1939 |
Formation | École nationale supérieure des beaux-arts, atelier Pontremoli |
Œuvre | |
Réalisations | Usine Renault de Flins CNIT Haut-du-Lièvre Musée de la civilisation gallo-romaine |
Distinctions | Premier grand Prix de Rome en 1939 Académie des beaux-arts (1983) |
Entourage familial | |
Famille | Simone Zehrfuss |
Biographie
Issu d'une famille réfugiée d'Alsace en 1870 lors de la Guerre franco-prussienne, son père est tué en 1914 lors de la bataille de la Marne[2]. Il entre à l'École nationale supérieure des beaux-arts dès l'âge de 18 ans dans l'atelier d'Emmanuel Pontremoli et obtient le Premier grand prix de Rome en 1939 pour un projet de Palais de l’empire colonial français.
La Seconde Guerre mondiale l'empêche d'effectuer son séjour à la villa Médicis. Après un court séjour à Nice, il devient assistant dans l'atelier que l’architecte-urbaniste Eugène Beaudouin a installé à Marseille.
Après l'armistice de 1940, des artistes juifs, antifascistes ou réfractaires subversifs viennent se réfugier au vieil Oppède[3]. Il s'agit d'un petit groupe d'étudiants en architecture et en peinture des Beaux-Arts, installé dans le moulin à huile et le prieuré semi-ruinés, dans la partie haute et presque inhabitée du vieux village d’Oppède, appartenant au photographe Alexey Brodovitch, et animé par Bernard Zehrfuss qui jouit de l'aura de son premier grand prix de Rome. Il organise un réseau de résistance tout en continuant à faire des projets concrets d'architecture[4]. Le groupe d'artistes publie en août le « Manifeste du Groupe d’Oppède » et s’engage dans la réhabilitation de plusieurs bâtiments en ruine du vieil Oppède dont le prieuré et alentour comme à Bonnieux ou plus loin encore avec leurs confrères installés à Marseille et menés par Eugène Beaudouin[4],[5]. Les architectes Zehrfuss, Jean Auproux[6], Georges Brodovitch[7] et Florent Margaritis[8] seront surnommés « les quatre barons d’Oppède »[4].
À partir de 1941, la communauté artistique d’Oppède s’agrandit jusqu’à réunir plus d’une quarantaine de membres en 1942, toujours sous la tutelle de Zehrfuss. Tous les corps de métiers sont représentés : architectes, peintres, musiciens, horticulteur, sculpteurs, facteur d’orgue, graveur, fresquiste... à travers notamment Jean Le Couteur, Paul Herbé, Henri Martin, Henri-Martin Granel, Jean-Claude Janet, Robert Humblot, Jacques Serres, Jean Auproux, François Stahly, Étienne-Martin, Zelman Otchakovsky ou Pierre Maillard-Verger[9]. C'est là que Zehrfuss fait la rencontre notamment de Consuelo de Saint-Exupéry.
Il obtient un laissez-passer pour l'Espagne puis s'engage dans les Forces françaises libres.
Arrivé à Alger, il est envoyé à Tunis et devient directeur du service d'architecture de la direction des travaux publics du protectorat de 1943 à 1948. Il exerce par ailleurs à Alger où il construit des logements collectifs, jusqu'en 1953.
Architecte des bâtiments civils et des palais nationaux en 1956, il est inspecteur général de 1965 à 1968[10]. Il réalise un certain nombre de programmes prestigieux tels que le Palais de l'Unesco ou le Cnit, il construit également le musée Gallo Romain sur les pentes de Fourvière à Lyon. Cependant, ses deux projets d'aménagement du nouveau secteur de la Défense en 1958 et 1960 sont abandonnés en 1971. Il a également construit de nombreux bâtiments d'habitat social, notamment du Haut-du-Lièvre qui surplombent Nancy.
En 1983, il est élu membre de l'Académie des beaux-arts, dont il devient le secrétaire perpétuel en 1994, succédant à Marcel Landowski.
Il est le père de Dominique Zehrfuss, écrivain et illustratrice pour enfants, épouse de Patrick Modiano[11], dont postérité.
Principales réalisations
- 1939 : stade Charlety à Paris (reconstruit en 1994 par Henri et Bruno Gaudin),
- 1950-1953 : imprimerie Mame à Tours en collaboration avec Jean Prouvé[12],
- 1950-1958 : usine Renault de Flins et la « cité Zehrfuss » aux alentours,
- 1952-1958 : maison de l'Unesco à Paris en association avec Marcel Breuer et Pier Luigi Nervi, puis son extension (1965-1978),
- 1954-1958 : le CNIT à la Défense en association avec Robert Camelot et Jean de Mailly (toutefois, c'est Nicolas Esquillan qui conçut la structure),
- 1954 - 1955 : villa pour Habib Bourguiba à Tunis [13]
- 1959-1963 : quartier du Haut-du-Lièvre qui surplombe Nancy,
- 1960 : grand ensemble de Clichy-sous-Bois-Montfermeil,
- 1960-1963 : faculté des sciences de l'université de Tunis,
- 1962-1967 : immeubles d'habitation (5 tours de 15 étages - 370 logements) 120-126 avenue Jean-Jaurès à Pantin[14],
- 1962-1970 : ambassade de France à Varsovie en collaboration avec Henry Bernard et Guillaume Gillet (entièrement réhabilitée par Jean-Philippe Pargade en 2004[15]),
- 1967 : Garonor à Aulnay-sous-Bois,
- 1968 : siège de l'entreprise Sandoz-France à Rueil-Malmaison,
- 1969 : Résidence Super-Montparnasse au no 15 rue Georges-Pitard dans le 15e arrondissement de Paris[16] ;
- 1969 : tour Georges-Pitard, immeuble de bureaux situé au no 9 de la rue Georges-Pitard dans le 15e arrondissement de Paris[17] ;
- 1970 : ambassade du Danemark à Paris,
- 1972 : siège de Siemens-France à la Plaine-Saint-Denis,
- 1972-1975 : musée de la civilisation gallo-romaine à Lyon,
- 1975 : immeubles d'habitations "Les Almadies" dans le 15e arrondissement de Paris (170 logements)[18],
- 1973 : tour Anjou à la Défense, commune de Puteaux,
- 1976 : siège de Jeumont-Schneider à Puteaux,
- 1976 : immeubles d'habitations des îlots "Procession" et "Falguière" dans le 15e arrondissement de Paris (1 200 et 387 logements),
Polémique
L'utilisation exclusive du béton et du chemin de grue ainsi que le choix architectural minimaliste concentrent les critiques dans des immeubles qui se sont souvent très vite dégradés, en particulier les immeubles d'habitation. Les critiques les plus fortes se sont portées sur Clichy-sous-Bois-Montfermeil et le Haut-du-Lièvre, qualifié d'« énorme bévue »[19].
Bernard Zehrfuss a vaguement reconnu en partie le bien-fondé de ces critiques :
« Lorsque le programme du Haut-du-Lièvre a été lancé, je pensais qu’il était possible de faire sur ce site magnifique autre chose qu’une banlieue. [...] Le parti-pris est peut-être discutable, je crois cependant qu’il était valable, parce qu’il affirmait la grandeur du site. Les immeubles sont bien orientés. À l’époque, on cherchait surtout à réduire les coûts »[20].
Décorations
- Commandeur de la Légion d'honneur (13 juillet 1995). Officier le 22 octobre 1963.
- Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres Il est fait commandeur le [21].
Notes et références
- D'après Villamedici.it
- Pierre-Antoine Zehrfuss, mort à Fère-Champenoise le 8 septembre 1914, cf. site "Mémoire des hommes".
- Tribune Juive, « "Au nom de l'art 1933-1945" par Limore Yagil », sur Tribune Juive, (consulté le )
- CHMC1 - Jean-Lucien Bonillo, « Les ateliers de la guerre : Marseille et Oppède, 1940-1945 », sur Politiques de la culture (consulté le )
- « C’est le cas par exemple en 1941 pour la restauration et la décoration d’une maison ancienne à Bonnieux. Le propriétaire, un dentiste de Hyères, laisse aux artistes toute latitude quant au choix du thème. Bernard Zehrfuss précise qu’ils doivent travailler plus spécifiquement sur le «décor, [l’] intérieur, [les] plans, [la] cheminée, [les] fresques»», cité in « L’EDEN BAR DE MARSEILLE OU LA VIE DIFFICILE D’ARTISTES ÉXILÉS EN PROVENCE SOUS L’OCCUPATION » par Sabrina Dubbeld - Provence historique, Fascicule 242 – 2010.
- « AGORHA : Bases de données de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA) "AUPROUX JEAN" », sur agorha.inha.fr (consulté le )
- « AGORHA : Bases de données de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA) "BRODOVITCH, GEORGES" », sur agorha.inha.fr (consulté le )
- « AGORHA : Bases de données de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA) "MARGARITIS FLORENT" », sur agorha.inha.fr (consulté le )
- Sabrina Dubbeld, « L’EDEN BAR DE MARSEILLE OU LA VIE DIFFICILE D’ARTISTES ÉXILÉS EN PROVENCE SOUS L’OCCUPATION », Provence historique, Fascicule 242, Université d'Aix-Marseille – 2010.
- Dossier de carrière conservé aux Archives nationales, sous la cote 19950176/6
- Alain Dreyfus, « Mort de Bernard Zehrfuss, père du Cnit. », Libération, (lire en ligne)
- Notice no PA37000009, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Charlotte Jelidi, La villa zehrfussienne de Bourguiba (1954-1956), Le Carnet de l'IRMC, (lire en ligne).
- Voir la fiche d'inventaire sur le site de l'Atlas du patrimoine de Seine-Saint-Denis
- Voir l'article « Une ambassade contemporaine pétrie d'histoire(s) » sur le « site »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ) CyberArchi.com.
- http://www.paris-promeneurs.com/Architecture-moderne/article/la-tour-super-montparnasse
- https://www.pss-archi.eu/immeubles/FR-75056-16325.html
- Voir le « site »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ) lesalmadies.org.
- (fr) « Brève histoire de l’architecture en France depuis la fin de la seconde guerre mondiale », Institut français, ? (consulté le )
- (fr) « Béton bétonnant ? », R de Réel, (consulté le )
- Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.
Voir aussi
Bibliographie
- Bernard Zehrfuss, De l'architecture, Des villes, Institut de France, 1994-1995
- François Chaslin, « Bernard Zehrfuss », Dictionnaire des architectes, éd. Encyclopaedia Universalis - Albin Michel, 1999, p. 742-744
- Christine Desmoulin, Bernard Zehrfuss (1911-1996) : itinéraire d'un architecte, mémoire de DEA d'histoire socio-culturelle, dir. François Loyer, université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 2001
- Christine Desmoulins, Bernard Zehrfuss, un architecte français (1911-1996). Une figure des Trente Glorieuses, thèse de doctorat, dir. François Loyer, spécialité : histoire de l'architecture, Laboratoire : LADRHAUS, École nationale supérieure d'architecture de Versailles, 2008.
- Christine Desmoulins, Bernard Zehrfuss, éd. Infolio - éditions du Patrimoine, coll. « Carnets d'architectes », 2008, 192 p. (ISBN 978-2-88474-134-7).
Articles connexes
Liens externes
- Notice biographique et inventaire du fonds d'archives de Bernard Zehrfuss conservé à l'Institut français d'architecture
- Notice sur la vie et les travaux de Bernard Zehrfuss par Michel Folliasson
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