Boris Berezovsky (homme d'affaires)

Boris Abramovitch Berezovsky (en russe : Бори́с Абра́мович Березо́вский) est un homme d'affaires et homme politique russe, né à Moscou le et mort le à Ascot dans le Berkshire[1].

Pour les articles homonymes, voir Boris Berezovsky (pianiste) et Berezovsky.

Boris Berezovsky
Fonction
Député à la Douma
3e Douma d'État de la fédération de Russie (en)
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 67 ans)
Ascot
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Борис Абрамович Березовский
Nationalités
Formation
Université d'État de Moscou
Institut des problèmes en théorie du contrôle en hommage à V. A. Trapeznikov (d)
Faculté de mécanique et de mathématiques de l'université de Moscou (en)
Université d'État moscovite des forêts (en)
Academic aspirant (en)
Activités
Enfant
Elizaveta Borisovna Berezovskaïa (d)
Autres informations
A travaillé pour
Institut des problèmes en théorie du contrôle en hommage à V. A. Trapeznikov (d) (-)
Chaire
Membres correspondants de l'Académie russe des Sciences (d)
Propriétaire de
TV-6 (en), Moskovskaïa Komsomolka (en)
Religion
Partis politiques
Membre de
Académie des sciences de Russie
3e Douma d'État de la fédération de Russie (en)
Distinction
Vue de la sépulture.

Cultivant des relations avec tous les milieux, dont celui du crime organisé, il tire profit de la libéralisation post-communiste et entre dans le cercle intime de Boris Eltsine pour devenir l'un des plus influents oligarques de Russie.

En 1997, alors qu'il est au sommet de sa puissance et que le magazine Forbes estime sa fortune à trois milliards de dollars américains, il contribue à l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine.

Poursuivi pour fraude et évasion fiscale par la justice russe et pour blanchiment d'argent par la justice brésilienne, il vit en exil à Londres sous le nom de Platon Elenine, jusqu'à sa mort dans un suicide apparent en 2013.

Débuts en affaires

Né dans une famille juive de Moscou[2], Berezovsky étudie la sylviculture et les mathématiques appliquées, couronnées par un doctorat en 1983.

En 1991, il devient membre associé de l'Académie des sciences de Russie en 1991 où il dirige un laboratoire spécialisé dans les systèmes informatiques destinés aux entreprises. Egalement chercheur, il travaillera vingt-cinq ans sur la théorie du processus de décision[3].

Mais en 1989, au moment de la perestroïka (1985-1991), Berezovsky débute dans le monde des affaires. Il entre dans l'entreprise d'État AvtoVAZ. Berezovsky a le titre d'expert en management dans cette société. Il se met à acheter et revendre des automobiles, .

Il fera fortune grâce à une combination de méthodes douteuses appuyées par ses réseaux d'influence politique-financière à l'époque de Boris Eltsine.

En 1992, il devient le président d'une nouvelle compagnie, LogoVAZ, distributeur exclusif d'AvtoVAZ, vendant principalement des Lada. Sous son égide, AvtoVAZ réalise de fausses exportations et vend à perte au distributeur LogoVAZ alors que l'inflation est à 2 000 % par an : Berezovsky amasse ainsi rapidement près de 250 millions de dollars.

Peu après, il revend ses actions LogoVAZ à une société suisse et monte plusieurs compagnies financières, avec des filiales basées aux îles Caïmans (paradis fiscal).

Boris Berezovski se bâtit un empire commercial et médiatique. Il utilise ses réseaux d'influence pour acquérir des parts dans plusieurs entreprises d'État pendant les privatisations controversées des années 1990, dont AvtoVAZ, la compagnie aérienne Aeroflot et des entreprises exploitant des matières premières. Le financement "maison" de ses projets lui permet des conditions redoutablement avantageuses.

Berezovsky devient aussi le principal actionnaire (à 49 %) de la chaîne de télévision ORT (futur Pervi Kanal, Первый канал), la plus regardée en Russie, et propriétaire du quotidien Nezavissimaïa Gazeta[4],[5].

En 1992, Berezovski se rapproche du secteur des matières premières, notamment le pétrole de Tchétchénie.

Toutefois, durant la période d'anomie du début des années 1990 en Russie, comme de nombreux hommes d'affaires, Berezovsky aurait pactisé avec la mafia russe[6]. Impliqué dans des guerres de gangs, il échappe à plusieurs tentatives d'assassinat:

  • Un soir d’été, en 1993, son showroom de Leninski prospekt, une des principales artères de la ville de Moscou, est littéralement pris d’assaut par un groupe mafieux, auquel sa garde tchétchène réplique à la kalachnikov[7].
  • Lors d'une attaque à la bombe en 1994, son chauffeur est décapité lors de la deflagration[8],[9].

Au cœur du pouvoir

En 1996, Boris Berezovski fait son entrée en politique. Les médias que contrôle Berezovsky assurent un soutien essentiel à Boris Eltsine (en poste de 19911999) lors de sa campagne de réélection en 1996, ainsi que le groupe des sept banquiers, dont il fait partie.

Berezovsky s'implique en finançant des candidats libéraux, en prononçant des discours politiques et en recherchant des fonctions.

En octobre 1996, Berezovsky devient ainsi secrétaire adjoint du Conseil de sécurité, c'est-à-dire le numéro deux du Conseil national de sécurité en 1996-1997, un poste qui lui permet de mener à bien ses projets pétroliers en Tchétchénie avec la bénédiction d'Eltsine.

Il devient ensuite secrétaire général de la CEI (Communauté des États indépendants) de mai 1998 à mars 1999. À chaque fois, il est limogé par Boris Eltsine mais repositionné.

Durant ces années, Berezovsky est l'un des principaux artisans de l'ultra-libéralisation politique et économique en Russie. Il fait partie du « clan Eltsine », avec la fille du président, Tatiana Diatchenko, et le chef de l'administration présidentielle, Alexandre Volochine.

En 1998, Berezovsky favorise l'accession au poste de premier ministre de Sergueï Kirienko.

Devenu l'une des personnalités les plus impopulaires lors du krach financier qui suivit, Berezovsky expliqua son impopularité au journal Le Figaro, alors qu'il passait ses vacances dans sa propriété sur la Côte d'Azur, par l'antisémitisme des Russes[10]. Il se vante aussi d'avoir fait destituer deux Premiers ministres (Ievgueni Primakov, qui avait décidé de centrer son action contre les oligarques, en 1998, et Sergueï Stepachine).

De par sa position, Berezovsky fait entrer Vladimir Poutine, ancien directeur du FSB méconnu du public, dans « le Clan Eltsine » jusqu'au poste de Premier ministre en août 1999, au moment du déclenchement de la Seconde guerre de Tchétchénie (août 1999 – avril 2009)[11].

Berezovsky finance aussi la création du parti Russie unie qui deviendra le soutien parlementaire du président Poutine[11].

En décembre 1999, il se fait élire député de la Douma dans une circonscription de Karatchaïévo-Tcherkessie, une république du Caucase du Nord[12],[13],[14].

La guerre en Tchétchénie

Les relations de Berezovsky avec la mafia tchétchène à Moscou ont fréquemment été évoquées par ses adversaires. On l'a accusé de profiter de trafics d'armes et d'être impliqué dans des projets liés à la première guerre de Tchétchénie, parmi lesquels un oléoduc transportant le pétrole de la mer Caspienne, qui devait traverser initialement le territoire tchétchène.

Berezovsky était impliqué dans le commerce du kidnapping dans la Tchétchénie d'après-première guerre, notamment quand il occupait le poste du secrétaire adjoint du Conseil de sécurité de Russie. Il se rend complice dans des paiements de rançons, voire organise, en amont, certains rapts[15],[16],[17].

Berezovsky lui-même a admis avoir été en contact avec Chamil Bassaïev, chef de la branche islamiste des indépendantistes tchétchènes, et n'a pas caché lui avoir donné 1 million de dollars, « pour amorcer la reconstruction de la Tchétchénie »[18].

Le président indépendantiste tchétchène Aslan Maskhadov estimait que Berezovsky était seulement un acteur parmi d'autres dans les cercles du pouvoir russe à avoir « planifié » la reprise de la guerre en 1999, et non pas le plus important d'entre eux[19].

Berezovsky prend position contre Vladimir Poutine notamment au sujet de la guerre en Tchétchénie et des libertés[20]. Il se déclare catégoriquement hostile à l'indépendance de la Tchétchénie mais favorable à lui accorder une « autonomie politique et culturelle » et dénonce, avec quelques autres détracteurs de Poutine, le « génocide » du peuple tchétchène par l'armée russe[21],[22].

La disgrâce

Berezovsky espérait sans doute pouvoir disposer auprès du nouvel homme fort de la même influence dont il usait auprès de Boris Eltsine. Ce dernier démissionne cependant à la surprise générale le 31 décembre 1999, et Vladimir Poutine est élu président de la Fédération de Russie en mars 2000.

Poutine doit diriger le pays dans un contexte complexe où les oligarques, lors de la phase de privatisation des entreprises publiques, ont acquis beaucoup d'argent et d'influence, notamment par l'achat indu de ressources et rentes pétrolières[23] et parfois de collusion avec la mafia russe, en usant de la corruption et souvent en évitant de payer les taxes ou impôts dus.

S'ouvre alors une période considérée par les uns comme une période de lutte contre la corruption, pour d'autres comme une utilisation politiquement populiste du souhait de la population de voir la corruption disparaître, et par d'autres (les oligarques notamment) comme une « chasse aux riches »[24] ; Poutine fait alors ouvrir des enquêtes policières et fiscales sur les affaires de plusieurs milliardaires aux récentes fortunes suspectes[25], dont Mikhaïl Khodorkovski et Kakha Bendoukidze (qui s'expatriera en Géorgie en 2004, en prenant la nationalité géorgienne, soutenu et admiré par Berezovsky[26]). Berezovsky est lui-même une des cibles du nouveau gouvernement russe et de la justice russe qui l'accuse de fraude à grande échelle, notamment dans l'affaire de la privatisation controversée de la compagnie aérienne russe Aeroflot, et de corruption politique.

Après avoir démissionné de son mandat de député en juillet 2000, il s'exile à Londres en octobre 2001, où il habite en alternance avec sa propriété du cap d'Antibes sur la Côte d'Azur. Sous la pression du gouvernement russe, il vend plusieurs de ses holdings. Début 2002, Berezovsky est dépossédé de ses parts dans la chaîne de télévision ORT et, en mai, le Kremlin prend le contrôle de son autre chaîne, TV6.

En novembre 2007, Berezovsky est condamné par contumace à 6 ans de prison pour des détournements de fonds dans l'entreprise Aeroflot à hauteur de 214 millions de roubles (6 millions de dollars)[27].

Meurtre de Paul Klebnikov

Le journaliste américain Paul Klebnikov du magazine Forbes a écrit plusieurs articles sur les supposées activités criminelles de Berezovsky. Un procès pour libellé diffamatoire concernant un article publié en 1996 força Forbes à retirer les allégations contenues dans l'article et l'estimation de sa fortune dut passer de 3 à 1 milliard de dollars. Paul Klebnikov publie un livre "Le Parrain du Kremlin : Berezovsky et le pillage de la Russie" dans lequel il présente le milliardaire comme un véritable parrain mafieux ayant contribué au pillage de la Russie.

Le 9 juillet 2004, alors qu'il quittait les bureaux russes du magazine Forbes tard dans la nuit, Klebnikov est assassiné dans une rue de Moscou par des inconnus. Ces derniers lui tirent dessus à partir d'une voiture roulant lentement. Klebnikov est gravement blessé par quatre balles et meurt à l'hôpital[28],[29].

L'oligarque en fuite, poursuivi par les justices russe, brésilienne et française

De son exil londonien, Berezovsky essaie de s'immiscer dans la politique russe et critique vivement le pouvoir de Vladimir Poutine. Il l'accuse notamment d'être impliqué, en tant qu'ancien chef du FSB, dans les trois explosions d'immeubles de 1999 (300 morts à Moscou et à Vologondsk) qui ont contribué à déclencher la Seconde guerre de Tchétchénie qui elle-même a permis à Poutine de devenir suffisamment populaire pour accéder à la Présidence. Il dénonce également l'escalade autoritaire du régime, prétend que Poutine a pour projet d'instaurer un pouvoir dictatorial et qu'il pourrait préparer un coup d'État au terme de son dernier mandat, pour pouvoir rester en place alors que la Constitution russe prévoit qu'il doit se retirer.

En 2002, il fonde un nouveau parti politique, Russie libérale, pour s'opposer à Poutine lors des élections législatives en décembre de la même année, tout en soutenant financièrement le Parti communiste. La principale figure en Russie du nouveau parti, le député Sergueï Iouchenkov, est assassinée en avril 2003 et Berezovsky est exclu de son parti peu après. La même année, il demande officiellement l'asile politique au Royaume-Uni, tandis que Moscou demandait son extradition par un mandat d'arrêt international pour fraude, blanchiment d'argent et appel au renversement par la force du pouvoir constitutionnel.

À Londres, Berezovsky se rapproche d'un émissaire des séparatistes tchétchènes Akhmed Zakaïev, lui aussi faisant l'objet d'un mandat d'arrêt russe pour création de bandes armées, de 302 meurtres et de nombreux enlèvements, ainsi qu'avec un transfuge agent des services secrets russes Alexandre Litvinenko à qui il donne logement et emploi. Litvinenko ingéra fin 2006 une dose mortelle de polonium 210 dans des circonstances encore non élucidées. Les milieux proches du président Poutine dénoncent l'implication de Berezovsky dans ce meurtre, utilisant la mort de Litvinenko dans sa croisade médiatique contre Poutine.

En 2004, Berezovsky finance la Révolution orange en Ukraine[30].

En janvier 2006, Berezovsky déclarait à l'AFP que « toute action violente de la part de l'opposition est aujourd'hui justifiée, y compris une prise de pouvoir par la force, sur laquelle justement je travaille ».

Le 13 avril 2006 le journal britannique The Guardian publie une interview de Boris Berezovsky dans laquelle celui-ci appelle à nouveau à un renversement par la force du gouvernement russe[31].

L'affaire Alexandre Litvinenko le replace au centre de l'actualité. L'ancien agent du FSB Andreï Lougovoï (suspect pour la Grande-Bretagne du meurtre d'Alexandre Litvinenko) accuse publiquement Berezovsky d'avoir obtenu son exil en Grande-Bretagne en échange de la transmission au MI6 de documents russes secret d'État, qu'il aurait conservés du temps où il était numéro deux du Conseil national de sécurité en 1996-1997, sous la présidence de Boris Eltsine. Andreï Lougovoï a également déclaré qu'il considère Berezovsky comme ayant été impliqué dans le meurtre de Alexandre Litvinenko, dont les commanditaires seraient le MI6 ou les terroristes tchétchènes (les motifs seraient politiques, dans le but d'affaiblir la Russie), ou Berezovsky lui-même (dans le but supposé d'échapper à l'extradition réclamée par la Russie). Il est aussi possible que Litvinenko ait été victime de l'aide apportée à Berezovsky étant en opposition avec Vladimir Poutine[32].

Boris Berezovsky est recherché par l'administration russe pour abus de biens sociaux et détournement de fonds en rapport avec ses sociétés LogoVAZ et Andava. Cette dernière, immatriculée en Suisse à Lausanne, avait « collecté » les revenus des antennes d’Aeroflot dans le monde en ponctionnant au passage d’importantes commissions. De nos jours, Boris Berezovsky jouit en Russie d’une mauvaise réputation et les crimes et escroqueries qui lui sont imputés ont fait l'objet de livres, comme Godfather of the Kremlin: Boris Berezovsky and the looting of Russia[33], écrit par le journaliste américain Paul Klebnikov, rédacteur en chef de la version russe de Forbes, assassiné en 2004.

Berezovsky est aussi suspecté d’avoir financé les groupes tchétchènes, en contact avec Chamil Bassaïev.

En juillet 2007, la justice brésilienne a émis un mandat d'arrêt pour blanchiment d'argent contre l'homme d'affaires russe Boris Berezovsky réfugié en Grande-Bretagne. C'est le deuxième mandat d'arrêt après celui de la Russie. C'est après cette affaire que Boris Berezovsky se présenta comme un opposant au Kremlin, laissant certains analystes supposer que c'était un moyen pour lui, sous couvert de rhétorique démocratique, d'essayer de se soustraire aux justices brésilienne et russe.

En 2011, après plus de 10 ans d'enquête, il est finalement mis en examen pour avoir, selon le parquet, blanchi d'énormes sommes d'argent en ayant acheté trois propriétés de luxe sur le Cap d'Antibes. Le clocher de la Garoupe aurait ainsi été payé le 31 juillet 1997, 13 millions d'euros à Francis Bouygues, ce que Boris Berezovsky niera, mais une note de police de 1999 et un rapport des impôts ont confirmé que cette propriété a effectivement été acquise par l'oligarque, via un montage financier complexe, avec des liquidités ayant transité par des banques luxembourgeoises et suisses. Le procureur chargé de l'affaire a requis début 2013 son renvoi devant un tribunal correctionnel.

En 2005, des perquisitions faites à la Garoupe ont aussi mis l'Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) sur la piste d'un autre oligarque, Roman Abramovitch qui aurait apporté une caution bancaire pour une partie des fonds, par sa société Sibneft (selon Berezovsky, Abramovitch n'apparaissait plus dans le capital de Sibneft car trop exposé politiquement mais continuait à en percevoir une rente, et le produit de la cession d'actions, ce que nie Abramovitch). La justice a saisi une partie des biens et des fonds de l'oligarque (pour l'équivalent de plus de 74 millions €)[34].

En septembre 2012, une émission de la télévision publique russe accuse Boris Berezovsky d'être "derrière" la prière punk anti-Poutine chantée par les Pussy Riot dans une cathédrale de Moscou[35].

En novembre 2012[36],[37], il « demande pardon » à Vladimir Poutine dans une lettre et annonce son intention de retourner en Russie[38]. L'existence de cette lettre serait douteuse selon un ami de Berezovsky[39].

Procès contre Abramovitch

En 2012, Berezovsky accuse l'oligarque russe Roman Abramovitch devant la Haute Cour de justice anglaise de l’avoir contraint, sous la menace d’en être purement et simplement dépouillé, à lui vendre à bas prix – 1,3 milliard de dollars – ses parts de la société pétrolière Sibneft, pour les revendre ensuite 13,1 milliards de dollars, soit dix fois plus, à l’État russe. Il demande 4,7 milliards de dollars à Abramovitch[40],[41].

Le procès, présidé par la juge Elizabeth Gloster, est particulièrement médiatique et se solde par la défaite de Berezovsky en août 2012[42],[43]. Berezovsky est décrit dans le jugement comme un témoin peu fiable qui « considère la vérité comme un concept transitoire et flexible »[41]. Berezovsky se dit « ébahi » par le jugement et accuse la juge Glouster d'avoir « réécrit l'histoire russe »[44]. Le procès coûte plus de 35 millions de dollars en frais légaux[45].

Après cet échec judiciaire, Berezovsky est considéré comme dépressif. Il peine à payer les frais liés à son procès. Son ancienne maîtresse Elena Gorbounova lui réclame des millions de livres sterling après la vente d'une propriété dans le Surrey. Il est aussi contraint de vendre une peinture d'Andy Warhol[11].

Mort

Le , le corps de Berezovsky est retrouvé mort par son garde du corps, dans la salle de bain de sa maison du Berkshire au Royaume-Uni[1]. Les enquêteurs dépêchés sur place découvrent autour de son cou un morceau d'écharpe accroché au montant de la douche[46]. L'autopsie du corps révèle que l'oligarque est probablement mort par pendaison[47],[48].

La thèse du suicide est retenue : son assistant Michael Cotlick affirme qu'il était financièrement en difficulté depuis la mort de son associé Badri Patarkatsishvili et qu'il était déprimé depuis qu'il avait perdu six mois plus tôt son procès contre son rival Roman Abramovitch. De plus, il avait déclaré la veille à un journaliste de Forbes qu'il avait réalisé que sa vie n'avait « plus de sens »[49].

Postérité littéraire et cinématographique

  • Le film Un nouveau Russe (en russe Олигарх), réalisé en 2002 par le cinéaste russe Pavel Lounguine, est inspiré de la vie de Boris Berezovsky.
  • Dans son roman La Vengeance du Kremlin (2013), l'écrivain Gérard de Villiers suppose que c'est Vladimir Poutine qui a donné l'ordre à ses services secrets d'assassiner Boris Berezovsky par empoisonnement (utilisation de fluorure de sodium), d'une manière telle que la mort puisse raisonnablement apparaître comme étant un suicide. L'auteur imagine que la motivation du président russe tient à une froide vengeance, visant à supprimer le seul oligarque qui avait osé défier son autorité.
  • Dans le roman Le Mage du Kremlin (2022), de Giuliano da Empoli, Boris Berezovsky apparait dans plusieurs chapitres.

Références

  1. (en) « Boris Berezovsky », sur telegraph.co.uk, (consulté le )
  2. « L'homme d'affaires russe Boris Berezovsky retrouvé mort », sur Le Monde,
  3. cf Parrain du Kremlin, Boris Berezovski et le pillage de la Russie, Ed Robert Laffont, 2000 dont l'auteur n'est autre que Paul Klebnikov, assassiné à Moscou en 2004
  4. (en) Ian Jeffries, The New Russia : : A Handbook of Economic and Political Developments, Routledge, , 656 p. (ISBN 978-1-136-87065-1, lire en ligne), p. 552
  5. (en) Duncan Gardham, « Profile: Boris Berezovsky », The Daily Telegraph, (lire en ligne)
  6. « Berezovski ou le capitalisme gangster », sur Les Echos, (consulté le )
  7. « La chute de Berezowsky », sur Paris Match,
  8. « Le dissident russe Boris Berezovski serait mort par pendaison », sur France 24,
  9. « Mort de Boris Berezovski : ouverture d'une enquête judiciaire », sur Le Monde,
  10. Entretien donné au Figaro en décembre 1999.
  11. (en) « Obituary: Boris Berezovsky », BBC News,
  12. (en) Boris Volodarsky, The KGB's Poison Factory, Frontline Books, , 288 p. (ISBN 978-1-84832-542-5, présentation en ligne), p. 80
  13. (en)Celestine Bolhlen, « A Consummate Insider Leaps Far From Moscow », NOV. 21, 1999 The New York Times
  14. (en) Alan Cowell, The Terminal Spy, Random House, , 448 p. (ISBN 978-1-4070-3834-6, présentation en ligne), p. 115
  15. Aude Merlin, « Après-guerre en Tchétchénie. Les spoilers à l'assaut de l'État tchétchène en formation (1996-1999) », L'adieu aux armes ? Parcours d'anciens combattants, Paris, KARTHALA, 2010, p. 349 : « [...] l'industrie des prises d'otages n'échappe pas à certains proches du Kremlin prompts à s'impliquer dans les versements de rançon, comme, en amont, dans l'organisation de certains kidnappings. Le nom de B. Berezovsky revient à plusieurs reprises dans les règlements de rançons ».
  16. (ru) Валерий Татаринцев, « О Чечне начистоту », sur Нижегородская правда, (consulté le ).
  17. (ru) Валерия Дикарева et Анна Данилова, « Сергей Степашин: Я сказал охране – стреляйте мне в затылок сразу », sur Православие и мир, (consulté le ).
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  25. MI Goldman (2004), Putin and the Oligarchs ; Foreign Aff., HeinOnline
  26. Boris Berezovsky dit à ce moment de Bendoukidze qu'il n'appartient pas au cercle d'amis de Poutine et qu'il a compris plus avant tout le monde que tout allait être éloigné de lui… « Bendoukidze est loin d'avoir épuisé son potentiel, mais les autorités russes n'ont pas alors besoin de ces gens talentueux », in Alexander Shvarev, « He Is Not Sure about the Russian Authorities » (en russe), Vremya Novostey, nº 94, 2 juin 2004 (lien vers l'article)
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  37. « Le russe Boris Berezovski est mort », Europe 1, 23 mars 2013
  38. Marie Jégo, « L'homme d'affaires russe Boris Berezovsky retrouvé mort », Le Monde, 23 mars 2013
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  40. « Berezovski/vs/Abramovitch : règlement de comptes à la russe », sur Marianne,
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  45. (en) « Boris Berezovsky agrees to pay Roman Abramovich £35m in legal fees », sur The Guardian,
  46. Tania Rakhmanova, Au cœur du pouvoir russe : Enquête sur l'empire Poutine, La Découverte, , p. 104.
  47. (en) « Boris Berezovsky postmortem identifies hanging as cause of death », sur The Guardian,
  48. « Boris Berezovski : l'autopsie révèle une mort probable par pendaison », sur Le Monde
  49. Marc Roche, Berezovski : une mort encore inexpliquée, mais rien de suspect, Le Monde, 24 mars 2013

Émission radiophonique

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