Boycott d'Israël

Le boycott d'Israël est une action d'opposition à l'État d'Israël qui consiste à ne pas participer à l'économie ou à la culture soutenant ce dernier. Il est né contre le sionisme avant la création d'Israël, formellement instauré en décembre 1945 par la Ligue arabe, et a pris depuis diverses formes. Certaines campagnes se focalisent uniquement sur le boycott des produits et services issus des territoires occupés non reconnus officiellement par l'ONU comme israéliens.

Histoire

Le boycott d'Israël commença par le boycott du sionisme, avant même la création de l'État israélien[réf. souhaitée].

Au cours du conflit en Palestine mandataire, certains meneurs arabes pensent entreprendre un boycott anti-sioniste. Le boycott est mis en œuvre lors de la révolution arabe de 1929 à Jérusalem. Les Arabes ayant commercé avec des Juifs, sont physiquement attaqués et leurs marchandises sont endommagées[1]. À la suite de la révolte, diverses organisations arabes lancent des appels à boycotter les commerces juifs. En 1936, les dirigeants palestiniens lancent un dernier appel au boycott infructueux[2].

Le boycott par la Ligue arabe

Dès la fin du XIXe siècle, des leaders arabes appelèrent à l'interdiction de la vente de terre aux immigrants juifs et au boycott des biens produits par eux[3]. Créée en 1945, la Ligue arabe appela formellement dès le 2 décembre 1945 au boycott des marchandises (qualifiées indistinctement dans ses déclarations d'alors) de « sionistes » ou de juives[4].

Mise en œuvre

En février 1946, la Ligue crée un comité permanent chargé du boycott et installe un bureau central du boycott au Caire. En 1948, à la création de l'État d'Israël, la Ligue interdit toute relation commerciale ou financière entre les États arabes et l'État d'Israël. En 1950, la Ligue adopte la résolution 357 qui jette les bases du boycott : en mai 1951, un Bureau central du Boycott (CCB) est créé à Damas afin de coordonner les actions des membres de la Ligue et d'en accroître l'intensité. Des bureaux nationaux de boycott seront ensuite créés dans chacun des pays membres de la Ligue. L'objet du boycott, tel que prôné par la Ligue Arabe, fut d'abord d'interdire à ses seuls membres tout commerce avec Israël : c'est ce qui est désigné comme le « boycott primaire ». Le boycott fut ensuite étendu aux firmes, quelle qu'en soit la nationalité, commerçant avec Israël : c'est le « boycott secondaire » qui institue la pratique des « listes noires » des sociétés avec lesquelles les pays arabes ne doivent pas commercer. Le « boycott tertiaire » concerne les sociétés qui commercent avec celles touchées par le boycott secondaire. Enfin, le « boycott quaternaire » est appliqué aux entreprises dont les dirigeants sont, suivant la terminologie de la Ligue, des « soutiens d'Israël », ou d'« orientation sioniste ». Le CCB avait initialement pour charge de mettre à jour tous les six mois une « liste noire » des firmes israéliennes (boycott primaire) ou de compagnies d'autres pays ayant des relations avec Israël (boycott secondaire).

En 1972, le Bureau central du Boycott identifiait neuf raisons devant soumettre une société au boycott secondaire[5] dont, notamment avoir une unité de fabrication ou d'assemblage en Israël, produire en partenariat avec une société israélienne liée par un contrat de licence ; participer au capital d'entreprises israéliennes ; prendre part à des activités de prospection de ressources naturelles sur le territoire israélien.

Jusqu'à la fin des années 1970, le boycott fut appliqué et respecté par tous les membres de la Ligue[6]. L'Égypte fut le premier pays à renoncer au boycott en 1980[7]. Le 30 septembre 1994, les pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe décidèrent de n'appliquer que le boycott primaire[8]. La Jordanie - qui maintenait des relations commerciales depuis 1967 avec la Cisjordanie occupée - et l'Autorité palestinienne abandonnèrent le boycott en 1995. Enfin, en 2005, l'Arabie saoudite et Bahreïn mirent fin à leur participation au boycott afin de se mettre en conformité tant avec les lois des États-Unis qu'avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce. En 2008, seuls le Liban, la Syrie et l'Iran avaient encore recours au boycott[9].

Effets

À la suite de la guerre du Kippour, tous les pays arabes producteurs de pétrole décidèrent un embargo pétrolier à l'encontre des États-Unis et des pays soutenant l'État d'Israël ce qui entraîna une très forte augmentation des prix du pétrole. Ce premier choc pétrolier, qui entraîna des ressources financières et un pouvoir économique importants dans les pays arabes - du moins ceux producteurs de pétrole - ne fut pas sans conséquence concernant le boycott : dans une situation économique difficile, les sociétés qui auparavant ne se souciaient guère d'être présentes sur la liste noire du Bureau du Boycott, s'inquiétèrent désormais des conséquences commerciales d'une telle inscription[10].

En 1972, le Bureau Central du Boycott révéla que 12 000 sociétés avaient pu figurer sur la liste depuis la mise en place du boycott. En 1977, 5 000 sociétés y auraient figuré ; en 1984 c'était 6 000 sociétés ou individus. À l'inverse, en 1977, ce serait 8 000 sociétés qui auraient choisi de respecter les dispositions du boycott tandis que 600 autres auraient été amenées à cesser toute activité en Israël. Parmi les pays industrialisés, le Japon était alors le pays qui se soumettait le plus au boycott[11].

Les entreprises évitaient de dévoiler les pratiques de boycott auxquelles elles étaient sujettes ; des affaires impliquant la Banque Rothschild, les Galeries Barbes, L'Oréal (du fait de son rachat de la marque Helena Rubinstein) mais aussi Shell ou Siemens témoignent de la réalité de la contrainte.

Réactions occidentales

Israël créa un bureau anti-boycott en 1960, qui fut fermé en 1971 au motif que le boycott était alors inefficace. Cette structure fut ressuscitée en 1975 sous le nom de Autorité contre la Guerre Économique[12].

En février 1970, la publication par le sénateur américain Frank Church d'une liste de 14 sociétés « blacklistées » marqua le début d'une prise de conscience aux États-Unis ; des révélations concernant les agissements complices de certaines administrations américaines firent également scandale[13]. Un amendement introduit en 1977 dans l'Export Administrative Act rend illégal au niveau fédéral le boycott ou la participation à un échange incluant le boycott de l'État d'Israël pour les citoyens américains[14]. Les amendements de 1977 furent repris par l'Export Administration Act de 1979 qui reconduit à deux reprises inspira l'Executive Order 12924 pris le 20 août 1994 par le président Clinton. En 1976, une modification de la législation fiscale (Tax Reform Act) cherchait déjà à empêcher les sociétés de recourir au boycott.

Le 7 juin 1977 est votée en France la loi no 77-574 dite loi « anti-boycottage ». La République fédérale d'Allemagne et les Pays-Bas, mais également la Belgique et le Luxembourg, légiférèrent aussi en ce sens. Cependant aucune de ces lois ne fut aussi détaillée ou contraignante que la loi américaine. Le gouvernement japonais s'il se déclara opposé au boycott, affirma qu'il n'était pas dans ses attributions d'interdire aux sociétés japonaises de se conformer au boycott.

Le 16 novembre 1993, le Parlement européen prit officiellement position par la voie de deux résolutions (A3-0322/93 ;A3-0239/93)[15].

Campagne de boycott, désinvestissement et sanctions

En 2002, à la suite de déclarations de Ronnie Kasrils, ministre sud-africain des eaux et des forêts, appelant au boycott et à des sanctions[16], Desmond Tutu, prix Nobel de la paix pour sa lutte contre l'apartheid, lance une campagne de désinvestissement d'Israël, conduite par des entités religieuses et politiques pour mettre fin à l'occupation israélienne des territoires palestiniens conquis lors de la guerre des Six Jours[17],[18],[19].

Entre 2002 et 2004, la société civile palestinienne organisa un appel au Boycott, désinvestissement et sanctions[20] qui fut lancé en 2005, à l'occasion de l'anniversaire de l'avis de la Cour internationale de justice[21] rendu sur la Barrière de séparation israélienne. Cet appel sera repris dans diverses rencontres internationales et notamment par le Comité des Nations unies pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.

Une enquête de Maan News Agency de mars 2009 révèle que 21 % des exportateurs israéliens ont dû baisser leurs prix à cause du boycott, car ils ont perdu des parts de marché significatives, notamment en Jordanie, au Royaume-Uni et dans les pays scandinaves[22].

Selon une enquête Ipsos commandée par la Fondation du judaïsme français en 2017, il semblerait que cette campagne ait trouvé un écho limité dans l’opinion publique en France. Seuls 33 % des Français disent en ont déjà entendu parler. Le mouvement de boycott d’Israël est très majoritairement désapprouvé des Français, sauf au sein de la gauche radicale. Ainsi, près d’un sympathisant de gauche radicale sur deux (46 %) est en accord avec cette opinion, contre un tiers (32 %) des Français dans leur ensemble. 68 % des Français pense que « ce boycott est mis en place par des organisations qui souhaitent avant tout détériorer l’image d’Israël, quelles que soient les politiques mises en place par ses gouvernements »[23].

Formes de boycott

Boycott de produits de consommation

Des consommateurs de divers pays se sont unis pour boycotter certaines sociétés, dont par exemple Starbucks[24] ou Coca-Cola.

Ou plus récemment L'Oréal : En , le Comité BDS, un groupe d'activistes pro-palestiniens appelle au boycott de l'Oréal pour ses « relations d'affaires avec Israël ».

Le boycott est également culturel (des artistes israéliens refusent de se produire dans un théâtre construit dans les colonies) ou économique. Leur but, entre autres, est la lutte contre le financement de la colonisation, des territoires palestiniens, via la consommation des produits israéliens à l'échelle mondiale[25].

Désinvestissement

En 2002, Desmond Tutu, prix Nobel de la paix pour sa lutte contre l'apartheid, lance une campagne de désinvestissement d'Israël, conduite par des collectifs politiques et religieux pour mettre fin à l'occupation israélienne des territoires palestiniens depuis la guerre de 1967, dite des Six Jours[17],[18],[19]. Cet appel sera suivi par le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et la société civile palestinienne avec son appel au Boycott, désinvestissement et sanctions.

  • 2006, Connex[26]. Lev Leviev par l'UNICEF[27].
  • En 2006, une banque hollandaise, ASN Bank, se retirait de Veolia pour sa participation à la construction du tramway de Jérusalem[28],[29],[30],[31].
  • En octobre 2008, le suédois Assa Abloy annonce qu'il déménage une usine de production hors de la zone industrielle de Barkan (en), en Cisjordanie.
  • En 2008, le ministère des Affaires Étrangères suédois a fait savoir que « l'opinion du gouvernement suédois est que la création d'entreprise ou les relations d'affaires avec des entreprises dans les colonies étaient déplacées. »[32]
  • En novembre 2008, les Britanniques exigèrent à nouveau que les produits israéliens venant des territoires palestiniens ne soient pas détaxés[33],[34], et Livni s'inquiétait pour les exportations vers l'Europe :
« Sources near the talks say London is accusing some Israeli companies of fraud: Their labeling indicates that they manufacture in Israel, but their plants are in the territories. »[35]
« Based on experience, there are concerns in Israel that the discussion on exports from the territories will affect all Israeli exports to Europe. Roughly that happened four years ago, after Israel rejected European demands to specifically label products produced outside the pre-1967 war borders. »[35]
« Livni protests: It appears to be the fruits of long efforts by a strong pro-Palestinian lobby that now spur the British into action. Nevertheless, the British insist that at British consumers want to know the source of the products that they purchase.
But the biggest fear in Israel is that the issue will spill beyond manufacturers in the territories, affecting all local exporters and all exports to the EU - as was the case the last time that the issue boiled to the surface. »[35]
  • Le 10 janvier 2009, Naomi Klein évoque le cas de Richard Ramsey, directeur d'une compagnie de télécommunication britannique qui a rompu ses relations avec la firme israélienne de technologie MobileMax[36].
  • Le 16 janvier 2009, le quotidien Yediot Aharonot rapporte l'inquiétude des fermiers israéliens qui ne parviendront pas à vendre une partie de leur production[37].

Boycott culturel

Le boycott culturel est soutenu initialement et entre autres par les musiciens Roger Waters[38] et Brian Eno[39], les écrivains Eduardo Galeano et Arundhati Roy[40], ainsi que par les cinéastes Ken Loach[41] et Jean-Luc Godard[42].

Boycott sportif

Plusieurs footballeurs ont adressé en décembre 2012 une lettre à l'UEFA protestant contre l'organisation en Israël de l'Euro dit "Espoirs de foot" car elle accueille des joueurs de moins de 21 ans. Ils disaient regretter que l'UEFA ferme les yeux sur la récente offensive israélienne sur la bande de Gaza[43]. Pour Frédéric Kanouté, joueur franco-malien, ex de Lyon et du FC Séville, qui a publié l'appel sur son site, "c'est inacceptable que des enfants soient tués alors qu'ils jouent au football. Dans ces circonstances, l'accueil du Championnat d'Europe des moins de 21 ans, serait perçu comme une récompense pour des actes contraires aux valeurs du sport"[44].

Mais le scandale a été tel que, parmi la soixantaine de footballeurs professionnels ayant adressé la lettre à l'UEFA, plusieurs, dont Didier Drogba et l'international Yohan Cabaye, ont démenti avoir signé cette pétition. Pascal Boniface remarque à ce propos que « seule la moitié des pays membres de l'UEFA présents aux Nations unies avait approuvé l'admission de la Palestine à l'ONU, s'exprimant ainsi de façon bien différente des autres pays membres de la FIFA »[45].

Boycott diplomatique

En mai, Ronnie Kasrils, ministre des Services secrets sud-africain, publia dans The Guardian en 2002, son argumentation selon laquelle Palestiniens et Israéliens bénéficieront tous deux d'un boycott[46].

En novembre 2008, le président de l’Assemblée générale de l’ONU Miguel d'Escoto Brockmann déclare : "Aujourd’hui peut-être, nous les Nations unies, devons envisager de suivre l’exemple d’une nouvelle génération dans la société civile, qui appelle à une campagne non violente similaire de boycott, de désinvestissement et de sanctions pour faire pression sur Israël"[47].

En réaction à la guerre de Gaza 2008-2009, les gouvernements vénézuéliens et boliviens ont initié un boycott politique à partir du 14 janvier 2009[48].

Boycott syndical

Des syndicats irlandais, canadiens[réf. nécessaire], britanniques, français[49], et sud-africains[50] organisent ou appellent au boycott[51].

Réactions israéliennes

Réactions au boycott universitaires :

  • A boycott all the way, 17/05/2005, George S. Wise, Professor of Sociology at the Hebrew University of Jerusalem

Réactions générales :

L'action est soutenue par des citoyens, universitaires, écrivains, artistes et acteurs israéliens[52],[53].

Certains militaires sont devenus des Refuznik, des objecteurs de conscience, à partir de 1979, refusant de servir l'occupation des territoires conquis militairement en 1967.

Réactions palestiniennes

Mahmoud Abbas, en février 2007.

Le 13 décembre 2013, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne a déclaré lors d'une visite en Afrique du Sud à l'occasion des funérailles de Nelson Mandela que « les Palestiniens ne soutenaient pas le boycott d’Israël » mais demandaient celui des « produits des colonies » les estimant « dans son territoire et illégales». Il a ajouté : « Nous ne demandons à personne de boycotter Israël » et précisé que les Palestiniens et les Israéliens entretenaient des relations et se reconnaissaient mutuellement. Ces déclarations ont été condamnées par des militants palestiniens qui estiment qu'elles « s'opposent au consensus national palestinien en faveur de la campagne BDS »[54]. Certains l'ont aussi accusé « de trahison ». Toutefois, le journal britannique The Guardian rapporte que des milliers de Palestiniens font des affaires avec Israël, travaillent dans les colonies de Cisjordanie ou en Israël et achètent des produits israéliens. Le montant des importations palestiniennes sont d'environ 600 millions d'euros par an. Samia Botmeh, une conférencière de l’université de Birzeit et militante palestinienne pour le boycott académique des universités israéliennes a déclaré que les Palestiniens étaient « fâchés » et se sentaient « abandonnés par Abbas » du fait de ses déclarations. Elle a ajouté : « Bien entendu que nous faisons des affaires avec Israël, chaque chose dans notre vie est contrôlé par Israël, mais il y a des choix que nous pouvons faire et nous demandons au reste du monde d'agir »[55].

Le Boycott selon la loi française et européenne

En 2004, la Cour de Cassation, qui avait déjà affirmé que ledit boycott constituait une provocation à la discrimination raciale, en confirmant la décision d’une cour d’appel qui avait condamné un maire en raison de propos tenus en réunion municipale, puis relayés sur le site internet de la commune, suivant lesquels les produits en provenance d’Israël devaient être boycottés pour protester contre la politique de son gouvernement à l’égard du peuple palestinien (Crim. 28 septembre 2004 : Dr. Pénal 2005, comm. 4, obs. M. Veron)[56]. Par un arrêt en date du 16 juillet 2009, la 5e section de la Cour européenne des Droits de l’Homme, a confirmé que cette condamnation prononcée par les juges français était conforme à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales[57].

En 2009, la Cour de Cassation a défini la discrimination en application des articles 225-2, 2e et 225-1 du code pénal comme « le fait d’entraver l’exercice normal d’une activité économique quelconque en opérant une distinction entre les personnes notamment en raison de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une nation déterminée »[58].

En 2010 France, une personne qui a apposé dans un supermarché des étiquettes autocollantes sur des produits en provenance d’Israël, portant entre autres, les mentions « Boycott Apartheid Israël » a été condamnée à 1 000 euros d'amende et 1 euro de dommages et intérêts pour les parties civiles (l’association Avocats sans frontières de Gilles-Wiliam Goldnadel)[59].

En juillet 2011, le tribunal de la 17e Chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris a jugé, en première instance, que dans le cas de l'appel par un citoyen au boycott des produits issus d'un état, pour des motifs politiques, l’infraction de provocation à la discrimination fondée sur l’appartenance à une Nation n’est pas constituée[60]. La Cour d'appel confirme que la mise en ligne d'une vidéo montrant des manifestants appeler au boycott n'est pas illégal, mais condamne toutefois l'accusé parce que la vidéo diffusait également des propos outranciers ("acheter un produit israélien équivaut à acheter une balle qui va tuer un enfant palestinien")[61]. Les plaignants souhaitant toutefois voir le boycott en lui-même considéré comme illégal saississent la Cour de cassation. Celle-ci rejette les pourvois : l'un émanant du bureau national de vigilance contre l'antisémitisme, l'association France-Israël et l'association avocats sans frontières, parce qu'il n'y a aucun moyen ; et l'autre, émanant de la Chambre de commerce France Israël, parce que sa constitution de partie civile a été jugée irrégulière[62].

Le 30 novembre 2013, la cour d'appel de Colmar, a condamné à une amende de 1 000 euros et une peine de prison avec sursis 12 activistes ayant participé à des actions en faveur du boycott en 2009 et 2010 jugeant ces actions comme « provocatrices et discriminatoires ». En septembre, 7 autres activistes ont été condamnés à 500 euros pour le même délit dans un supermarché d'Alençon[63].

En juin 2020, la Cour européenne des droits de l'homme condamne la France pour avoir violé l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, estimant que cet article « ne laisse guère de place pour des restrictions à la liberté d’expression dans le domaine du discours politique ou de questions d’intérêt général. Par nature, le discours politique est souvent virulent et source de polémiques. Il n’en demeure pas moins d’intérêt public, sauf s’il dégénère en un appel à la violence, à la haine ou à l’intolérance. » Ce que nul témoignage ne semble soutenir pour les faits invoqués d'appels au boycott de produits israéliens, organisés à Illzach en 2009 et 2010. La cour ajoute que « les actions et les propos reprochés aux requérants concernaient un sujet d’intérêt général, celui du respect du droit international public par l’État d’Israël et de la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, et s’inscrivaient dans un débat contemporain, ouvert en France comme dans toute la communauté internationale. » Et qu’ils « relevaient de l’expression politique et militante »[64].

Notes et références

  1. Feiler, Gil. "From boycott to economic cooperation, 2009
  2. Feiler, Gil. "Arab Boycott." The Continuum Political Encyclopedia of the Middle East. Ed. Avraham Sela. New York: Continuum, 2002. pp. 54-57
  3. À l'inverse, Sir John Hope Simpson, un expert dépêché par la puissance mandataire, la Grande-Bretagne, signalait - ce sont ses termes - « le boycott...du travail arabe » (Cf. Bichara Khader, L'Europe et la Palestine : des Croisades à nos jours
  4. « Jewish products and manufactured goods shall be considered undesirable to the Arab countries. » All Arab « institutions, organizations, merchants, commission agents and individuals » were called upon « to refuse to deal in, distribute, or consume Zionist products or manufactured goods. » (en) Mitchell Bard, « The Arab Boycott », sur Jewish Virtual Library, (consulté le ) ; le fait de savoir si le boycott est seulement antisioniste ou s'il est également anti-juif/antisémite est un point de polémique récurrent. Cf. : Sami Hadawi,Bitter harvest: a modern history of Palestine,notamment p 206
  5. Deon Geldenhuys,Isolated states: a comparative analysis,p 302
  6. Ainsi des produits comme le Coca-Cola n'étaient pas distribués dans les pays arabes ; à l'inverse, Pepsicola et MacDonald qui avaient choisi d'être présents dans les pays arabes, n'avaient pas d'activité en Israël.
  7. Cela n'advint pas immédiatement à la signature du Traité de paix israélo-égyptien : l'Égypte traîna les pieds et les diplomates israéliens durent multiplier les demandes. (Cf. Ephraïm Dowek Vingt ans de relations égypto-israéliennes, 1980-2000 : malgré tout, c'est la ...
  8. Constance A. Hamilton, Effects of the Arab League Boycott of Israel on U. S. Businesses
  9. Cris E. Toffolo, The Arab League,Infobase Publishing, 2008
  10. Constance A. Hamilton,Effects of the Arab League Boycott of Israel on U. S. Businesses,DIANE Publishing, 1994
  11. Par Deon Geldenhuys,Isolated states: a comparative analysis, p 303
  12. Constance A. HamiltonEffects of the Arab League Boycott of Israel on U. S. Businesses
  13. cf Mitchell Geoffrey Bard, The water's edge and beyond: defining the limits to domestic influence on ...
  14. Antiboycott Compliance, Bureau of Industry and Security ; La première réaction vint - sans aucun effet - du Département d'État le 22 mai 1956  ; sollicitée par l'AIPAC en 1964 et 1965, l'administration Johnson ne se résolut pas à légiférer dans la crainte et des réactions du monde arabe et des mesures auxquelles les États-Unis pouvaient être exposés du fait de leurs embargos sur Cuba, la Chine populaire, le Vietnam et la Corée. Jusqu'en 1977, l'arsenal législatif reposait sur l'Export Control Act de 1949 tel qu'amendé, de façon peu efficace, en 1965 puis en 1969. (Cf. Mitchell Geoffrey Bard, The water's edge and beyond: defining the limits to domestic influence on ...
  15. Philippe VelillaLes relations entre l'Union européenne et Israël: droit communautaire et ...
  16. Reuters, 23 avril 2002 - « I support the call now for the isolation and the boycott of Israel. I support sanctions »
    « Kasrils said he had discussed his support for the Palestine Support Group in South Africa and its demand for action against Israel with cabinet colleagues and with President Thabo Mbeki. » Reuters, 25 avril 2005
    Can BDS really be effective in ending the Israeli occupation and oppression?, FAQ des universitaires du BDS mouvement
  17. (en) « Of Occupation and Apartheid Do I Divest? », sur CounterPunch (lien archivé), (consulté le ).
  18. Israel: Time to Divest. Desmond Tutu, New Internationalist magazine, janvier-février 2003
  19. Israeli apartheid, Desmond Tutu et Ian Urbina, 27 juin 2002. issue =275, pages 4-5, The Nation
  20. (fr) Appel du 9 juillet
  21. Avis de la CIJ, 9 juillet 2004
  22. Willy Jackson, « Israël est-il menacé par une campagne de désinvestissement ? », Monde Diplo, (lire en ligne)
  23. L’évolution de la relation à l’autre au sein de la société française, vague 3, ipsos.com, 2017
  24. (en) Robert Fisk, « Starbucks the target of Arab boycott for its growing links to Israel », sur The Independent (Middle East) (lien archivé), (consulté le ).
  25. (en) Silvia Cattori, « Boycottage économique contre l’Apartheid israélien L’Oréal : un maquillage pour l’Apartheid », sur silviacattori.net, (consulté le ).
  26. (en) « Challenging Tramways of Apartheid - Swiss activists block Connex shuttle run The Grassroots Palestinian Anti-Apartheid Wall Campaign », sur Innovative Minds, (consulté le ).
  27. « L’UNICEF coupe les liens avec Lev Leviev, mécène des colonies en Cisjordanie », sur bilin-village.org (lien archivé), (consulté le ).
  28. (nl) « principiële ASN Bank verbreekt banden met Veolia », sur Nederlands Palestina Komitee, (consulté le ).
  29. (en) Adri Nieuwhof, « Principled Dutch ASN Bank ends relations with Veolia », sur The Electronic Intifada, (consulté le ).
  30. Adri Nieuwhof, « La banque éthique néerlandaise ASN Bank met fin à ses relations avec Veolia », sur Association France Palestine Solidarité, (consulté le ).
  31. « Veolia Environnement (formerly Vivendi) », sur http://business-humanrights.org (consulté le ).
  32. De plus en plus de multinationales retirent leurs investissements des colonies industrielles illégales, Adri Nieuwhof, 2 décembre 2008.
  33. « The Foreign Office has confirmed that Britain's initiative against Israeli exports originating in the West Bank is merely the opening shot in a wider campaign it is waging against the settlements. [...] The FO [foreign office] reiterated its view that "the settlements are illegal... Practical steps ... include ensuring that goods from the settlements do not enter the UK without paying the proper duties and ensuring that goods are properly labelled." » Britain confirms its anti-settlement push, Jewish Chronicle, 13 nov. 2008
  34. Omar Barghouti, 11 nov 2008
  35. Israel worried that U.K. pressure will harm exports to Europe, Haaretz, 19/11/2008
  36. (en) Naomi Klein boycott Israel, The Guardian, 10 janvier 2009 - (fr) traduction
  37. (en) Farmers claim UK, Jordan boycotting Israeli fruit (fr) traduction
  38. En avril 2006, Roger Waters déplace son concert prévu à Tel Aviv pour protester contre le Mur de la honte. Open letter to Roger Waters, 7 mars 2006 - « La souffrance endurée par le peuple palestinien depuis quarante ans d’occupation israélienne est inimaginable pour nous qui vivons à l’ouest et je soutiens leur lutte de libération. J’ai fait changer le lieu du concert, qui aura lieu à Wahat al Salam / Neve Shalom en signe de solidarité avec les voix de la raison, palestiniennes ou israéliennes, qui cherchent une voie non-violente pour une paix juste. »source et traduction
  39. Brian Eno signe l'appel de John Berger
  40. 21 novembre 2007
  41. Standout British filmmaker joins boycott of Israel, PACBI, Août 2006
  42. Lettre de remerciement, juillet 2008
  43. Cf. article "Israël accueille l'Euro espoirs de foot : va-t-on parler des sportifs palestiniens ?" dans le Nouvel Observateur en temps réel
  44. Cf. article "Des footballeurs contre la tenue de l'Euro 2013 espoirs en Israel" dans le Nouvel Observateur du 1er décembre 2012
  45. Cf. article "Israël accueille l'Euro espoirs de foot : va-t-on parler des sportifs palestiniens ?" du Nouvel Oservateur du
  46. Both Palestinians and Israelis will benefit from a boycott, Ronnie Kasrils, ministre des Services secrets sud-africain, 25 mai 2005
  47. AG de l'ONU du 24 novembre 2008
  48. Le boycott économique, politique ou culturel d'Israël, une tendance en expansion, Le Huffpost Maghreb, 3 août 2014
  49. Solidaires s’engage dans la campagne internationale BDS
  50. Pacbi, février 2009
  51. (en) Words and deeds in the Middle East Lettre publiée par The Guardian, 17 janvier 2009
  52. (en)http://www.timesofisrael.com/abbas-we-do-not-support-the-boycott-of-israel/
  53. (en)https://www.theguardian.com/world/2013/dec/22/mahmoud-abbas-rejection-israel-boycott
  54. Arrêt de la Chambre Criminelle de la Cour de cassation
  55. Illégalité du boycott confirmé par la Cour Européenne des Droits de l'Homme
  56. Différents articles de presse mentionnent ces articles de loi, par exemple celui-là ou celui-là
  57. L'Obs, « Campagne de soutien à des militants propalestiniens poursuivis », L'Obs, (lire en ligne , consulté le ).
  58. Ghislain POISSONNIER, Gazette du Palais (Septembre 2011 n° 244, P. 15)
  59. La gazette du palais, 25 et 26 juillet 2012
  60. Cour de cassation, criminelle, Chambre criminelle, 19 novembre 2013, 12-84.083, Publié au bulletin
  61. (en)http://www.jpost.com/Jewish-World/Jewish-Features/French-court-fines-boycott-Israel-activists-for-discrimination-333528
  62. « La CEDH condamne la France dans l’affaire des appels au boycottage de produits israéliens », sur lemonde.fr, .

Articles connexes

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