Brian Epstein

Brian Samuel Epstein (API : /ˈɛp.staɪn/) (né le à Liverpool, et mort le à Londres) est un agent artistique ayant représenté de nombreux artistes au début des années 1960, et qui fut surtout le manager des Beatles, de 1961 à son décès en 1967.

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Brian Epstein
Brian Epstein en 1965
Informations générales
Nom de naissance Brian Samuel Epstein
Naissance
Liverpool, Angleterre (Royaume-Uni)
Décès
Londres (Royaume-Uni)
Activité principale Manager, homme d'affaires
Années actives 1961 à 1967
Site officiel www.brianepstein.com

Ayant découvert le groupe encore inconnu au-delà de Liverpool lors d'un de ses concerts au Cavern Club en novembre 1961, Epstein va être décisif à plusieurs égards sur la route de la popularité planétaire à laquelle les Beatles accèdent à partir de 1963 : en gommant leur image de rockers sauvages pour leur faire porter des complets-vestons, tout d'abord, en courant les maisons de disques londoniennes jusqu'à provoquer une audition par George Martin chez EMI en juin 1962, audition qui débouchera sur un contrat d'enregistrement. La suite appartient à l'histoire de la musique populaire du XXe siècle.

La disparition prématurée de leur mentor laisse les Beatles désemparés et marque une véritable fissure dans leur carrière deux ans avant leur séparation.

Biographie

Jeunesse

Brian Epstein est l’aîné d'une famille juive de Liverpool. Ses parents possèdent une chaîne de magasins d'équipement électrique. Instable, dépressif, Epstein peine à se trouver un équilibre. Sa scolarité est marquée par des renvois successifs et des départs volontaires, son intérêt allant uniquement vers les disciplines artistiques. Son service militaire n'est guère plus brillant : peu intéressé et éprouvant des problèmes d'intégration, il doit le quitter prématurément. Déprimé, il retourne à Liverpool et reprend son travail au magasin de ses parents. Passionné de théâtre, il passe avec succès le concours de la Royal Academy of Dramatic Art, mais ses inhibitions paralysantes le forcent à abandonner la scène et à rentrer à Liverpool une fois encore.

Cette succession d'échecs dans sa vie, d'abord son traumatisme d'avoir été un bouc émissaire à la dizaine de collèges différents où il a été inscrit, et ensuite en tant que militaire, puis enfin son retrait du théâtre l'ont démoralisé et rendu peu sûr de lui. Il aime particulièrement la musique classique, il se rend de temps en temps à des concerts, mais n'a jamais songé à devenir manager. Il a quelques amis à Liverpool, mais est envahi d'un complexe d'infériorité qu'il a réussi à apprivoiser avec des techniques apprises au théâtre. C'est très certainement cette connaissance de la scène qui lui permet de donner les conseils les plus adaptés (et les plus concluants) dans son futur rôle d'impresario.

Il semble aller mieux quand, au début des années 1960, il devient responsable de la section musique d'un magasin de la société NEMS (North End Music Stores), créée par son père en 1957. Il est ensuite promu directeur du deuxième établissement de la société, à Whitechapel. Sa compétence, son enthousiasme et le dynamisme de la scène musicale de Liverpool (le Merseybeat) font que le magasin devient un des plus importants du nord de l'Angleterre.

Rencontre avec les Beatles

C'est un de ses clients, Raymond Jones, qui lui parle le premier des Beatles ; ce jeune homme de 18 ans se présente à la boutique NEMS le samedi le 28 octobre 1961 et demande à Brian Epstein de faire l'importation du 45 tours My Bonnie publié en Allemagne le lundi précédent[1]. Ce dernier commande alors 200 exemplaires de leur disque crédité à Tony Sheridan and the Beat Brothers et, le 9 novembre 1961, décide d'aller les voir au Cavern Club, situé au 10 Matthew street, où ils jouent les midi à quelques pas de sa boutique au 12/14 Whitechapel[2]. Dans son autobiographie, il révèle qu'« ils n'étaient pas très bien habillés, ni très propres. Ils étaient cependant plus attirants qu'aucun des autres groupes qui jouaient à ces concerts de midi. » Frappé par leur magnétisme, il se fait conseiller par un ami avocat et les invite à son bureau le 3 décembre afin de leur proposer de devenir leur manager. Secret, Brian Epstein n'a jamais révélé les motivations profondes de cet engagement, peu intéressé qu'il était par cette musique et venant d'un milieu différent des quatre garçons. Pour lui-même, il aurait trouvé là l'occasion de séduire et se valoriser. C'est lui qui convainc Mike Smith, dénicheur de talents de Decca Records, de venir les écouter. Le 1er janvier 1962, le groupe est auditionné mais le contrat ne se fait pas, non plus chez Columbia Records ou EMI. Brian ne se décourage pas. Il jure de les rendre « plus grands qu'Elvis ».

À la suite de l'audition chez Decca, les responsables lui proposent de laisser tomber les Beatles, argumentant que « votre magasin marche bien à Liverpool, vous devriez vous y tenir » mais il reste persuadé de leur futur succès et reste très investi dans la recherche de maisons de disques, et est même plus exigeant sur la qualité de la maison de disques que les Beatles eux-mêmes. John Lennon propose de tester une maison de disques s’appelant Embassy Records, mais Brian Epstein refuse sèchement en pensant que la qualité n'est pas suffisante. Malgré son entourage qui pense que Brian est sur le point de faire un nouvel échec dans sa vie, l'un de ses proches lui disant même « tu vas prendre combien de temps avant d'abandonner cette fois ? », il retourne à Londres, seul, une nouvelle fois, déterminé à réussir.

Sur le plan artistique, Brian Epstein a énormément joué dans l'image du groupe, en effaçant son aspect sauvage et rebelle, et leur vestes en cuir les remplaçant par des complets veston, une attitude beaucoup plus gentleman. Il les amène donc chez Beno Dorn, son tailleur, réputé à Birkenhead[3]. Ce changement a certainement contribué à rendre les Beatles accessibles à plus de générations, et également plus l'ouvrir à la gent féminine, donc diversifier la gamme des auditeurs et des fans. Sur un autre plan, Brian Epstein avait déjà eu une ambition de devenir styliste, il avait donc déjà un grand sens de la mode et de l’élégance, ce qui a sûrement joué dans leur future extrême popularité.

Succès du groupe

En avril 1962, le vent tourne quand un éditeur, Syd Coleman, leur fait rencontrer George Martin, directeur artistique (A&R) de Parlophone une division d'EMI, qui, après une audition le 6 juin 1962, décide de devenir le producteur des Beatles et de leur faire signer un contrat d'enregistrement, tout en leur suggérant de remplacer Pete Best. Brian Epstein se charge lui-même de signifier son renvoi à Best, le 16 août 1962. Ils reviennent aux studios EMI d'Abbey Road le 4 septembre avec leur nouveau batteur, Ringo Starr. Le rêve de Brian est exaucé lorsque le premier 45 tours : Love Me Do / PS I Love You est publié le 5 octobre 1962. Ce renouveau dans la vie de Brian semble l'épanouir considérablement, mais pour un temps seulement. Car son instabilité et son caractère dépressif prennent le dessus au rythme de ses escapades nocturnes assaisonnées de drogues et excès en tous genres.

En octobre 1964, paraît l'autobiographie d'Epstein, sous le titre A Cellarful of Noise (en), coécrite avec le journaliste Derek Taylor, alors son assistant. Dans cette autobiographie, on peut lire entre les lignes que Brian Epstein est de plus en plus conscient que le fait qu'il ait droit à 25 % des bénéfices des Beatles va le rendre extrêmement riche, et en même temps, on sent malgré ce succès énorme une personnalité auto-destructrice, dépendante à de nombreuses drogues, un complexe par rapport au fait qu'il soit juif et homosexuel, se disant victime d'antisémitisme et d'homophobie. En tout cas, Brian Epstein est un personnage très secret, évitant de donner trop d'informations aux interviews, et dans son autobiographie, il parle plus de sa manière de vivre la Beatlemania que de la manière avec laquelle il l'a créée.

La carrière d'Epstein, bien qu'exemplaire, n'est pas exempte d'erreurs. Néanmoins, elles restent anecdotiques. Ainsi, en juillet 1966, il omet de répondre à l'invitation de l'épouse du dictateur philippin, Imelda Marcos, avant le concert de Manille, le 4 juillet. Les Beatles, devant le téléviseur de leur chambre d'hôtel, s'aperçoivent qu'on les attend au palais présidentiel (où ils n'ont pas l'intention de se rendre). Epstein tente de s'expliquer à la télévision, mais l'émission est brouillée. Toute protection policière est retirée aux Beatles lorsqu'ils repartent, ils parviennent jusqu'à l'aéroport où une foule hostile les attend, ils sont agressés, risquent un véritable lynchage, puis réussissent à atteindre leur avion qui reste bloqué sur le tarmac, le temps qu'Epstein aille se faire délester de la recette de leur concert devant plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Quelque temps avant sa mort, Brian Epstein commence à transférer les responsabilités de la direction de NEMS à ses adjoints et amis : Nat Weiss, son représentant aux États-Unis, et Robert Stigwood. Il tient à ne s'occuper que du groupe, réussissant à maintenir leur cohésion.

Mort

Le , soit près de trois mois après la sortie de l'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band et alors que le groupe est à son apogée, Epstein est retrouvé mort dans son lit, alors que les Beatles sont à Bangor, au Pays de Galles, où ils sont allés à la rencontre du Maharishi Mahesh Yogi. La mort brutale de leur manager les laisse totalement désemparés. On découvre rapidement que le décès est dû à une surdose accidentelle de barbituriques. Les funérailles de Brian Epstein ont lieu le 30 août à la Greenbank Synagogue de Liverpool. Il est enterré au Long Jane Jewish cemetery.

Après sa mort au no 24 Chapel Street, Belgravia, son frère Clive Epstein reprend la direction de NEMS Enterprises mais il ne peut gérer correctement cette entreprise pleine de confusion plus de dix-huit mois. Les Beatles déclarent qu'ils se débrouilleront seuls dorénavant. Le frère cadet détient néanmoins la quasi-totalité des parts de NEMS, propriétaire à 51 % de Northern Songs, le catalogue de chansons des Beatles, qui sera vendu en 1969 sans qu'ils ne puissent rien y faire.

La thèse du suicide concernant sa mort a été évoquée, mais est écartée pour différentes raisons. D'abord, Epstein n'avait pas une attitude particulièrement spéciale les jours précédents et surtout, il venait d'assister à l'enterrement de son père quelques semaines auparavant. Il essayait alors de trouver un appartement pour sa mère qu'il aimait énormément (la présentant comme la « plus belle femme du monde » dans son autobiographie) et n'aurait donc pas osé causer de nouvelles souffrances à sa mère[réf. souhaitée].

Mais cette mort sous overdose prouve que Brian Epstein noyait ses complexes dans des drogues de tout genres, d'abord l'alcool quand il est exclu du service militaire, ensuite les amphétamines au début des Beatles, ensuite le cannabis lors de la Beatlemania, et le LSD qu'il prend en 1967 quelque temps avant sa mort.

Personnalité

Rapports avec John Lennon

Brian Epstein, dont l'homosexualité a été révélée sur le tard, serait tombé éperdument amoureux de John Lennon. Il aurait même mentionné celui-ci, en parlant des Beatles, comme étant le « seul qui compte ». Epstein souffre de cet amour à sens unique. Les vacances qu'il prend avec John en avril 1963 en Espagne alimentent une rumeur de liaison entre eux, mais le chanteur affirme que leur relation ne fut jamais physique : « Elle n'a jamais été consommée, mais nous eûmes une relation intense et précieuse[4],[5]. » L'anecdote la plus connue à ce sujet date de l'époque où Brian, travaillant à son autobiographie avec l'aide de son assistant Derek Taylor, hésite sur le titre qu'il allait lui donner. Il a en tête la formule A Cellarful of Noise (qui sera finalement retenue), et en parle aux Beatles. John lui répond du tac-au-tac : « Pourquoi pas plutôt A Cellarful of Boys ? »[6].

Travail de manager

Les Beatles, aussi talentueux soient-ils, ont toujours reconnu qu'ils n'auraient certainement pas été ce qu'ils furent sans Epstein. Son décès a marqué le début du processus de séparation du groupe, même si ce fait n'a pas été visible immédiatement.
L'influence du manager s'est exercée sur deux plans. De l'intérieur, il modelait la vie du groupe tout en les éloignant des mirages du show business et en gérant leurs finances. C'est lui qui a suggéré aux Beatles le fameux « ensemble Cardin sans col » et les inévitables bottines qu'ils ont portés durant leurs premières années. Déjà à cette époque, ces mods semblaient en avance d'une ou deux modes. De l'extérieur, elle fut à l'origine de l'image fraternelle et drôle des quatre garçons. Il se plaçait toujours en première ligne et contrôlait les signatures de contrats avec une certaine clairvoyance, bien qu'il leur ait fait perdre beaucoup d'argent en négociant très mal la commercialisation des produits dérivés qui reprenaient l'image « Beatles » (vêtements, perruques, horloges, stylos…)[7]. Il a mis toute son énergie dans l'organisation des concerts, si bien que le fait qu'il n'ait pas assisté au dernier de ceux-ci, donné au Candlestick Park de San Francisco, le 29 août 1966, a semblé indiquer le début de son retrait de la scène. Près de deux ans après sa mort, en janvier 1969, lors des sessions du projet Get Back, sous l’œil des caméras de Michael Lindsay-Hogg, les Beatles devisent encore sur le fait que, depuis sa disparition, ils ne savent plus prendre une direction claire et qu'ils n'ont plus aucune discipline de vie.

Notes et références

  1. (en) Joe Goodden, « Raymond Jones », sur The Beatles Bible (consulté le )
  2. « NEMS Record Shop (Liverpool) »,
  3. (en) Bill Harry, « A Hairy Story », sur the Internet Beatles Album (consulté le )
  4. (en) « Playboy Interview with John Lennon and Yoko Ono : Published in January 1981 issue, Interviewed by David Sheff, September 1980 », Entrevue pour la revue Playboy, 1981 (consulté le ).
  5. (en) Richard Buskin, « John Lennon and Brian Epstein: More than Friends? » (consulté le ).
  6. Lucy in the web, « Vie et œuvre : le cinquième Beatles » (consulté le ).
  7. (en) Dominic Utton, « The Beatles lost millions because of manager Brian Epstein's blunders », Express, (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

En anglais

  • (en) Ray Coleman, Brian Epstein : The Man Who Made the Beatles, Londres, Viking, , 400 p. (ISBN 0-670-81474-1)
  • (en) Brian Epstein, A Cellarful of Noise, Souvenir Press, , 132 p.
  • (en) Brian Epstein, A Cellarful of Noise : The Autobiography of the Man Who Made the Beatles, with a new introduction by Martin Lewis, Byron Preiss (USA), , 224 p. (ISBN 978-0-671-01196-3)
    Cette édition, nettement plus illustrée que l’originale, existe aussi en édition anglaise, avec une préface de George Martin, chez Pocket Books, même année, nombre de pages et ISBN
  • (en) Debbie Geller et Anthony Wall, Brian Epstein : The Man Who Made the Beatles, Faber & Faber, , 180 p. (ISBN 978-0-571-20156-3)
    Réédition : (en) Debbie Geller et Anthony Wall, In My Life : The Brian Epstein Story, Martin’s Griffin, , 208 pages (ISBN 978-0-312-28862-4)

En français

  • Brian Epstein (trad. de l'anglais par Johann Defer), J’ai inventé les Beatles : autobiographie, Paris, Scali, coll. « Oldies but goodies », , 213 p. (ISBN 978-2-35012-253-3)
    Version française de A Cellarful of Noise

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