Carbamazépine

La carbamazépine est un médicament anticonvulsivant, thymorégulateur et antimaniaque. Elle est également indiquée dans le traitement des douleurs neuropathiques[2],[3].

Carbamazépine
Identification
Nom UICPA 5-carbamoyl-5H-dibenzo(b,f)azépine
No CAS 298-46-4
85756-57-6 (dihydrate)
No ECHA 100.005.512
Code ATC N03AF01
DrugBank APRD00337
PubChem 2554
Propriétés chimiques
Formule C15H12N2O  [Isomères]
Masse molaire[1] 236,268 6 ± 0,013 5 g/mol
C 76,25 %, H 5,12 %, N 11,86 %, O 6,77 %,
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité 80 %
Liaison protéique 76 %
Métabolisme Hépatique par le CYP3A4 (en 10,11-époxycarbamazépine)
Demi-vie d’élim. 25–65 heures
Excrétion

2–3 % excrété inchangé dans les urines

Considérations thérapeutiques
Voie d’administration orale

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Carbamazépine
Informations générales
Princeps Tégrétol (France, Belgique, Suisse), Carsol, Timonil
Forme comprimé, suspension buvable
Administration voie orale
Sels non
Laboratoire Novartis (princeps)
Brevet générique
Statut légal
Statut légal prescription
Remboursement 65% (Fr)
Données physico-chimiques
Formule brute C15H12N2O1
Identification
DCI 1836
No CAS 298-46-4
No ECHA 100.005.512
Code ATC N03AF01
DrugBank 00564

La carbamazépine (CBZ), vendue sous le nom commercial Tegretol, entre autres, est un médicament anticonvulsivant utilisé principalement dans le traitement de l'épilepsie et des douleurs neuropathiques. Il n'est pas efficace en cas d'absence ou de crises myocloniques. Il est utilisé dans la schizophrénie avec d'autres médicaments et comme agent de deuxième intention dans le trouble bipolaire. La carbamazépine semble fonctionner aussi bien que la phénytoïne et le valproate pour les crises focales et généralisées.

Les effets secondaires courants comprennent les nausées et la somnolence. Les effets secondaires graves peuvent inclure des éruptions cutanées, une diminution de la fonction de la moelle osseuse, des pensées suicidaires ou de la confusion. Il ne doit pas être utilisé chez les personnes ayant des antécédents de problèmes de moelle osseuse. L'utilisation pendant la grossesse peut nuire au bébé; cependant, l'arrêt du médicament chez les femmes enceintes souffrant de convulsions n'est pas recommandé. Son utilisation pendant l'allaitement n'est pas recommandée. Les précautions doivent être prises chez ceux qui ont des problèmes rénaux ou hépatiques.

Il est disponible sous forme de médicament générique[4]. Il figure sur la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé, les médicaments les plus sûrs et les plus efficaces dont un système de santé ait besoin.

Le coût de gros dans le monde en développement est d'environ 0,07 $ US à 0,24 $ US par jour en 2015. En 2017, il s'agissait du 176e médicament le plus prescrit aux États-Unis, avec plus de trois millions d'ordonnances.

Histoire

La carbamazépine a été découverte par Walter Schindler en Suisse, en 1953[5].

La carbamazépine a été commercialisée en 1962 comme traitement de la névralgie du trijumeau avant d'être employée comme un anticonvulsivant au Royaume-Uni en 1965 et aux États-Unis à partir de 1974.

En 1971, Takezaki et Hanaoka utilisèrent la carbamazépine pour soigner les états maniaques chez des patients réfractaires aux antipsychotiques (le lithium n'était pas disponible au Japon à cette époque). La carbamazépine sera alors étudiée pour les affections bipolaires dans les années 1970[6].

Métabolisme

Après ingestion, la biodisponibilité de la carbamazépine est très élevée. Après son absorption intestinale, elle est métabolisée au niveau hépatique par les isoenzymes CYP3A4 (principalement), CYP2D et CYP2C8. Ces isoenzymes forment le système du cytochrome p450 qui transforme la carbamazépine en son métabolite : la 10,11-époxycarbamazépine puis en 10,11-dihydroxycarbamazépine, inactive. La 10,11-époxycarbamazépine a des propriétés anticonvulsivantes chez l'animal mais son intérêt thérapeutique chez l'être humain n'est pas clair[7].

La carbamazépine est un inducteur enzymatique influençant l'effet de nombreux médicaments et même sa propre métabolisation.

Il est utile de contrôler les concentrations plasmatiques du médicament dont la zone thérapeutique d'efficacité est estimée entre 4 et 12 μg/ml de sang en fonction des autres thérapies employées. La concentration résiduelle (Cmin) se détermine par méthode immunologique ou chromatographique (la chromatographie dose le métabolite époxyde actif). Les effets secondaires apparaissent pour des Cmin de plus de 12 μg/ml en monothérapie et des Cmin de plus de 8 μg/ml en polythérapie[8]. Le rapport époxycarbamazépine/carbamazépine est de 17 % chez les patients en monothérapie et de 30 % lors de l'association avec l'acide valproïque[9].

La détection immunologique des tricycliques est perturbée par des réactions croisées avec la structure de la carbamazépine[10].

Interactions médicamenteuses

Les antibiotiques tels que l'érythromycine, l'isoniazide, la clarithromycine et la troléandromycine augmentent les concentrations plasmatiques de la carbamazépine.

Indications

Les épilepsies partielles répondent bien à ce traitement, ainsi que les névralgies faciales. On utilise aussi ce médicament en psychiatrie comme régulateur de l'humeur.

La neuromyotonie compliquant une radiothérapie est traitée efficacement par carbamazépine[11].

La carbamazépine est également indiquée dans la névralgie du trijumeau.

Effets indésirables

Les effets indésirables sont nombreux notamment sur la sphère neuro-psychique : agitation, confusion, vertige, diplopie, maux de tête… mais la carbamazépine occasionne aussi des troubles digestifs comme des nausées, des troubles cardiaques comme des troubles du rythme, des troubles cutanés tels que des photosensibilisations. Des allergies sévères par mécanisme d'hypersensibilité peut conduire à des atteintes graves (DRESS syndrome[12], syndrome de Lyell, syndrome de Stevens-Johnson, agranulocytose, aplasie médullaire, etc.).

Il est rapporté des effets cutanés graves (syndrome de Lyell) plus fréquents dans la population asiatique[13] ayant le marqueur allélique HLA-B*1502[14] et chez les patients européens porteurs du HLA-A*3101[15].

Le laboratoire Novartis reconnaît l'association possible de l'utilisation de la carbamazépine avec une réduction du nombre de globules blancs, et préconise la suspension du traitement lors des premiers signes de suppression de la moelle osseuse (voir anémie aplasique), en l'absence d'un lien de causalité officiellement établi[16]. Le risque d'accroissement ou l'apparition de tendances suicidaires est elle aussi reconnue suite à emploi de ce médicament[16].

Carbamazépine et grossesse

La carbamazépine traverse la barrière placentaire. Elle augmente la fréquence des anomalies de fermeture du tube neural (comme le spina bifida) mais moins que les autres anti-épileptiques[17]. De même, elle semble moins provoquer d'autres malformations graves que l'acide valproïque[18]. Les recommandations de l'American Society of Neurology semblent en faire le médicament anti-épileptique le moins risqué chez la femme enceinte[19].

La carbamazépine se retrouve dans le sang des enfants allaités par une mère traitée et pourrait être à l'origine d'hépatite médicamenteuse chez ces enfants[20].

Surdosage en carbamazépine

Le surdosage en carbamazépine peut-être aigu ou chronique. La prise volontaire ou non d'une surdose brutale de carbamazépine conduit à des troubles du rythme cardiaque et tensionnels, des troubles neurologiques (léthargie, coma…) alors qu'un surdosage chronique (erreur de dosage, prise concomitante de médicaments allongeant la demi-vie de la carbamazépine…) conduit plus volontiers à des désordres hydroélectrolytiques, cutanés et hématologiques. La prise en charge de ces surdoses consiste à un traitement symptomatique, il n'y a pas d'antidote connu[10]. La prévention d'un surdosage chronique fait appel à la surveillance des taux plasmatiques du médicament.

Divers

La carbamazépine fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en )[21].

Dans un modèle de souris transgénique utilisé dans l'étude de la maladie d'Alzheimer, l'utilisation de carbamazépine s'est traduite par une amélioration de l'apprentissage spatial et des déficits de mémoire[22].

Tégrétol LP 200 mg en France

Liens externes

Sources

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. Olivier Bazard, « Trois molécules étudiées - indications »
  3. « Résumé des caractéristiques du produit - TEGRETOL 200 mg, comprimé sécable - Base de données publique des médicaments » (consulté le )
  4. « Liste des médicaments du groupe générique : Carbamazepine 400 mg - Tegretol LP 400 mg », sur base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr, (consulté le )
  5. (en) Schindler W, Häfliger F, « Über Derivate des Iminodibenzyls », Helvetica Chimica Acta, vol. 37, , p. 472–83. (DOI 10.1002/hlca.19540370211).
  6. (en) Okuma T, Kishimoto A, « A history of investigation on the mood stabilizing effect of carbamazepine in Japan », Psychiatry Clin. Neurosci., vol. 52, , p. 3–12 (PMID 9682927)
  7. Carbamazépine sur drugs.com
  8. Marie-José Royer-Morrot, Elisabeth Rey, Jean-Claude Alvarez Suivi thérapeutique pharmacologique de la carbamazépine Elsevier Masson : lire le résumé
  9. Lancelin, Cattelotte, Boyer, Mouchet, Biset, Kraoul, Piketty, Influence de la carbamazépine-10,11-époxyde dans le dosage de la carbamazépine « Dimension Flex Carbamazepine », Immunoanalyse & Biologie Spécialisée, vol. 18, no 6, p. 354-359 (décembre 2003) lire le résumé en ligne
  10. Intoxications aux urgences EMC référence, Paul Zetlaoui, Martine Lenoble & coll éditions Masson lire en ligne sur books.google
  11. Lefèvre-Houillier, Willer, Delattre, Martin-Duverneuil Neuromyotonie post-radique du masséter Revue Neurologique, vol. 160, no 11, novembre 2004, p. 1075-1077 lire le résumé en ligne
  12. Elsevier Masson lire le résumé en ligne
  13. (en) FDA News Carbamazepine Prescribing Information to Include Recommendation of Genetic Test for Patients with Asian Ancestry FDA News
  14. (en) CW Yang, SI Hung et Juo, « HLA-B*1502-bound peptides: implications for the pathogenesis of carbamazepine-induced Stevens-Johnson syndrome », J Allergy Clin Immunol., vol. 120, no 4, , p. 870-877 (PMID 17697703)
  15. (en) M McCormack, A Alfirevic et S Bourgeois, « HLA-A*3101 and carbamazepine-induced hypersensitivity reactions in europeans », N Eng J Med., no 364, , p. 1134-1143 (lire en ligne)
  16. Notice d'utilisation du Tegretol (carbamazépine) publiée en 2012 par le laboratoire Novartis
  17. Jentink J, Dolk HD, Loane MA et al., Intrauterine exposure to carbamazepine and specific congenital malformations: systematic review and case-control study, BMJ, 2010, 341:c6581
  18. Wide K, Winbladh B, Kallen B, Major malformations in infants exposed to antiepileptic drugs in utero, with emphasis on carbamazepine and valproic acid: a nation-wide, population-based register study, Acta Paediatr, 2004;93:174-6.
  19. Harden CL, Meador KJ, Pennell PB et al., Practice parameter update: management issues for women with epilepsy—focus on pregnancy (an evidence-based review): teratogenesis and perinatal outcomes, Neurology, 2009, 73:133-41
  20. CRAT, Centre de Référence sur les Agents Tératogènes Hôpital Armand-Trousseau, 26 avenue du Docteur Arnold Netter, 75012 Paris.
  21. WHO Model List of Essential Medicines, 18th list, avril 2013
  22. (en) Lixi Li, Sufang Zhang, Xin Zhang et Ting Li, « Autophagy Enhancer Carbamazepine Alleviates Memory Deficits and Cerebral Amyloid-β Pathology in a Mouse Model of Alzheimer's Disease », Current Alzheimer Research, vol. 10, no 4, , p. 433–441 (DOI 10.2174/1567205011310040008, lire en ligne, consulté le )
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