Centuri

Centuri est une commune française située dans la circonscription départementale de la Haute-Corse et le territoire de la collectivité de Corse. Elle appartient à l'ancienne piève de Rogliano, dans le Cap Corse.

Pour l'entreprise Centuri, voir Centuri (entreprise).

Centuri

Vue de la marine de Centuri.
Administration
Pays France
Collectivité territoriale unique Corse
Circonscription départementale Haute-Corse
Arrondissement Bastia
Intercommunalité Communauté de communes du Cap Corse
Maire
Mandat
Pierre Rimattei
2020-2026
Code postal 20238
Code commune 2B086
Démographie
Gentilé Centurais
Population
municipale
189 hab. (2019 )
Densité 23 hab./km2
Géographie
Coordonnées 42° 57′ 40″ nord, 9° 22′ 11″ est
Altitude 210 m
Min. 0 m
Max. 562 m
Superficie 8,3 km2
Type Commune rurale et littorale
Aire d'attraction Commune hors attraction des villes
Élections
Départementales Cap Corse
Localisation
Géolocalisation sur la carte : France
Centuri
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Centuri
Géolocalisation sur la carte : Corse
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Géolocalisation sur la carte : Corse
Centuri

    Géographie

    Vue d'ensemble de Centuri depuis la marine.

    Situation

    Centuri est une commune de la côte occidentale du Cap Corse, l'une des dix-huit communes regroupées au sein de la Communauté de communes du Cap Corse.

    Communes limitrophes

    Géologie et relief

    Le Capo Bianco qui a donné son nom au canton.

    Le Cap Corse est un bloc de schistes lustrés édifiés au tertiaire lors de la surrection des Alpes sur un socle hercynien. Les plus anciens de ces schistes lustrés se trouvent entre Tollari et jusqu'au sud de Gualdo d'Ersa, ainsi que dans l'île de Capense. Ils appartiennent au socle hercynien tectonisé lors de la surrection des Alpes : déformés, broyés ils se sont chevauchés avec des gneiss antécambriens intercalés d'amphibolites vert-foncé et de filons granitiques kaolinisés par l'action des eaux au contact du feldspath du granite, en surface et dans les fissures[1].

    Au nord de la marine de Centuri, le Capo Bianco offre un paysage au relief abrupt et aigu, dû à la présence d'ophiolites composées de roches magmatiques nommées péridotites transformées en serpentinites (teintées en vert par l'olivine).

    Située sur la côte nord-ouest du Cap Corse, la commune est bordée au nord et à l'est par la crête de Mandrioni (Punta di Pietra Campana 310 m, Punta di Vitellagiu 320 m, Punta di Tizzoli 338 m) et une ligne de hauteurs passant par Bocca di Serra (365 m), Cima Santa Catalina (533 m), Pointe de Torricella (ancienne station radar de l'Armée de l'air) culminant à 562 m, Monte Poggiu (504 m), cima d'Albucetta (491 m), cima Santa Chiara (459 m) et Punta di Colombara (510 m), qui la séparent d'Ersa et Rogliano. Ces montagnes forment une vaste vallée côtière. Au sud, elle est séparée de Morsiglia par la plus grande partie du cours du ruisseau Guadi[2] qui est situé depuis sa source jusqu'à l'embouchure sur Morsiglia.
    Sa façade littorale s'étend avec des côtes accores, de Punta di Corno di Becco (au nord du Capo Bianco (Capi Biancu)) au nord, jusqu'à la plage de galets de Mute (Morsiglia) au sud. Elle inclut l'île de Capense (réserve ornithologique). Le petit port de pêche de Centuri est l'un des rares abris de la côte occidentale du Cap Corse.

    Hydrographie

    Huit petits cours d'eau côtiers prennent naissance sur son territoire, sur le versant occidental de la dorsale du Cap Corse (ou Serra). Ils ont tous tributaires de la mer Méditerranée. Les sept premiers ci-dessous ont leur source sur la commune, ne sont pas référencés au SANDRE mais apparaissent sur la carte Géoportail/Parcelles cadastrales. Du nord au sud ils sont :

    • fiume Sundarelli (ruisseau de Sundarelli)
    • fiume L'acqua all'Angiu' (ruisseau de L'acqua all'Angio), source au sud de la punta di Vitellaggiu, 340 m d'altitude ;
    • fiume Tizzoli, source à 310 m, à l'est de la pointe de Tizzoli (300 m) ;
    • fiume Bolzaja, (ruisseau de Bolzaja), source à 310 m d'altitude, au sud-est de la pointe de Tizzoli ;
    • fiume Serella, source à 310 m d'altitude, au nord-ouest du hameau de Cannelle ; son embouchure se situe entre la Cala del Pesce au nord et le Capu Callarone au sud ;
    • fiume Pietralunga, (ruisseau de Pietra longa), qui porte en amont le nom de ruisseau d'Acquatella ; il a source au sud de Cannelle et son embouchure au nord du port de Centuri ; il est alimenté par le ruisseau d'Ortale (rd) ;
    • fiume Canapaju ou ruisseau de Canapajo (code européen : FRER11682) ; sa source se trouve à 170 m d'altitude sous Orche, au lieu-dit Chiosare, et son embouchure au sud du port de Centuri. Il alimente un réservoir d'eau ; il reçoit les eaux de son affluent le ruisseau de Palombese (rg) ou ruisseau de Campo en amont. Sa source se situe à 420 m d'altitude au sud de la pointe de Torricella (Ersa).
    • fiume Guadi (ruisseau Guadi)[3], long de 3,6 km, délimite Centuri et Morsiglia. Il a son embouchure à Mute.

    Climat et végétation

    De par sa situation au nord du Cap Corse, la commune est soumise à des vents forts et assez fréquents tels le libeccio souvent mêlé au ponant (punente), la tramuntana et les traînes de mistral. Les écarts thermiques y sont modérés. Au Cap Corse, l'hiver est plus chaud et l'été plus tempéré que sur le restant du littoral de l'île, sous l'effet de la mer qui réchauffe les températures. En été soufflent les brises (ventulellu), celles de mer (ambata ou mezudiornu) entre 10 et 16 heures, et celles de terre (muntese ou terranu) dès la nuit venue. Jadis elles étaient utiles pour permettre aux navires à voile de gagner le large. En hiver il ne gèle quasiment pas sur le littoral. Les étés sont en général secs.

    La couverture végétale est un maquis bas incluant des chênes verts, des arbousiers, des lentisques, des épineux, des bruyères, des cistes, quelques câpriers, etc. Sur de nombreuses et étroites terrasses[Note 1] autrefois cultivées en vigne, cédrat et orge principalement, aujourd'hui abandonnées, le maquis a repris ses droits. Il est sculpté par les vents en bordure de mer. L'exposition étant importante, le maquis présente tôt en été des couleurs roussies et il est très facilement inflammable.

    Comme sur tout le littoral de la côte occidentale, on remarquera ici aussi, accrochés aux pentes rocailleuses du littoral, la présence de nombreux agaves et figuiers de Barbarie.

    Accès routiers

    Centuri est traversée par la route D80, depuis le col de la Serra (365 m) au nord en direction de Morsiglia au sud en passant par Camera, principal village de la commune de Centuri. Une "corniche", la route D 35, et divers "chemins" classés entretenus desservent les villages et hameaux de la commune. La D 35 fait jonction avec la D 80 à Camera et à Morsiglia et se poursuit jusqu'à Meria sur la côte orientale du Cap. Longue de 8,5 km (plus 13 km jusqu'à Meria), sinueuse, elle passe devant la mairie de Centuri qui est située entre Orche et Merlacce.

    Si la commune ne dispose pas de station-service, pour se ravitailler, il faut se rendre soit à Morsiglia (à 4km), soit à Valle (Pino) (à 15 km), seules stations d'essence de la côte occidentale du Cap avant St Florent, soit à Macinaggio (Marine de Rogliano) à 18 km au nord de la côte Est., soit à Santa Severa (Marine de Luri),

    Transports

    Le port de Centuri trop exigu ne permet pas de recevoir la grande plaisance. En été, de nombreux navires trouvent actuellement abri dans la petite « baie » entre l'île de Capense et la côte. Cet abri est désormais officiellement interdit pour protéger les herbiers de posidonies et les nacres présents dans cette baie. Le Parc National Marin a déposé un décret en ce sens. De plus, la création de la réserve des îles du Cap Corse interdisent accès sur l'îlot (et les rochers qui le composent) et mouillage à moins de 10 mètres de Capense.

    Une compagnie de promenades en mer relie le port de Centuri à Barcaggio et Macinaggio.

    Centuri est distant, par route, de 50 km du port de commerce de Bastia, de 51 km de la gare des CFC de Bastia et de 71 km de l'aéroport de Bastia Poretta.

    Urbanisme

    Typologie

    Centuri est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 2],[4],[5],[6]. La commune est en outre hors attraction des villes[7],[8].

    La commune, bordée par la mer Méditerranée, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[9]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[10],[11].

    La commune se compose de huit villages et hameaux, tous accrochés aux flancs de la montagne excepté la marine et Mute. Ils sont :

    Occupation des sols

    Carte de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (91,9 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (93,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (59,7 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (17,2 %), forêts (15 %), zones agricoles hétérogènes (3 %), zones urbanisées (2,9 %), eaux maritimes (2,2 %)[12].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[13].

    Camera

    Camera dominé par l'église Saint-Sylvestre et son clocher.

    Camera (en corse A Càmera) est le principal village de piémont de la commune (près de 50 habitants l'hiver). Du haut de ses 233 mètres d'altitude, il est le plus haut lieu habité de la commune et le seul traversé par la route D80 qui fait le tour du Cap Corse. Camera, mot qui vient du grec kamarà signifiant « maison voûtée », est parfois appelé Corte-Camera, le petit hameau de Corte se situant juste en dessous.
    Dominant le village et l'ensemble de la commune, on y trouve l'ensemble paroissial qui comprend l'église à coupole Saint-Sylvestre (XVIe siècle ; début XIXe siècle), la chapelle de la Confrérie Sainte-Croix (Cunfraterna Santa Croce) dédiée à l'Immaculée Conception et le clocher, ensemble classés Monuments historiques. Près de l'église, se situe la monumentale chapelle funéraire des Cipriani (XVIe siècle).

    À droite de l'église, se situe le monument aux morts de 1914 - 1918.

    Cannelle

    Cannelle.

    « Voici quels sont dans le Cap-Corse les lieux habités. En commençant par la côte extérieure, on rencontre Centuri qui est dans une vallée bien peuplée ; il renferme quatre villages parmi lesquels les Cannelle, dont parle Ptolémée. »

     Mgr Giustiniani in Dialogo nominato Corsica, traduction de l'Abbé Letteron in Histoire de la Corse, Description de la Corse - Tome I, p. 7

    Cannelle (en corse E Cannelle), vieux village médiéval, perché, typique, est accroché sur la pente entre le « moulin Mattei » sur la crête et la marine de Centuri. Il est desservi par la "Via", sa voie centrale pavée à l'antique. Au fond du village, la vieille tour pisane du XIe sièclePaoli séjourna (propriété privée), a été réaménagée ; le village qui présente tous ses toits en lauze, a été restauré en respect de l'existant. Subsistent encore quelques habitations en ruine. Près de l'antique chapelle San Ghjacumu se trouvent les restes d'une autre tour. On accède à Cannelle par une petite route en cul-de-sac depuis sa jonction avec la D35 au village d'Orche. Le village recèle une remarquable source dont la fontaine fut restaurée au XIXe siècle au pied d'une paroi schisteuse érodée. Son accès par la "Via", est fléché au terminus de la route goudronnée menant au village.

    Orche

    Le village d'Orche (en corse L'Orche) était autrefois nommé Orca. La chapelle de la Sainte-Trinité fut probablement reconstruite au XVIIIe siècle sur les fondations d'une précédente chapelle ; elle renferme un retable classé. Sous le village se dresse l'ancienne chapelle Santa Maria. Orche est la patrie de Don Santo Antomattei, marin qui naviga longtemps en Amérique centrale, devint noble d'Espagne en 1755 par le roi Ferdinand VI et se retira à Livourne. La mairie y est installée ainsi que l'association U Campanile di Centuri (déclarée le 4 juillet 2002) organisatrice des festivités et des manifestations sportives ou socioculturelles locales.

    Ortinola

    Château de Bellavista.

    Ortinola (en corse L'Artìnula), groupé autour de la chapelle Saint-Roch (San Roccu), fut mis à sac et brûlé en 1563 par les Turcs conduits par Mammi Pacha dit Mammi Corsu (de son vrai nom Filippu Arbellara), renégat originaire de Pino, ce qui fut l'occasion d'une belle résistance de Zaccagnino, dans la tour centrale du village. Le général comte Leonetto Cipriani y fit construire à la fin du XIXe siècle un château néo-médiéval, aujourd'hui restauré.

    Bovalo

    Le hameau de Bovalo (en corse Bolvalu) se situe à 50 m au nord-ouest et en contrebas de Camera. Les maisons du bas sont ruinées. L'accès à ce hameau se fait par un chemin non carrossable, aboutissant à la chapelle Sainte-Anne.

    Merlacce

    Le petit hameau se situe sur la route départementale D 35, entre Camera et Orche. Près de la chapelle Saint-Michel, la famille de Franceschi, marquis de Sedilo au XXe siècle, transforma en château l'ancienne tour quadrangulaire des Preziosi par l'ajout d'un pastiche médiéval. A 250 m au nord de ce curieux château, se trouve le petit hameau de Trelu dominé par une tour carrée ruinée.

    Centuri-port

    Port de Centuri.

    Centuri-port est le nom de la marine de Centuri, une marine aux maisons anciennes aux toits de lauzes, et des rues pavées. Le port occuperait la partie littorale du site romain de la "Centurinum Civitas" d'après les quelques faibles traces trouvées en remontant, à partir du pont de Pastricciola et aux lieux-dits "Cività" et "Palombese". Le site du port et l'îlot de Capense, fortifiés vers le XIIe siècle ou le XIIIe siècle, étaient surveillés par la tour génoise ronde encore visible à la marine, non loin de la chapelle Saint-Antoine ; elle serait un vestige du château des "Motti". De nos jours les principaux commerces (hôtels, restaurants, épicerie et boutiques), se trouvent à Centuri-port, ouverts uniquement en période estivale.

    Sur l'îlot de Capense, la chapelle médiévale de Santa-Maria-Maddalena est aujourd'hui en ruines. La structure générale du port date du Second Empire, la flotte britannique ayant brûlé le précédent (ainsi que celui de Macinaggio) en 1794.
    Durant la période estivale, le centre de la marine est en zone piétonne de 10 h 30 à 4 h.

    Mute

    Petit hameau à l'extrême sud de littoral de Centuri, Mute est « à cheval » sur Centuri et Morsiglia. Il est traversé par le ruisseau Guadi. Construit au fond d'une petite crique, il est bordé par une plage de galets entrecoupée de rochers acérés.

    Toponymie

    Le nom corse de la commune est Cinturi /t͡ʃinˈturi/. Ses habitants sont les Cinturesi.

    Histoire

    Port de Centuri.

    Antiquité

    Au Ier siècle av. J.-C., il existait déjà un port du nom de Centurinum Civitas. Ptolémée cita également un port du nom de "Centurinon".

    Centurinum aurait existé déjà six siècles av. J.-C. et était relié à Macinaggiu (Rogliano) par une voie romaine passant au col de Cataro (collu di u Cataru - 192 m) situé au nord de Granaggiolo (Ersa).

    Moyen Âge

    Cannelle, village médiéval.

    De la fin du IXe siècle à 1197, Centuri a été à la famille seigneuriale Peverelli soutenus par Gênes, puis de 1198 à 1248 aux Avogari qui l'ont cédée à Ansaldo da Mare.

    Au XIIIe siècle l'île de Capense est fortifiée. En 1268, les Avogari et leurs alliées Da Mare y sont assiégés par Sinucello Della Rocca, vainement par insuffisance de bateaux.

    Au XIVe siècle, Centuri est constitué en apanage par Galeotto da Mare pour son fils naturel Crescione, - Nicolas fils de Crescione héritera de Morsiglia avant d'être peu après aussi seigneur de Centuri, avant d'entrer en 1431, dans le fief de San Colombano, des Da Mare.

    En 1563 le village d'Ortinella est brûlé par des forces de l'armée Algérienne commandées par Mammi Pacha dit Mami Corso.
    En 1592 Gênes impose son administration sur le nord du Cap Corse, au détriment des da Mare. Ainsi naît la Provincia di Capo Corso, d'obédience génoise, succédant à l'État feudataire des Da Mare-Negroni.

    Vers 1600, communauté de la seigneurie Da Mare, Centuri était peuplée d'environ 700 habitants. Les lieux habités étaient Trello, Bovalo, le Merlacce, Lorche, la Casanova, Ortinola, Orneto, Camera, le Casevecchie, le Camelle.

    Les temps modernes

    Jetée du port de Centuri.

    Au XVIIe siècle, Centuri était après Erbalunga, le deuxième port le plus actif de Corse, avec une centaine de marins, de nombreux bateaux et entrepôts (magazzini). Trois familles parviennent à la fortune et à la noblesse : les Cipriani et les Napollone grâce au commerce, et les Franceschi armateurs, officiers de marine, amiraux au service de la Toscane, du Pape ou de la France.

    Au XVIIIe siècle, un généreux bienfaiteur dote Centuri d'une jetée.

    Port de commerce florissant, les opérations d'importations portaient sur les produits indispensables à la vie quotidienne et au commerce tels grains, sel, planches, chaux, ustensiles, vêtements et récipients en terre cuite. Les exportations concernaient vin, huile, agrumes, bois, céréales, écorces de tannage, bétail et cocons de soie.

    Les canons du port.
    • 1757 - Pascal Paoli décide de faire du port de pêche de Centuri un port de guerre.
    • 1767 - En mai, Paul Mattei natif de Centuri dirige un corps expéditionnaire composé de Corses et Capicorsins et enlève l'île de Capraia à Gênes.
    • 1789 - La Corse fait partie du Royaume de France.
    • 1790 - Avec la Révolution française est créé le département de Corse - Préfecture Bastia. La province du Cap Corse est supprimée et est divisée en quatre cantons : Capobianco, Seneca, Santa Giulia et Sagro. Rogliano perd son tribunal qui est transféré à Bastia.
    • 1791 - Pascal Paoli transfère à Corte l'évêché de Corse.
    • 1793 - Les départements de El Golo (l'actuelle Haute-Corse) et du Liamone (l'actuelle Corse-du-Sud) sont créés. Centuri qui a toujours gardé son nom, appartient à la pieve de Capobianco. Celle-ci devient le canton de Capobianco. Paris déclare Paoli hors-la-loi.
    • 1794 - En février, le port de Centuri (ainsi que Macinaggio) est brûlé par une flottille de l'amiral anglais Samuel Hood.
    • 1801 - La commune de Centuri fait partie du canton de Capobianco dans le département de El Golo.
    • 1812 - Chaque paroisse ouvre un cimetière, les morts ne sont plus inhumés dans les églises.
    • 1828 - Le canton de Capobianco prend le nom de canton de Rogliano[14]
    • 1833 - La langue française remplace la langue italienne.

    Au XIXe siècle, la culture du cédratier s'avère très lucrative. Depuis, le déclin rapide de l'agriculture a fait disparaître les vergers et la vigne (175 ha de vigne en 1790, pratiquement plus aujourd'hui), en s'accompagnant d'un dépeuplement sensible (720 habitants en 1852), mais inférieur à celui de certaines communes limitrophes, en particulier après la Première Guerre mondiale (fait classique en Corse).

    Centuri fut à l'époque de la Nation corse indépendante de Pasquale Paoli, l'arsenal de la marine nationale corse.

    Époque contemporaine

    Monument aux morts à Camera.
    • 1954 - Les communes de Ersa, Morsiglia, Rogliano, Tomino et Centuri forment toujours le canton de Rogliano. La commune de Centuri compte 275 habitants.
    • 1973 - Le canton de Capobianco est créé avec la fusion imposée des anciens cantons de Rogliano et de Luri. De fait, Centuri se trouve dans le nouveau canton de Capobianco (chef-lieu Rogliano).

    Politique et administration

    Plaque commémorative.

    Liste des maires

    Liste des maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    avant 19881989Jean-Paul AntonsantiPCF
    mars 19892001Pierre CarraraPCF
    mars 20012014Joseph MicheliNationaliste
    mars 2014 2020 David Brugioni REGEmployé
    2020 en cours Pierre Rimattei -
    Les données manquantes sont à compléter.

    Population et société

    Démographie

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1800. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[15]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[16].

    En 2019, la commune comptait 189 habitants[Note 3], en diminution de 10,85 % par rapport à 2013 (Haute-Corse : +6,41 %, France hors Mayotte : +2,17 %).

    Évolution de la population  [modifier]
    1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856
    624745747615725731720795798
    1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901
    823840795764720738771820749
    1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962
    632590526525505544421275257
    1968 1975 1982 1990 1999 2004 2006 2009 2014
    257243195201229216228221213
    2019 - - - - - - - -
    189--------
    De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[14] puis Insee à partir de 2006[17].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Fêtes et loisirs

    • Le sentier des Douaniers relie Centuri à Macinaggio en longeant les côtes du nord Cap Corse.
    • Il existe un centre de plongée, ouvert durant la saison touristique.

    Économie

    Anciens moulins à Bocca di la Serra.
    Retour de pêche.

    Centuri est le premier port français de la pêche à la langouste. On y pêche également divers poissons et du corail, ce qui le maintient au première rang dans le Cap Corse.
    Il y a eu jusqu'à 20 pêcheurs au siècle dernier. Ils pratiquaient la pêche côtière, ramenant langoustes et poissons dits « nobles » (rougets, pageots, murènes, dentis). De nos jours si la pêche à la langouste reste la principale activité du secteur, certains préfèrent la pêche aux thonidés. En 1758, Une tonnara était installée au voisinage de l'ilôt de Capense. Les pêcheurs y capturèrent un Grand requin blanc (Carcharodon carcharias).

    En 1757, le port avait connu une activité accrue avec la décision de Pascal Paoli d'en faire une base militaire, avec chantier naval et arsenal.

    Au XVIIIe siècle la commune prospérait du commerce, de son agriculture et de la pêche. Il y avait 30 ha d'oliviers et 171 ha de vigne plantés. On emblavait 250 ha, principalement en orge et un peu en froment.
    Il y avait alors 4 moulins, tous ruinés de nos jours. Un moulin situé à environ 500 m au nord du port est visible depuis la jetée. Un autre se trouvait à une vingtaine de mètres d'altitude sur la colline au sud du port. Les deux derniers, voisins, se dressent encore sur la crête à proximité du col de la Serra.

    Centuri avait un cheptel de 450 têtes de gros bétail, chèvres et ânes essentiellement[1].

    De nos jours la vigne a entièrement disparu de la vallée. Les dernières cultures comme l'olivier demeurent traditionnelles et à caractère familial.
    Centuri vit essentiellement du tourisme en période estivale. Commerces de restauration et d'hôtellerie n'ouvrent que pour la saison. Les spécialités proposées dans les établissements sont essentiellement basées sur des produits pêchés localement.

    Culture locale et patrimoine

    Centuri compte deux châteaux et plusieurs tours génoises, dont une littorale. En 1530, le Cap Corse comptait déjà 10 tours. Elle en aura 30 en 1730. Centuri abrite également de nombreuses chapelles et églises.

    Lieux et monuments

    • Monument aux morts
    • Moulin Mattei - Au col de la Serra (Bocca di a Serra - 365 m), « à cheval » sur Ersa et Centuri, une courte piste accessible à pied monte jusqu'au Moulin Mattei (404 m) qui est un remarquable belvédère sur la pointe du Cap Corse, l'ensemble des villages et hameaux d'Ersa et de Centuri, la Giraglia, la côte occidentale du Cap et bien sûr l'immensité marine avec à l'ouest la mer Méditerranée, au nord la Mer Ligure et à l'est la Mer Tyrrhénienne. La vue embrasse les sommets du nord de la chaîne centrale (Monte Padro, Monte Cinto...) et le littoral balanin jusqu'à la Revellata.
    Vue de la fontaine de Cannelle.
    • Fontaine de Cannelle, située au pied d'une remarquable falaise schisteuse creusée par l'érosion. Elle est indiquée « Source » sur un panneau au terminus de la route d'accès au village de Cannelle.

    Le château de Bellavista à Ortinola

    Le général comte Leonetto Cipriani qui fut consul de Sardaigne à San Francisco, gouverneur général des Romagnes, ami de Victor-Emmanuel II et de Napoléon III, fit construite ce château de style médiéval à la fin du XIXe siècle. D'origine florentine, les Cipriani s'installèrent en Corse au XVIe siècle. Il est actuellement la propriété du sénateur Philippe Marini[18].

    Le port de Centuri

    Au Moyen Âge, Babilano da Mare, fils de Galeotto, avait construit vers 1348 un château au port de Centuri qui faisait partie de sa seigneurie (château de le Mute ou li Muti)[19]. Une tour avait été édifiée « en face des Mute, l'île de Centuri, très petite et séparée de terre par un canal si étroit qu'une tarchia peut à peine y passer »[20].

    De nos jours, le petit port de pêche est un véritable attrait touristique en période estivale. Il est réservé aux pêcheurs et aux locaux, les infrastructures ne permettant pas l'accueil de plaisanciers visiteurs. Hors saison touristique qui va bon an mal an des vacances scolaires de Pâques jusqu'à la fin septembre/mi-octobre, aucun commerce n'y est ouvert.

    Le port est en zone piétonne de 10 h 30 à 4 h durant la période estivale. Une grande aire de stationnement existe à la sortie sud de la marine.

    L'île de Capense

    Vue de l'île de Capense.

    On la nomme aussi îlot de Capuse. D'une superficie de 2,5 ha, elle a été détachée du Cap Corse par l'érosion marine. Elle avait été fortifiée au XIIIe siècle. En 1268, faute de navires, Sinucello Della Rocca avait assiégé en vain l’îlot où s'étaient réfugiés les Avogari et leurs alliées Da Mare.
    En 1757, Pascal Paoli y avait fait établir un chantier naval.

    De nos jours, il ne reste plus sur l’îlot que les vestiges de la chapelle Santa Maria Maddalena.

    Les tours génoises

    Vue de la tour du port.
    • Tour de la marine, ruinée. Elle faisait partie des nombreuses tours de guet que les habitants ont dû construire à leurs frais dès la deuxième moitié du XVe siècle. En effet, pour rassurer la population qui était souvent razziée par les Barbaresques, les Génois qui avaient inféodé la Corse à l'Office de Saint Georges une banque privée, avaient imposé la construction de ces tours littorales.
    • La tour de Capu Biancu ruinée. Cette tour de guet avait été édifiée au XVIIe siècle à km de la marine, au lieu-dit Capu Biancu, pour prévenir les habitants de l'arrivée des Barbaresques.
    • Jadis une tour existait aussi au hameau de Canelle. Cette tour a été transformée depuis.

    Ensemble paroissial Saint-Sylvestre

    Le remarquable ensemble se situe sur les hauteurs de Camera, au-dessus de la D80 et comporte de haut en bas :

    • L'église Saint-Sylvestre, mentionnée en 1646. Menaçant ruine elle fut reconstruite en 1821. Ses façades sont restaurées depuis 2012.
    • Le clocher carré séparé de l'église Saint-Sylvestre. Les éléments protégés sont le clocher carré et le décor intérieur des XVIe siècle - XIXe siècle, peints par Paul Prefizzi. L'ensemble, propriété de la commune, a été inscrit MH le 9 juillet 1996[21].
    • La chapelle de la confrérie des pénitents de la Sainte-Croix, mentionnée en 1530, puis en 1646. Sa façade est à fronton triangulaire. C'est l'édifice le plus en mauvais état. Des travaux sont en cours. Sur la façade principale, une plaque commémorative « Vive la Corse française » a été apposée à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

    Autres patrimoine religieux

    Le château Tour à Merlacce

    Château de Merlacce.

    Au XXe siècle, la famille de Franceschi, marquis de Sedilo, transforma en château l'ancienne tour quadrangulaire des Preziosi. Les parties constituantes du jardin du château (terrasse en terre-plein et l'escalier indépendant) sont au pré-inventaire général du patrimoine culturel (jardins remarquables ; documentation préalable) - Dossier versé le 4 mars 2003[23].

    ZNIEFF

    La commune de Centuri est concernée par trois ZNIEFF (Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique) de 2e génération :

    Chênaies vertes du Cap Corse

    Centuri est l'une des 15 communes concernées par la ZNIEFF « Chênaies vertes du Cap Corse » qui couvre une superficie de 4 112 ha. Ces chênaies vertes s'étendent depuis la commune de Farinole, à la base du cap, jusqu'à la commune de Rogliano au nord-est et à la commune de Morsiglia au nord-ouest[24].

    Île de Capense
    Capo Bianco

    Personnalités liées à la commune

    • Saint Paul : la légende raconte qu'il aurait traversé le village primitif de Cannelle, après une escale forcée due à la tempête ;
    • Le capitaine de Pietri : issu d'une très vieille famille corse de Cannelle, il périt en enlevant la tour de la Coscia, au nord de Macinaggio, aux Génois en 1761 ;
    • la famille florentine des Cipriani : ils s'établirent en Corse au XVIe siècle ; ils firent construire un château dans leur berceau insulaire d'Ortinola, ainsi qu'une belle chapelle funéraire près de la paroisse Saint-Sylvestre, à Camera ;
    • le général comte Leonetto Cipriani (Leunettu Cipriani), sénateur du royaume d’Italie, prit une part très importante aux luttes de l'unité italienne au XIXe siècle et fit bâtir le château de Bellavista ;
    • Samson Napollon Cipriani (né à Trelu, hameau disparu au-dessus d'Orche, à la fin du XVIe siècle) : il releva, pour le compte de Louis XIII, le "Bastion de France" à la Calle, près de Bône en Algérie.

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Stéphane Bern, Le village préféré des français, 44 trésors incontournables, Paris, Albin Michel, , 249 p. (ISBN 978-2-226-25920-2)
      Ce livre est tiré de l'émission Le village préféré des français, diffusée par France Télévisions, conçue et produite par Morgane Production : Centuri, pages 242 à 247** I - De la baie de Somme au littoral charentais en passant par la Bretagne,** II – Des Flandres au Jura en passant par l'Alsace,** III – De l' Île-de-France aux monts d'Auvergne en passant par la Bourgogne,** IV – Du littoral atlantique aux Alpes en passant par la Méditerranée.

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    Notes

    1. Une terrasse de culture se nommait une lènza (latin linea signifiant "ligne"). La Presa, du latin populaire prensionem appréhendé, est une terre prise au maquis
    2. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    3. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2022, millésimée 2019, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2021, date de référence statistique : 1er janvier 2019.

    Références

    1. Fascinant Cap Corse de Alerius Tardy 1994
    2. Sandre Code Y7420500
    3. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau Guadi (Y7420500)) » (consulté le ).
    4. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    5. « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    6. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    7. « Base des aires d'attraction des villes 2020. », sur insee.fr, (consulté le ).
    8. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
    9. « Les communes soumises à la loi littoral. », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr, (consulté le ).
    10. « La loi littoral », sur www.collectivites-locales.gouv.fr (consulté le ).
    11. « Loi relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral. », sur www.cohesion-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    12. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    13. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
    14. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    15. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    16. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    17. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019.
    18. Le canard enchaîné N°4825 du mercredi 17 avril 2013
    19. Giovanni della Grossa in Chronique, traduction de l'Abbé Letteron in Histoire de la Corse - Tome I, p. 198.
    20. Agostino Giustiniani in Description de la Corse, traduction de l'Abbé Letteron in Histoire de la Corse - Tome I, p. 5.
    21. Notice no PA2B000001, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    22. Notice no PM2B000767, base Palissy, ministère français de la Culture.
    23. Notice no IA2B001287, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    24. ZNIEFF 940004078 - Chênaies vertes du Cap Corse sur le site de l’INPN..
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