Château d'Arcine

Le château d'Arcine, originellement château de Rumilly-sous-Cornillon, est un ancien château fort, mentionné au XIIIe siècle, qui se dresse sur la commune de Saint-Pierre-en-Faucigny dans le département de la Haute-Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes. Il est le siège d'une seigneurie, puis d'une châtellenie.

Pour les articles homonymes, voir Château de Rumilly et Château de Cornillon.

Château d'Arcine
Château de Rumilly-sous-Cornillon
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction IXe et XIe siècles
Destination initiale Résidence seigneurial
Coordonnées 46° 03′ 38″ nord, 6° 22′ 23″ est[1]
Pays France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Faucigny
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Saint-Pierre-en-Faucigny
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie

Nom

Son nom actuel provient du nom de propriétaires du XIXe siècle, les Collomb d'Arcine[2]. Toutefois, les auteurs de l’Histoire des communes savoyardes (1980) considèrent que cet usage est impropre[2].

Son nom originel est en effet château de Rumilly, et il est dit Rumilly-sous-Cornillon (Remelier sub Cornillion[3])[4], afin de le distinguer de Rumilly en Albanais[5]. De fait, il se situe en dessous du château de Cornillon[4].

Situation

Le château d'Arcine est situé dans le département français de la Haute-Savoie sur la commune Saint-Pierre-en-Faucigny, au sud-sud-ouest du bourg, à 550 mètres d'altitude, à l'entrée du débouché de la vallée du Borne qu'il protégeait[3],[6].

L'ensemble est bâti sur un plateau d'où l'on jouit d'une vue étendue sur la région environnante, la vallée de l'Arve, du mont Orchez jusqu'aux pentes du Salève et des Voirons[6]. En dessous, on trouve l'étroite vallée du Borne[7].

Associé au château de Cornillon, il fermait l'accès à la vallée de la Borne, ainsi que la route secondaire reliant le Faucigny à Annecy, en passant par Thônes[6].

Histoire

Le château de Rumilly (-sous-Cornillon) a probablement été construit par les comtes de Genève au cours du XIIIe siècle[3] afin de remplacer celui de Cornillon jugé d'accès trop difficile[8].

En 1210, il est cité dans la dot de Marguerite dite Béatrice de Genève lors de la signature du contrat d'union en 1196 avec le comte de Savoie Thomas Ier[7],[9].

Dans son testament le comte Amédée II de Genève désigne son fils Guillaume comme son successeur et précise que ces autres fils, Amédée et Hugues, hériteront des châteaux « de Varey, Mornex, Rumilly-sous-Cornillon, et Cornillon, pour le vidomnat des Bornes, pour les droits sur le marché de La Roche, et pour les terres et rentes qu'il possède en Vaud, le tout sous la condition qu'ils ne pourront aliéner ces châteaux et droits qu'en faveur des héritiers du comte »[10],[11].

Pierre de Genève le donne en 1395 en douaire à sa femme Marguerite de Joinville[12],[9]. Cette dernière le vend en 1411 au duc Amédée VIII de Savoie.

Le château appartient à divers propriétaires jusqu'en 1528/1530 date à laquelle Pierre de La Forest, seigneur de La Barre[13], l'achète de Philippe de Savoie auprès duquel il avait été élevé en qualité de page[12].

Le château se transmet dès lors de père en fils et fut successivement la propriété de Charles de La Forest, Jean de La Forest, Georges de La Forest, Gilbert I de La Forest[14].

En mai 1733, le château, qui est la possession de Victor Amédée de La Forest, est vendu au général Pierre-François Muffat de Saint-Amour[13], un des lieutenants du prince Eugène, qui prend alors le titre de comte de Rumilly[14]. Un de ses descendant, le général Jean-François Muffat de Saint-Amour le vend en 1807 au marquis de Planchamps (Planchaux)[13] de Cluses. Son héritière, Eugénie-Françoise l'amène en dot au colonel Jean-François Collomb d'Arcine[14], d'où le nom actuel du château[2]. Eugénie-Françoise de Planchamp meurt en 1881 et lègue le château à son neveu, Louis Rivérieulx de Chambost[14],[6]. Ce dernier possède déjà le château voisin de Chuet[14],[13].

Cyrille d'Ennemond d'Aurémont de Coiffy de Fresnes, né en Russie en 1851, marié à Anne, née de Gavrilow, en 1855 à Saint-Pétersbourg, acquiert le château qui permet de créer un foyer d' « émigration russe » jusqu'en 1948[15]. Noter qu'entre 1920 et 1939, le château d'Arcine va servir de plateforme aux agents du NKVD pour tenter de "rapatrier" des russes blancs. Il semble passer ensuite à une société immobilière[2].

Il est en 1981 acheté par la famille Hazelton, qui continue à y vivre.

Description

La vieille demeure seigneuriale se compose d'une tour carrée haute de trois étages. Le rez-de-chaussée aurait servi de prison, accolé à un corps de logis massif[7]. L'angle formé est occupé par une cour intérieure pleine de verdure. Les nombreux appartements prennent le jour par d'étroites fenêtres[7].

Sur le côté du donjon, un corps de logis d'un étage est associé au manoir[7].

Seigneurie de Rumilly-sous-Cornillon

Le château est un centre administratif. La seigneurie s'étend sur un territoire de près de 12 kilomètres carrés[7]. Les seigneurs du château possédent le pouvoir de haute, moyenne et basse Justice sur ce territoire.

Celui-ci était constitué des paroisses de Saint-Laurent avec les trois hameaux de Moussy, Sonnex et Credoz ; de Saint-Maurice-de-Rumilly et de Saint-Pierre-de-Rumilly avec les hameaux de Cornillon, des Tattes et des Lalliards ; les hameaux de Vozérier (commune d'Amancy) et Versgeroux ; la paroisse de Passerier et ses lieux-dits Bornettaz et Blansin[16].

Au cours du XIIIe siècle, le château et son bourg supplante celui de Cornillon[5].

Philippe de Savoie, duc de Nemours aliène en 1528 la seigneurie, qui relève du domaine ducal, pour 3000 écus d'or, à Pierre de la Forest[12],[17].

Au cours de la période 1536 à 1567, la partie nord du duché est toutefois occupée par les Bernois. Après 1567, les seigneurs de La Forest conservent un rôle judiciaire, et ils délèguent la fonction militaire à des fonctionnaires qui portent le titre de capitaine, commandant ou encore gouverneur de la fortification. Les descendants conservent la seigneurie jusqu'au XVIIIe siècle[12].

Châtellenie de Rumilly-sous-Cornillon

Le château est donné en dot, en 1210, lors du mariage de Béatrix-Marguerite de Genève, fille du comte de Genève, Guillaume Ier, avec le comte Thomas Ier de Savoie[7]. Il retourne ensuite dans les possessions de la maison de Genève[7]. Il s’agit plus particulièrement d’une châtellenie comtale au XIVe siècle, relevant directement du comte de Genève[18].

Lors de l'acquisition du comté de Genève en 1401, le château est inféodé à la Savoie. Le comte Amédée VIII de Savoie entre en sa possession en 1411[12]. Bien que relevant directement des comtes de Savoie, le château fut inféodé un châtelain[19]. Dans le comté de Savoie, le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[20],[21]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[22]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[23].

Notes et références

Notes

  1. Qualité donnée à une personne en fonction de son rang social attribuée par les notaires, équivalent de sieur[27], Égrège « adj., masc, titre ou qualité qu'on donnait quelquefois dans les actes du quinzième siècle à un homme d'un grand savoir, et d'une grande probité ; il accompagnait ordinairement celui de noble, ou de magnifique. »[28].

Références

  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  2. Histoire des communes savoyardes, 1981, p. 378.
  3. Guy, p. 143.
  4. Châteaux savoyards, 1961, p. xx (présentation en ligne).
  5. Histoire des communes savoyardes, 1981, p. 377.
  6. Henri de La Forest-Divonne, « Notes sur le château et le mandement de Rumilly-Sous-Cornillon », Revue savoisienne, no 41, , p. 23-39 (lire en ligne).
  7. Guy, p. 144.
  8. Guy, p. 142.
  9. Georges Chapier 2005, p. 24-25.
  10. Acte du , Régeste genevois, 1866 (REG 0/0/1/1594).
  11. Pierre Duparc, Le comté de Genève, (IXe-XVe siècles), t. XXXIX, Genève, Société d’histoire et d’archéologie de Genève, coll. « Mémoires et documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 621 p. (lire en ligne), p. 244-247 « Le début du règne de Guillaume III et le rapprochement avec la Savoie ».
  12. Guy, p. 145.
  13. A. Rouget, A. Vachez, Monuments historiques de France publiés par départements : Haute-Savoie, Lyon, 1895, 61 planches, 24,5 × 31,5 cm, Archives départementales de la Savoie.
  14. Guy, p. 146.
  15. Les Clefs, p. 78.
  16. Les Clefs, p. 56.
  17. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société (tome I), vol. 112, t. 1, Académie salésienne, , 540 p. (lire en ligne), p. 63.
  18. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 416.
  19. Chapier 1961, p. 212.
  20. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  21. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  22. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe-XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  23. Nicolas Carrier, « A travers les archives médiévales de la principauté savoyarde - Les comptes de châtellenies », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org (consulté en ).
  24. ADS1.
  25. Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
  26. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècle », p. 946-947, « Rumilly-sous-Cornillon ».
  27. Jean Nicolas, La Savoie au XVIIIe siècle, Noblesse et Bourgeoisie, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Le Champ régional », , 1242 p. (ISBN 978-2-84206-222-4, lire en ligne), p. 66.
  28. Nicolas Viton de Saint-Allais, Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, Paris, (lire en ligne).

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes : Le Faucigny, Roanne, Éditions Horvath, , 619 p. (ISBN 2-7171-0159-4), p. 378-379..
  • Pierre Borrel et Michel Pessey, Les clefs de Saint-Pierre, une promenade dans la commune des Burgondes au 3e millénaire, Saint-Pierre-en-Faucigny, Association d'histoire locale - Saint-Pierre-en-Faucigny, , 379 p. (ISBN 978-2-9528070-0-5).
  • Michèle Brocard-Plaut, Paul Jacquet (aquarelles) et Marcel Sauthier (dessins des blasons), Châteaux et maisons fortes Savogards, Le-Coteau, Horvath, , 2 volumes en 1 (589 pages) (ISBN 978-2-717-10394-6, OCLC 18604121)
  • Georges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, Éditions La Découvrance, coll. « L'amateur Averti », , 410 p. (ISBN 978-2-84265-326-2), p. 25-28.
  • Lucien Guy, « Les anciens châteaux du Faucigny - Château de Chuet (section) », Mémoires & documents, vol. 47, , p. 143-147 (lire en ligne).
  • Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, , p. 3.4. La châtellenie de Sallanches (lire en ligne [PDF]).

Articles connexes

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