Château de Chanteloup (Manche)

Le château de Chanteloup est un ancien château fort, du XIe siècle, remanié aux XIVe, XVe et XVIe siècles, qui se dresse dans le Centre-Manche sur le territoire de la commune française de Chanteloup dans le département de la Manche, en région Normandie.

Pour les articles homonymes, voir Château de Chanteloup.

Château de Chanteloup
Vue du nord-ouest.
Présentation
Type
Fondation
XIe siècle
Styles
Patrimonialité
Localisation
Adresse
Coordonnées
48° 53′ 36″ N, 1° 29′ 07″ O

Le château est totalement protégé aux monuments historiques.

Localisation

Le château est situé, à 600 mètres au sud de l'église Saint-Pierre, sur la commune de Chanteloup, dans le département français de la Manche. Il aurait permis de surveiller le havre de la Vanlée, proche, permettant des incursions côtières[1].

Historique

Le manoir est mentionné pour la première fois en 1022 dans une charte souscrite au profit de l'abbaye du Mont-Saint-Michel[1], et aurait été bâti par un compagnon de Guillaume le Conquérant[2], et qui avait obtenu des biens dans les comtés de Dorset, Hereford et Worcester[3],[note 1].

Il est la propriété de la famille de Chanteloup qui s'allia à la famille Paynel, quand Agnès de Chanteloup épouse en 1286 Foulques III Paynel[3]. Au début du XVe siècle, Foulque IV Paynel, baron de Hambye et de Bricquebec, seigneur de Chanteloup, de Moyon, de Créances, d'Apilly (Saint-Senier-sous-Avranches), du Merlerault et de Gacé, est un puissant seigneur de Normandie, chevalier banneret qui regroupe sous ses armes, quatre bacheliers et de dix à quatorze écuyers. Son frère Nicole Paynel lui succédera[4], dont la fille, Jeanne Paynel, dernière héritière de la branche du Cotentin, apportera en dot le château de Chanteloup, à la suite de son mariage vers 1413-1414, à Louis d'Estouteville, son cousin[5], le défenseur du Mont-Saint-Michel lors de l'assaut anglais de 1434, date à laquelle il est en possession du château qui lui avait été confisqué par les Anglais en 1418, avec ceux de Moyon, Hambye et Bricquebec[3]. Ce dernier fit réparer le donjon et l'enceinte, malmené lors de la guerre de Cent Ans. Antoine d'Estouteville, châtelain de Chanteloup de 1517 à 1556, abandonna l'antique château, vers 1536, pour un nouveau corps de logis ajouté à l'ancien château médiéval qu'il occupa avec son épouse, Isabeau de Carbonnel, fille du seigneur de Cérences[6], dont les initiales apparaissent sur la façade.

Vers 1655, le château est acquis par Jean de Montgomery qui complète les habitations[2].

Lorsque survint la Révolution, une dame Duprey[note 2] jugea prudent d'arasé le donjon au niveau du second étage, ainsi que les deux tours encadrant la poterne, de supprimer le pont-levis et de briser les écussons[2].

Description

L'assiette polygonal du château originel est encore entourée de ses douves. On pénètre à l'intérieur de la cour, aujourd'hui par un petit pont dormant à deux arches ayant remplacé un pont-levis à bascule et à flèches, dont il subsiste les profondes saignées pratiquées sur la façade du châtelet d'entrée flanqué de deux tours rondes, arasé à la Révolution. Dans la cour, sur la droite se dresse les vestiges du donjon quadrangulaire du XIVe, remanié au XVe siècle, également partiellement arasé à la Révolution. Ce donjon, serait, avec ceux de Saint-Sauveur et de Regnéville, l'un des plus anciens de la Manche. Chaumeil, historien local, a prétendu que son sommet était crénelé et haut de cinq étages, comme celui de Bricquebec, avec une hauteur d'une trentaine de mètres[1] comportant une salle basse voûtée puis quatre étages, le dernier a disparu[3]. De nos jours, il est conservé sur une vingtaine de mètres[2].

Le château actuel, construit en granit en 1536[2], peut être attribué à la première Renaissance, comme le suggère son ornementation sculptée : pilastres à rinceaux, candélabres, épis fuselé, frises ornés de médaillons ou de cartouches, grands panneaux à losanges garnis de feuilles, animaux fantastiques. Il est à rapprocher du château de Lasson, près de Caen, bâti lui aussi en 1520, et qui présente la même décoration[6]. Comme à Lasson, les deux portails, à droite, à larges tympan semi-circulaires, et à gauche une porte à tabernacle sont un rappel de l'architecture religieuse[8].

Protection aux monuments historiques

Au titre des monuments historiques[9] :

  • le château sauf les parties classées, est inscrit par arrêté du  ;
  • les façades et toitures de la partie Renaissance et la porte de la grande salle avec ses vantaux peints sont classés par arrêté du .

Possesseurs successifs

  • Famille de Chanteloup
    • Agnès de Chanteloup (1286)
  • Famille Paynel
    • Foulque III Paynel (époux de la précédente)
    • Foulque IV Paynel
    • Nicol Paynel (frère du précédent)
    • Jeanne Paynel (fille du précédent)
  • Famille d'Estouteville
  • Jean de Montgomery
  • Famille d'Amelot de Chaillou
  • Pierre Duprey (1790)

Notes et références

Notes

  1. Une branche de Chanteloup va se fixer en Angleterre où elle s'éteindra au début du XIVe siècle[3].
  2. En 1790, Pierre Duprey, seigneur et patron de Chanteloup, conseiller du roi, représente Chanteloup à l'Assemblée primaire de Cérences[7].

Références

  1. Hébert et Gervaise 2003, p. 70.
  2. Guy Le Hallé, Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN 978-284673-215-4), p. 83.
  3. Georges Bernage, « Saint-Lois, Coutançais, Avranchin », dans La Normandie médiévale : 10 itinéraires, Éditions Heimdal, coll. « La France Médiévale », , 174 p. (ISBN 2-902171-18-8), p. 48.
  4. Bernard Beck, Châteaux forts de Normandie, Rennes, Ouest-France, , 158 p. (ISBN 2-85882-479-7), p. 80.
  5. Gilles Désiré dit Gosset, « Châteaux et fortifications du Cotentin », dans Congrès archéologique de France. 178e session. Manche. 2019. Société française d'archéologie, Condé-en-Normandie, Éditions Picard, (ISBN 978-2-9018-3793-0), p. 16.
  6. Hébert et Gervaise 2003, p. 71.
  7. René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 149.
  8. Jean-Pierre Babelon, Châteaux de France : Au siècle de la Renaissance, Tours, Flammarion, , 839 p. (ISBN 978-2-08-012062-5), p. 299.
  9. « Château », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles de Gerville, Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Caen, Mancel, (lire en ligne), « Second mémoire sur les anciens châteaux du département de la Manche », p. 286-291
  • Michel Hébert et André Gervaise, Châteaux et manoirs de la Manche, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 176 p. (ISBN 978-2-84706-143-7), p. 70-72.
  • François-Charles James, « Le château de Chanteloup », dans Congrès archéologique de France. 124e session. Cotentin et Avranchin. 1966, Paris, Société française d'archéologie, , p. 358-368
  • Louis Régnier, « Le château de Chanteloup », Annuaire des cinq départements de la Normandie, Association normande, , p. 209-221 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

  • Portail des châteaux de France
  • Portail du Moyen Âge
  • Portail de la Manche
  • Portail des monuments historiques français
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.