Chapelle de Mincé

La chapelle de Sainte-Barbe de Mincé est une ancienne chapelle de procession du XVIIIe siècle située à Echemiré. Elle fut érigée sur l'ancienne petite chapelle de Saint-Hubert de Mincé qui datait au moins du XVe siècle et qui fut désacralisée au XVIe siècle.

Chapelle de Sainte-Barbe de Mincé
Présentation
Type
chapelle de procession
Noms précédents
Chapelle de Saint-Hubert de Mincé
Surnom(s)
Chapelle de la terre de Mincé
Destination actuelle
ruine (en restauration)
Diocèse
Angers
Style
gothique
Architecte
clocher : Boisard (maître-maçon) et Verdier (maître-couvreur d'ardoises)
Matériau
calcaire, moellon, enduit, grès, appareil mixte, bois, ardoise
Construction
avant 1450
Commanditaire
François-Louis Frain du Planty de la Vrillière, chevalier, conseiller du roi et lieutenant général de robe et d’épée au Siège de Baugé
Hauteur
estimée à 7,50 mètres (clocher)
Religion
catholique
Ordre religieux
Saint-Benoît de Nursie
Propriétaire
propriété privée du château du Haut-Mincé
Patrimonialité
inscrit à l'inventaire général en 1986
État de conservation
Localisation
Pays
Région
Département
Commune
Région historique
Anjou
Coordonnées
47° 33′ 55″ N, 0° 11′ 02″ O

Localisation

La chapelle est située dans le département français de Maine-et-Loire, sur la commune de Echemiré située sur la propriété privée du château du Haut-Mincé[1].

Historique

Au Moyen-âge, la petite chapelle de Saint-Hubert de Mincé possédait un petit cloître qui permettait d'accueillir les processionnaires qui ne pouvaient assister aux offices depuis l'intérieur ou qui attendaient tout simplement leur tour pour y prier.

Jusqu'au XVIIe siècle, les croyants y priaient Saint-Hubert. Ce saint était invoqué afin d'éloigner les chiens enragés, les loups et les maladies lycanthropes de la paroisse. À Noter que vers 1350, les habitants de la région pratiquaient encore la chasse au loup (et parfois du loup-garou) sous les mobilisations traditionnelles de la famille de Rohan et ce, jusqu'à la Révolution française[2].

En 1680, l'expertise foncière du fief de Mincé relate que le seigneur Boysard de Mincé n'était plus en mesure d'entretenir ses biens. Elle détaille notamment que la petite chapelle avait été désacralisée et remaniée en chambre de nulle valeur tandis que le cloître servait d'antichambre et était relié à la grange.

En 1697, la chapelle est resacralisée depuis quelque temps et est tenue par Dom Jean-Baptiste Hardouineau, un religieux de l'ordre de Saint-Benoit.

En 1738, le maître fondeur d'Angers, Pierre Trony dit Labry, fond une cloche en bronze pour la chapelle de Mincé d'une hauteur de 26  cm et d'un diamètre de 34  cm. le seigneur de l'époque demande d'y inscrire : "Je suis Barbe de Mincé, par monseigneur Louis Frain de la Vrillière, cher seigneur de Mincé, de Chemans et président lieutenant général à Baugé et dame Louise Lucresse de Larsé son épouse en 1738". Il y fait placer ses armoiries (blasons doubles ovales sous couronne de marquis le premier d'azur à un chevron d'or accompagné en tête de deux têtes de buffles et en pointe d'un croissant d'argent qui est Frain de la Vrillière, supporté par deux palmes[3]). Ce même seigneur, très pieux et attaché à la chapelle de Mincé, offre également une rente honoraire perpétuelle de 120 livres, sous testament, pour qu'une messe festive y soit célébrée en sa mémoire un dimanche de chaque année[4].

Le et avec l'autorisation de monseigneur le Révérend évêque d'Angers Jean de Vaugirault, le seigneur de Mincé fait bénir la cloche de la chapelle de procession. Son parrain Charles Nouchet, marchand fermier du château d'Échemiré et Marie Moncousu sa marraine, bénissent la cloche sous l'invocation de Sainte Barbe en présence de Gabriel-Louis de Gauffredeau, curé d'Échemiré, de M. Fleury, prêtre et vicaire d'Echemiré, de maître Joseph-Juste Caillot, notaire royal de Baugé, de Pierre Boisard, maître-maçon, tailleur de pierres et architecte d'Echemiré, de Charles Hérisseau, sacriste d'Echemiré, tailleur d'habits et fermier de Mincé et de René Verdier, maître-couvreur d'ardoise de Saint-Aubin-de-Luigné (registres paroissiaux - année 1748 - vue 50/85[5]).

En 1757, après le décès du marquis de Broc, le fermier du Mincé a la curieuse idée d'y placer des chevaux et se fait résilier son bail en 1759 par la dame de Broc. Des travaux de restauration sont mis en place, la cheminée, probablement dégradée, est à démolir ainsi qu'une partie du cloître qui a ponctuellement servi d'étable[6]. Les processions y sont toujours actives et la dame de Broc paye même une rente de six livres tournois au curé du village pour la bonne tenue du culte dédié à Sainte-Barbe. On ne sait pas si d'autres travaux furent prévus pour l'améliorer mais elle resta en l'état jusqu'à la Révolution et surtout en activité jusqu'au moins 1785, date de l'entrée en possession du Mincé par la marquise de Broc qui payait également la rente (source : chartrier de la Freslonnière)[7].

En décembre 1793, la grande Armée catholique et royale menée par les chefs La Rochejaquelein, Stofflet, Talmont et Royrand, forte d'environ 25.000 soldats et d'environ 30.000 civils vont envahir et occuper, piller et combattre à Baugé et ses alentours du 1er au 7 décembre 1793. La cloche de Mincé va mystérieusement disparaître de la chapelle durant cette fin d'année chaotique où va se dérouler la bataille d'Echemiré entre 15.000 vendéens de La Rochejaquelein et 5.000 cavaliers du Boucher de la Vendée, surnom du général républicain Westermann. Le boucher sera repoussé jusqu'à Jarzé avant de contre-attaquer, de massacrer et de chasser les "brigands" hors du Baugeois dès l'arrivée de l'infanterie, le lendemain matin. La cloche disparue va alors se retrouver dès janvier 1794 à Trémentines où elle servira principalement à célébrer les offices clandestins de Charles Papin dit "l'Invincible"[8], vicaire insermenté de Trémentines et l'un des meneurs de l’insurrection angevine[9],[10].

En 1986, un membre du Patrimoine de France vient expertiser et inventorier rapidement le Mincé. Il découvre, mais n'arrive pas dater avec exactitude la chapelle qui n'était plus qu'une ruine sans toiture[11]. Les propriétaires du moment, pour une raison inconnue, détruisent les restes majeurs de la chapelle qui avait pourtant survécu à la Révolution Française et n'étaient pas au courant de l'existence de la cloche, ni ceux d'avant jusqu’au début des années 1900.

En 2020, lors des travaux engagés pour restaurer la grange du château, un morceau de bénitier du XVe siècle, des restes ouvragés de tombeaux et deux bancs de pierre issus de la chapelle et du cloître furent trouvés dans les décombres. Ils avaient servi de matériaux de construction vers 1640 pour maçonner l'épais mur du bâtiment agricole.

En 2021, lors de recherches approfondies portant sur l'étude historique d'Échemiré, la cloche est finalement redécouverte par hasard à Trémentines où elle repose désormais dans le chœur de l'église Saint-Euvert, devenue la paroisse Sainte-Marie-des-Sources-de-l'Èvre[12]. Depuis sa disparition il y a environ 225 ans, la cloche de Mincé, bien qu'inventoriée dans les années 80, était toujours considérée dans le Baugeois comme perdue, détruite ou fondue vu que jamais personne à Trémentines n'était venu en parler dans la région en plus de deux siècles. Sa redécouverte dans le Choletais est inestimable d'un point de vue historique, tant pour le château de Mincé que pour le passé révolutionnaire d'Échemiré et de Trémentines.

En 2022, cela fera au moins 171 ans que Barbe de Mincé n'est plus utilisée dans un clocher à Trémentines[13].

Les 284 années de péripéties de la cloche Barbe de Mincé

De longues et difficiles recherches, à travers de multiples preuves et indices, ont enfin permis de mettre à jour le parcours incroyable de cette petite cloche :

1738 : La cloche est fondue dans la cour du château du Haut-Mincé par Labry, suivant les croquis et souhaits du seigneur et de la dame de Mincé. Cette cloche, œuvre d'art unique issue d'un savoir ancien et précis, est placée à perpétuelle demeure dans le clocher de la chapelle Sainte-Barbe de Mincé par le propriétaire qui y établi également une messe perpétuelle en sa mémoire[14],[15].

27 octobre 1748 : La cloche, en réalité relique de Saint-Barbe, est bénie avec l'autorisation de l'Évêque d'Angers et sert désormais à recevoir les prières des processions régionales destinées à protéger la paroisse de la foudre et de l'orage, en plus de ses offices précédents. Son parrain est Charles Nouchet, marchand fermier du château d'Échemiré et sa marraine, Marie Moncousu. Elle est bénie sous l'invocation de Sainte Barbe en présence de Gabriel-Louis de Gauffredeau, curé d'Échemiré, de M. Fleury, prêtre et vicaire d'Echemiré, de maître Joseph-Juste Caillot, notaire royal de Baugé, de Pierre Boisard, maître-maçon, tailleur de pierres et architecte d'Echemiré, de Charles Hérisseau, sacriste d'Echemiré, tailleur d'habits et fermier de Mincé et de René Verdier, maître-couvreur d'ardoise de Saint-Aubin-de-Luigné (registres paroissiaux - année 1748 - vue 50/85).

3 août 1785 : La rente privée, destinée au curé d'Echemiré, est maintenue pour que la bonne tenue des offices exécutés à la chapelle de la terre de Mincé continuent. Cette rente manifeste la présence de la cloche, sans laquelle la chapelle ne pourrait remplir ses fonctions sacrées[16],[17].

1789 : Le domaine de Mincé prête allégeance à la Nation et devient un fief patriote. La cloche et la chapelle ne sont pas saisies car elles n'appartiennent pas au clergé et tombent dès lors sous le droit de propriété absolu, inviolable et sacré de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Sans cela, son existence se serait terminée dans les fonderies d'Angers en 1791 afin de produire de la monnaie de mauvaise qualité ou des canons. Toutefois, les offices religieux y sont suspendus et elle devient, par la force des choses, une cloche civile privée, selon les lois républicaines en vigueur[17],[16].

Décembre 1793 : La chapelle de la terre de Mincé est profanée et la cloche est enlevée du clocher par les insurgés de la grande Armée catholique et royale qui vouaient une haine féroce à l'égard des républicains et des patriotes. La prise de cette cloche revêt alors une portée symbolique[18]. Après avoir contrôlé Baugé et ses alentours du 1er au 7 décembre, les vendéens fuient vers La Flèche, puis vers Le Mans. Les républicains Prieur de la Marne, Bourbotte et le général Marceau trouvent les habitants du Baugeois en exécration de ces "horribles voleurs fanatiques et royaliste" obligés de piller pour survivre. Ces mêmes habitants qui autrefois étaient en majorité favorable à leur cause, les rejette désormais, exaspérés par leurs combats et leurs pillages [19]. Il était clair que les locaux savaient très bien que les Vendéens s'emparaient des cloches qu'ils rencontraient, très importantes à leurs yeux, comme en témoigne cet événement : la veille de la prise du Mans par les insurgés les 12 et 13 décembre 1793, les habitants du district apprennent l'approche des insurgés. Ils craignent le rapt de leurs cloches (car cela était notoire) et les jettent, en partie, au fond d'un puits pour les préserver. En effet, la ville connut un pillage et un terrible bain de sang[20].

23 décembre 1793 : La cloche arrive en Vendée depuis Savenay, en compagnie de 6.500 survivants vendéens "abandonnés" à Ancenis par La Rochejaquelein et Stofflet depuis le 16 décembre[21]. Elle est alors transportée avec les ressources "acquises" durant la Virée de Galerne par les voituriers des insurgés (si l'on s'attarde de plus près sur son aspect, on remarque alors des impacts de chutes et des traces de raclage ou de trainage au sol, témoin qu'elle fut malmenée). Dans le chaos le plus total, elle manque d'être abandonnée sur le champ de bataille et de finir au fond de la Loire. Pour certains vendéens, s'emparer d'une cloche, peu importe qu'elle soit royaliste, républicaine ou patriote, était d'importance capitale et valait bien une vie ou deux, car elle représentait la voix de Dieu et était censé les protéger de tout danger. (AD49 - dossiers vendéens de Trémentines).

Début janvier 1794 : Après une longue étude, il était question de savoir si elle avait pu être distribuée par pure héroïsme aux paroissiens de Trémentines par La Rochejaquelein ou Stofflet. En réalité, Barbe de Mincé avait été tout simplement prise par opportunisme par des insurgés, aujourd'hui inconnus (Il est possible, sans preuve, que Charles-Marie Oger, vicaire insermenté d'Echemiré et ancien aumônier de l'Hôtel-Dieu de Baugé, massacré au Mans le 12 décembre dans les rangs des royalistes, ai pu évoquer aux vendéens la présence de la cloche au Mincé, provoquant inéluctablement sa prise[22],[23],[24]). Elle est convoyée par la Compagnie de Trémentines qui comportait encore des dizaines de combattants aguerris et un nombre indéfini de blessés, femmes et enfants voyageant en charrettes, tous présents à Baugé et Echemiré en décembre 1793. En effet, comme leur commune n'avait absolument plus aucune cloche depuis février 1792 (période à laquelle La Réveillère-Lépeaux est passé en personne pour toutes les faire enlever et les fondre), Barbe de Mincé, alors facile à transporter sans son mouton de chêne, deviendrait leur nouvelle cloche[25] (source : AD49 - dossiers vendéens de Trémentines).

mi-janvier 1794 : Comme l'église est fermée, Barbe de Mincé est utilisée en toute clandestinité par le curé Rousseau, qui a aussi été maire de la commune[26], et les paroissiens en divers endroits pour leurs offices dont la métairie de La Grande Bergère où se cachait le terrible abbé Barbotin, la ferme du Cartron ou encore la maison Papin d'où partait l'excitation contre-révolutionnaire. Car Cholet fait de nouveau enlever, par motif de sûreté, toutes les cloches des paroisses où ont existé des troubles depuis mars 1793[27],[28],[29],[30].

21 janvier 1794 : Les colonnes infernales du général Turreau saccagent et incendient le bourg, fuit par ses habitants, et l'église, sans jamais trouver la cloche. Ils en profitent pour massacrer les villageois des environs qu'ils rencontrent à la ferme des Poteries ainsi que ceux en compagnie du curé Rousseau, cachés dans un champ de genêts de la métairie de Port-Chambault[31]. Le curé assassiné sera vite remplacé par Papin dit "l'Invincible", déjà vicaire de Trémentines à l'époque. Concernant les objets cultuels originaires de la commune, les habitants ne purent sauver que deux ou trois vases sacrés qu'ils avaient pris soin de cacher en 1792 car tout le reste avait été emporté sans exception par un commissaire (source : Archives Diocésaines 49 - P 826).

26 février 1794 : La cloche est battue à Trémentines par le sacristain nommé Bouet et cela déclenche un mandat d'arrêt émis par le District de Cholet[25]. Elle est ensuite fréquemment utilisée par l'abbé Papin dans l'ancienne chapelle de Notre-Dame de Toutes-Vertus, qui avait été démolie en 1791 par le District de Cholet afin de l'empêcher de servir de lieu de culte clandestin. Les restes de la chapelle et le cimetière sont toujours bondés de fidèles, même après ce vandalisme inutile (source : Archives Diocésaines 49 - P 826)

Septembre 1795 : Les habitants de Trémentines reconstruisent eux-mêmes leur église, y placent la cloche et le curé insermenté Papin la fait sonner pour ses offices interdits[25].

9 mai 1797 : M. Rigalleau, maire de Trémentines, déclare que qu'il n'ose pas demander aux paroissiens de cesser d'utiliser la cloche par peur du fanatisme religieux local[25].

4 juin 1798 : M. Du Batteau, remplaçant de M. Rigalleau qui a été arrêté comme brigand de la Vendée, fait fermer l'église pour stopper l'utilisation du clocher de Trémentines. La cloche est descendue et placée une seconde fois dans la chapelle en ruine du cimetière[25].

18 août 1798 : M. Du Batteau fait rouvrir l'église afin qu'elle serve uniquement à des fêtes nationales et décadaires. La cloche est remontée au clocher[25].

28 août 1798 : M. Du Batteau fait de nouveau fermer l'église car elle sert à des réunions de prières à l'abbé Papin, le prêtre insermenté qui continue à conspirer contre la République. La cloche est une deuxième fois descendue (elle a probablement voyagé plusieurs fois encore à divers lieux indéterminé) et placée une troisième fois dans la chapelle en ruine du cimetière ce qui lui vaudra son surnom de "petite cloche de la chapelle"[25] (source : Archives Diocésaines 49 - P 826).

1801 : La période concordataire permet d'utiliser légalement les églises et leurs clochers pour le culte catholique mais à condition que les curés aient prêté serment à la République, ce qui n'est pas le cas de Trémentines qui va rester "insurgée" jusqu'en 1825 comme en témoignent les dossiers de demande de pension individuels des soldats vendéens trémentinais. La cloche est installée une troisième fois dans le clocher, peut-être vers 1814 (Archives Diocésaines 49 - P 826 et AD 49 - série L - dossiers vendéens).

1804 : Le Ministre des cultes déclare publiquement que plusieurs communes de Vendée avaient caché des cloches sous la Révolution. Que pendant les troubles, les rebelles distribuèrent illégalement des cloches pillées en faveur des communes qui en demandaient sans examiner si elles leur appartenaient. Que d'autres communes se sont mise en possession de cloches qu'elles avaient trouvées et pillées dans d'autres communes pour se venger. Ces transferts illégaux suscitent alors une vague de réclamation en France mais les communes accusées soutiennent que ces cloches sont en remplacement de celles qui leurs ont été enlevées et elles refusent de les rendre.

Beaucoup sont passées inaperçues et n'ont jamais été inquiétées, à l'image de Trémentines, jusqu'à l'année 2021. En effet, après le passage des vendéens, personne n'était en mesure de dire qui l'avait dérobée (bleus ou blancs), où elle se trouvait (commune, puits, forêt, sous-terre, au fond de l'eau, etc...) et surtout dans quel état (intacte, fondue, brisée, etc...), rendant impossible toute action visant à la retrouver, surtout que la propriétaire au moment des faits, était âgée et veuve et qu'il était très risqué de faire ouvrir une enquête judiciaire à ce propos. Depuis, elle était bien oubliée et seule une recherche ciblée, à l'aide d'Internet, a permis de la retrouver.

La France avait d'ailleurs mis fin à cette gigantesque guerre de clocher, qui avait duré presque 100 ans, en déclarant que toutes les cloches du clergé qui avaient été saisies par la Nation durant la Révolution appartenaient désormais à l'État en qualité de biens nationaux et non plus aux communes, revendicatrices ou accusées. Concernant Barbe de Mincé, son histoire personnelle et particulière prouve qu'il s'agit d'une cloche privée qui n'a jamais été saisie et n'a jamais été déclarée bien national, l'excluant de cette catégorie particulière[18].

18 mai 1828 : Le conseil de fabrique de Trémentines reconnait un besoin urgent d'acquérir une seconde cloche, sans en préciser les raisons, peut-être en lien avec sa petite taille inadaptée ou son arrivée scabreuse dans la commune (source : Archives Diocésaines 49 - P 826).

1851 : La cloche est entreposée dans le clocher de l'ancienne église depuis un certain temps et ne sert déjà plus à cette date, peut-être même depuis 1828 vu que le clocher de l'ancienne église ne pouvait accueillir qu’une seule cloche. (source : Archives Diocésaines 49 - P 826).

1853 : La cloche est installée dans le chœur de la nouvelle église sur une sorte de tréteau en métal et sert désormais à sonner la prière du soir ou à divertir les jeunes enfants. Il s'avère que son utilisation à Trémentines a toujours été contraire à sa fonction d'origine autorisée par l'Évêque, chose évidente vu que les vendéens n'étaient pas au fait de sa raison d'être lorsqu'ils l'ont enlevée. Élément perturbant supplémentaire, voire inquiétant  : elle ne fut jamais resacralisée ou autorisée par un Évêque à Trémentines, faisant d'elle une cloche profane utilisée à des fins sacrées depuis 1793, ce qui est en totale contradiction avec le droit canonique[32] (source : Archives Diocésaines 49 - P 826).

14 septembre 1869 : Les deux anciennes cloches acquises par Trémentines entre 1828 et 1869 sont sacrifiée pour permettre la fonte de l'une des trois nouvelles cloches destinées au récent grand clocher de la nouvelle église. Barbe de Mincé est conservée pour une raison obscure, peut-être simplement par hasard ou en mémoire de ceux qui tombèrent ou la rapportèrent d'outre-Loire. Monseigneur l'évêque Fruchaud, natif de Trémentines, bénit alors les trois nouvelles cloches sauf Barbe de Mincé (source : Archives Diocésaines 49 - P 826).

Vers 1905 : Un érudit inconnu, peut-être le curé, justifie faussement, via un écrit pourtant très argumenté, la présence de la cloche dès 1738 à Trémentines. Cela fait probablement suite à la Querelle des Inventaires pour peut-être empêcher la commune de s'en emparer ou une tout autre raison aujourd'hui oubliée. Justification fallacieuse découverte durant les recherches de 2021 qui serait facilement passée pour une preuve irréfutable si personne n'avait eu l'idée d'enquêter dans le Baugeois (source : Archives Diocésaines 49 - P 826).

6 janvier 1982 : La cloche est inscrite aux Monuments Historiques par la commune de Trémentines[15]. Il est très intéressant de relever que les cahiers de l'abbé Guéné (parfois nommé Guéret ou Guénet) mentionnent bien la présence de la cloche en 1794. Ces documents furent versé en mars 1985 aux Archives Départementales de Maine-et-loire par Maurice Lallemand qui n'était nul autre que le maire-adjoint de Trémentines. Ces informations semblent indiquer que la commune était donc très au fait de l'histoire de cette cloche pour en avoir subitement demandé l'inscription en 1982, seulement trois ans avant de verser les écrits de l'abbé, alors qu'ils auraient pu le faire dès 1970[33].

2021 : Le Baugeois, en partie consterné, découvre l'existence de la cloche à Trémentines et son retour à Echemiré est depuis, très attendu par un très grand nombre d'habitants de la région afin de renouer avec le patrimoine historique, les anciennes coutumes et les croyances de leurs aïeux. Après avoir longuement échangé avec Trémentines et les propriétaires du Mincé, la Conservation du Patrimoine de Maine-et-Loire, sans parler de pillage, reconnait que la cloche est bien originaire de la chapelle de Mincé à Echemiré et l'inscrit au mois de juin dans son dossier individuel[34].

À propos des processions

Jusqu'au XVIIe siècle, les croyants y venaient en processions pour « prier dieu d'écarter de la paroisse les chiens atteints de la rage ». En réalité ils y priaient Saint-Hubert via la présence éventuelle d'une relique sacrée.

Le XVIIe siècle est une période encore mystérieuse car on sait que la chapelle fut resacralisée mais on ne sait pas à quel saint elle fut dédiée entre Saint-Hubert et Sainte-Barbe. Il est possible que ce soit Saint-Benoît mais sans réelle certitude.

À partir du XVIIIe siècle, les prieurs invoquaient Sainte Barbe de les protéger de la foudre. En effet, la cloche de Mincé avait été nommée et bénie en son nom. Voilà donc la fameuse chapelle d'Échemiré qui protégeait la paroisse de la rage et de l'orage[35].

Après la disparition de la cloche de Mincé, les processions cessèrent et la chapelle tomba en ruine, entraînant l'abandon et la destruction de la chapelle de Sainte-Catherine de Rougé à Échemiré.

Les chapelles sœurs

Les chapelles de procession étant traditionnellement bâtie par paire, la chapelle sœur de celle de Mincé (située au nord d'Échemiré) était celle de Rougé (située au sud d'Échemiré). Cette dernière, dédiée à Sainte-Catherine, dépendait de l'ancien château de Rougé.

Totalement rasée en 1860 (tout comme le château de Rougé plusieurs années auparavant), sa cloche, nommée "Catherine de Rougé" en l’honneur de la vierge et martyre d'Alexandrie, portait également les noms de ses parrains et fut transférée dans l'église Saint-Martin d'Échemiré pour y être préservée[36].

Autrefois, les processionnaires célibataires y imploraient la patronne de leur permettre de trouver un époux tandis que les mères allaitantes souhaitaient guérir de leurs migraines. Il n'est pas précisé si l'on y priait également afin de se préserver des naufrages.

Restauration

À ce jour, la priorité est axée sur la consolidation des deux derniers murs (est et sud) de la chapelle qui font partie intégrante des murs de clôtures de la propriété du Haut-mincé qui étaient "déjà vieux et sur le point de s'écrouler" en 1758. Les propriétaires actuels ont prévu de faire restaurer la chapelle et une partie du cloître.

Cette possibilité s'offre car il existe toujours les encarts de poutres, de solives et l'emprunte des deux autres murs rasés dont celui de façade ouest sur lequel était maçonné le clocher qui culminait à environ 7,50 mètres. À noter qu'après examen approfondi de la ruine, le style architectural de la chapelle devait être très proche voire semblable à celle de la chapelle Notre-Dame-de-la-Garde de Seiches-sur-le-Loir (en version plus petite, d'où l’intérêt du cloître). Il ne serait pas surprenant que les architectes les ayant fait bâtir soient les mêmes ou liés (maître/apprenti).

La mémoire locale des anciens d'Echemiré du XXe siècle garde le souvenir d'une vieille chapelle possédant toujours un vitrail, sa charpente et une majeure partie de sa couverture d'ardoise. Elle était dotée d'une petite surface mais possédait une haute façade et un faîtage de pignon brisé qui gardait les restes d'un ancien clocher de pierre. Ce détail conforte l'idée de ressemblance entre ces deux chapelles.

Références

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