Charles de Freycinet

Charles de Freycinet[1], né le à Foix (Ariège) et mort le à Paris, est un homme d'État et ingénieur français.

Pour les articles homonymes, voir Freycinet.

Pour les autres membres de la famille, voir Famille de Saulces de Freycinet.

Charles de Freycinet

Charles de Freycinet, vers 1880, par Nadar.
Fonctions
Président du Conseil des ministres français
et Ministre de la guerre

(1 an, 11 mois et 10 jours)
Président Sadi Carnot
Gouvernement Freycinet 4
Législature Ve législature
Prédécesseur Pierre Tirard
Successeur Émile Loubet

(10 mois et 26 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Freycinet 3
Législature IVe législature
Prédécesseur Henri Brisson
Successeur René Goblet

(6 mois et 18 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Freycinet 2
Prédécesseur Léon Gambetta
Successeur Charles Duclerc
Président du Conseil des ministres français
et Ministre des Affaires étrangères

(8 mois et 26 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Freycinet 1
Législature IIe législature, IIIe législature
Prédécesseur William Henry Waddington
Successeur Jules Ferry
Ministre d'État

(11 mois et 13 jours)
Président Raymond Poincaré
Gouvernement Gouvernement Aristide Briand (5)
Biographie
Nom de naissance Louis Charles de Saulces de Freycinet
Date de naissance
Lieu de naissance Foix, Ariège (France)
Date de décès
Lieu de décès Paris, France
Nationalité française
Parti politique Républicain opportuniste
Diplômé de École Polytechnique
Profession Ingénieur
Présidents du Conseil des ministres français

Biographie

Charles de Freycinet est le fils de Casimir Frédéric de Saulces de Freycinet, directeur des impôts indirects à Montauban[1], descendant d'une famille protestante du Dauphiné, et d'Anne Nancy Malet. L'un de ses oncles, Louis Claude de Freycinet a été officier de marine, géographe et membre de l'Académie des sciences. Un autre de ses oncles fut le contre-amiral Louis-Henri de Freycinet, gouverneur de l'Île Bourbon, puis de la Guyane[2].

Il étudie à l'École polytechnique[1] à partir de 1846. Il est remarqué pendant la Révolution de 1848 en participant, au nom des étudiants parisiens, aux conseils du Gouvernement Provisoire, et reçoit les éloges de Lamartine. Il sort de l'École polytechnique classé 6e sur 122 élèves et choisit d'entrer dans les services de l'État dans le Corps des mines[1]. Il entre à L’École des mines de Paris le 28 octobre 1848 et est diplômé en avril 1852[3]. Il débute en 1852 sa carrière professionnelle dans l'administration des Travaux Publics à Mont-de-Marsan et la poursuit à Chartres puis à Bordeaux. Il est chef de l’exploitation de la Compagnie des chemins de fer du Midi jusqu'en 1862. Pendant sa mission à Bordeaux, il épouse dans cette ville, le , Jeanne Alexandrine Bosc (née le à Bordeaux), petite-fille du négociant Jean-Jacques Bosc (1757-1840), conseiller municipal de Bordeaux nommé pendant les Cent-Jours (1815), puis député de la Gironde (1829-1830). De jusqu'à 1868, à la demande du ministre des Travaux publics, il conduit une mission d'étude, d'abord en Angleterre en 1863, puis jusqu'en 1868 dans le reste de l'Europe (Belgique et Prusse rhénane notamment), sur la prévention des risques industriels et l'amélioration de la protection des travailleurs. Le résultat de ces études est publié en 1869 sous le titre Traité d'assainissement industriel. S'étant à cette occasion particulièrement intéressé à la réforme administrative, il est nommé, par Émile Ollivier, membre de la commission de décentralisation, présidée par Odilon Barrot et dont fait également partie Maxime Du Camp.

Il devient collaborateur de Gambetta comme délégué à la guerre dans le gouvernement de la Défense nationale en 18701871, durant la Guerre franco-allemande de 1870. Il est promu officier de l'ordre impérial de la Légion d'honneur en 1870.

Pendant cette période (1870-1871), il a pour secrétaire Justin Germain Casimir de Selves, fils de sa sœur Marie Elisabeth Zoé et de Jacques Joseph Gustave de Selves, contrôleur des tabacs à Aiguillon (47) en 1872.

Il devient sénateur de la Seine en 1876, mandat qu'il conserve jusqu’en 1920.

Il est ministre des Travaux publics (18771879) dans le gouvernement présidé par Jules Dufaure, où son nom est attaché à la multiplication de lignes de chemin de fer comme projet d'aménagement du territoire (chaque préfecture et sous-préfecture doivent être reliées), souvent de rentabilité médiocre (plan Freycinet), dans le but de désenclaver les régions mal desservies. Il contribue également à la modernisation des voies fluviales, notamment, à l'imitation de Louis Becquey près de 60 ans auparavant, par l'établissement d'une norme pour la taille des écluses, connue depuis sous le nom de gabarit Freycinet. En 1878, Charles de Freycinet, ministre des travaux publics, déposa à la Chambre des députés un projet de loi relatif à la reconstruction du pavillon central des Tuileries, à l'affectation de ce bâtiment à un musée de l'art moderne et à l'établissement d'un jardin dans la cour du Carrousel[4]. Lors des élections sénatoriales de 1882, il se présente dans quatre circonscriptions et parvient à y être élu dans chacune d'entre elles[5].

Il est ensuite à plusieurs reprises président du Conseil après avoir été appelé pour la première fois par Jules Grévy, cumulant cette fonction avec celle de ministre des Affaires étrangères en 1879-1880, puis en 1885-1886. Il soutient Jules Ferry dans ses projets de laïcisation et d'instruction obligatoire. Il est candidat à l'élection présidentielle de 1885, sans succès.

En 1886, son cabinet élabore la loi d'exil, expulsant les prétendants au trône de France ainsi que leurs fils aînés se trouvant sur le sol français, et interdisant aux membres des familles ayant régné en France de servir dans l'armée française. Il est ensuite battu par Sadi Carnot aux élections à la présidence de la République de 1887. Ce deuxième échec fait naître l'idée que son appartenance au protestantisme a constitué un handicap significatif pour les grands électeurs, à une époque où le concordat est toujours en vigueur[6]. Premier civil à devenir ministre de la Guerre en 1889-1890, il réduit le service militaire à trois ans (au lieu de cinq), crée l’état-major général et modernise l’équipement militaire en faisant adopter par l’armée le fusil Lebel et le Canon de 75 mm modèle 1897.

Charles de Freycinet caricaturé en 1891.

Accusé d’avoir voulu étouffer le Scandale de Panama, il est éloigné du pouvoir, mais retrouve le ministère de la Guerre dans le cabinet Charles Dupuy où, soucieux de défendre l’honneur de l’armée, il se montre ardemment anti-dreyfusard. Président de la Commission des forces armées au Sénat, il est encore ministre d’État dans le Gouvernement Aristide Briand (5) en 1915-1916[7].

Il est élu membre libre de l'Académie des sciences en 1882 et membre de l'Académie française en 1890[8] où il est reçu le 10 décembre 1891 par Octave Gréard[9].

Mort en 1923, il est inhumé au cimetière de Passy (Paris)[10].

Décorations

Résidences

Hommages

Prix

Un prix de l'Académie des sciences porte son nom : prix Charles-Louis de Saulces de Freycinet.

Odonymes

Liste des communes où l'on peut trouver une voie publique portant le nom de Charles de Freycinet :

Publications

  • Traité de mécanique rationnelle (1858)
  • De l'analyse infinitésimale (1860 ; 1881)
  • Des pentes économiques en chemin de fer (1861)
  • Emploi des eaux d'égout en agriculture (1869)
  • Principes de l'assainissement des villes (1870)
  • Traité d'assainissement industriel (1870)
  • La guerre en province pendant le siège de Paris 1870 - 1871 (Précis historique), 10e édition, Michel Lévy Éditeurs, Paris (1872)
  • Essai sur la philosophie des sciences (1896)
  • La Question d'Égypte (1905)
  • Souvenirs (1848-1893) (1913)

Notes et références

  1. Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Charles de Freycinet », résultat obtenu : « Saulces de Freycinet, Louis Charles de (X 1846 ; 1828-1923) ».
  2. Source: Annales des Mines (http://annales.org/archives/x/freycinet.html)
  3. « Eleves de l'Ecole des mines de Paris corps des mines », sur annales.org (consulté le )
  4. Jean-Claude Daufresne, Louvre & Tuileries, architectures de papier, éd. Pierre Mardaga, Paris, 1987, p. 283.
  5. Fabien Conord, « Chapitre I. Le temps des choix : République ou monarchie ? (1875-1885) », dans Les élections sénatoriales en France : 1875-2015, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-5562-4, DOI 10.4000/books.pur.45625, lire en ligne), p. 18–45
  6. Jacques Pannier, « Catalogue du Musée de la Société d'Histoire du Protestantisme Français, une heure de promenade à travers quatre siècles », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, (lire en ligne).
  7. D'après l'ouvrage du ministère des Affaires étrangères intitulé « Commission supérieure pour l'examen du projet de mer intérieure dans le sud de l'Algérie et de la Tunisie présenté par Monsieur le Commandant Robert » (Paris, imprimerie nationale, 1882), Freycinet était président du conseil et ministre des affaires étrangères en 1882.
  8. Histoire pour tous : juin 1971 - no 134 page 366 - Fiche signalétique de Freycinet
  9. « Réponse au discours de réception de Charles de Freycinet | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  10. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de minuit, septième édition, 1963, t. 2 L-Z »), « Rue des Réservoirs », p. 336-337.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • « Charles de Freycinet », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • « Charles de Freycinet », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960
  • Grévy Jérôme, La République des opportunistes, Paris, Perrin, 1998.
  • Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
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