Charles Mast
Charles Mast, né le à Paris 2e et mort le à Clamart[1], à l'âge de 88 ans, est un général de division qui a participé à la libération de l'Afrique du Nord en 1942 et qui fut Résident général de France en Tunisie entre 1943 et 1947.
Charles Mast | ||
Charles Mast avec le général de Gaulle à Tunis. | ||
Nom de naissance | Charles Emmanuel Mast | |
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Naissance | Paris 2e (France) |
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Décès | Clamart (France) |
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Origine | France | |
Grade | Général de division | |
Années de service | – 1950 | |
Commandement | 3e Division Nord-Africaine | |
Conflits | Première Guerre mondiale Seconde Guerre mondiale |
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Avant-guerre
Fils de Michel-Edmond Mast, officier, et de Jeanne Gouat[1], il est issu d'une famille originaire de Brumath en Alsace. Il compte parmi ses ancêtres des pasteurs protestants du Palatinat ou du Bade-Wurtemberg venus se réfugier en France au XVIIe siècle, dont Andreas Cellarius.
Charles Mast s'est marié en 1913 avec Suzanne de Bigault de Casanove[1], dont ils ont eu comme enfant Georges Mast (1914-1978), polytechnicien, promotion 1936.
Il divorce et se remarie le [1]. Sa seconde femme, Marie-Madeleine Leroy, est une très proche amie d'Antoine de Saint-Exupéry[2].
Avant la Seconde Guerre mondiale, le colonel Mast est l'attaché militaire français à Tōkyō à partir de 1937[3].
Début de la Seconde Guerre mondiale
Charles Mast est chef d'état-major du 10e Corps d'Armée, le , général de brigade à titre temporaire, puis général de brigade. Fait prisonnier par les Allemands le même mois, il est emprisonné à la forteresse de Königstein. Le , alors qu'il prépare son évasion, il apprend qu'il va être libéré[4].
Mast est alors nommé chef de la division de marche d'Alger puis chef de la 3e division nord-africaine. Soupçonné d'être un opposant au Régime de Vichy, il est emprisonné en 1941[5]. Son ami, le colonel Numata, attaché militaire nippon auprès du régime de Vichy, demande sa libération et l'obtient. Charles Mast est, à sa sortie de prison, nommé chef d'état-major du 19e corps, en 1942 en Afrique du Nord[6].
Débarquement allié en Afrique du Nord
Le général Charles Mast, qui commande la place d'Alger, tient une place éminente dans la préparation matérielle du débarquement[7]. Il est l'un des premiers et des plus importants collaborateurs des services américains et du consul Robert Murphy pour la préparation locale à l'opération Torch dont le succès va marquer le renversement du rapport de force pour les Alliés lors de la guerre (opération flagpole). Pendant une réunion secrète déterminante, tenue près de Cherchell à Messelmoun dans la ferme Teyssier, sur la côte, non loin d'Alger, le , en présence des consuls américains Robert Murphy et Knight, du général Mark Wayne Clark, adjoint d' Eisenhower, du Colonel Julius C. Holmes, du brigadier général Lyman L. Lemnitzer, et du capitaine Gérard Wright, des officiers anglais, du capitaine Livingstone, du capitaine Courtney et du lieutenant Foster, tous débarqués dans la nuit d'un sous-marin anglais venu de Gibraltar pour le rencontrer. Sont aussi présents divers représentants militaires et civils de la résistance, le lieutenant-colonel Germain Jousse, le lieutenant-colonel Alphonse Van Hecke, le capitaine Barjot, le lieutenant Le Nen, l'aspirant Michel, Bernard Karsenty, adjoint de José Aboulker, Henri d'Astier de La Vigerie, Jean Rigault, Me Queyrat et Jacques Tessier.
Le général Mark Wayne Clark, bras-droit d'Eisenhower considère Charles Mast comme le porte-parole de Henri Giraud et le chef des armées françaises en Afrique du Nord[8].
Henri Giraud, contacté par un envoyé américain et par Jacques Lemaigre Dubreuil, accepte de participer à l'opération. Mast, chef d'état-major du corps d'armée d'Alger, sert d'intermédiaire entre Giraud et De Gaulle notamment pour les questions militaires[9]. Il se pose en adversaire de Darlan et d'Alphonse Juin.
Charles Mast prend le commandement de la division de marche de Casablanca, en 1942, puis il est nommé chef des missions militaires en Syrie et Égypte, en 1943.
Résident général de France en Tunisie
Le , quelques jours après la prise de Tunis, le général de Gaulle nomme Mast résident général de Tunisie. Celui-ci entreprend sur le champ une vigoureuse reprise en main du Protectorat. Moncef Bey est destitué sous prétexte de collusion avec les Allemands mais en réalité en raison de son refus de se séparer des nationalistes. Les mouvements nationalistes, notamment le Néo-Destour, sont interdits. Bourguiba, qui avait regagné Tunis en avril, est placé sous étroite surveillance et est finalement contraint de se réfugier au Caire[10].
Charles Mast reste résident général jusqu'au , date à laquelle il est remplacé par Jean Mons. Le , il est général de division ayant rang de commandant d'armée et appellation général d'armée. De retour en France, Charles Mast entre au Conseil Supérieur de la Guerre. Il est aussi directeur de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). En 1947, il devient grand officier de la légion d'honneur.
Décoration
L'Affaire des généraux
Le général Mast n'est pas dans un premier temps un partisan de la décolonisation. Son ami, le général Georges Revers, intrigue pour qu'il soit nommé Haut commissaire de l'Indochine française à la place de Léon Pignon. C'est l'origine de l'affaire des généraux : par l'intermédiaire d'un individu douteux, Roger Peyré, surnommé "Monsieur Paul", Revers et Mast organisent la diffusion d'un rapport confidentiel concernant la situation politique et militaire en Indochine. Ce rapport, rédigé par le général Revers, chef d'état-major général des forces terrestres à l'issue d'une mission à Saïgon, est destiné à un petit nombre de destinataires, membres du gouvernement. Or il a été communiqué à l'entourage de l'empereur Bao Daï et à des agents du Vietminh. Le , le ministre de la défense Paul Ramadier contraint le général Revers à lui remettre sa démission de chef d'état-major. Mast, plus brutalement, est mis à la retraite[11].
Charles Mast ne reste pas inactif. Il fait des affaires[12], écrit des livres comme Histoire d'une rébellion, [13] et répond aux questions des journalistes. Il reste jusqu'à sa mort très pessimiste sur les capacités de défense occidentales en cas d'attaque de l'Europe de l'Ouest par les armées des pays communistes.
Références
- Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 2/724/1889, avec mention marginale du décès; premier mariage le 19 février 1913 à Saïda (Algérie), second mariage en 1935 à Yokohama (Japon). Consulté le 22 juin 2012
- Saint-Exupéry : Sixième époque 1943-1944, tome 6, printemps 1981, Retour au combat, Alger, la disparition le 31 juillet 1944
- Jonathan Bertout, « Les attachés militaires français au Japon », Revue historique des armées, no 273, , p. 83–94 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le )
- Joseph Barthélemy écrit dans Ministre de la justice- Vichy 1941-1943 : mémoires que Charles Mast a été libéré du fait l'intervention du maréchal Pétain, ce que confirme Mario Faivre, Le chemin du Palais d'été Alger 1942, p. 106.
- Selon Le chemin du Palais d'été- Alger 1942, Par Mario Faivre, p. 106, il est encore détenu à la forteresse de Königstein le 20 septembre 1941.
- Joseph Barthélemy écrit aussi dans Ministre de la justice- Vichy 1941-1943 : mémoires que Charles Mast a été nommé à ce commandement du fait de ses idées maréchalistes.
- Revue française d'histoire d'outre-mer - Page 626, Centre national du livre (France) - France Colonies History Periodicals - 2000.
- The Last Hero- Wild Bill Donovan : the Biography and Political Experience of Major General... Par Anthony Cave, p. 246
- Charles De Gaulle- A Biography Par Don Cook, Putnam, 1983, p. 158
- Jacques Binoche-Guédra, La France d'outre-mer, 1815-1962, Masson, Paris, 1992, p. 190.
- Philippe Bernert, Roger Wybot et la bataille pour la DST, Paris, Presses de la Cité, , 543 p., La nuit des généraux, pages 179 à 275
- Francis Edward, Accommodation and Resistance- The French Left, Indochina, and the Cold War, 1944-1954, p. 89
- Le Cercle du nouveau livre d'histoire
Articles connexes
- Originaire de Brumath, comme le sénateur Geoffroy Velten, il a un certain nombre d'ancêtres en commun avec lui.
- Cousin de Wilhelm Hausenstein, premier ambassadeur d'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale
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