Chartreuse de Saint-Hugon

La chartreuse de Saint-Hugon est un ensemble monastique fondé en 1173[1],[2], au hameau de Saint-Hugon, sur la commune savoyarde d'Arvillard, en région Auvergne-Rhône-Alpes.

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Chartreuse de Saint-Hugon

Aspect avant l'incendie de décembre 2017
Présentation
Culte Catholique romain
Début de la construction 1183
Géographie
Pays
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Savoie
Ville Arvillard
Coordonnées 45° 25′ 11″ nord, 6° 08′ 38″ est
Géolocalisation sur la carte : Savoie
Géolocalisation sur la carte : France

L'établissement chartreux doit son nom à saint Hugues[3], cofondateur de l'ordre monastique avec saint Bruno en 1084. Situé au fond de la vallée du Bens (un affluent du Bréda), à proximité de La Rochette à 800 m d'altitude, il a été dirigé par les moines chartreux jusqu'en 1792. À cette époque, l'établissement monastique, célèbre en France et dans le royaume de Sardaigne, est connu pour tirer ses ressources de ses forges et ses fourneaux à fer.

Géographie

L'édifice religieux se trouve sur la rive droite du vallon du Bens, à une altitude de 827 m. Cette vallée se situe sur le territoire d'Arvillard, et le cours d'eau forme la limite entre la Savoie et le Dauphiné[4]. Avec l'implantation de la chartreuse, la vallée prend le nom de Saint-Hugon.

Histoire

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Fondation

Une vision serait à l'origine de la Chartreuse : les habitants d'Arvillard auraient vu se promener dans une clairière, au milieu des bois qui bordent le Bens, un évêque en habits de lumière, entouré de douze chartreux volant autour de lui. Personne ne doute qu'il s'agissait de l'évêque Hugues de Chateauneuf. L'histoire est rapportée au seigneur d'Arvillard, un ancien croisé, qui décide de faire une donation pour que le site soit attribué à une communauté monastique. Un acte de 1170, dans lequel on mentionne la comtesse de Genève, Agnès de Savoie femme de Guillaume Ier, prévoit ainsi la fondation et les donations[5] :

« La comtesse de Genevois est au nombre des fondateurs de la chartreuse de Saint-Hugon. Ceux qui concourent avec elle à l'acte de fondation sont : Hugues de Hauteville, Soffred, Lantelme Aynard, Hugues de la Rochette, Gauffredus de Bellecombe, Avillenchus de Morestel et Guy de Châteauneuf, ainsi que leurs femmes et leurs enfants. Ils donnent à perpétuité à Dieu et aux frères chartreux, dont Nantelme est prieur, toute la vallée comprise entre les ruisseaux le Gétron et le Beins (Veito), et entre le mont Lovet et les Alpes de Maurienne[5]. »

Le prieur Nantelme semble très probablement être Nantelme, futur évêque de Genève[6].

Ce don permet ainsi à un groupe de chartreux de s'installer en 1173[7] sur la vallée du Bens qui prend le nom de Saint Hugon.

Durant plus de six siècles, les religieux se livreront au travail du fer dont le minerai est particulièrement abondant à proximité de leur établissement (Le Molliet) et grâce également à la production de charbon de bois tiré de leurs forêts, à cheval sur les territoires dauphinois et savoyard. À partir du XVIIe siècle, l'arrivée des sidérurgistes bergamasques et celle de nouvelles puissantes familles de maîtres de forges vont considérablement réduire leur activité métallurgique qui néanmoins se poursuivra jusqu'en 1791, avec la mise à feu de deux hauts fourneaux, de part et d'autre du Bens.

Disparition

Les ruines de la chartreuse de Saint-Hugon au XIXe siècle, illustrées par Victor Cassien (1808 - 1893).

La Révolution française met un terme à la vie florissante de Saint-Hugon : en 1792, les moines sont chassés, la chartreuse est pillée et abandonnée, et ses biens, qui s'étendaient jusque sur le territoire de Tencin, en Grésivaudan (domaine de Valbonnais), sont vendus comme biens nationaux. Ensuite, en 1829, après avoir été repris par Jacques Louaraz, originaire d'Allevard et ancien valet des chartreux, Saint-Hugon est racheté par un industriel grenoblois apparenté au général comte de Boigne, Prosper Leborgne, à l'origine de la dynastie des taillandiers et maîtres de forges connus dans l'Europe entière. Les fontes à fer de Saint-Hugon-Savoie alimenteront alors la plupart des taillanderies de la région jusqu'en 1873 et la mise hors feu définitive du dernier haut fourneau.

En 1924, le site est racheté par la société des cartonneries de La Rochette qui le cède ensuite en 1980 à l'association « Bouddhisme science et tradition » qui le fait devenir l'institut Karma Ling[8].

Liste de prieurs

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Années de priorat Nom
11173-?Dom Nanthelme
21202Dom Pierre
31216-1220Dom Martin
41221Dom Pierre II
51221Dom Raymond
61224Dom Hugues
71229Dom Arnold
81233Dom Gauthier
91234Dom Nanthelme II
101242-1245Dom Aymé
111245-1247Dom Guillaume
121247Dom Jancerand[Note 1]
131252Dom Nanthelme III des Échelles
141264-1266Dom Joan
151269Dom Pierre des Adrets
161272Dom Boson
171277-1282Dom Guifred
181283-1293Dom Ysmidon[Note 2]
191293Dom Thomas
201295Dom Ysmidon II[Note 3]
  • ...
  • 1466-1470 :Jean Népotis (†1501)[9].
  • ...
  • 1566-1570 : Jean Thurin (†1595)[10].
  • ...
  • ?-1589 : Jean Boëtte, profès de Bourg-Fontaine, démis de sa charge au chapitre de 1589[11].
  • ~1590 :N. Molin (†1638)[12].

Monastère bouddhiste

La chartreuse aujourd'hui et le grand stūpa.

Tour à tour devenus ferme, établissement thermal, distillerie, relais de chasse, lieu festif, les bâtiments ont finalement été rachetés par une association bouddhiste de Grenoble qui a choisi de les restaurer et d'en faire cadeau à Kjabdjé Kalou Rimpoché (Kalou Rinpoché) au début des années 1980. C'est ainsi qu'est né l'Institut Karma Ling, qui a accueilli à deux reprises le 14e dalaï-lama, en 1993 et en 1997.

Dans la nuit du , vers 2h du matin, un important incendie se déclare dans la chartreuse[13]. Malgré l'importante mobilisation des secours et des pompiers de La Rochette, le feu, aussi impressionnant que rapide, détruit l'ensemble du bâtiment, dont une grande partie était en bois (charpente, planchers). Grâce à une campagne de soutien, l’institut a pu rouvrir ses portes et reprendre ses activités en mai 2018[14].

Notes et références

Notes

  1. Mort en 1295, il fut aussi prieur de la chartreuse de Pomier[réf. nécessaire], de la chartreuse du Val-Sainte-Marie et de la chartreuse du Liget.
  2. Profès de la chartreuse de Saint-Hugon, il est prieur de la chartreuse d'Arvière en 1276, de la Chartreuse de Žička en 1280, puis de la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez. Il revient à la chartreuse de Saint-Hugon dont il est le prieur pendant dix ans puis retourne à la solitude et meurt en 1295.
  3. Il se démet de la charge de prieur de la chartreuse de Saint-Hugon en 1296, puis devient prieur de la chartreuse d'Arvière de 1303 à 1306. Il meurt à la chartreuse de Saint-Hugon le .

Références

  1. Albert-Marie Courtray, Armorial historique des maisons de l'ordre des Chartreux, Archives héraldiques suisses, Vol. 22, n° 3-4, 1908, p. 79.
  2. Eugène Burnier, La Chartreuse de Saint-Hugon en Savoie, Chambéry, Imprimerie de F. Puthod, p. 58.
  3. Henry Suter, « Saint-Hugon », sur le site d'Henry Suter, « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs » - henrysuter.ch, 2000-2009 (mis à jour le 18 décembre 2009) (consulté en ).
  4. François Monmarché, Savoie, Montmélian, Librairie Hachette, coll. « Guide bleu », , 581 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 436.
  5. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 374, Archive de 1170 sur le site de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice.
  6. Burnier 1869, p. 15.
  7. Aniel 1983, p. 15.
  8. Association de l'Histoire en Cœur de Savoie 2020, p. 111
  9. Mémoires & documents publiés par l'Académie salésienne, 1898 sur Gallica
  10. Beyssac, Jean, « Fondation de la chartreuse de Lyon; Les prieurs de la chartreuse de Lyon », Bulletin de la Diana, t. 22, , p. 308-332 (lire en ligne, consulté le )
  11. Lefebvre, F.A., Saint Bruno et l’Ordre des chartreux, t. 2, Paris, Librairie catholique internationale, , 682 p. (lire en ligne), p. 92 et 96.
  12. Bulletin de l'Académie delphinale, 1889 sur Gallica
  13. Brigitte Mauraz, « La Chartreuse de Saint-Hugon a brûlé », Le Dauphiné libéré, (lire en ligne).
  14. « Après avoir été incendié, le centre boudhiste [sic] Karma Ling renaît en Savoie », France Bleu Pays de Savoie, 7 mai 2018.

Voir aussi

Bibliographie

  • Association de l'Histoire en Cœur de Savoie, 1000 ans d'histoire en Cœur de Savoie, Neva Éditions, , 1027 p. (ISBN 2-3505-5281-0 et 978-2-35055-281-1, OCLC 1202710836), p. 109-112
  • Jean-Pierre Aniel, Les maisons de chartreux : des origines à la chartreuse de Pavie, vol. 16, Librairie Droz, coll. « Bibliothèque de la Société française d'archéologie, Société française d'archéologie », , 167 p. (ISBN 978-2-600-04617-6, lire en ligne).
  • Michèle Brocard, Maurice Messiez-Poche, Pierre Dompnier, Histoire des communes savoyardes : La Maurienne - Chamoux - La Rochette (vol. 3), Roanne, Éditions Horvath, , 558 p. (ISBN 978-2-7171-0289-5), p. 494-498. ([PDF] lire en ligne)
  • Eugène Burnier, La Chartreuse de Saint-Hugon en Savoie, Chambéry, impr. de F. Puthod, , 567 p. (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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