Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans

La Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO) est l'une des cinq grandes compagnies privées de chemin de fer dont les réseaux ont fusionné le avec ceux des administrations des chemins de fer de l'État et d'Alsace et Lorraine pour constituer la SNCF. En 1934, cette compagnie a formé avec la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne une communauté d'intérêt financier, commercial et technique pour l'exploitation commune de leurs réseaux respectifs. Elle desservait l'ensemble du sud-ouest de la France avec pour tête de réseau à Paris la gare d'Austerlitz (et, dans la première partie du XXe siècle, la gare d'Orsay). Elle exploitait avant la création de la SNCF un réseau de plus de 11 700 km.

Pour les articles homonymes, voir Paris-Orléans.

Compagnie du chemin de fer
de Paris à Orléans (PO)

Affiche publicitaire des Chemins de fer d'Orléans et du Midi (1896).

Création (Paris)
Disparition
Prédécesseur Compagnie du chemin de fer du Centre
Compagnie du chemin de fer d'Orléans à Bordeaux
Compagnie du chemin de fer de Tours à Nantes ()
Compagnie du chemin de fer Grand-Central de France ()
Syndicat du Bourbonnais (d) ()
Successeur Paris Orléans

Forme juridique Société anonyme
Sigle PO
Siège social Paris
 France

Histoire

La loi du concède la ligne de Paris à Orléans et embranchements à Casimir Leconte et compagnie. Les statuts de la compagnie sont élaborés le , approuvés ensuite par l'ordonnance royale du 13 août : la compagnie est créée le [1] avec un capital de 40 millions de francs, avec pour siège social d'origine le 11 rue de la Chaussée-d'Antin[2] à Paris, les bureaux de l'administration étant rapidement transférés au 7 boulevard de l'Hôpital, enfin dans ses locaux définitifs de la place Valhubert alors que le conseil d'administration reste dans le 9e arrondissement de Paris, dans l'hôtel de Vatry acquis en 1861[3] au 8 rue de Londres[4].

Le premier président du conseil d'administration en est François Bartholony[5].

En 1841, l'organigramme de la compagnie cite : Casimir Leconte, directeur général ; Banès, directeur, Jullien, ingénieur en chef ; Clarke, ingénieur chargé du matériel ; Delerue et Thoyot, ingénieurs ordinaires.

La première mise en exploitation de la ligne date du , mais elle ne dessert alors que Corbeil via Juvisy. La ville d'Orléans n'est atteinte que le .

En , met en chantier sa gare frigorifique de Paris-Ivry qui est achevée en avril 1921[6].

Carte du chemin de fer de Paris à Orléans en 1843.
Carte extraite du « Chemin de fer de Paris à Orléans » (par E. Tavard, édité en 1843 chez Gervais, libraire-éditeur).

Elle fait partie des cinq sociétés mises sous séquestre par l'État lors du krach de 1847[7], avec la Compagnie du chemin de fer de Bordeaux à La Teste le 30 octobre 1848, la Compagnie du chemin de fer de Marseille à Avignon le 21 novembre 1848, et la Ligne de Sceaux le 29 décembre 1848. La Compagnie du chemin de fer de Paris à Lyon, quant à elle, est nationalisée en 1848[8].

En 1852, elle absorbe la Compagnie du chemin de fer de Tours à Nantes[9]. Par rachat et concessions, la compagnie met en service Paris-Bordeaux en 1853 puis Paris-Clermont-Ferrand via Bourges en 1855. Le rachat de la compagnie du Grand Central lui apporte nombre de lignes du sud-ouest et du Massif central de même que la ligne Paris-Sceaux-Orsay.

Le est signé le décret approuvant la fusion des Compagnies de chemin de fer du Centre, d'Orléans à Bordeaux et de Tours à Nantes dans la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans.

Au point de vue technique, la compagnie du PO s'est signalée par ses nombreuses évolutions et améliorations de machines, principalement dans un objectif d'économies. Parmi les ingénieurs célèbres de la compagnie on trouve Camille Polonceau, François Tamisier, Victor Forquenot, Ernest Polonceau (neveu du premier) et André Chapelon. Le PO est également un des réseaux pionniers de l'électrification avec le Midi. La section entre la gare de Paris-Austerlitz et celle d'Orsay fut inaugurée le . Cette électrification était réalisée au moyen d'un troisième rail latéral alimenté en 600 volts continu. Les travaux furent réalisés par l'entrepreneur Léon Chagnaud.

Le premier grand projet français d'électrification en 1 500 volts continu concerna la ligne Paris-Vierzon, qui fut réalisé à partir d'un projet de l'ingénieur Hippolyte Parodi.

À partir des années 1920 la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne et la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans envisagent de fusionner. Toutefois les pouvoirs publics y sont réticents[10]. L'État fini par consentir à la création d'une communauté d'intérêt financier, commercial et technique et la mise en œuvre d'une fusion étendue des exploitations. Les deux compagnies signent un traité en ce sens le 16 juin 1933. Ce traité est approuvé par l'article 8 de l'avenant signé le 6 juillet 1933 à la convention de 1921 entre l'État et les grands réseaux. Cet avenant est lui-même approuvé par une loi le 8 juillet suivant[11]. Les deux compagnies continuent d'exister, mais elles mettent en commun leurs moyens pour l'exploitation de leurs réseaux.

Après la création de la Société nationale des chemins de fer français, qui a repris l'ensemble de son réseau ferroviaire, la compagnie s'est recentrée sur les activités financières et a été rebaptisée Paris Orléans.

Lignes créées

Matériel roulant

Locomotive Anjubault no 8 PO.

Sur la ligne de Sceaux

  • Locomotive Anjubault, mise en service en 1855 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orsay, pour voie large de 1,675 m de la ligne de Sceaux, modifiée en 1867 et devenue la no 8 PO[17]

Locomotives à vapeur

  • au début, de 1850 à 1900 :
    • d'abord des machines importées, type 111, système William Buddicom, qui atteignaient les 50 km/h ;
    • puis des locomotives type 030, de construction Polonceau (qui, en version train de voyageurs à roues motrices de m de diamètre, atteignaient 100 km/h) et des locomotives type 120, de conception Forquenot ;

Locomotives et trains automoteurs électriques 

  • Lors de la création de la ligne Paris-Austerlitz - Paris-Quai-d'Orsay en 1900 : fourgons automoteurs électriques à bogies E9 à E13, utilisés jusqu'à Juvisy lors de l'électrification de 1904, retirés du service en 1924 ;
  • de 1904 à 1926 : automoteurs voyageurs électriques Ae 1 à 7, utilisés entre Paris et Juvisy et entre Paris, Choisy-Le-Roi et Orly ;
  • puis, lors de la fusion entre la compagnie du PO et celle du midi en 1934 BB Midi, BB 1-80, E 4000-4500, E 4100-4600 et E 4200-4700.

Coopération avec l'Armée

L'historique et l'utilisation du chemin de fer militaire en France font l'objet d'un article détaillé : Chemin de fer militaire (France).

En France, l'organisation des transports ferroviaires en temps de guerre était sous la responsabilité conjointe du ministère des transports et du Ministère de la guerre qui mettait également ses moyens, dont le 5e régiment du génie, à la disposition du ministère des transports. Ces dispositions mises en place sous le Second Empire[18] tendaient à unifier les conditions de transport. En mai 1887, l’exploitation de la ligne de Chartres à Orléans est confiée à un détachement permanent de sapeurs des chemins de fer pour parfaire l’instruction des cadres et sapeurs en matière d’exploitation de ligne et de traction.

Après sa création en 1889, le 5e régiment du génie hérite du P.O l’exploitation de la ligne de Chartres à Orléans. La Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans conserve la gestion des gares de Chartres, Orléans et Voves. Seules la gare de Patay et cinq autres stations sont mises à la disposition des militaires qui doivent permettre aux cadres subalternes de pratiquer un service complet. Tout y était militaire, du guichetier au chef de gare, du chauffeur de locomotive aux agents d'exploitation. Deux raisons à cela ; la nécessité pour du personnel du 5e de pouvoir rouler en métropole et l'intérêt des Sociétés privées chargées de la mise en œuvre d'un réseau ferré de pouvoir disposer de personnel qualifié dans les colonies françaises. Deux postes de bifurcation offrent la possibilité de former des aiguilleurs. Un trafic de dix trains permet la formation d’un nombre suffisant d’agents : les militaires prennent en charge le mouvement des trains, le service à grande vitesse et éventuellement la conduite sous réserve d’avoir suivi un stage au dépôt de Chartres.

Pour organiser ses transports et les constructions et exploitations de lignes militaires, le ministère de la Guerre avait une direction dénommée Direction des Chemins de fer de Campagne (D.C.F.C.). Le personnel des sections techniques d'ouvriers de Chemins de fer de Campagne était recruté parmi le personnel des réseaux, parmi les ingénieurs, employés et ouvriers au service des grandes compagnies et du réseau de l'État. Ces agents, soit volontaires, soit assujettis au service militaire par la loi de recrutement, étaient répartis en dix sections :

Personnalité de la compagnie PO

Dirigeants

Architecte

Ingénieur

Cheminot

  • Léon Bronchart (1896-1986), cheminot et résistant, a fait toute sa carrière au PO.

Notes et références

  1. A. Cerclet, Code des chemins de fer : Recueil complet des lois, ordonnances, cahiers de charges, statuts, actes de société, réglements et arrêtés concernant l'établissement, l'administration, la police et l'exploitation des chemins de fer, Paris, Librairie de Mathias, (lire en ligne), p. 431-440
  2. Adolphe Louis Joseph Demeur, Les chemins de fer français en 1860: statuts et notices, Paris, Chaix, (lire en ligne), p. 25.
  3. Olivier Bachet, Le patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français, Volume 1, Paris, Flohic, (lire en ligne), p. 147.
  4. Mémoires et compte-rendu des travaux, Société des ingénieurs civils de France, 1869, p. 38 consulté le 29 août 2010.
  5. A. Cerclet, Atlas historique et statistique des chemins de fer français, Paris, Hachette, (lire en ligne), p. 46.
  6. Jean-Luc Flohic (dir.), « Entrepôts frigorifiques 1919-1921 », dans Le Patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français, t. 1, Paris, Flohic Éditions, (ISBN 2-84234-069-8), p. 396.
  7. A. de Laveleye, Histoire financière des chemins de fer français, page 27.
  8. Adolphe Laurent Joanne, Atlas historique et statistique des chemins de fer français, éditions Louis Hachette, (1859), page 6.
  9. J. B. Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'État, année 1852, p. 338 [lire en ligne]
  10. Pierre Rivals, La fusion des exploitations des Compagnies des chemins de fer de l'Orléans et du Midi, Paris, Librairie du recueil Sirey, , 151 p. (lire en ligne).
  11. « Loi tendant à adapter aux nécessités actuelles, dans l'ordre technique et économique, le régime des grands réseaux de chemin de fer d'intérêt général : 8 juillet 1933 », Journal officiel de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, no 171, , p. 7670 - 7672 (lire en ligne).
  12. Jean-Pierre Rigouard, « de Questembert à Ploërmel », Gares et tortillards de Bretagne, cheminements, 2007 (ISBN 9782844786098), p. 43 lire (consulté le 26/09/2009).
  13. France, Direction des chemins de fer, Chemins de fer français : Situation au 31 décembre 1862-1886. (Longueurs et territoire desservi), volume 1862, Imprimerie nationale, 1869, p. 186 lire en ligne (consulté le 10 août 2010).
  14. Jean-Pierre Nennig, « 12 Auray - Quiberon », dans Le chemin de fer de Bretagne Sud, JPN, Guérande, 2008 (ISBN 2-9519898-5-7) p.169.
  15. Site Fédération des amis des chemins de fer secondaires, Les chemins de fer secondaires de France : 41 - département de Loir-et-Cher lire en ligne (consulté le 28 octobre 2010).
  16. J. B. Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'État, année 1853, p. 412 [lire en ligne]
  17. La Vie du Rail, carte n° 94 : Locomotive no 8, éditée en 1952
  18. Décrets impériaux de 1856 et suivantes
  19. Annales des Mines : Gustave Ernest Polonceau

Annexes

Bibliographie

  • Le chemin de fer de Paris à Orléans (itinéraire descriptif, historique et pittoresque) E. Tavard, 1843 chez Gervais, libraire-éditeur
  • Eugène-Oscar Lami, Dictionnaire encyclopédique et biographique de l'industrie et des arts industriels. Avec la collaboration des savants, spécialistes et praticiens les plus éminents de notre époque, Librairie des dictionnaires, Paris, 1879, tome 7, P - R, p. 91-96 (lire en ligne)
  • Une épopée du chemin de fer, le Paris-Orléans, Almanach 1838-1938, Denis Hannotin (collectif), Éditions SPM, 2019, Distribué par L'Harmattan.
  • Jean-Jacques Champin, Paris-Orleans par Champin, A. Collin et Cie, 1845 (présentation en ligne).
  • Ministère des travaux publics, Recueil des lois et conventions relatives aux chemins de fer du Nord, de l'Est, d'Orléans, de Paris-Lyon-Méditerranée et du Midi : 1883 à 1910, Paris, Imprimerie Nationale, , 821 p. (lire en ligne)
  • Jean-Pierre Vergez-Larrouy, Les Chemins de fer Paris-Orléans, La Vie du Rail, La Régordane, Paris, 1997 - (ISBN 2-902808-71-2)
  • Didier Janssoone, Paris Gare d'Orsay - Lignes de la banlieue sud-ouest, Collection Mémoire en Images, Alan Sutton, Saint-Cyr-sur-Loire, 2009 - (ISBN 978-2-8138-0023-7)

Articles connexes

Liens externes

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