Chief Miko

Michel Toofa Pouira Krener dit Chief Miko est un orateur, sculpteur, navigateur traditionnel, musicien, chanteur, chef coutumier et activiste né le 3 avril 1959 à Papeete[1]. Il a joué un rôle majeur dans le renouveau culturel polynésien, particulièrement dans la renaissance des tatouages polynésiens. Bien connu pour ses shows polynésiens à Hawaï, le physique particulier de Chief Miko (ses tatouages, sa chevelure et son physique massif) aurait inspiré aux studios Disney le personnage de Maui pour le film d'animation Vaiana, la Légende du bout du monde.

Chief Miko exposition CCCTP 2014
Un tiki sculpté par Chief Miko
Chief Miko sculpte à la tronçonneuse lors de l'exposition CCCTP à la maison de la culture de Papeete
Chief Miko remet son baton de chef au président Jonathan Bougard, lors du protocole de l'exposition CCCTP
Affiche de l'exposition CCCTP en 2014 à Papeete

Biographie

Michel Toofa Pouira Krener est né le 3 avril 1959 à Papeete, d’un père charpentier qui construisait des fare polynésiens pour les riches américains de Hawaï et d'une mère infirmière. Michel est adopté par son grand-père le jour de sa naissance. Son grand-père Rai a Noumea Pouira construisait des pirogues et des maisons[2]. Son autre grand-père, Marcel Krainer, était consul d'Autriche en Polynésie dans les années 1950.

Michel grandit à Arue jusqu’à l’âge de quatorze ans, sur la terre Orohena, la terre du clan des Teihoarii de Bora Bora, les ancêtres de la maman de son grand-père paternel. Bon élève à l’école, le jeune Michel est le seul de sa classe à réussir les examens de fin d’année et à obtenir le certificat d’études.

A douze ans en 1972 Michel intègre Fetia, le groupe de danse de Arue qui deviendra Ahutoru Nui en 1989. Il rentre comme danseur dans la troupe. Son tonton et voisin le sculpteur Vaiere Mara a initié le jeune homme à la sculpture sur bois. Ensuite le raatira (chef de troupe) de Arue Teipo Temaiana lui demande de sculpter des tambours et des to'ere pour la troupe.  Il y avait aussi une tatie qui habitait avec un sculpteur marquisien que Michel aidait, Joseph Kimitete. Le jeune homme grandit aussi dans l'entourage de Te Arapo, le maître de Sem Manutahi et de Henri Hiro, qui habitait dans le quartier à Tefaaroa avec les tontons Teauna. C’était le plus grand orateur avec papa Rai, le premier qui a restauré la marche sur le feu avant Raymond Graffe. Tous ces gens-là transmettent une vraie passion pour la culture traditionnelle au jeune Michel.

A cette époque, Michel entend que son père construit des bateaux à Honolulu, et il est tenté d’aller le retrouver. Après une année intermédiaire pour apprendre la langue, il rentre à la High School de Oahu. Au terme de deux années, Michel obtient son High School diplôme, l’équivalent du baccalauréat. Il est adopté par la famille Kamalamalama, une famille de musiciens de Waikiki. Le père Billy Richmond est en train de faire le moule de la pirogue Hokule'a. Il est un des membres fondateurs de la polynesian society de Hawaï. Tous ces gens sont en quête de leur identité. Ils cherchent d’où ils viennent. Michel n’avait pas 21 ans, l’âge pour embarquer sur la pirogue en 1976, il n’avait que seize ans…

Dans les années 1980 Michel navigue beaucoup sur la grande pirogue Hokule'a. Le micronésien Mau Pialug l'initie à la navigation traditionnelle.

En 1999 Michel Toofa Krainer prend le nom de Chief Miko[3]. Il se fait tatouer de nombreux motifs symbolisant sa passion pour la navigation ancestrale, chacun de ses cinq enfants, et aussi des symboles plus ésotériques, comme un oiseau. L’oiseau, symbole du voyage, est le lien entre Chief Miko, le sculpteur Pitore et le tatoueur Porutu, arrivé à Oahu à bord de la grande pirogue double Te Aurere, accueillit par Michel qui lui demande de le tatouer…  

En 2000 Chief Miko revient à Tahiti pour de bon. Chief Miko devient le raatira des orero de la troupe Heikura Nui. Avec Heikura Nui, ils remportent deux grands prix au Heiva i Tahiti. Il s’installe sur la terre de ses ancêtres paternels, la terre Teriri à Arue Erima, du nom d’une reine de Bora Bora. Dans une maison en bambous avec un grand faapu (potager), où il sculpte le bois et cultive légumes et plantes médicinales. Le 24 juin 2013 le tribunal de Papeete ordonne l’expulsion de Chief Miko et de sa famille. Il s’installe dans un fare contemporain en dur, et se lance  un défi : réaliser une centaine de grands tiki tahitiens pour le marché chinois.

En 2014 Miko intègre le collectif CCCTP, Centre de Création Contemporaine Teroronui de Papeete[4], un collectif transdisciplinaire présidé par Jonathan Bougard, dont l’objectif était d’œuvrer à la pérennisation des cultures locales tout en soutenant la relation avec les moyens de communication modernes. Ses pratiques culturelles et artistiques aussi riches que variées mettaient en œuvre ce croisement des époques et des cultures qui signale la vitalité d’une expression artistique. Au sein de ce collectif Miko retrouve des artistes tels que Max Tohitika, Julien Magre, Massimo Colombini, Moana Heitaa et Teva Victor. Ils exposent à la maison de la Culture de Tahiti, Te Fare Tauhiti Nui, puis à l'Université de la Polynésie française. D'après un texte de Jean-Louis Poitevin, «Le CCTP entendait « conférer au désir d’image une place centrale dans la vie culturelle et sociale de Tahiti. (…) De la tradition à la diffusion de cette tradition, du tatouage au peigne aux nouvelles technologies, cette exposition questionne et apporte ses réponses, définit ce qu’est être un artiste aujourd’hui à Tahiti et fait la part belle autant aux artistes polynésiens qu’aux regards décalés.» Au-delà de l’exposition de peintures, de sculptures, d’encres de Chine, des happenings et des créations en direct sont organisés : Chief Miko sculpte en direct à la tronçonneuse, puis des séances de tatouage traditionnel au peigne, un séminaire autour de ces aspects suivent. Le service de la culture et du Patrimoine polynésien répond à l'invitation du CCCTP[5].

Mais Chief Miko est trop à l'étroit dans ce cadre institutionnel. Il est revenu de Hawaï intronisé Marshall du Polynesian Kingdom of Atooi par le roi Aleka[6]. Le Atooi, c’est un royaume polynésien qui essaie de réintroduire officiellement le kala. La monnaie polynésienne traditionnelle. Véritable activiste, Chief Miko entre en conflit ouvert avec les autorités locales et françaises[7]. Il fait les gros titres de l'actualité polynésienne pour ses actions d'éclats, et s'attire l'animosité d'une partie de la population polynésienne[8], qui ne souhaite pas revenir aux temps des ancêtres.

Vidéographie

Chief Miko est très présent dans le documentaire Tatau, la culture d'un art, réalisé en 2014 par Jean-Philippe Joaquim. Prix du SCAN en 2015 au Festival International du Film Documentaire Océanien (FIFO)[9].

En 2017 Chief Miko est le sujet d'un film documentaire coréalisé par Jonathan Bougard et Jean-Philippe Joaquim, Miko, le chef voyant[10]. Produit par Emotion films et diffusé sur TNTV, ce film a été sélectionné au FIFIG - Festival International du Film Insulaire de Groix • Île de Groix (France) en 2017. On peut y voir Chief Miko pratiquer son art oratoire hérité de Te Arapo puis échanger avec l'artiste allemand Andreas Dettloff. On l'y voit également chanter accompagné au ukulele par son ami d'enfance Michel Mara[11], fils ainé du sculpteur Vaiere Mara.

Notes et références

  1. Jonathan Bougard, « Miko, le voyant »
  2. Rédaction la Dépêche de Tahiti, JH, « CULTURE. Un sculpteur se lance dans l'exportation de ses créations vers l'Asie Chief Miko exporte ses tiki en Chine », la Dépêche de Tahiti, (lire en ligne)
  3. Patricia Dybman, « Chief Miko », Les Nouvelles de Tahiti, (lire en ligne)
  4. Rédaction Tahiti Infos, « Aujourd'hui à la Maison de la Culture : table ronde sur le thème de la sculpture », Tahiti Infos, (lire en ligne)
  5. Rédaction Tahiti Infos, « Happening: "Action directe CCCTP" à la salle Muriavai », Tahiti Infos, (lire en ligne)
  6. MARAU BIRET, « GABRIEL GUINARD PRÊTE SA VOIX AU ROYAUME ATOOI », Radio1, (lire en ligne)
  7. PASCAL BASTIANAGGI, « LE PKOA EXPULSÉ DU MARAE ARAHURAHU », Radio 1, (lire en ligne)
  8. Gilles Tautu, « Il s'auto-proclame roi de Tahiti et estime que son permis est valable », sur polynesie1ere,
  9. Jean-Philippe Joaquim, « Tatau, la culture d'un art »
  10. Film documentaire, « Miko, le chef voyant »
  11. Jonathan Bougard, « Miko, le chef voyant »
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