Ciclopirox

Le ciclopirox est une molécule antifongique synthétique dérivée du pyridone et faisant partie de la famille des hydroxypyridones[2] (sans rapport avec les antifongiques dérivés de l'imidazole et de l'azote[2]).

Ciclopirox
Identification
DCI ciclopirox olamine
Nom UICPA 6-cyclohexyl-1-hydroxy-4-méthylpyridin-2(1H)-one
Synonymes

ciclopirox olamine

No CAS 29342-05-0
No ECHA 100.045.056
Code ATC D01AE14, G01AX12
DrugBank APRD00871
PubChem 2749
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C12H17NO2  [Isomères]
Masse molaire[1] 207,268 9 ± 0,011 6 g/mol
C 69,54 %, H 8,27 %, N 6,76 %, O 15,44 %,
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité < 5 % si usage prolongé
Liaison protéique 94 à 97 %
Demi-vie d’élim. 1,7 heure

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Usages

Le ciclopirox présente une activité à large spectre, sans résistances[3], contre les dermatophytes et pathogènes fongiques communs (levures, actinomycètes, moisissures, champignons[4]). Il est testé depuis le début des années 1980[2] et utilisé depuis le milieu des années 1980 dans le traitement des maladies mycosiques de la peau et des muqueuses (dermatite séborrhéique[3], candidose[5], pityriasis versicolor, dermatophyties, excepté la teigne).
Ce produit pénètre l'ongle et semble pouvoir efficacement traiter les onychomycoses. Il a été testé contre la dermatite séborrhéique[2]. Son spectre d'action est plus large que celui de la plupart des autres antifongiques[2].

Il est actif à faibles concentrations (1 à 4 mg/L in vitro), et son activité n'est que peu diminuée en présence d'albumine dans le milieu d'incubation (ce qui n'est pas le cas pour d'autres antifongiques tels que le clotrimazole et le miconazole)[4]. Il ne présente pas plus d'effets secondaires que le clotrimazole[4].

Il se montre en outre également actif contre diverses bactéries Gram-positives et Gram-négatives[4].

Mode d'action

Son principal site d'action (à moins de 20 mg/L) serait la membrane cellulaire où il bloque le transport transmembranaire d'acides aminés dans la cellule fongique. Au-delà de 20 mg/L, il altère l'intégrité de la membrane de cellule fongique, avec "fuite" de matière intracellulaire (phénomène également signalé pour la nystatine, le clotrimazole et le miconazole[4].

Formes

Il a été mis sur le marché sous forme de Ciclopirox et de son sel d'olamine (ciclopirox olamine ou CPX pour les anglophones), en plusieurs formulations topiques appropriées pour une administration sur la peau et les ongles ou dans le vagin pour le traitement de mycoses vaginales.

Les formes pharmaceutiques les plus étudiés sont des crèmes (le ciclopirox olamine crème 1 %) et vernis à ongles pharmaceutique (ciclopirox 8 %), mais il aussi été utilisé en lotion, spray, shampoing, gel douche, etc.[2]

Contre indications

N'appliquez pas ce médicament près des yeux.

Évitez d'utiliser ce médicament, notamment chez l'enfant, de manière prolongée et sur des surfaces étendues ou profondément lésées, sans l'avis de votre pharmacien ou de votre médecin.

Grossesse et allaitement

En l'absence de données suffisantes, ce médicament est déconseillé pendant la grossesse ou l'allaitement.

Mode d'emploi et posologie

Le médicament doit être appliqué après lavage et séchage soigneux de la zone à traiter.

La poudre est destinée aux lésions des orteils.

Posologie usuelle : 1 ou 2 applications par jour.

La forme utilisée et la durée du traitement dépendent des cas : 3 semaines pour les lésions de la peau, plusieurs mois pour les lésions des ongles.

Cinétique, métabolisation

Appliqué sous forme de crème il pénètre les parties superficielles et profondes des muqueuse et de la peau (et est en partie retrouvé dans les poils) proches de la zone traitée. Il pénètre la kératine des ongles. Le ciclopirox absorbé par voie orale est excrété dans l'urine ; avec environ 80 % d'une dose orale excrétée sous forme de glucuronide (métabolite)[4].

Conseils

En cas de candidose, évitez d'utiliser des savons acides : ils favorisent la multiplication des champignons.

En cas de lésion importante des ongles des orteils, un meulage préalable par un pédicure facilite l'action du médicament. Une transpiration excessive contribue au développement des lésions dues à des champignons. Le port de chaussettes en fibre naturelle (coton, laine) est recommandé. La même paire de chaussures ne doit pas être portée deux jours de suite.

Sans amélioration après 4 semaines de traitements, le diagnostic doit être réexaminé[4].

Effets indésirables possibles

Lors des tests avant mise sur le marché, 1 à 4 % des patients ont présenté des phénomènes d'irritation, de rougeur, douleur, sensation de brûlure ou de démangeaison à la suite des applications sur la peau ou les muqueuses vaginales[2]. Une irritation locale peut survenir en début de traitement. Le traitement des ongles sous forme de vernis génère un érythème chez environ 5 % des patients[2].

Une réaction allergique de la peau (apparition de petites bulles par exemple) doit faire interrompre le traitement (le patient doit demander conseil à son pharmacien, ou, mieux à son médecin).

Recherche

Médicament potentiel de traitement du VIH

Selon une étude publiée en 2013, le ciclopirox se montre in vitro capable d'éradiquer définitivement le VIH (virus responsable du SIDA) de cultures cellulaires. Comme le défériprone, il bloque (in vitro) la réplication du virus[6].
Il reste à démontrer un effet similaire dans le corps humain[7].

Ciclopirox et cellules souches

Le traitement in vitro de cellules souches par le ciclopirox (plutôt que par l'acide rétinoïque habituellement utilisé) a abouti à un effet anti-prolifératif, sans altération de la pluripotence des cellules. Mais le Ciclopirox a aussi significativement altéré le protéome de ces cellules souches (altération de l'expression de 56 protéines par rapport aux cellules non traitées, et de 54 protéines par rapport aux cellules traitées par l'acide rétinoïque)[8].

Composition

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) Alessandro Subissi, Daniela Monti, Giuseppe Togni, Federico Mailland, « Ciclopirox: recent nonclinical and clinical data relevant to its use as a topical antimycotic agent », Drugs, vol. 70, no 16, , p. 2133-52. (PMID 20964457, DOI 10.2165/11538110-000000000-00000)
  3. (en) Sidharth Sonthalia, Mahima Agrawal et Vn Sehgal, « Topical ciclopirox olamine 1%: Revisiting a unique antifungal », Indian Dermatology Online Journal, vol. 10, no 4, , p. 481 (ISSN 2229-5178, PMID 31334080, PMCID PMC6615394, DOI 10.4103/idoj.IDOJ_29_19, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) S. G. Jue, G. W. Dawson et R. N. Brogden, « Ciclopirox Olamine 1% Cream », Drugs, vol. 29, no 4, , p. 330–341 (ISSN 1179-1950, DOI 10.2165/00003495-198529040-00002, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Elizabeth Gallup, Todd Plott et Ciclopirox TS Investigators, « A multicenter, open-label study to assess the safety and efficacy of ciclopirox topical suspension 0.77% in the treatment of diaper dermatitis due to Candida albicans », Journal of drugs in dermatology: JDD, vol. 4, no 1, , p. 29–34. (ISSN 1545-9616, PMID 15696982)
  6. (en) Mainul Hoque, Hartmut M. Hanauske-Abel, Paul Palumbo et Deepti Saxena, « Inhibition of HIV-1 gene expression by Ciclopirox and Deferiprone, drugs that prevent hypusination of eukaryotic initiation factor 5A », Retrovirology, vol. 6, , p. 90 (ISSN 1742-4690, PMID 19825182, PMCID 2770518, DOI 10.1186/1742-4690-6-90)
  7. (en) Hartmut M. Hanauske-Abel, Deepti Saxena, Paul E. Palumbo et Axel-Rainer Hanauske, « Drug-Induced Reactivation of Apoptosis Abrogates HIV-1 Infection », PLOS ONE, vol. 8, no 9, , e74414 (ISSN 1932-6203, PMID 24086341, PMCID PMC3781084, DOI 10.1371/journal.pone.0074414, lire en ligne, consulté le )
  8. Gry H. Dihazi, Asima Bibi, Olaf Jahn et Jessica Nolte, « Impact of the antiproliferative agent ciclopirox olamine treatment on stem cells proteome », World Journal of Stem Cells, vol. 5, no 1, , p. 9–25 (ISSN 1948-0210, PMID 23362436, PMCID 3557350, DOI 10.4252/wjsc.v5.i1.9, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant ciclopirox

Bibliographie

  • (en) SE Farinelli & LA Greene (2009), Interaction of Akt-phosphorylated SRPK2 with 14-3-3 Mediates Cell Cycle and Cell Death in Neurons Journal of Biological Chemistry, 4 September 2009, 284(36):24512-24525
  • (en) Subissi A, Monti D, Togni G, Mailland F. (2010), Ciclopirox: recent nonclinical and clinical data relevant to its use as a topical antimycotic agent ; Drugs. 2010-11-12; 70(16):2133-52.
  • (en) Dihazi GH, Bibi A, Jahn O, Nolte J, Mueller GA, Engel W, Dihazi H. (2013) Impact of the antiproliferative agent ciclopirox olamine treatment on stem cells proteome ; World J Stem Cells. 2013 Jan 26; 5(1):9-25.
  • (en) Hoque M, Hanauske-Abel HM, Palumbo P, Saxena D, D'Alliessi Gandolfi D, Park MH, Pe'ery T, Mathews MB. (2009), Inhibition of HIV-1 gene expression by Ciclopirox and Deferiprone, drugs that prevent hypusination of eukaryotic initiation factor 5A. ; Retrovirology. 2009 Oct 13;6:90. doi: 10.1186/1742-4690-6-90 (résumé).
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