Cinémathèque française

La Cinémathèque française est un organisme privé français (association loi de 1901)[1] cofondé par Henri Langlois, situé depuis 2005 au 51, rue de Bercy, un bâtiment construit par Frank Gehry dans le parc de Bercy en 1994 pour l'American Center. Les missions de la Cinémathèque française sont la préservation, la restauration et la diffusion du patrimoine cinématographique[2]. Avec plus de 40 000 films et des milliers de documents et d'objets liés au cinéma, elle constitue une des plus grandes bases de données mondiales sur le septième art.

Cinémathèque française
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Forme juridique
Domaines d'activité
Projection de films cinématographiques, projection de films cinématographiques
Siège
Pays
Coordonnées
48° 50′ 13″ N, 2° 22′ 57″ E
Organisation
Fondateurs
Président
Président
Direction générale
Récompense
Musée de France (jusqu'au XXIe siècle)
Site web
Identifiants
RNA
SIREN
TVA européenne
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Localisation sur la carte de Paris
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La Cinémathèque française est équipée pour la projection des formats argentiques (70 mm, 35 mm et 16 mm) et du numérique.

Son financement est assuré par une subvention du Centre national du cinéma et de l'image animée, des recettes de mécénat et des ressources propres (abonnements, billetterie, librairie, locations commerciales).

Histoire

L'origine de la Cinémathèque remonte à 1935, lorsque Henri Langlois et Georges Franju qui, depuis des années, récupéraient et sauvaient de vieilles copies de films, créèrent un ciné-club intitulé le Cercle du cinéma « pour montrer et faire connaître les œuvres du passé »[3].

L'année suivante, le 2 septembre 1936, avec le soutien moral et financier de Paul-Auguste Harlé, naissait la Cinémathèque française qui avait pour mission, sous la direction d'Henri Langlois, de conserver les films, de les restaurer, de les montrer et de donner aux générations nouvelles un enseignement cinématographique. En plus des films, la Cinémathèque se mit à collecter tout ce qui avait trait au cinéma : caméras, affiches, publications, costumes et même décors de films.

Le 26 octobre 1948 une salle de projection de 60 places ainsi que le premier musée du cinéma d'Henri Langlois sont inaugurés sur trois étages au 7 avenue de Messine, dans le 8e arrondissement de Paris. C'est dans cette salle que se rencontrent notamment François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, Éric Rohmer, Jean Douchet, et Suzanne Schiffman.

Le 1er décembre 1955, la Cinémathèque déménage et s'installe dans une nouvelle salle (260 places) au 29 rue d'Ulm, dans le 5e arrondissement : cette salle Jules-Ferry réunit les cinéphiles parisiens découvrant, bien avant l'ère du cinéma à la demande, le patrimoine cinématographique mondial grâce à Henri Langlois qui projette sa collection au gré de ses humeurs, les films comme la série B américaine qui n'y passaient pas étant projetés dans le Nickel Odéon de Bertrand Tavernier[4]. Le 5 juin 1963, la Cinémathèque s'installe dans la salle du palais de Chaillot grâce aux crédits alloués par André Malraux, ministre de la Culture, et devient liée aux pouvoirs publics.

Sous la pression du ministère des Finances, André Malraux, en février 1968, exige des changements dans la gestion de la Cinémathèque française et renvoie Henri Langlois. Un comité de défense se constitue ; les cinéastes français (dont Abel Gance, François Truffaut, Alain Resnais, Georges Franju, Jean-Luc Godard, Chris Marker, Jacques Rivette, Alexandre Astruc, Claude Chabrol, Pierre Kast, Claude Berri, Jacques Doniol-Valcroze, Jean Eustache, André Cayatte, Éric Rohmer, Jean Rouch, Joris Ivens, Robert Bresson, les acteurs Jean-Pierre Léaud, Claude Jade, Françoise Rosay et Jean Marais) se mobilisent. Des cinéastes étrangers tels que Charlie Chaplin et Stanley Kubrick apportent leur soutien. Des manifestations de protestation sont organisées, et Henri Langlois est réintégré à la tête de la Cinémathèque le 22 avril[5],[6].

Le 14 juin 1972, c'est l'inauguration du premier grand musée de cinéma, place du Trocadéro[7],[8],[9]. Le 2 avril 1974, Henri Langlois reçoit un Oscar d'honneur, puis un César. Il meurt le 13 janvier 1977.

En 1980, on inaugure une salle de projection de la Cinémathèque française au Centre Pompidou. Costa-Gavras est nommé président de la Cinémathèque en 1981. À partir de 1984 et jusqu'en 1996, Jack Lang, ministre de la Culture, lance le projet, repris par ses successeurs, d'installer une grande institution cinématographique au sein du palais de Tokyo, près du Trocadéro. La Cinémathèque est un temps transférée au palais de Tokyo. La Femis y est installée en 1988[10]. Jean Saint-Geours devient président de la cinémathèque en 1991. De grandes rétrospectives sont alors organisées, permettant aux cinéphiles d'apprécier l'œuvre d'un cinéaste dans son intégralité : Ingmar Bergman, Ernst Lubitsch, Fritz Lang, Robert Bresson. S'y ajoutent des programmations thématiques telles que le western.

Ancien logo.
Logo depuis 2016, inspiré du panneau Hollywood.

D'octobre 1993 à septembre 1997, la Cinémathèque française occupe partiellement la salle du cinéma République[11],[12], au 18 rue du Faubourg du Temple, où sont notamment diffusées des œuvres de Série B et Série Z, en double programmation, dans le cadre du cycle permanent intitulé "Cinéma Bis"[13].

Le 24 juillet 1997, un incendie embrase le toit du palais de Chaillot[14],[15]. Les œuvres du musée du Cinéma (en)[16],[17],[18], évacuées en une nuit, sont intactes mais la Cinémathèque française doit quitter Chaillot. La salle de projection est fermée pendant plus d'un an. Le 7 novembre de la même année, on inaugure la salle des Grands Boulevards. Dans cette dernière salle, la Cinémathèque explore des « territoires » cinématographiques nouveaux, avec des films « à la marge », comme les séries B.

Le 30 juin 1998, ayant décidé l'abandon du projet de réaménagement du palais de Tokyo, Catherine Trautmann, ministre de la Culture, annonce sa décision d'installer la « Maison du cinéma » dans l'ancien American Center construit en 1994 par Frank Gehry, au 51, rue de Bercy, dans le 12e arrondissement. En juin 2000, Jean-Charles Tacchella est élu à la présidence de la Cinémathèque. Le 29 octobre 2002, Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture, annonce que la Cinémathèque française et la Bibliothèque du film (BiFi) seront les deux institutions qui cohabiteront, puis fusionneront, dans le bâtiment du 51, rue de Bercy sous l'appellation « Cinémathèque française ». En 2003, Serge Toubiana présente son rapport « Toute la mémoire du monde »[19] et devient directeur général de la Cinémathèque en avril.

De septembre 2003 à juin 2007, le producteur et réalisateur Claude Berri est président de la Cinémathèque, succédant à Jean-Charles Tacchella. Le critique de cinéma Serge Toubiana devient, quant à lui, directeur général de la Cinémathèque en mai 2003, poste qu'il occupe jusqu'en décembre 2015. Le 28 février 2005, les salles du palais de Chaillot et des Grands Boulevards sont fermées et le nouveau site de la Cinémathèque française, au 51 rue de Bercy, ouvre au public le 28 septembre.

Depuis le 1er janvier 2007, la Cinémathèque française a fusionné avec la BiFi. Depuis le mois de juin 2007, Claude Berri étant malade, elle est présidée par Costa-Gavras. En janvier 2016, le critique Frédéric Bonnaud succède à Serge Toubiana au poste de directeur général.

Conseil d'administration

(composition issue du Conseil d'administration du 4 juillet 2019[21])

Anciens présidents

Collections

L'entrée de la Cinémathèque française.

La cinémathèque conserve, au 20 décembre 2015 :

  • 40 000 films anciens et modernes ;
  • 25 000 plaques de lanterne magique ;
  • 2 100 costumes et accessoires ;
  • 2 300 objets et éléments de décors ;
  • environ 6 000 appareils et leurs accessoires (caméras, projecteurs, etc.), incluant depuis 1997 ceux du Centre national du cinéma, étudiés et gérés depuis 2008 par le Conservatoire des techniques de la cinémathèque, dont 4 376 figurent dans son catalogue en ligne[22] ;

Au sein de la Bibliothèque du film et de son iconothèque :

  • 23 500 ouvrages ;
  • 500 revues spécialisées ;
  • 30 000 dossiers d’archives ;
  • 6 000 brevets d'invention ;
  • 12 000 films sur DVD, Blu-Ray ou VHS ;
  • 500 000 photographies ;
  • 65 000 photographies numérisées ;
  • 23 000 affiches, numérisées ;
  • 14 500 dessins, numérisés ;
  • 870 dossiers de matériels publicitaires, numérisés ;
  • 25 000 revues de presse, numérisées ;

600 pièces de ces collections sont présentées au musée du cinéma.

Expositions

  • La cinémathèque est aussi connue pour accueillir des expositions sur des réalisateurs connus, en organisant des projections et conférences et en exposant les éléments importants de la carrière du cinéaste. Des films sont également mis à l'honneur[23].

Fréquentation

Le nombre de visiteurs de la Cinémathèque a sensiblement augmenté après son déménagement en 2005 : 440 000 la première année (saison 2005-2006)[49]

En 2011, la Cinémathèque française a accueilli 518 000 visiteurs, ce qui constitue une hausse de 35 % par rapport à l'année 2010[50].

L'exposition consacrée au cinéaste Tim Burton organisée du 7 mars au 5 août 2012 a accueilli 350 000 visiteurs. C'est une fréquentation record pour une exposition organisée à la Cinémathèque[51].

En 2017, on note un rebond de fréquentation avec 380 000 entrées (+8% par rapport à l'année précédente), un rajeunissement du public (22% de moins de 26 ans) et un meilleur taux de remplissage (44% contre 40% en 2016)[52]

Dans la culture

Au cinéma

En 1968, en pleine affaire de la Cinémathèque, François Truffaut introduit au début de Baisers volés un plan sur les grilles fermées de la salle du palais de Chaillot[5].

Le film de 2003 Innocents: The Dreamers, de Bernardo Bertolucci, s'ouvre sur la fermeture de la Cinémathèque en 1968 et l'affaire Langlois.

Celle-ci est également évoquée dans le court-métrage Cinéma (2019), de Jean-Max Causse.

Dans la littérature

En 1978, dans Je me souviens, Georges Perec écrit : « Je me souviens de la Cinémathèque de l'avenue de Messine », où elle a été installée jusqu'en 1955[53].

En 2016, dans Une Vie en liberté, Michel Mourlet raconte sa rencontre et ses démêlés avec Henri Langlois au début des années 60[54].

Notes et références

  1. L’Association.
  2. Le musée de la cinémathèque.
  3. Exposition Henri Langlois : dix questions sur un monstre cinéphile – article de Jérémie Couston, sur Telerama, 8 avril 2014.
  4. Anaïs Kien, documentaire « Trois fois par jour, rendez-vous au 29 », La Fabrique de l'histoire, 17 janvier 2012.
  5. Frédéric Bonnaud, « L'affaire de la cinémathèque française de février 68 : tirez sur le ministre ! », Les Inrockuptibles, (lire en ligne).
  6. L'Affaire Henri Langlois – court métrage documentaire montrant les protestations contre André Malraux.
  7. Ouverture du Musée du Cinéma créé par Henri Langlois en 1972 (entretien filmé).
  8. Henri Langlois & la Cinémathèque Française (reportage TV).
  9. Ciudadano Langlois – extrait du film documentaire de long métrage par Edgardo Cozarinsky.
  10. Ange-Dominique Bouzet, « Le palais de Tokyo, son et lumières », Libération, .
  11. « Temple (Paris 11ème) », sur sallesdecinemas.blogspot.com (consulté le )
  12. « C'étaient leurs dernières séances », sur salles-cinema.com, (consulté le ).
  13. « Cinéma Bis », sur www.cinematheque.fr (consulté le ).
  14. Reportage TV sur l’incendie.
  15. Conséquences de l’incendie du Palais de Chaillot – actualités sur l’incendie, 23 juillet 1997.
  16. Ouverture du Musée du cinéma – interview filmée avec Henri Langlois.
  17. Le fantôme d'Henri Langlois : le secret perdu – moyen métrage de l’INA : portrait d'Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque de Paris et créateur du Musée du cinéma, 2004.
  18. François Albera, « Musée du cinéma : Esprit es-tu là ? », 1895, no 43, (lire en ligne).
  19. Rapport sur cinematheque.fr.
  20. Biographie.
  21. « L'association - La Cinémathèque française », sur www.cinematheque.fr (consulté le )
  22. Catalogue des appareils, site cinematheque.fr.
  23. La rétrospective des expositions sur le site de la Cinémathèque, consulté le 30 janvier 2015.
  24. Renoir sur ruedescollectionneurs.com.
  25. Pedro Almodóvar sur fresques.ina.fr/europe-des-cultures-fr.
  26. Métropolis de Fritz Lang sur cinematheque.fr.
  27. Sacha Guitry : une vie d'artiste sur cinematheque.fr.
  28. Georges Méliès, magicien du cinéma sur cinematheque.fr.
  29. Dennis Hopper et le nouvel Hollywood sur cinematheque.fr.
  30. Jacques Tati : deux temps, trois mouvements sur inthemoodforcinema.com.
  31. Tournages : Paris, Berlin, Hollywood - 1910-1939 : les photographes de plateau sur cinematheque.fr.
  32. sur cinematheque.fr.
  33. Tim Burton, l'exposition sur cinematheque.fr.
  34. Les Enfants du paradis de Marcel Carné sur cinematheque.fr.
  35. Le monde enchanté de Jacques Demy sur cinematheque.fr.
  36. Pasolini Roma sur cinematheque.fr.
  37. Le Musée imaginaire d'Henri Langlois sur cinematheque.fr.
  38. François Truffaut sur cinematheque.fr.
  39. Michelangelo Antonioni sur cinematheque.fr.
  40. Martin Scorsese sur cinematheque.fr.
  41. Gus Van Sant sur cinematheque.fr.
  42. De Méliès à la 3D sur cinematheque.fr.
  43. « Exposition - Derniers jours Mômes & Cie - La Cinémathèque française », sur cinematheque.fr (consulté le ).
  44. René Goscinny et le cinéma sur cinematheque.fr.
  45. Chris Marker, les 7 vies d'un cinéaste sur cinematheque.fr.
  46. Il était une fois Sergio Leone sur cinematheque.fr.
  47. Quand Fellini rêvait de Picasso sur cinematheque.fr.
  48. Vampires, de Dracula à Buffy sur cinematheque.fr.
  49. Par Violette LazardLe 8 octobre 2006 à 00h00, « La cinémathèque a attiré 440 000 visiteurs en une année », sur leparisien.fr, (consulté le )
  50. AFP, « À Paris, 13 sites culturels millionnaires en visiteurs », Libération, (lire en ligne).
  51. Serge Toubiana, « Fin de l'exposition Tim Burton », Blog de Serge Toubiana, (lire en ligne).
  52. « Rebond de la fréquentation en 2017 pour la Cinémathèque française » Le Blog d'Ecran Noir » (consulté le )
  53. Roland Brasseur, Je me souviens encore mieux de Je me souviens : Notes pour Je me souviens de Georges Perec à l'usage des générations oublieuses et de celles qui n'ont jamais su, Bègles, Castor Astral, , 3e éd., 359 p. (ISBN 2-85920-544-6), p. 41–42.
  54. Une Vie en liberté, Séguier, Paris, 2016 : chp. XV, p. 183 à 187.

Voir aussi

Bibliographie

  • Marianne de Fleury, Dominique Lebrun, Olivier Meston, Musée du Cinéma Henri-Langlois, Éditions Maeght, 1991 (ISBN 9782869411296)
  • Pierre Barbin, La Cinémathèque française, 1936-1986 : inventaire et légendes, Vuibert, 2005 (ISBN 2-7117-4439-6)
  • Jean-Michel Frodon, Dina Iordanova (sous la direction de), Cinémas de Paris, CNRS Éditions, Paris, 2017 (ISBN 978-2-271-11480-8)
  • Eric Le Roy, Cinémathèques et archives du film, Armand Colin, 2013 (ISBN 978-2-200-27673-7)
  • Laurent Mannoni, Histoire de la Cinémathèque française : l'amour fou du cinéma, Gallimard, 2006 (ISBN 2-0707-7444-9)
  • Aurore Renaut, « Les archives de la Cinémathèque française », Sociétés & Représentations, no 51, , p. 151-161 (lire en ligne)

Liens externes

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