Denis Mukwege

Denis Mukwege, né le à Bukavu (alors au Congo belge), est un gynécologue et militant des droits de l'homme kino-congolais, ainsi qu'un pasteur chrétien évangélique pentecôtiste[1].

Denis Mukwege
Denis Mukwege en 2014.
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Denis Mukwege
Surnom
« L'homme qui répare les femmes »
Nationalité
Formation
Activité
Période d'activité
Depuis
Parentèle
Autres informations
A travaillé pour
Religion
Membre de
Distinctions
Prix Nobel de la paix ()
Liste détaillée
Docteur honoris causa de l'université de Liège
Four Freedoms Award
Docteur honoris causa de l'université de Pennsylvanie
Docteur honoris causa de l'université nouvelle de Lisbonne
Docteur honoris causa de l'université catholique de Louvain
Docteur honoris causa de l'Université de Montréal
Prix des droits de l'homme de la République française ()
Prix des droits de l'homme des Nations unies ()
Prix Olof-Palme ()
Chevalier de la Légion d'honneur‎ ()
Médaille Wallenberg ()
Docteur honoris causa de l'université d'Umeå ()
Right Livelihood Award ()
Prix du courage civique ()
Prix Sakharov ()
Docteur honoris causa de l'université Harvard‎ ()
Prix Nobel de la paix ()
Docteur honoris causa de l'université de Pau et des Pays de l'Adour ()

Surnommé « l'homme qui répare les femmes »[2],[3], il a reçu de nombreuses distinctions pour son engagement contre les mutilations génitales pratiquées sur les femmes en République démocratique du Congo, dont le prix Sakharov en 2014 et le prix Nobel de la paix en 2018.

Biographie

Origines et études

Fils d'un pasteur pentecôtiste[4], Denis Mukwege effectue ses études primaires à l'athénée royal de Bukavu, puis poursuit ses études secondaires à l'institut Bwindi de Bukavu, où il obtient un diplôme en biochimie en 1974. Après deux années passées à la faculté polytechnique de l'université de Kinshasa (UNIKIN), il trouve sa voie en s'inscrivant, en 1976, à la faculté de médecine du Burundi.

Son diplôme de médecin obtenu en 1983, il fait ses premiers pas professionnels à l'hôpital de Lemera, situé au sud de Bukavu. En 1984, il obtient une bourse de la Swedish Pentecostal Mission[5] pour suivre une spécialisation en gynécologie à l'université d'Angers, en France. Il fonde avec un Angevin l'association France-Kivu pour aider sa région d'origine[1].

Le , il devient docteur en sciences médicales à l'université libre de Bruxelles après avoir soutenu une thèse intitulée Étiologie, classification et traitement des fistules traumatiques uro-génitales et génito-digestives basses dans l’Est de la RDC[6].

Carrière et engagement
Le docteur Denis Mukwege dans son bureau de l'hôpital de Panzi en 2013.

En 1989, il choisit de retourner au Congo pour s'occuper de l'hôpital de Lemera, dont il devint médecin directeur.

En 1996, lors de la première guerre du Congo, son hôpital est brutalement détruit lors de l'attaque de Lemera. Mukwege échappe à la mort alors que plusieurs malades et infirmiers sont assassinés. Il se réfugie à Nairobi, puis décide de retourner au Congo. Avec l'aide du PMU (Pingstmissionens Utvecklingssamarbete, association caritative suédoise), il y fonde l'hôpital de Panzi à Bukavu. Il se voit alors confronté aux mutilations génitales pratiquées sur les femmes. Profondément marqué par ces violences, il décide de faire connaître au monde la barbarie dont sont victimes les femmes à l'est de la république démocratique du Congo, et d'agir pour leur venir en aide. Dans une région où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre, il se spécialise dans la prise en charge des femmes victimes de ces agressions sexuelles, leur apportant une aide médicale mais aussi psychique, économique et juridique.

Il est reconnu comme l'un des spécialistes mondiaux du traitement des fistules ; il reçoit à ce titre, entre autres, deux distinctions universitaires en 2010 (voir Distinctions).

Le , il est victime d’une agression en plein centre de Bukavu. Le gardien de sa maison est abattu après l’avoir alerté d’un danger, sa voiture est incendiée et Mukwege est ligoté. Mais grâce à l'intervention des riverains, qui se portent à son secours, il en sort sain et sauf[7]. Il se réfugie alors quelques mois en Belgique avant de repartir travailler au Congo-Kinshasa[1].

En 2018, il reçoit le prix Nobel de la paix avec Nadia Murad, pour leurs efforts pour mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre[8].

En 2020, Félix Tshisekedi est préoccupé par la sécurité du prix Nobel de la paix, Denis Mukwege. Au cours du Conseil des ministres, le chef de l'État a instruit le gouvernement d'assurer sa sécurité et d'ouvrir une enquête sur les menaces de mort à l'encontre du docteur qui « répare » les femmes. Selon le président Félix Tshisekedi, « intimidations, correspondances haineuses et menaces de mort sont le lot quotidien du réparateur des femmes violentées »[9].

Il vit sous surveillance à l'intérieur de son hôpital, ayant été victime de plusieurs tentatives de meurtres[10].

Ministère

En plus de son activité médicale, il officie comme pasteur chrétien évangélique de courant pentecôtiste dans une église de Bukavu (RDC)[11].

Distinctions
Denis Mukwege portant l'insigne de chevalier de la Légion d'honneur.
Remise du prix Sakharov 2014 à Denis Mukwege le 26 novembre 2014 au Parlement européen.

Décorations

Prix

Distinctions universitaires

Autres hommages
Denis Mukwege aux côtés de Jill Biden, épouse du vice-président des États-Unis Joe Biden, en 2014.
  • 2009 : élu « Africain de l'année 2008 » par le journal nigérian Daily Trust[36].
  • La promotion 2014-2016 des directeurs d'hôpital de l’École des hautes études en santé publique (Rennes) porte son nom et il en est le parrain[37].
  • 2012 : le Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix édite le livre L'homme qui répare les femmes[38] de Colette Braeckman. Sa réédition par le GRIP quelques années plus tard sera caractérisée par une nouvelle page de couverture et l'ajout de deux chapitres inédits sur son combat.
  • 2016 : 35e personnalité la plus influente du monde en 2016 d'après le magazine Fortune[39].
  • 2017 : le rappeur Médine sort un album intitulé Prose Élite dans lequel il lui consacre une chanson : « L'Homme qui répare les femmes »
  • 2018 : personnage secondaire de l'album de bande dessinée Kivu de Jean Van Hamme et Christophe Simon (éd. Le Lombard, coll. « Signé »)[40].

L'action du docteur Mukwege pour venir en aide aux femmes violées, au moyen des opérations de chirurgie réparatrice qu'il pratique à l'hôpital de Panzi de Bukavu a fait l'objet de deux films documentaires :

Notes et références
Notes
  1. Le nom de Mukwege avait déjà été cité en 2013 pour le Nobel de la paix, sans être finalement retenu.
Références
  1. Gaëlle Rolin, « Denis Mukwege, le garde du corps des Congolaises », Le Figaro, 2 décembre 2013, page 41.
  2. « L'homme qui répare les femmes », lapresse.ca, 1er avril 2013.
  3. « Docteur Mukwege : l’homme qui répare les femmes » [vidéo], sur RTS Deux, .
  4. Emmanuelle Portejoie, « Un Martin Luther King africain. L’action du gynécologue Denis Mukwege est nourrie par une foi très engagée. », Réforme, no 3651, .
  5. « Denis Mukwege, gynécologue, héros congolais & prêcheur pentecôtiste », blog de Sébastien Fath, .
  6. « Le Dr Denis Mukwege à l'ULB : plus de 800 personnes présentes à la défense de thèse de l'homme qui répare les femmes », sur rtl.be (consulté le ).
  7. Colette Braeckman, « Agression contre le Dr Mukwege à Bukavu, sa sentinelle est abattue », lesoir.be, .
  8. « Nadia Murad et Denis Mukwege: deux Nobel contre les violences faites aux femmes - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
  9. « RDC: les menaces de mort à l'encontre du docteur Mukwege inquiètent le gouvernement », sur RFI Afrique (consulté le ).
  10. « Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, au « Monde » : « Il faut une convention internationale pour éliminer l’usage du viol comme arme de guerre » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Marc Perelman et Johan Bodin, « RDC : Denis Mukwege, le docteur qui « répare » les femmes mutilées », France 24, .
  12. (en) « Mukwege CV » [PDF], Parlement européen, (consulté le ).
  13. « B. Kouchner et R. Yade se réjouissent de l’attribution du prix Olof Palme 2008 à Denis Mukwege »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), France Diplomatie, .
  14. (en) « DR Congo doctor is “top African” », BBC News, .
  15. (en) « United Nations Human Rights Prize 2008 », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, 2008.
  16. « Denis Mukwege, lauréat 2013 du Prix pour la prévention des conflits », Fondation Chirac, .
  17. (en) « Inamori Ethics Prize: 2014 Recipient »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Case Western Reserve University, 2014.
  18. Site du Centre culturel Primo Levi.
  19. « Le Dr Mukwege reçoit le Prix Sakharov »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), lesoir.be, .
  20. « Le très méritant Denis Mukwege reçoit le Prix Sakharov », euronews.com, .
  21. « RDC : le docteur Mukwege à Bruxelles pour recevoir un prix », RFI Afrique, .
  22. (en) « Denis Mukwege to be honored with 2016 Penn Nursing Renfield Foundation Award for Global Women's Health », news-medical.net, .
  23. Par S. Bo Le 5 octobre 2018 à 13h41, « Melun salue Denis Mukwege, citoyen d’honneur de la ville et prix Nobel de la Paix. », sur leparisien.fr, (consulté le )
  24. « Le prix Nobel de la paix 2018 attribué à Denis Mukwege et Nadia Murad », sur rtl.fr (consulté le ).
  25. « Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, Citoyen d'honneur de Bayonne », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  26. (en) « 2010, Denis Mukwege », 2010 to Present / Medal Recipients , Université du Michigan, (consulté le ).
  27. « Denis Mukwege sera fait docteur honoris causa de l'UCL », rtl.be, .
  28. « Honorary Degrees », sur Harvard University (consulté le ).
  29. C. Paquereau, « Trois nouveaux docteurs honoris causa »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur univ-angers.fr, (consulté le ).
  30. « Denis Mukwege — Docteur honoris causa », (consulté le ).
  31. (en) « Penn Commencement Speaker and Honorary Degree Recipients ».
  32. (pt) « Dr. Denis Mukwege, médico e nobel da paz, recebeu doutoramento honoris causa pela nova ».
  33. « L’UdeM remettra ses doctorats honorifiques aux cérémonies de collation des grades ».
  34. « Denis Mukwege reçoit le titre de membre Honoris Causa de l'Académie de médecine de France », sur RFI, (consulté le )
  35. « Cérémonie de remise du titre et des insignes de Docteur honoris causa au docteur Denis Mukwege », sur organisation.univ-pau.fr, (consulté le )
  36. (en) « DR Congo doctor is “top African” », bbc.co.uk, .
  37. « Dr Denis Mukwege, prix Sakharov 2014, parrain de la promotion des élèves directeurs d’hôpital (DH) 2014-2016 », École des hautes études en santé publique, (consulté le ).
  38. « L'homme qui répare les femmes: le combat du Docteur Mukwege (5e édition, revue et augmentée) | Grip », sur www.grip.org (consulté le )
  39. (en) « 35, Denis Mukwege », fortune.com, .
  40. « Kivu », (consulté le ).
  41. « Congo, un médecin pour sauver les femmes », france5.fr, .
  42. André Guichaoua, « Les violences sexuelles, arme de guerre depuis plus de 20 ans dans l’est du Congo », The Conversation, (consulté le ).
  43. « Dr Mukwege, "L'homme qui répare les femmes" au cinéma », sur CCFD-Terre Solidaire, CCFD-Terre solidaire, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie
  • Colette Braeckman, L’homme qui répare les femmes : violences sexuelles au Congo, le combat du Dr Mukwege, André Versaille éditeur, 2012 (ISBN 978-2-87495-194-7).
  • (de) Birger Thureson, Die Hoffnung kehrt zurück: Der Arzt Denis Mukwege und sein Kampf gegen sexuelle Gewalt im Kongo (titre original : De glömda kvinnornas röst), traduit du suédois par Michael Josupeit, édité par le Deutsches Institut für Ärztliche Mission e. V., Brandes & Apsel, 2013 (ISBN 978-3-95558-001-8).
  • Réparer les femmes, un combat contre la barbarie, avec Guy-Bernard Cadière, collection HarperCollins Poche, (ISBN 9791033907886)

Filmographie

Article connexe

Liens externes
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