Dominique A

Dominique A, nom de scène de Dominique Ané, né le à Provins en Seine-et-Marne, est un auteur-compositeur-interprète français. Il est considéré comme l'un des fondateurs de la « nouvelle scène française », au début des années 1990.

Dominique A
Dominique A en concert en 2012.
Informations générales
Nom de naissance Dominique Ané
Naissance
Provins (Seine-et-Marne)
Activité principale Auteur-compositeur-interprète
Genre musical Chanson française, rock
Instruments Guitare, clavier, basse
Années actives Depuis 1992
Labels Lithium, Cinq7
Influences Alain Bashung
Site officiel dominiquea.com
commentcertainsvivent.com

Biographie

Famille et formation

Dominique Ané est le fils unique d'un professeur du secondaire d'origine ariégeoise et d'une mère au foyer parisienne. Né à Provins, il y habite jusqu'à l'âge de quinze ans, avec un interlude de neuf à onze ans où il réside à la Bretonnière, lieu-dit de la commune de Rouilly distant de trois kilomètres. À son retour, il s'installe rue des Marais[1],[2]. L'année de ses quinze ans, son père est muté à Nantes, où il finit ses études secondaires[3]. Adolescent, il se passionne pour la littérature et la musique, ses goûts s'orientent vers le courant punk, puis le romantisme ténébreux de la new wave dont en particulier le titre Partir du chanteur Gisor qui le marque « intimement » et sur lequel il s’entraînera au chant[3].

Après le baccalauréat, il étudie les lettres modernes pendant un an et, parallèlement, fait quelques petits boulots dont celui d'homme à tout faire dans une radio FM nantaise. Vers dix-sept ans, il monte un groupe avec quelques amis, baptisé John Merrick en référence au héros de Elephant Man, film culte de David Lynch qu'il apprécie tout particulièrement[4]. Le quatuor donne quelques concerts dans la région nantaise et enregistre même quelques 45 tours au style sombre et tourmenté. Puis il compose également quelques titres avec le chanteur Philippe Katerine, mais dans un registre très différent, beaucoup plus enlevé.

Débuts

Dominique A commence sa carrière au début des années 1990 en composant et enregistrant des chansons de manière très minimaliste, quoique dans un esprit rock[5]. Il refuse d'être apparenté à la chanson à texte, qui pour lui équivaut à une « chanson sans musique »[6],[7].

Son premier disque est auto-produit et s'intitule Un disque sourd. En 1992 sort La Fossette, premier album officiel produit par le label nantais Lithium, il contient cinq titres présents sur Un disque sourd. Il est aussitôt remarqué et apprécié par Arnaud Viviant de Libération[8] et Bernard Lenoir du magazine Les Inrockuptibles qui le programme par ailleurs dans ses Black sessions de France Inter[5] (Dominique A sera de 1993 à 2009, invité sept fois aux Black sessions). La chanson Le Courage des oiseaux devient un succès underground et constituera progressivement une pierre angulaire de son répertoire, régulièrement reprise et devenue une source d'inspiration pour d'autres artistes de l'écrit qui en soulignent la forte composante poétique[9], « force motrice » de son œuvre.

À partir de 1992, il commence à se produire sur scène soit en groupe, soit en solo.

Sa notoriété s'accroît en 1995 avec Le Twenty-Two Bar, titre issu de l'album La Mémoire neuve. Mais ce succès est reçu amèrement par l'artiste qui trouve cette chanson « maladroite »[6]. Dominique A est alors souvent cité par la presse musicale au côté d'artistes tels que Miossec, Arthur H ou Thomas Fersen comme incarnant la nouvelle scène française[10]. Nommé aux Victoires de la musique dans la catégorie « révélation masculine », alors qu'il en est déjà à son troisième album, il modifie les textes du Twenty-Two Bar qu'il interprète en direct (« À la télévision française, je chantais… et devant moi, les gens dormaient… »)[11].

À l'automne 1999 parait Remué, cet album enregistré à New York et en Bretagne est décrit comme le plus sombre et torturé de sa discographie[12].

En 2000, il compose la musique du film Banqueroute[13] de Antoine Desrosières.

En 2001, sur l'album Auguri produit par John Parish, il fait une reprise d'une chanson du groupe Polyphonic Size, Je t'ai toujours aimée[14].

Le Détour

La découverte du nouvel album d'Alain Bashung en 2002 (L'Imprudence) est un choc. Dominique A considère cet album comme une profonde remise en question et il décide d'explorer de nouvelles façons de travailler[7]. Il profite de ce moment pour compiler ce qu'il considère être sa première période dans un coffret longbox, intitulé Le Détour. Il demande pour l'occasion à ses fans d'écrire sur leur rapport à sa musique et quelques-unes des lettres produites sont incluses dans le livret.

Pour l'album suivant, il tente une nouvelle expérience et, pour la première fois, laisse les rênes de la production de son album à des tiers. C'est l'équipe de L'Imprudence qui travaille avec lui sur Tout sera comme avant. L'album sort en 2004, mais les fans ont du mal à s'y retrouver[réf. nécessaire]. Parallèlement sort un recueil de nouvelles au même titre, recueil collectif d'une quinzaine d'écrivains, qui s'inspirent chacun d'un titre de l'album pour en tirer une nouvelle. Parmi ces écrivains figurent Richard Morgiève, Olivier Adam, Brigitte Giraud, Arnaud Cathrine et Chloé Delaume. Dominique A y participe également, avec l'écriture de la nouvelle « Le Départ des ombres ». À la même époque, il se produit beaucoup sur scène, sous diverses configurations : large, minimale ou même seul, en s'essayant à la technique de l'oversampling.

En 2005, à la suite d'un voyage au Groenland, il écrit l'album L'Horizon, un nouvel opus où il renoue avec le producteur Dominique Brusson qui avait déjà réalisé Remué (fait notable : c'est la première fois que Dominique A collabore de nouveau avec un de ses anciens producteurs). Ayant récemment quitté la maison de disques Labels pour pouvoir profiter d'une pleine liberté de création, c'est donc tout naturellement qu'il a souhaité s'entourer de « proches » (Sacha Toorop ou Olivier Mellano, ainsi que des musiciens l'ayant accompagné sur la tournée Tout sera comme avant) pour ce nouvel album paru en mars 2006, qu'il a annoncé comme étant le plus expérimental à ce jour.

En 2007, après une grande tournée, il sort son premier album live, Sur nos forces motrices, pour accompagner la sortie chez Textuel d'un livre de Bertrand Richard consacré à sa carrière : Les Points cardinaux[15]. En décembre 2007, Dominique A présente cet album, distribué par Random Records, en Argentine lors de deux concerts solo, à l'invitation de l'Alliance française de Rosario et de celle de Buenos Aires.

En 2009, en réaction aux grands espaces de L'Horizon et au renouveau folk de la scène française[16],[17],[18], Dominique A enregistre chez lui sur un petit studio portatif son nouvel opus : La Musique[19]. Le disque est donc fortement électronique, comme son premier album, le mixage, confié entièrement à Dominique Brusson, faisant toutefois toute la différence : « La Fossette version Red Bull » dira l'auteur[18]. La même année, la Fnac lui propose une carte blanche pour compiler les chansons d'artistes de son choix. La compilation sort sous le titre Songs Over Troubled Water, en référence à Bridge over Troubled Water de Simon et Garfunkel.

L'académie Charles-Cros récompense Dominique A du prix In Honorem Interprètes pour l'ensemble de son œuvre le 7 janvier 2010[20].

Dominique A en au Festival Fnac Live à Paris.

Le 9 janvier 2012, pour fêter ses vingt ans de carrière, Cinq7 sort l'intégrale de Dominique A, soit huit albums réédités, augmentés chacun de titres supplémentaires dont certains inédits. Le 26 mars 2012, sort son neuvième album, Vers les lueurs. Celui-ci prend une nouvelle fois le contre-pied du précédent : plus de travail solitaire, mais une formation rock classique (celle qui l'accompagne en tournée) et un quintet à vent, pour un album qui reçoit un excellent accueil critique[21],[22].

Le 8 février 2013, il obtient la Victoire de la musique dans la catégorie « Artiste masculin de l'année[23],[24] ». En février il est présent sur le disque L'Hiver et la Joie de Robi sur le duo Ma route.

Son dixième album studio, Éléor, paraît en CD et vinyle en mars 2015, accompagné d'un second disque Autour d'Éléor comprenant douze titres additionnels qui constituent le prolongement artistique de l'album.

En 2018 sortent deux albums contrastés répondant aux « envies de son et d'écriture contradictoires »[25] de l'artiste. Toute latitude, premier volet aux sonorités électriques sort en mars, suivi en octobre de La Fragilité, versant intimiste de ce diptyque. Ces deux albums seront interprétés à l'occasion d'un week-end consacré à l'artiste à la Philharmonie de Paris.

En avril 2020, pendant la période de confinement découlant de la crise sanitaire du Covid19, il sort une reprise d'un titre de Marc Seberg, L'Éclaircie[26].

Collaborations

Dominique A collabore régulièrement aux projets d'autres artistes. Ainsi, il continue à participer à l'écriture des albums de Françoiz Breut, malgré leur séparation à la ville. Il a également composé plusieurs titres pour le deuxième album de Jeanne Balibar (Slalom Dame) ainsi qu'une chanson pour Jane Birkin (Où est la ville ? sur l'album Fictions). En 2003, il a repris le titre Mon camarade, sur la compilation Avec Léo en hommage à Léo Ferré.

Il inspire aussi certains artistes plus instrumentaux, comme Yann Tiersen, pour assurer la partie vocale de la chanson Monochrome de l'album Le Phare. Avec ce dernier, il fait également quelques brèves incursions sur les albums de Dominique Petitgand (Le Point de côté et Mon possible parus sur le label Ici, d'ailleurs...). De même, en 2002, le groupe électro Oslo Telescopic fait appel à lui pour leur album The Dominique O Project.

D'autres collaborations sont plus ponctuelles. Par exemple, il a chanté en trio avec Keren Ann et Vincent Delerm sur le second album de ce dernier (Kensington Square) sur la chanson Veruca Salt et Frank Black. Il apparaît également sur l'album Vu d'ici du groupe de rap Psykick Lyrikah, sur le titre Un point dans la foule.

En 2009, il collabore avec Calogero sur l'album L'Embellie, il y écrit trois titres : La Fin de la fin du monde, J’attends et Passage des cyclones. Il réalise également la reprise en duo de Je suis un kilomètre avec Kent sur l'album Panorama, seule reprise pour laquelle il donne carte blanche à un autre artiste sur les arrangements. Il enregistre aussi le duo Personne sur l'album Western de Saule. La même année, il participe à l'album expérimental We Hear Voices rejoignant pour l'occasion les musiciens du groupe Jack the Ripper s'étant réunis au sein du projet des Fitzcarraldo Sessions. Dominique A pose sa voix sur le morceau intitulé L'Instable.

En 2011, sur l'album du groupe Weepers Circus, intitulé N'importe où, hors du monde, Dominique A signe un texte en prose inédit (non mis en musique). Il participe à l'album Les Eaux profondes (2011) de Laetitia Velma, en tant qu’arrangeur, et écrit L'Eté Summer pour l'album Bichon de Julien Doré. En 2012, il écrit pour Circus, groupe formé par Calogero, Stanislas, et d'autres musiciens. Il écrit Les nuits romaines. En 2014, il collabore à nouveau avec Calogero en écrivant la chanson Elle me manque déjà, issue de son nouvel album Les Feux d'artifice. Aussi, Etienne Daho choisit sa chanson En surface comme quatrième single de son album Les Chansons de l'innocence retrouvée. En 2015, il participe au conte musical écologique Les Symphonies Subaquatiques[27] aux côtés de Jacques Gamblin, Agnès Jaoui, Marianne James et Kent, édité en Livre-disque aux Éditions des Braques.

En 2018, paraît En amont, album posthume d'Alain Bashung, qui inclut deux titres écrits, composés et accompagnés à la guitare par Dominique A (Immortels et Seul le chien se souvient), enregistrés par Bashung mais non retenus pour Bleu pétrole. L'album reçoit la Victoire du meilleur album de chansons lors des Victoires de la musique 2019. La même année, il écrit et compose Cligner des yeux pour Alex Beaupain en duo avec Françoise Fabian sur l'album de cette dernière.

Dominique A a influencé aussi de nombreux artistes. Son émancipation vis-à-vis de la chanson française à texte a beaucoup inspiré, entre autres, Miossec, Holden ou Arman Méliès, qui estiment que l'artiste leur a montré qu'il était possible de faire la musique qu'ils aimaient en utilisant le français. Au-delà de la musique, de jeunes écrivains comme Arnaud Cathrine, Brigitte Giraud et Olivier Adam reconnaissent dans le travail de Dominique A une source d'inspiration assumée pour leurs livres[9].

Dans un tout autre domaine, Dominique A rédige une chronique mensuelle dans TGV Magazine.

Discographie

Albums studio

En public

Compilations

Singles, EP, cassette, autres

Participations

Distinctions

Récompenses

Décorations

Bibliographie

Publications de Dominique Ané

  • Dominique A, Un bon chanteur mort, Paris, éd. La Machine à cailloux, coll. « Carré », , 78 p. (ISBN 978-2-916734-04-0).
  • Dominique Ané, Y revenir, éditions Stock, coll. La Forêt, 2012, (ISBN 978-2-234-07177-3).
  • Dominique Ané, Tomber sous le charme. Chroniques de l'air du temps, Le Mot et le Reste, 2014.
  • Dominique Ané, Regarder l’océan, éditions Stock, coll. La Forêt, 2015, (ISBN 978-2-234-07894-9).
  • Dominique Ané, Ma vie en morceaux, éditions Flammarion, 2018, 224 p.
  • Dominique Ané, Fleurs plantées par Philippe, éditions Médiapop, 2020 (ISBN 978-2-49143613-1), 64 p.[30] *
  • Dominique Ané, illustrations d'Edmond Baudoin, Le Présent impossible, coll. Iconopop, éditions de l'Iconoclaste, 2022 (ISBN 978-2-3788-0304-9)
Ouvrages collectifs, participations

Ouvrage inspiré par Dominique Ané

Ouvrages consacrés à Dominique Ané

  • Bertrand Richard, Dominique A : Les Points cardinaux, Paris, Éditions Textuel, coll. « Musik Profil », , 118 p. (ISBN 978-2-84597-231-5). Retrace la carrière de Dominique A agrémenté d'illustrations, photos, etc.
  • J'aurai ta peau Dominique A, éditions Glénat, de Arnaud Le Gouëfflec (scénario) et Olivier Balez (dessins), 2013 (ISBN 9782723490986). Polar autour du chanteur, dans lequel apparaît également Philippe Katerine[32]
  • Dominique A, solide, éditions Locus Solus, , 2020 (ISBN 9782368332795). Entretiens biographiques avec Grégoire Laville.
  • J'aurais voulu faire de la bande dessinée de Philippe Dupuy, où Dominique A figure aux côtés de Stéphan Oliva[33].

Notes et références

  1. Une chanson de Dominique A intitulée Rue des Marais (2006) évoque son enfance à Provins, ville qui le marquera profondément dans sa vie et influencera sa carrière musicale. Il lui consacre un ouvrage autobiographique, Y revenir, paru en 2012.
  2. Dominique Ané, Y revenir, éditions Points, 2013, (ISBN 978-2-7578-3155-7), p. 13-18 et 79-80.
  3. Ibid, p. 50-51.
  4. Interview Dominique A, Cinécinéma, août 2006.
  5. Dominique A, de A à Z dans Le Monde du 9 janvier 2012.
  6. « Les champs seine-et-marnais m'ont fait chérir la mer », chat organisé par Télérama en partenariat avec Le Monde, 19 avril 2006 (transcription).
  7. La lumière après vingt ans d'accent grave sur le «A» dans Le Matin du 18 mai 2012.
  8. Émission Le Pont des artistes « Dominique A et les Filles » d'Isabelle Dhordain sur France Inter le 13 avril 2013.
  9. La poésie épurée de Dominique A par Arnaud Cathrine dans Le Monde du 14 juillet 2011.
  10. « La poésie épurée de Dominique A », sur Le Monde.fr (consulté le )
  11. « Biographie de Dominique A », Radio France internationale
  12. « Dominique A - Mué », Les Inrocks, (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Banqueroute sur l’Internet Movie Database
  14. « Mieux que l'original », rf8.fr, (consulté le )
  15. Voir le contexte de cette parution dans un entretien de Dominique A à Evene.fr
  16. Confer par exemple les albums de Piers Faccini, Yodelice ou Emily Loizeau, sélectionnés pour le prix Constantin au côté de celui de Dominique A
  17. Voir Dominique A : l'entretien sur LesInrocks.com
  18. www.cinq7.com
  19. En édition limitée, La Musique est accompagnée de La Matière comportant douze titres supplémentaires.
  20. Prix In Honorem de l'académie Charles-Cros
  21. Vers les lueurs par Valérie Lehoux dans Télérama no 3246 du 31 mars 2012.
  22. Dominique A : triple A par Pierre Siankowski dans Les Inrocks du 20 mars 2012.
  23. Victoires pour C2C, Dominique A et Lou Doillon dans Libération du 9 février 2013.
  24. « Dominique A : «Le regard sur moi va changer» » dans Le Figaro du 9 février 2013.
  25. « Dominique A », sur www.dominiquea.com (consulté le )
  26. « Chanson de la semaine : L’éclaircie de Marc Seberg par Dominique A », sur Radio France (consulté le )
  27. « Les Symphonies Subaquatiques - Un conte musical au cœur des océans », sur Les Symphonies Subaquatiques (consulté le )
  28. « Diabologum | Le Hall de la chanson », sur www.lehall.com (consulté le )
  29. Arrêté du 10 février 2016 portant nomination et promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  30. Erwan Perron, « Dominique A rend hommage à Philippe Pascal de Marquis de Sade : “Son chant me touche au plus profond” », Télérama, 7 novembre 2020.
  31. Présentation et sommaire du numéro, site de la NRF.
  32. Olivier Balez s’attaque à Dominique A sur BoDoï, 4 février 2013
  33. Anne Douhaire, « Bande dessinée : « J’aurais voulu faire de la BD » ou la question de la création par Philippe Dupuy », sur France Inter, (consulté le ).

Annexes

Liens externes

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