Aimable Pélissier

Aimable Jean Jacques Pélissier, duc de Malakoff est un militaire français devenu maréchal de France, né le à Maromme et mort à Alger le . Artilleur de formation, il sert ensuite dans l'état-major et remplit à de nombreuses reprises les fonctions d'aide de camp. Il participe ensuite à la conquête de l'Algérie et en ressort quinze ans plus tard avec le grade de général de division. Appelé en Crimée pour y prendre le commandement en chef des troupes françaises, il est fait maréchal de France après la chute de Sébastopol le .

Pour les articles homonymes, voir Pélissier.

Aimable Pélissier
(ou Pellissier)

Photographie du maréchal Pélissier par Roger Fenton, en 1855.

Surnom Le Maréchal Duc, Le Maréchal de Malakoff, Le Duc de l'Armée, Le Duc Maréchal
Naissance
Maromme, France
Décès  69 ans)
Alger, Algérie
Origine Français
Allégeance  Royaume de France
 Royaume de France
 République française
 Empire français
Arme Artillerie
Grade Général de division
Années de service 1818 – 1864
Conflits Expédition d'Espagne
Conquête de l'Algérie
Guerre de Crimée
Distinctions Maréchal de France
Grand-croix de la Légion d'honneur
Hommages Duc de Malakoff
Autres fonctions Gouverneur général de l'Algérie
Ambassadeur de France au Royaume-Uni
Grand Chancelier de la Légion d'Honneur
Famille PÉLISSIER (ou PELLISSIER)

Titré duc de Malakoff en récompense de cette victoire, Pélissier enchaîne les postes sous le Second Empire avant d'être nommé gouverneur général de l'Algérie en 1860. Il meurt dans l'exercice de ses fonctions à Alger, le .

Biographie

Du sous-lieutenant au lieutenant-colonel

Fils de Pierre Pélissier, commissaire des poudres et salpêtres, et de Catherine Chartier, le jeune homme choisit la voie militaire et entra à l’Académie de La Flèche le . Peu après, le , il intègra l'école de Saint-Cyr et en ressortit avec le grade de sous-lieutenant le . À cette date, il fut incorporé dans l'artillerie de la Maison du Roi avant de passer au 57e régiment d'infanterie de ligne le de la même année, Louis XVIII ayant fui le retour de Napoléon le . Alors que se déroulait la campagne de Belgique, il servit sur le Rhin avec son unité et ne participa donc pas aux combats. L'année 1815 s'achèva par une affectation à la légion départementale de la Seine-Inférieure, corps au sein duquel Pélissier servit pendant quatre ans[1].

Il fut ensuite affecté au corps d'état-major en 1819. En 1823, il fit l'expédition d'Espagne comme aide de camp et reçut les croix de la Légion d'honneur et de Saint-Ferdinand d'Espagne. En 1828, il participa à la campagne de Morée et, à cette occasion, reçut la croix de Saint-Louis. Il prit part à l’expédition d'Alger de 1830, ce qui lui valut à son retour le grade de chef d'escadron. Après quelques années à l'état-major à Paris, il fut envoyé de nouveau en Afrique du Nord, en 1844, lors de la première guerre du Maroc, et commanda l'aile gauche française à la bataille d'Isly. Il occupa le poste de chef d'état-major de la province d'Oran avec le grade de lieutenant-colonel.

Pélissier eut un comportement particulièrement inhumain lors de l’enfumade du Dahra, en , au cours duquel il fit périr un millier de combattants et civils (dont femmes, enfants et vieillards), sans distinction, qui avaient cru trouver asile dans les grottes du Dahra. Malgré le scandale, durant lequel le ministre de la Guerre Jean-de-Dieu Soult le désavoua totalement, déclarant que « la peau de l'un de mes tambours avait plus de valeur que ces 760 personnes », le gouverneur-général Bugeaud nomma Pélissier, qui n'avait fait que suivre les méthodes conseillées par le gouverneur, au grade de général de brigade. Il fut ensuite promu général de division en 1850, puis nommé une première fois gouverneur-général de l’Algérie en , poste qu'il conserva pendant sept mois.

Le , il prend l'oasis de Laghouat (siège de Laghouat). Environ les deux tiers (2 500 à 3 000 sur un total de 4 500 habitants restant dans la ville assiégée)[réf. nécessaire], y compris des femmes et des enfants, sont massacrés, avec le général Youssouf[2].

Maréchal de France

Le maréchal Pélissier, duc de Malakoff. Huile sur toile d'Henryk Rodakowski, 1857.

En mai 1855, il est envoyé en Crimée, où il remplace le maréchal Canrobert comme commandant en chef des forces françaises devant Sébastopol. Son commandement se caractérise par une pression impitoyable sur l’ennemi et une détermination immuable à mener sa campagne hors de toute ingérence parisienne. Sa persévérance est récompensée le avec le succès de l’assaut donné sur Malakoff. Le 12, il est promu maréchal de France. Franc-maçon, il participe à la création de la loge « St Jean de Crimée » pendant le siège de Sébastopol, en 1856.

À son retour à Paris, il est nommé sénateur, fait duc de Malakoff et nanti d’une pension annuelle de 100 000 francs par Napoléon III. De à , il est ambassadeur de France à Londres, d’où il est rappelé pour prendre le commandement de l’armée d’observation sur le Rhin. Il devient la même année grand chancelier de la Légion d'honneur.

Dans son discours à Alger du , Napoléon III dit que « Le but de la France doit être d'élever les Arabes à la dignité d'hommes libres, de répandre sur eux l'instruction, tout en respectant leur religion, d'améliorer leur existence en faisant sortir de cette terre tous les trésors que la Providence y a enfouis et qu'un mauvais gouvernement laisserait stériles. » Cependant, après la suppression du ministère pour l’Algérie et les colonies, Napoléon III se voit contraint, en , de rétablir le poste de gouverneur-général de l’Algérie : la nomination du maréchal Pélissier est accueillie avec enthousiasme, aussi bien par l'armée que par les fonctionnaires civils et les colons. Il est secondé par le général de Martimprey et Gustave Mercier-Lacombe.

Napoléon, conseillé par Ismaïl Urbain, fait adopter le Sénatus-consulte du 22 avril 1863 que Pélissier met en œuvre sans enthousiasme[3]. D'après le général du Barail, il avait beaucoup vieilli : « alourdi, empâté, somnolent, il s'en remettait au prestige de sa gloire et au souvenir de ses actes passés d'implacable rigueur pour maintenir l'Algérie dans le calme et la soumission. Il n'avait jamais beaucoup aimé le travail et ne l'aimait plus. Les occupations sérieuses le fatiguaient ; il les écartait, cueillait les roses du pouvoir et en dédaignait les épines … [t]ant et si bien qu'un beau matin de mars 1864, on se réveilla avec une insurrection sur les bras[4]. »

Militaires, colons et caïds se montrent réticents à mettre en œuvre le projet de Napoléon III, tandis que le peuple algérien est hostile au « cantonnement » (la spoliation de leurs terres, destinées aux colons, en dépit de l’empereur). Les Sidi Cheikh se soulèvent en , suivis par les Flittas en mai, dans la région de Relizane. Si Slimane écrase le colonel Beauprêtre et ses troupes, puis son frère Si Mohammed étend l’insurrection à presque tout le Tell. Quant à Pélissier, il meurt le , d’une congestion cérébrale.

Un village voisin de Mostaganem, Les Libérés militaires, est alors rebaptisé Pélissier en son honneur, avant de prendre le nom de Sayada lors de l'indépendance de l'Algérie.

Durant sa carrière, Pélissier a été couvert d'honneur et a été le premier maréchal du Second Empire créé duc.

Distinctions

France
 Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Royaume de Belgique
Royaume d'Espagne
Royaume de Sardaigne
Tunisie
Perse
Empire ottoman

Hommages, postérité

Sa maison natale existe toujours à Maromme. De même, le quartier Pélissier, dans le quartier Saint-Sever à Rouen, a hébergé le 74e régiment d'infanterie.

La Société royale Les Pélissiers de Binche en Belgique porte son nom en l'honneur du maréchal Pélissier.

Mention dans la littérature

Les Grottes du Dahra, eau-forte de Tony Johannot

Karl Marx fait une courte mention, dans un texte de 1857[5] où il dénonce les crimes de la colonisation, de l'enfumade du Dahra : « les Arabes rôtis dans la grotte où ils étaient entassés par un maréchal français ».

Armoiries

Figure Blasonnement

Armes du duc de Malakoff :

Écartelé : au 1, d'azur, à une épée d'or; au 2, d'or, à un palmier de sinople; au 3, d'or, au lion de gueules, couronné du même; au 4, d'azur, à la croix alésée d'argent. Au chef de gueules, brochant sur l'écartelé et semé d'étoiles d'argent. Sur le tout d'argent à une couronne murale de sable, ch. sur le cercle du mot SEVASTOPOL en lettres d'or, et sommée de trois drapeaux flottants, anglais, français et piémontais[6],[7].

Supports : à dextre un Zouave du 2e régiment, à senestre un montagnard écossais, ayant tous deux l'arme en repos.

Devise : VIRTUTIS FORTUNA COMES[7]
(La fortune est la compagne de la vertu.).

Notes et références

  1. Zins 1996, p. 35 ; 209 et 210.
  2. Pierre Montagnon, La conquête de l’Algérie : les germes de la discorde, Paris, Pygmalion, , 470 p. (ISBN 978-2-75640-877-4, lire en ligne), p. 450.
  3. « L’Empereur Napoléon III et le Royaume arabe », sur Passion pour Napoléon, (consulté le ).
  4. Histoire des colonies françaises ; tome 2.
  5. Karl Marx, Textes choisis annotés et préfacés par Jean Kanapa, Paris, club des amis du livre progressiste, La révolte des cipayes, écrit le 4 septembre 1857, paru dans le "New York Daily Tribune", 16 septembre 1857. Traduction in recueil "Marx et engels, Textes sur le colonialisme
  6. http://www.heraldica.org
  7. Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, , 1171 p. (lire en ligne), et ses Compléments sur http://www.euraldic.com
  8. Voir la notices dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales

Bibliographie

Liens externes

Chronologies

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