Erich Raeder
Erich Raeder, né le à Wandsbek (région de Hambourg, Empire allemand) et mort le à Kiel, est un militaire allemand, qui a servi dans la Marine de son pays au cours de la Première et de la Seconde Guerre mondiale.
Erich Raeder | ||
Raeder, avec son bâton de Großadmiral (1940). | ||
Nom de naissance | Erich Johann Albert Raeder | |
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Naissance | Wandsbek, Empire allemand |
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Décès | Kiel, Allemagne |
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Origine | Empire allemand République de Weimar Reich allemand |
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Arme | Kaiserliche Marine Reichsmarine Kriegsmarine |
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Grade | Großadmiral (grand-amiral) | |
Années de service | 1894 – 1943 | |
Conflits | Première Guerre mondiale Seconde Guerre mondiale |
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Faits d'armes | bataille du Dogger Bank (1915) bataille du Jutland (1916) opération Weserübung (1940) |
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Distinctions | Croix de fer | |
Officier général de la Reichsmarine pendant l'entre-deux-guerres, puis de la Kriegsmarine dès sa création par le Troisième Reich, il atteint le plus haut rang de la hiérarchie militaire navale, celui de Großadmiral[alpha 1], en 1939. Il est le commandant en chef de la Kriegsmarine jusqu'à son remplacement au début de l’année 1943 par Karl Dönitz. Il est condamné à la prison à vie au procès de Nuremberg puis est libéré en 1955, à près de 80 ans, pour raisons médicales.
Débuts
Jeunesse et débuts dans la Marine
Erich Raeder naît en 1876, dans une famille de la classe moyenne de Wandsbek (province du Schleswig-Holstein au sein de l'Empire allemand), et élevé par un père enseignant. Il rejoint la Kaiserliche Marine en 1894, juste après avoir fini ses études secondaires, progresse rapidement dans la hiérarchie militaire et sert même comme officier du yacht de Guillaume II, le SMY Hohenzollern. Il accompagne le prince Henri de Prusse en audience auprès de l'empereur de Chine Kouang-Hsou (Guangxu) et de sa tante l'impératrice Tseu-Hi (Cixi) en 1898 à Pékin. En 1912, il devient chef d'état-major de l'amiral Franz Hipper.
Première Guerre mondiale et années 1920
Durant la Première Guerre mondiale, il participe aux combats de la bataille du Dogger Bank en 1915, ainsi qu'à la bataille du Jutland en 1916, affrontant chaque fois la Royal Navy[1].
Après-guerre, Erich Raeder bénéficie de promotions régulières.
En 1922, il devient Konteradmiral, puis Vizeadmiral en 1925.
Il est nommé Admiral en et devient du même coup commandant en chef de la Reichsmarine, la marine réduite conformément au traité de Versailles, pour la république de Weimar.
Redressement de la Marine allemande
Bien que très sceptique quant à l'idéologie nationale-socialiste[réf. souhaitée], il se rallie à Hitler à la suite de la décision de celui-ci de réarmer l'Allemagne, en 1933.
Il devient alors l'un des artisans du renouveau de la marine allemande, notamment avec le traité naval germano-britannique et le plan Z de 1935 où sa préférence pour une flotte de surface l'emporte sur le choix d'une flotte principalement sous-marine, défendu, par exemple, par l'amiral Karl Dönitz.
Ses efforts pour rétablir la puissance maritime allemande sont toutefois entravés par les priorités budgétaires attribuées à la Heer (armée de terre) et à la Luftwaffe (armée de l'air).
Il rejoint en le cabinet de Hitler en tant que commandant en chef de la Kriegsmarine. En 1939, Hitler le nomme Großadmiral[alpha 1] de la Kriegsmarine. Il devient le premier récipiendaire de ce titre prestigieux depuis Alfred von Tirpitz.
Seconde Guerre mondiale
Après la campagne de Pologne, il est l'un des rares commandants à soutenir l'idée d'une offensive à l'ouest, il souhaite en effet la conquête des littoraux normands et bretons pour servir de bases à sa marine contre le Royaume-Uni[2].
Invasion du Danemark et de la Norvège
C'est en tant que commandant en chef des forces navales qu'il conseille à Hitler l’invasion de la Norvège et du Danemark[réf. nécessaire]. Il souhaite en effet sécuriser les routes d'approvisionnement en fer venant de Suède, vitales pour la construction des gros cuirassés du type Bismarck. Il s'agissait en outre de contrer l'installation d'hypothétiques bases franco-britanniques dans la région. Enfin, les fjords de Scandinavie permettaient de protéger efficacement les navires à l'ancrage. L'invasion, l'opération Weserübung, fut préparée, outre par Raeder, par les chefs de l'OKW (Haut Commandement de la Wehrmacht), les généraux Jodl et Keitel, ainsi que par Hitler lui-même, de à [réf. nécessaire]. L'action fut déclenchée le et s'avère un succès. Même si la Wehrmacht souffre de pertes importantes, les projets d'implantation français et britannique sont devancés et les objectifs atteints.
Désaccords sur la conduite de la guerre
Raeder s'oppose rapidement aux projets de Hitler sur la question des objectifs militaires[réf. nécessaire]. À une invasion du Royaume-Uni (opération Seelöwe) nécessitant un affrontement frontal avec la toute puissante flotte britannique, Raeder préconise, cette fois, une stratégie plus transversale passant par le développement de petites unités et de sous-marins. Il aurait d'ailleurs déclaré que tout ce que pouvaient faire les cuirassés était de mourir vaillamment[réf. nécessaire].
Par ailleurs, il privilégie une stratégie axée sur le théâtre méditerranéen, avec comme objectif le renforcement de la présence allemande en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Il est convaincu que la capture de bases britanniques stratégiques tels que Malte, Gibraltar et le canal de Suez porterait un coup décisif, voire funeste à l'Empire britannique[réf. nécessaire]. Il aurait expliqué au Führer que la prise de contrôle de l'Égypte et de son canal serait encore plus terrible pour l'Empire britannique que la capture de Londres elle-même.
Le déclenchement de l'opération Seelöwe est sans cesse repoussé puis annulé, du fait entre autres de l'incapacité de Göring à obtenir la maîtrise de l'air, prérequis au lancement de la phase navale du plan.
Perte d'influence
Hitler envisage une attaque contre l'URSS de Staline au printemps 1941. Raeder s'oppose très vivement à cette idée et tente de mettre en garde Hitler contre le danger d'envahir une nation aussi vaste[réf. nécessaire]. Le choix de Hitler d'engager l'opération Barbarossa traduit la perte d'influence du grand-amiral.
Les défaites de la marine de surface, notamment avec la perte du cuirassé Bismarck au printemps 1941 et l’échec de la bataille de la mer de Barents les derniers jours de 1942, jouent contre lui, ainsi que — paradoxalement — l’efficacité de la flotte sous-marine dirigée par l'amiral Karl Dönitz. Ainsi le 30 janvier 1943, Erich Raeder, âgé de près de 67 ans, est remplacé par Dönitz, élevé pour l'occasion au rang de Großadmiral. Raeder quant à lui est nommé Admiralinspekteur der Kriegsmarine en français : « amiral-inspecteur de la Marine », un poste inexistant dans la structure et en conséquence purement honorifique.
Erich Raeder passe la fin de la guerre à l'écart du pouvoir. Craignant qu'on le soupçonne d'être impliqué dans l’attentat du , il se rend immédiatement à la Wolfsschanze assurer personnellement Hitler de sa totale loyauté[réf. nécessaire].
Suites de la guerre
À la fin de la guerre, Erich Raeder est capturé par les Soviétiques. Il comparaît au tribunal de Nuremberg en 1946.
L'accusation parvient à démontrer que le réarmement de la marine allemande commencé par Raeder était une violation du traité de Versailles et faisait donc bien partie d'un complot en vue de commettre un crime contre la paix. De plus, étant donné que la Norvège et le Danemark avaient annoncé leur souhait de demeurer neutres dans le conflit, l'opération Weserübung constitue un crime contre la paix. Ces deux pays ne s'étaient, en effet, en aucune façon montrés hostiles à l'encontre du Troisième Reich. Enfin, l'« ordre Laconia » donné par son second, l'amiral Dönitz, visant à interdire aux sous-marins de secourir les naufragés, est déclaré constitutif de crime de guerre. Les grands amiraux, qui ont plaidé non coupables, présentent pour leur défense une lettre officielle de l'amiral Chester Nimitz attestant que l'United States Navy avait appliqué des ordres similaires.
Le grand-amiral Raeder est jugé coupable des trois chefs d'accusation de plan concerté ou complot, crime contre la paix, et crime de guerre. Le , il est condamné à la détention à perpétuité. Dans son pourvoi, Raeder demande à être fusillé plutôt que de purger une peine d'emprisonnement à vie. Son pourvoi est rejeté par le conseil de contrôle le 10 octobre 1946.
Il purge sa peine à la prison de Spandau jusqu'au , date à laquelle il est libéré pour raisons médicales.
Il s'installe alors dans la ville de Lippstadt, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où il écrit son autobiographie Mein Leben publiée en 1956[3].
Erich Raeder meurt à Kiel, le . Il est enterré au Nordfriedhof de la ville auprès de son épouse Erika morte l'année précédente.
Résumé de sa carrière militaire
Entre parenthèses, sont mentionnés les grades équivalents en France, dans la Marine.
Décorations
- Croix de fer (1914)
- Ordre de l'Aigle rouge 4e classe ()[4]
- Croix de chevalier d'honneur 2e classe avec couronne d'argent de l'ordre du Mérite du duc Pierre-Frédéric-Louis ()[4]
- Chevalier de la couronne de l'ordre de l'Aigle rouge 4e classe ()[4]
- Croix de commandeur de l'ordre de François-Joseph ()[4]
- Croix de commandeur de l'ordre du Sauveur grec ()[4]
- Croix d'honneur pour combattants 1914-1918 ()
- Insigne d'honneur en or du parti nazi ()
- Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare : grand-croix ()
- Ordre du Soleil levant ()
- Agrafe de la croix de fer (1939)
- 2e classe
- 1re classe
- Croix de chevalier de la croix de fer
- Croix de chevalier le en tant que Großadmiral et Oberbefehlshaber der Kriegsmarine[5]
- Ordre de Michel le Brave, Roumanie
- 1re, 2e et 3e classes ()[4]
- Grand-croix de l'ordre de la croix de la Liberté, Finlande ()[4]
Notes et références
Notes
- Grade inexistant en France, à rapprocher du grade vacant d'amiral de France.
Références
- « JUTLAND », sur guerre.net (consulté le ).
- Louis Kœltz, Comment s'est joué notre destin : Hitler et l'offensive du 10 mai 1940, Paris, Hachette, , 246 p., p. 17.
- (de) Großadmiral Erich Raeder, Mein Leben. 2 Bände: Oberbefehlshaber der deutschen Kriegsmarine 1935 - 1943. Lebenserinnerungen, Bublies Siegfried, (1re éd. 1956), 524 p. (ISBN 978-3937820071 et 3937820078).
- Dörr 1996, p. 142.
- Scherzer 2007, p. 611.
Annexes
Bibliographie
- Notices d'autorité :
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- Bibliothèque nationale tchèque
- WorldCat
- (en) Bevin Alexander, How Hitler could have won World War II : the fatal errors that led to Nazi defeat, New York, N.Y, Three Rivers Press, , 352 p. (ISBN 978-0-609-80844-3, OCLC 49737154).
- (en) Eugene Bird (préf. Sam Sloan), The loneliest man in the world : the inside story of the 30-year imprisonment of Rudolf Hess, Bronx, N.Y, Ishi Press, , 270 p. (ISBN 978-4-871-87880-7, OCLC 770108445).
- (de) Dörr, Manfred (1996). Die Ritterkreuzträger der Überwasserstreitkräfte der Kriegsmarine—Band 2:L–Z. Osnabrück, Allemagne: Biblio Verlag. (ISBN 3-7648-2497-2).
- (de) Fischer, Kurt (1998). Großadmiral Dr phil. h.c. Erich Raeder. In: Gerd R. Ueberschär (ed.): Hitlers militärische Elite Band 1: Von der Anfängen des Regimes bis zum Kriegsbeginn (p. 185-194). Darmstadt, Allemagne: Wissenschaftliche Buchgesellschaft. (ISBN 3-89678-083-2).
- (en) Gilbey, Joseph (2006). Kriegsmarine: Admiral Raeder's Navy - a broken dream
- (de) Huß, Jürgen & Viohl, Armin (2003). Die Ritterkreuzträger des Eisernen Kreuzes der preußischen Provinz Schleswig-Holstein und der Freien und Hansestadt Lübeck 1939-1945. Zweibrücken, Allemagne: VDM Heinz Nickel. (ISBN 3-925 480-79-X).
- (de) Range, Clemens (1974). Die Ritterkreuzträger der Kriegsmarine. Stuttgart, Allemagne: Motorbuch Verlag. (ISBN 3-87943-355-0).
- (de) Michael Salewski (de), « Raeder, Erich », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 21, Berlin 2003, Duncker & Humblot, p. 104–106 (original numérisé).
- (de) Veit Scherzer, Die Ritterkreuzträger : die Inhaber des Ritterkreuzes des Eisernen Kreuzes 1939-1945 von Heer, Luftwaffe, Kriegsmarine, Waffen-SS, Volkssturm sowie mit Deutschland verbündeter Streitkräfte nach den Unterlagen des Bundesarchivs, Ranis/Jena, Scherzers Militaer-Verlag, (réimpr. 2005, 2006), 846 p. (ISBN 3-938-84517-1 et 978-3-938-84517-2, OCLC 891773959).
- Robert Wistrich (de): Erich Raeder (1876–1960). In: derselbe: : Wer war wer im Dritten Reich (de). Anhänger, Mitläufer, Gegner aus Politik, Wirtschaft, Militär, Kunst und Wissenschaft. Harnack, München 1983, S. 212 f.
Article connexe
Liens externes
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