Eugénie Djendi
Eugénie Mélika Manon Djendi, née le 8 avril 1923 à Bône en Algérie et morte fusillée le , est une militaire et résistante française de la Seconde Guerre mondiale.
Naissance | |
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Décès |
(à 21 ans) Ravensbrück |
Nationalité | |
Activités |
Résistante, soldate |
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Distinction |
Biographie
Eugénie Djendi est née en 1923 à Bône en Algérie d'un père « indigène » musulman[1], Salah ben Chefaï Djendi, et d'une mère « européenne » d'origine corse, Antoinette Silvani[2]. Elle grandit à Bône puis à Alger, en Algérie française. Le 11 janvier 1943, elle s'engage dans le Corps féminin des transmissions créé par le général Lucien Merlin[3]. Ces opératrices seront surnommées les « Merlinettes ».
Ayant choisi de servir « aux armées », elle participe à la campagne de Tunisie au printemps 1943, d'abord au Kef puis à Tunis[4].
Avec ses camarades, Marie-Louise Cloarec, Pierrette Louin et Suzanne Mertzizen, elle est sollicitée à l'automne 1943 pour rejoindre les services de la Sécurité militaire française à Alger. Ces services de contre-espionnage de l'armée étaient identifiés comme le réseau de résistance des « Travaux ruraux » sous la direction du commandant Paul Paillole[5]. Elle est formée à ses nouvelles activités à Staoueli, près d’Alger, où se trouvent le centre d'entrainement du bataillon de choc et un centre de formation anglo-américain à la Villa des Pins, aussi désignée sous le nom de code de « Mission Massingham »[6]. À partir de son entrée dans les services spéciaux, Eugénie Djendi prend pour nom d'agent « Jenny Silvani »[2].
Après sa formation, elle rejoint l'Angleterre le 20 mars 1943. À l'arrivée, elle retrouve Marie-Louise Cloarec, Pierrette Louin et Suzanne Mertzizen et d'autres agents des « Travaux ruraux » qui doivent être transportées en France à la lune d'avril. Eugénie Djendi doit rejoindre Paul Vellaud, dont le PC est à Mâcon (indicatif Berlin) pour ensuite renforcer un poste du réseau dans la région parisienne (indicatif Libellule)[2].
Le 9 avril 1944, elle s'embarque à bord d'un Halifax du 161st squadron de la RAF à l'aéroport de Tempsford. Elle est parachutée lors de la mission « Syringa » avec deux collègues masculins, Georges Penchenier (alias Lafitte) et Marcel Corbusier (alias Leblond) dans la région de Sully-sur-Loire, dans le Loiret, Ils sont immédiatement arrêtés par la Gestapo en possession de leur équipement radio[2].
Interrogés à la Gestapo d'Orléans puis à la Gestapo à Paris où ils retrouvent Marie-Louise Cloarec, Pierrette Louin et Suzanne Mertzizen, ils sont ensuite incarcérés à la prison de Fresnes (sauf Georges Penchenier, qui a réussi à s'évader)[2].
Alors que les troupes alliées s'approchent de Paris, elle est transférée de la prison de Fresnes au fort de Romainville le 2 août 1944, puis emmenée gare de l'Est le 8 août. Le départ des prisonnières ne peut pas se faire comme prévu avec celui des hommes. Elles sont donc transférées à la gare de Pantin, d'où elles partent le 11 août vers le camp de concentration de Ravensbrück, qu'elles rejoignent après un passage par le camp de Neue Bremm[7],[8].
Après que leurs demandes de transfert dans un camp de prisonniers de guerre eurent été refusées, les quatre femmes sont exécutées[9] le 18 janvier 1945. Leurs corps sont brûlés et dispersés dans la forêt voisine[10],[11]. Eugénie Djendi avait 21 ans.
Décorations
- Chevalier de la Légion d'honneur
- Croix de guerre 1939-1945, palme de vermeil
- Médaille de la Résistance française par décret du 19 avril 1945
Hommages
- Eugénie Djendi a été déclarée « Morte pour la France » et a reçu à titre posthume la Légion d'honneur, la Croix de guerre avec palme de vermeil et la médaille de la Résistance[9]. Ces décorations ont été remises à son père lors d'une cérémonie du 14 juillet 1958 à Bône par le général Vanuxem[12].
- Une plaque mémorielle a été posée par la grand-mère d'Eugénie Djendi sur le caveau familial Demargot dans le cimetière d'Ucciani en Corse[2].
- Le nom d'Eugénie Djendi est inscrit sur le monument érigé à Ramatuelle en 1959 en hommage aux agents des services spéciaux de la Défense nationale morts pour la France[9].
- Le nom d'Eugénie Djendi, ainsi que ceux des trois autres parachutistes assassinées à Ravensbrück, figurent sur une plaque posée dans la salle d'honneur du 8e régiment de transmissions de la forteresse du Mont-Valérien (Suresnes).
- En avril 2015, une plaque est posée sur un mur du camp de Ravensbrück. Les noms des quatre « merlinettes » y sont inscrits[2].
- Le jardin Eugénie-Djendi[13] lui rend hommage dans le parc André-Citroën, dans le 15e arrondissement de Paris. Le site[14] accueille le monument aux morts pour la France en opérations extérieures, inauguré le 11 novembre 2019[15].
- Son nom, ainsi que celui de ses camarades, est inscrit sur le mémorial de Tempsford (en) dans le Bedfordshire[16].
Bibliographie
- Dominique Camusso et Marie-Antoinette Arrio, La vie brisée d'Eugénie Djendi : de l'Algérie à Ravensbrück la légende et la mémoire, L'Harmattan, coll. « Mémoires du XXe siècle », , 204 p. (ISBN 978-2-343-19952-8).
- Mireille Hui, Les Merlinettes, Le Livre à l'Unité, 1999, 58 p. (ISBN 2-912777-24-0)
- Lucien Merlin, Les Femmes dans l'arme des transmissions, Alger : impr. Imbert, 1947, 46 p.
Références
- La qualification d'« indigène » est utilisée officiellement dans les départements français d’Algérie à cette époque pour désigner les personnes n'ayant pas la citoyenneté française. Salah Djendi acquerra la citoyenneté le 15 mai 1923.
- Dominique Camusso et Marie-Antoinette Arrio, La vie brisée d'Eugénie Djendi : de l'Algérie à Ravensbrück la légende et la mémoire, Paris, L'Harmattan, , 204 p. (ISBN 978-2-343-19952-8)?
- Lucien Merlin, Les femmes dans l'arme des transmissions, Alger, Imprimerie Imbert, , 46 p..
- Mireille Hui, Les Merlinettes, Le Livre à l'Unité.
- Paul Paillole, Services spréciaux, Paris, Robert Laffont - Opera Mundi, , 323 p.
- (en) Thomas Martin, « The Massingham mission: SOE in french North-Africa, 1941-1944 », Intelligence and National Security,, , p. 498-520.
- Fondation pour la mémoire de la déportation, Le livre mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution, 1940-1945, Paris, Tiresias, .
- Thomas Fontaine, Déporter: politiques de déportation et répression en France occupée, 1940-1944, Paris, université Panthéon Sorbonne, .
- Biographie sur le site des Anciens des Services spéciaux de la Défense nationale.
- Amicale de Ravensbrück et ADIR, Les Françaises à Ravensbrück, Galimard, .
- Association des déportées et internées de la Résistance, Ravensbrück, Les cahiers du Rhöne, La Baconnière, .
- La dépêche de Constantine et de l'Est algérien, .
- « Les rues de Paris | jardin Sous-Lieutenante-Eugénie-Malika-Djendi | 15ème arrondissement », sur www.parisrues.com (consulté le ).
- « Délibération du Conseil de Paris »
- Nathalie Guibert, « 11-Novembre : un monument pour les soldats morts en opérations extérieures », lemonde.fr, 9 novembre 2019.
- « Tempsford Memorial », Tempsford Memorial (consulté le ).
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