Extrême droite
Le terme « extrême droite » est employé pour classer des mouvements, des organisations et les partis politiques placés les plus à droite du spectre politique et historiquement disposés à l'extrême droite des hémicycles parlementaires. La question de sa délimitation suscite le débat, mais plusieurs usages en sont distingués.
Au début du XXe siècle, l'extrême droite était par exemple représentée par un mouvement comme l'Action française, nationaliste et royaliste, qui défendait une doctrine raciste et antisémite[1]. Ceux qui se réclament de ces idées aujourd'hui y sont toujours classés. De plus, le terme est associé aux mouvements défaits par la Seconde Guerre mondiale, tels que le fascisme italien et le nazisme allemand. De nos jours, on classe couramment à l'extrême droite des partis comme le Rassemblement national ou Reconquête en France, la Ligue du Nord en Italie, ou le Parti de la liberté d'Autriche.
Le qualificatif « extrême droite » peut être utilisé de manière stigmatisante et péjorative par ses adversaires politiques en assimilant toutes ses tendances au fascisme et au nazisme. Comme le relève le politologue Jean-Yves Camus, en France, le terme n'est quasiment jamais assumé par ceux qui en font partie, ceux-ci préférant, comme le Rassemblement national, les termes de « droite nationale » ou de « mouvement national »[2].
Droite et extrême droite
Le passage de l'expression « extrême droite » de l'usage politique commun au vocabulaire des sciences politiques explique en partie les difficultés de définition[3] : selon Cas Mudde, outre sa fonction de catégorisation descriptive, le terme remplit aussi dans l'usage commun une fonction de délimitation d'un « ennemi politique »[4]. La science politique anglo-saxonne parle plus volontiers de droite radicale[source insuffisante][5] signifiant par là qu'elle se situe à la limite de la droite démocratique, libérale ou conservatrice.
Pour se distinguer de l'extrême droite, la droite traditionnelle a historiquement entretenu un refus d'alliance, dont une illustration est le « cordon sanitaire » en Belgique[6]. Cette politique est remise en question depuis quelques années : dans certains pays, comme en Autriche ou en Israël, des alliances se sont parfois nouées[7],[8],[9]. Fin 2018, un scrutin régional en Espagne voit le Parti populaire conclure une double alliance remarquée, d'un côté avec Ciudadanos, de l'autre avec Vox, petit parti d'extrême droite qui venait de faire une percée électorale notable[10]. En février 2020, c'est en Allemagne qu'une alliance entre les partis de gouvernement FDP et CDU et l'AfD d'extrême droite fait un tollé, entraînant des démissions et des manifestations[11].
Certains mouvements d'extrême droite peuvent être liés à la droite classique, mais finirent par être classés à l'extrême droite du fait d'une radicalisation (par exemple le Fidesz hongrois). D'autres mouvements d'extrême droite s'avèrent n'avoir aucun lien avec les mouvements de droite classique, comme les factions anticapitalistes de l'extrême droite. Ces dernières s'avèrent être plus radicales et parfois en conflit avec les mouvements de la droite conservatrice radicalisées[réf. nécessaire].
Certaines personnalités ou structures politiques peuvent évoluer considérablement comme l'illustre, en Italie, la trajectoire du Mouvement social italien (néo-fasciste) devenu Alliance nationale (centre-droit). En France, Alain Madelin, Gérard Longuet, Patrick Devedjian et Hervé Novelli sont des figures politiques de droite ayant commencé leur engagement au sein du mouvement d'extrême droite Occident[12].
Différences entre les extrêmes droites
Il existe de nombreuses divergences entre les extrêmes droites, notamment sur le plan économique, certaines factions sont libérales tandis que d'autres sont socialisantes[13].
En religion, on trouve également des extrêmes droites religieuses chrétiennes (Civitas catholique, Ku Klux Klan protestant, Pamiat orthodoxe)[14],musulmanes (Front de la stabilité de la révolution islamique[15] et l'Alliance Fatah chiites, Hamas sunnite), juives (Lehava, Front national juif) qui peuvent être antagonistes.
Si la majorité des mouvements d'extrême droite sont anticommunistes, certains mouvements prônent une forme de Communisme mêlé à du Conservatisme sociétal comme le National-bolchevisme et les eurasistes.
Concernant leur rapport à la religion, certains mouvements sont favorables à la présence de la religion dans la société. D'autres sont plutôt laïcs et certains sont franchement théocrates[réf. nécessaire].
Sur la stratégie électoraliste, certains prônent le réformisme tandis que d'autres prônent la stratégie révolutionnaire[16] ou contre-révolutionnaire selon les tendances[17],[18].
Sur le rôle de l'État, certains soutiennent l'étatisme tandis que d'autres sont anti-étatistes[réf. nécessaire].
Sur la politique étrangère, une grande partie se divise au sujet du conflit israélo-arabe. De nombreux mouvements soutiennent le nationalisme arabe ainsi que les palestiniens[19],[20],[21],[22]. Ainsi, l'Espagne franquiste soutenait activement les nationalistes arabes[23], d'autres factions antisionistes d'extrême droite affichent une proximité avec le Hezbollah libanais et l'Iran khomeiniste sans forcément être musulmans, ainsi l'Alliance pour la paix et la liberté, parti d'extrême droite européen qui appelle à la défense de la chrétienté soutient ouvertement les mouvements islamistes chiites pro-iraniens[24], tandis que d'autres mouvements et partis soutiennent le sionisme[25]. Beaucoup de mouvements en Europe sont aussi anti-américains[26] tandis que d'autres, plus proches du néoconservatisme sont pro-américains.
Fondements idéologiques
Si les mouvements ou partis d'extrême droite sont divers, leurs socles idéologiques comportent des points communs : un patriotisme, un nationalisme[27] et un traditionalisme[28] encore plus poussés qu'à droite, un discours autoritariste affirmé, et un programme économique et social hétéroclite, parfois plus favorable aux milieux populaires que celui de la droite traditionnelle, usant largement d'une rhétorique antisystème et de dénonciation des élites[29]. La xénophobie fait aussi partie de ce socle commun et se traduit souvent par une opposition à l'immigration[30].
Le politologue néerlandais Cas Mudde montre que la plupart des analyses de l'idéologie d'extrême droite mettent en avant des combinaisons diverses des cinq aspects suivants : nationalisme, racisme, xénophobie, opposition à la démocratie, revendication d'un État fort[4]. Pour Pascal Delwit et Andrea Rea, « deux sujets essentiels cristallisent le vote d'extrême-droite : la xénophobie et le discours sécuritaire »[31].
Au-delà de ces fondements idéologiques, les références parfois hétéroclites et les itinéraires variés des mouvements d'extrême droite expliquent des positions parfois contradictoires[29]. Ainsi, dans le domaine spirituel, certains défendent un traditionalisme-intégrisme religieux[32], d'autres un athéisme exacerbé ou un néo-paganisme[33]. De plus, comme le souligne la géopolitologue Béatrice Giblin-Delvallet, l'existence de ressorts communs à l'extrême droite moderne ne doit pas empêcher de comprendre l'évolution des différents partis en relation avec des contextes nationaux particuliers. Par exemple en matière économique, « le nouveau nationalisme russe rejette toute intervention économique et sociale étatique (du fait d’un mauvais souvenir du centralisme soviétique ?). En revanche, le RN nouveau prône le rôle actif et protecteur de l’État contre les capitalistes prédateurs qui appauvrissent les plus faibles »[34].
Qualification
Pour les politologues spécialistes de l'extrême droite Jean-Yves Camus et Nicolas Lebourg, l'expression « extrême droite » est utilisée pour qualifier des événements très différents en Europe et est donc ambigüe, car généralement utilisée par des adversaires politiques de manière disqualifiante ou stigmatisante en assimilant toutes ses tendances au fascisme et au nazisme[35]. Selon Pierre-André Taguieff, l'expression « extrême droite » constitue « une étiquette polémique plutôt qu’une catégorie conceptuellement élaborée ou un modèle d’intelligibilité utilisable dans les travaux savants ». Mais l'expression est néanmoins utilisée en sciences politiques pour les analyses électorales, où elle permet « d’identifier d’une façon vague mais fortement stigmatisante telle ou telle formation politique ». D'après Taguieff, les mouvements nommés « extrême droite » ont sur certains sujets, comme le rejet de la « mondialisation libérale », une position « plus proche de la gauche, voire de la gauche révolutionnaire ou radicale, que de la droite libérale ou de la droite conservatrice »[36].
Le qualificatif « extrême droite » n'est quasiment jamais assumé par ceux qui en font partie, préférant s'autoqualifier de « droite nationale » ou « mouvement national ». La littérature scientifique reconnaît cependant l’existence d’une famille de partis d’extrême droite, mais cette analyse est surtout adaptée à l’Europe de l’Ouest[35].
En France, Jean-Marie Le Pen déclare par exemple être « économiquement de droite, socialement de gauche et nationalement de France »[37] ou encore en 1978 : « L'extrême droite, le mot est équivoque dans la mesure où il comporte le mot extrême. Nos adversaires confondent volontairement, et dans l'intention de tromper, une position géographique sur l'échiquier politique avec une position d'extrémisme politique. Or notre philosophie, notre principe d'action et notre programme ne sont pas extrémistes et par conséquent nous occupons la place qui est libre. Je crois qu'il n'y a pas de droite, le centre actuel n'est pas la droite, bien qu'une grande partie du peuple de droite vote pour les candidats du centre et même de la gauche »[38]. Le MSI, parti néofasciste italien, utilisait l'expression « droite nationale », tandis que ses adversaires le désignaient simplement comme la « droite », le mot n'ayant pas la même portée dans le vocabulaire politique italien : le terme « extrême-droite » était plutôt réservé, en Italie, aux groupes subversifs ou néonazis. L'appellation « droite nationale » a été également utilisée par le Front national en France. En Autriche, le FPÖ, sous la présidence de Jörg Haider, préférait se décrire comme la « troisième force » opposée à la fois aux socialistes et aux conservateurs ; ses membres se présentaient comme des « libertaires »[39].
Il sera donc question d’« extrême droite traditionnelle »[40] à propos de la tendance activiste et protestataire issue directement des mouvements fascistes, nazis et racistes des années 1930 à 1960. Le terme de « nouvelle droite national-populiste »[41] sera utilisé pour les partis constitués plus récemment autour de problématiques liées à la crise : chômage, immigration, identité nationale, etc. et qui mettent en œuvre des stratégies de prise de pouvoir électorale[42].
En 2005, à partir d’une enquête menée dans cinq pays européens (Allemagne, Belgique, France, Italie, Pays-Bas) auprès de militants d’extrême droite, des chercheurs de l'Université libre d'Amsterdam résument les traits caractéristiques qui structurent leur identité politique :
- ils sont moins extrêmes que l'image de marginalité et de violence de certaines études, très peu d'entre eux étant des admirateurs d'Adolf Hitler ou du troisième Reich et forment un groupe très diversifié ;
- ils ne sont pas de nouveaux mouvements, car en continuité avec les courants d'extrême droite du passé dont ils sont une rémanence, souvent par leur famille ;
- même si ce qui les différencie des autres partis est la xénophobie, ils sont plus de son « envers », la préférence nationale, « le versant positif de l'attitude ethnocentrique » qui est le nationalisme ;
- le discrédit et la stigmatisation dont ils font l’objet est probablement leur point commun le plus important ; ils rejettent l'étiquette d'extrême droite qui les associe au nazisme et à la Shoah, la plupart admettant être de droite mais réfutant l'extrémisme, terme qu'ils emploient pour des mouvements selon eux plus radicaux ; les auteurs concluent que « paradoxalement, cette stigmatisation peut aussi être une ressource pour le mouvement, dans la mesure où elle aide à le faire tenir ensemble (…) Et la stigmatisation qu’ils subissent est en quelque sorte symétrique de celle qu’ils infligent généralement aux “autres”, aux étrangers, aux immigrés, aux minorités »[43].
Les voies et moyens
Les moyens mis en œuvre par les partis ou organisations d'extrême droite sont divers :
- le parlementarisme et la participation aux élections[44] ;
- la propagande[45], notamment par le cyberactivisme ;
- l'activisme pouvant parfois revendiquer la violence comme moyen d'action légitime[46], voire le terrorisme[47] comme en Italie[48], en Suède[49], en Turquie[50], en Allemagne[51] ou en Israël[52].
La base électorale de l'extrême droite reste avant tout les milieux populaires : petits commerçants, artisans, ouvriers[53], etc. Elle suit en effet une ligne « anti-élite » (voire parfois contre-révolutionnaire[54]), se différenciant ainsi de la droite conservatrice et libérale.
En France, par exemple, et selon la géographe Catherine Bernié-Boissard (coauteur du livre Vote FN, pourquoi ?), « le vote FN exprime un désarroi, un sentiment de déclassement. Les scores les plus élevés, on les retrouve dans des communes où le taux de diplômés et le niveau d’éducation sont les plus faibles, où la présence des services publics est moindre »[55]. Les partis d’extrême droite sont souvent accusés par l'opposition de jouer avec les peurs et les frustrations de couches populaires précarisées, notamment en érigeant l'étranger ou les jeunes de quartiers populaires en boucs-émissaires[56]. Le sentiment d'insécurité est aussi un élément récurrent mis en avant dans ces discours[57].
Selon une étude de l'Église réformée de France, l'électorat de l'extrême droite est majoritairement masculin, peu diplômé et anti-politique[58].
Lors de l'élection présidentielle de 2017, le Figaro rend compte des profils socio-culturels des électeurs des différents candidats au premier tour. Si le score auprès des ouvriers et employés pour les alliés du second tour Dupont-Aignan et Le Pen dépasse les 40 %, le vote des cadres pour ces candidats est de 18 %, contre 33 % pour Macron, 20 % pour Fillon, 19 % pour Mélenchon, et 8 % pour Hamon[59].
Caractéristiques générales
À partir du cas de la France, l'historien Michel Winock dans son ouvrage Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France (2004)[60], donne les neuf caractéristiques suivantes aux mouvements d’extrême droite qui découlent du discours de la décadence, « vieille chanson que les Français entendent depuis la Révolution » :
- « la haine du présent », considéré comme une période de décadence ;
- « la nostalgie d’un âge d'or » ;
- « l'éloge de l’immobilité », conséquence du refus du changement ;
- « l'anti-individualisme », conséquence des libertés individuelles et du suffrage universel ;
- « l'apologie des sociétés élitaires », l'absence d’élites étant considérée comme une décadence ;
- « la nostalgie du sacré », qu'il soit religieux ou moral ;
- « la peur du métissage génétique et l’effondrement démographique » ;
- « la censure des mœurs », notamment la licence sexuelle et l'homosexualité ;
- « l'anti-intellectualisme », les intellectuels n’ayant « aucun contact avec le monde réel » (Pierre Poujade).
Les interprétations qu’il en donne sont de quatre ordres.
- Dans le cadre de la lutte des classes, il s’agit de la revanche des perdants contre les gagnants de la modernité. Ainsi s’expliquent l’élitisme aristocratique de l’extrême droite du XIXe siècle (les aristocrates étant les grands perdants de la Révolution française, puis de la Révolution industrielle), ainsi que le poujadisme des petits commerçants contre la montée des grandes surfaces (il est à noter que les grandes surfaces n'existaient pas en 1956 et que les petits commerçants souffraient plutôt des prélèvements fiscaux excessifs) et des laissés pour compte de la crise actuelle.
- L’« interprétation conjoncturaliste » insiste sur le rôle important des situations de crise dans la montée de ces idéologies. Une crise économique et sociale se mue alors en une crise politique, réelle ou supposée.
- Il indique également le passage de la « société tribale, rurale, patriarcale » à la « société urbaine, industrielle et libérale », se traduisant par une série de peurs et notamment « la peur de la liberté » (Karl Popper).
- L’interprétation anthropologique assimile le discours sur la décadence du pays avec la nostalgie de l’homme vieillissant devant l’enfance, ce « monde protégé ».
Pour Jean-Yves Camus, dans un contexte de mondialisation[61] et de montée des inégalités, l'extrême droite « s'impose plus que jamais comme principale force de contestation du consensus idéologique imposé par le modèle social ultralibéral »[62]. Mais un anticapitalisme de façade était déjà, selon Alain Bihr, l'un des arguments démagogiques du fascisme[63].
Étymologie contemporaine
L'extrême droite est composée de divers courants (convergents ou antagonistes) parmi lesquels :
- des groupuscules néofascistes ou néo-nazis, se réclamant du fascisme des années 1930 ;
- certains partis religieux traditionalistes, tenants d'une politique pouvant être qualifiée de cléricale comme les catholiques traditionalistes, certains partis néosionistes et religieux en Israël, ou islamistes[64], ce courant national-catholique étant représenté au sein de nombreux partis nationalistes, par exemple en France le Front national ;
- des organisations racistes comme le Ku Klux Klan, prônant une suprématie blanche, et d'autres, à l'inverse, prônant la suprématie noire, avec notamment Nation of Islam aux États-Unis, Zimbabwe African National Union au Zimbabwe et la Tribu Ka en France ;
- des partis populistes, nationalistes et souverainistes comme le Dansk Folkeparti[65] (Parti populaire danois en français) au Danemark, le Freiheitliche Partei Österreichs (Parti autrichien de la liberté en français) en Autriche, le Front national en France, l'Union démocratique du centre[66], le Démocrates suisses et le Partei National Orientierter Schweizer (Parti nationaliste suisse en français) en Suisse, Die Republikaner (les Républicains en français) en Allemagne, le Vlaams Belang (« Intérêt flamand » en français) en Flandre, le Front national en Belgique francophone, le Partij voor de Vrijheid (le Parti pour la liberté en français) aux Pays-Bas, ou Alerte populaire orthodoxe en Grèce ;
- etc.
D'autres formations sont selon certains observateurs considérées comme d'extrême droite, mais cette classification peut être davantage controversée :
- les monarchistes, partisans de l'absolutisme, ou dans les républiques, du rétablissement de la royauté ;
- les nationalistes révolutionnaires et les nationaux-bolchévistes ou « eurasistes » inspirés par les théories de Jean Thiriart et d'Alexandre Douguine ; le terme « national-bolchévisme » ayant été employé abusivement pour désigner d'anciens membres de la nomenklatura communiste s'étant reconvertis dans le nationalisme, tel le parti de Slobodan Milošević en Serbie.
Types d'extrêmes droites
- Certaines branches du Péronisme en Argentine (Alliance libératrice nationaliste, Concentración Nacional Universitaria)
- Les différents intégrismes religieux, catholiques (Civitas, Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X) ou musulmans (Taliban, Tehreek-e-Labbaik Pakistan), voire protestants et orthodoxes selon les pays
- Le fascisme puis le néofascisme en Italie et dans d'autres pays, prônant la création d'un état totalitaire basé sur les masses ainsi qu'un nationalisme radical
- Le phalangisme et le national-syndicalisme en Espagne et dans les nations hispaniques d'Amérique latine, prônant le Panhispanisme et le National-syndicalisme, souvent confondu avec le Franquisme
- Le pétainisme et le national-solidarisme en France
- Le nazisme puis le néonazisme en Allemagne et dans d'autres pays, prônant le racisme et l'antisémitisme
- Certaines formes de néopaganisme, comme le wotanisme et la Nouvelle Droite
- Le pinochetisme au Chili
- Le national-bolchevisme, l'eurasisme et le néo-tsarisme en Russie
- Le nationalisme révolutionnaire, présent dans toute l'Europe, principalement répandu en Italie et en France, prônant l'unité de la nation avec une vision nationaliste du monde et une vision socialiste de la société ainsi que le différencialisme ethnique, l'antisionisme, l'anticapitalisme, et l'anti-atlantisme.
- Le salazarisme, prônant le fascisme clérical, mêlant certains éléments réactionnaires avec certaines caractéristiques du Fascisme
- Le national-catholicisme et le traditionnalisme catholique dans les pays à majorité catholique, assez répandu en France, en Espagne et en Amérique latine
- L'islamo-nationalisme dans les pays musulmans (principalement en Turquie), mêlant nationalisme (arabe ou turc) et islamisme
- L'ilminisme en Corée du Sud sous Syngman Rhee
- Une partie du royalisme en Europe
- Le suprémacisme blanc en Europe, aux États-Unis et en Afrique du Sud, prônant la suprématie des Blancs, souvent antisémite
- Le suprémacisme noir en Afrique et aux États-Unis, prônant la suprématie des Noirs
- Le rexisme en Belgique[67], le mouvement national royaliste[68] et le nationalisme thiois[69]
- Le kahanisme en Israël, prônant la création d'un Etat juif religieux théocratique et l'expulsion des arabes, des chrétiens et musulmans
Partis et mouvements par pays
Selon les pays et les contextes, le terme « extrême droite » est, de fait, utilisé pour trois types de visions ou de mouvances :
- l'ensemble des mouvements et des partis siégeant, lorsqu'ils ont des élus, à l'extrême droite de l'hémicycle (à droite et en haut des gradins), il convient alors de parler de « l'extrême droite de l'échiquier politique ou extrême droite parlementaire » ;
- un ensemble de groupuscules révolutionnaires se distançant nettement du parlementarisme par leur idéologie ;
- un ensemble de groupuscules insurrectionnels violents voire terroristes.
La présence de ces mouvements par pays est aussi très variable. La situation des États-Unis, avec une extrême droite à l'influence marginale s'oppose ainsi à celles de plusieurs pays européens, (Autriche, Norvège, Danemark, Suède, etc.) où leur présence parlementaire est de plus en plus marquée. De façon intermédiaire, des pays tels que le Japon disposent de mouvements d'extrême droite non parlementaires, mais ayant une forte capacité d'influence sur le principal parti au pouvoir.
Dans certains pays, comme l’Autriche, Israël et plus récemment la Norvège, l’extrême droite participe parfois aux coalitions gouvernementales avec la droite et le centre-droit, et possède donc à l’occasion des ministres. Au Danemark, l'extrême droite a, au début des années 2000, apporté son soutien à un gouvernement, sans toutefois y participer.
Depuis 2000, une dizaine de pays européens ont connu des participations de l'extrême droite au gouvernement ou bien un soutien parlementaire à des gouvernements, pouvant être de centre-droit ou de centre-gauche : Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), Parti national slovaque (SNS), Patriotes unis de Bulgarie, Parti pour la liberté des Pays-Bas (PVV), Parti populaire danois, Parti du Progrès norvégien, les Vrais Finlandais, Union démocratique du centre en Suisse, la Ligue du Nord italienne et l'Alerte populaire orthodoxe (LAOS) en Grèce[70].
Si dans les années 1970, Vera Oredsson (sv) dirigeait une formation d'extrême droite en Suède (le Parti du Reich Nordique), c'est à partir du XXIe siècle que les partis d'extrême droite et de droite populiste européens se féminisent, plusieurs de leurs figures de proue étant des femmes, comme Marine Le Pen (France), Siv Jensen (Norvège), Krisztina Morvai (Hongrie), Pia Kjaersgaard (Danemark), Anke Van dermeersch (Belgique), Alessandra Mussolini (Italie) ou encore Eléni Zaroúlia (Grèce). Ces personnalités et leurs partis respectifs ne se situent pas tous sur la même ligne politique, certains étant issus d'une droite radicale populiste, d'autres étant clairement fascisants[71].
En France, l'extrême droite remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle et coïncide avec la fin de la monarchie. Parmi les idées caractéristiques des mouvements classés à l'extrême droite, ont figuré à titres divers notamment l'antiparlementarisme, l'islamophobie, l'antisémitisme, le nationalisme ou bien encore l'homophobie et le sexisme chez certaines personnes. Les mouvements actuellement classés à l'extrême droite en Europe sont souvent accusés de racisme et de xénophobie, en raison de leur hostilité générale à l'immigration et des positions ouvertement racistes revendiquées par certains d'entre eux.
- Rassemblement national (anciennement Front national, France) créé en 1972.
- Front national (Belgique) créé en 1985, disparu en 2012.
- Mouvement pour une meilleure Hongrie créé en 2003.
- Parti national-démocrate d'Allemagne créé en 1964.
- Parti de la liberté d'Autriche créé en 1955.
- Vlaams Belang créé en 2004 après la dissolution du Vlaams Blok.
- Parti national britannique créé en 1982.
- Parti des Suisses nationalistes fondé en 2000. Parti nationaliste suisse, fondé en 2011.
Banalisation de l'extrême droite
Nada Afiouni et Nicolas Guillet, enseignants-chercheurs en Normandie, dans leur ouvrage, Tentatives de banalisation de l’extrême droite en Europe observent, ces dernières années, un phénomène tout sauf « anodin », de « dédiabolisation » de l’extrême droite en France.
Une dédiabolisation qui s’opère aussi bien sur le plan formel où l’extrême droite « modifie [son] nom, [son] logo, [son] discours public, l’atténue, l’euphémise, se fait le porte-parole du bon sens populaire, emprunte des références aux autres familles politiques tout en [se dépouillant] des siennes. » que sur le plan substantiel où elle devient « une force politique pérenne » et où « les partis politiques classiques, concurrenc[e] l’extrême droite sur son propre terrain, bris[e] les digues jusqu’à assurer des passerelles politiques à ses personnalités, à passer des accords électoraux avec elle.»[72],[73]
Nada Afiouni et Nicolas Guillet constatent toutefois que ce phénomène de dédiabolisation reste « encore très partiel ». Ils relèvent, ainsi : « [qu']Anne-Sophie Leclère, candidate FN aux élections municipales de 2014 à Rethel, avait publié sur sa page Facebook un photomontage montrant d’un côté, un singe, de l’autre, Christiane Taubira, avec cette légende : « A 18 mois » et « Maintenant », qu’Aymeric Chauprade a tenu dans l’une de ses vidéos postées sur son site internet à la suite des attentats perpétrés en France contre Charlie Hebdo : « La France est en guerre, avec des musulmans (…). L’islam fait planer sur la France une menace très grave sur son avenir (…). On nous dit qu’une majorité de musulmans est pacifique. Certes. Mais une majorité d’Allemands l’étaient avant 1933 et le national-socialisme allemand » ou encore un tweet posté par Bruno Lemaire, conseiller économique auprès de Marine Le Pen, évoquant à la suite des attentats [contre Charlie Hebdo] la « secte de mohamerde » et amalgamant islam et terrorisme »[74].
Les chercheurs constatent, en outre, qu'il n'est « nul besoin de [l’extrême droite] à la direction du pays pour voir une partie [de ses idées] mise en œuvre ou, du moins, pour voir des similitudes entre son programme et les actions des pouvoirs en place.» En ce qui concerne par exemple, « les obsessions sécuritaires, les pamphlets anti-Roms et antimusulmans, les débats officiels sur la patrie »[75].
Notes et références
- Carole Reynaud-Paligot, « Maurras et la notion de race », dans Michel Leymarie, Olivier Dard, Jacques Prévotat et Neil McWilliam (dir.), Le maurrassisme et la culture : L'Action française, culture, société, politique (III), Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », , 370 p. (ISBN 978-2-7574-0147-7, lire en ligne), p. 111–119.
- Jean-Yves Camus, « Extrême droite », sur universalis.fr.
- Stéphanie Dechezelles, Visages et usages de l'extrême droite en Italie. Pour une analyse relationnelle et non substantialiste de la catégorie extrême droite., Revue internationale de politique comparée 4/2005 (Vol. 12), p. 451-467, lire en ligne.
- (en) Cas Mudde, « Right-wing extremism analyzed: A comparative analysis of the ideologies of three alleged right-wing extremist parties (NPD, NDP, CP'86) », European Journal of Political Research, vol. 27, no 2, , p. 203–224 (ISSN 0304-4130 et 1475-6765, DOI 10.1111/j.1475-6765.1995.tb00636.x, lire en ligne, consulté le ).
- Philippe Vervaecke, Valérie Auda-André, David Bensoussan, Myriam Boussahba-Bravard, À droite de la droite, droites radicales en France et en Grande-Bretagne au XXe siècle, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq (Nord), Coll. Espaces politiques, 2012, 562 pages lire en ligne.
- Cette attitude, qui consiste à refuser de collaborer avec les membres des partis d'extrême droite, est ce que l'on appelle former un "cordon sanitaire". Anouck Thibaut, Michel Torrekens, Combattre l'extrême droite en Europe, Les Cahiers du petit Ligueur, De Boeck, Bruxelles, 2000, page 28, lire en ligne.
- « En Autriche, l’extrême-droite est devenue «convenable» », sur L'Opinion, (consulté le )
- « Autriche : la droite et extrême droite scellent leur accord de gouvernement », sur Capital.fr, (consulté le )
- « Le sombre pacte de Nétanyahou avec l’extrême droite », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Législatives en Espagne : conservateurs et libéraux tentés par l’alliance avec l’extrême droite », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Allemagne : manifestations contre les alliances électorales avec l'extrême-droite », sur euronews, (consulté le )
- Nicolas Weill, L'autre extrême droite française, Frédéric Charpier, Le Monde, 13 février 2005, lire en ligne.
- Zeev Sternhell, Naissance de l'idéologie fasciste, 2008.
- Walter Laqueur : Histoire des droites en Russie, p. 227 & suiv. Paris, éd. Michalon, 1996; (ISBN 978-2841860081)
- (en) Saeed Barzin, « Guide: Iranian parliamentary elections », sur BBC World, (consulté le )
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- (de) Torsten Oppelland, « Nationaldemokratische Partei Deutschlands », sur bpb.de (consulté le )
- Tous les mouvements d'extrême-droite se déclarent nationalistes mais cette unanimité ne doit pas faire oublier que l'exaltation du sentiment national n'a pas toujours appartenu à la doctrine d'extrême-droite, Ariane Chebel d'Appollonia, L'extrême-droite en France : de Maurras à Le Pen, vol. 1, éditions Complexe, 1998, p. 44.
- Toupictionnaire : le dictionnaire de politique, Extrême droite lire en ligne.
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Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Travaux universitaires
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- Benjamin Biard, L'extrême droite en Europe occidentale (2004-2019), Bruxelles, CRISP, 2019.
- Benjamin Biard, L'extrême droite en Europe centrale et orientale (2004-2019), Bruxelles, CRISP, 2019.
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- Collectif (sous la direction de Hugo De Schampheleire et Yannis Thanassekos), Extreem rechts in West-Europa/L'extrême droite en Europe de l’Ouest, Bruxelles, Presses Universitaires de la Vrije Universiteit Brussel, 1991, 407 pages.
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- Collectif (sous la direction de Madeleine Rebérioux), L’Extrême droite en questions, EDI, 1991.
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- Pierre-André Taguieff, La revanche du nationalisme : Néopopulistes et xénophobes à l’assaut de l’Europe, Paris, PUF, (présentation en ligne, lire en ligne)
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Travaux non universitaires
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- Gwenaël Breës, L'affront national: le nouveau visage de l'extrême droite en Belgique, EPO, Bruxelles-Anvers, 1991 (réédition en 1992). Préface de Maxime Steinberg.
- Collectif (REFLEXes), L'Europe en chemise brune - Néo-fascistes, néo-nazis et national-populismes en Europe de l'Ouest depuis 1945, aux éditions REFLEX-EPO, 1992. Préface de Maurice Rajsfus.
- Manuel Abramowicz, Les rats noirs. L'extrême droite en Belgique francophone, Luc Pire, Bruxelles, 1996.
- Olivier Guland, Le Pen, Mégret et les Juifs. L'obsession du « complot mondialiste », La Découverte, 2000.
- Jean-Christophe Cambadélis et Éric Osmond, La France blafarde, 2001.
- Christophe Bourseiller, La Nouvelle Extrême droite. Monaco, Paris, Éditions du Rocher, 2002, collection Documents. 235 pages (ISBN 978-2-268-04419-4).
- Collectif, Bêtes et méchants, petite histoire des jeunes fascistes français, Éditions REFLEXes, Paris, 2002 (ISBN 978-2-914519-01-4).
- Laurence Parisot et Rose Lapresle, Un piège bleu Marine, Calmann-Levy, 2011 présentation en ligne.
- Anouck Thibaut, Michel Torrekens, Combattre l'extrême droite en Europe, Les Cahiers du petit Ligueur, De Boeck, Bruxelles, 2000, présentation en ligne.
- Alain Bihr, Le spectre de l'extrême droite. Les Français dans le miroir du front national., Éditions de l'Atelier, 1998 lire en ligne.
- Église réformée de France, (préf. Michel Bertrand), La tentation de l'extrême droite, Éditions Olibétan, 2000, 192 pages, présentation en ligne.
- Roger Noël, Antifascisme ou anti-capitalisme ?, RésistanceS, 1998, lire en ligne.
- Anouck Thibaut, Michel Torrekens, Combattre l'extrême droite en Europe, Les Cahiers du petit Ligueur, De Boeck, Bruxelles, 2000, lire en ligne.
- Catherine Bernié-Boissard, Élian Cellier, Alexis Corbière, Danielle Floutier et Raymond Huard, Vote FN, pourquoi ?, Au Diable Vauvert, 128 pages, (ISBN 284626466X).
Travaux d'auteurs d'extrême droite
- François Duprat, Les Mouvements d'extrême droite en France de 1940 à 1944. Paris, Éditions de l'Homme Libre, 1999. 324 pages.
- Id., Les Mouvements d'extrême droite en France de 1944 à 1971. Paris, Éditions de l'Homme Libre, 1998. 196 pages.
- Id., La Droite nationale en France de 1971 à 1975. Paris, Éditions de l'Homme Libre, 2002. 168 pages.
- Emmanuel Ratier, Les Guerriers d'Israël, Éditions FACTA, 1993 (sur l'extrême droite juive).
Vidéographie
- AFP, Politique : L'extrême droite en Europe, , 2 min (vidéo Youtube).
- Alexandre Spalaikovitch et Laurent Delhomme, Nouveau look, nouveaux dangers : le retour des extrémistes en Europe. France, Angleterre, Hongrie, Allemagne : plongée dans cette Europe identitaire, aux multiples visages., Yemaya Production, M6, Enquête exclusive, , 78 min, présentation en ligne.
- Stéphane Munka, Skinheads à la droite de l'extrême, , Canal+, Spécial investigation, 52 min, présentation en ligne.
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Fragments sur les Temps Présents site d'universitaires français spécialistes de l'extrême droite (histoire, sociologie, sciences-politiques)
- Droite(s) extrême(s) site consacré à l'actualité des extrêmes droites par des journalistes du journal Le Monde
- Survol du nationalisme
- Jean-Yves Camus, « L’Extrême droite : une famille idéologique complexe et diversifiée » La Pensée et les hommes, no 68, Bruxelles, juin 2008.
- Radiographie d'une idéologie fasciste à la française.
- RésistanceS Observatoire de l'extrême droite en Belgique.
- Laurent de Boissieu, Annuaire de l'extrême-droite, France Politique, site d'information sur la vie politique française.
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