Femmes dans l'armée
L'histoire des femmes dans l'armée s'étend sur plus de 4 000 ans à travers un grand nombre de pays et de civilisations. Depuis les guerrières de l'Antiquité jusqu'aux femmes militaires engagées dans les conflits contemporains, elles ont tenu dans les armées des rôles multiples, même si dans toutes les cultures la grande majorité des combattants ont été des hommes.
Relativement peu de femmes dans l'histoire ont combattu aux côtés des hommes : le plus souvent, elles ont été employées comme auxiliaires. Leur engagement sur le front a souvent été interdit et reste objet de controverses.
Histoire
L'éventuelle origine historique des mythiques Amazones a fait l'objet de suppositions diverses ; les dépouilles féminines découvertes par l'archéologie dans les sépultures militaires des kourganes tendent à orienter les hypothèses vers des guerrières scythes et sarmates[1]. Cependant, de l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine, rares sont les femmes qui font la guerre, telles Iâhhotep Ire ou Jeanne d'Arc[2].
Au XIXe siècle, la première vague féministe revendique la reconnaissance de l'égalité des droits des femmes avec ceux des hommes, notamment celui de servir dans l'armée, qui est progressivement obtenu surtout lors de la deuxième vague.
Au cours de la Première Guerre mondiale, près de 6 000 femmes combattent dans l’armée russe. En 1917, la russe Maria Botchkareva forme le 1er bataillon féminin de la mort, constitué de femmes volontaires[3]. La même année sont créés au Royaume-Uni le Queen Mary's Army Auxiliary Corps (en) et le Women's Royal Naval Service. La femme la plus décorée du conflit est la serbe Milunka Savić.
La guerre civile finlandaise voit la création d'une organisation d'auxiliaires volontaires exclusivement féminines, appelée Lotta Svärd : on compte alors 150 000 lottas pour 600 000 hommes dans l'armée finlandaise.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes les armées comptent des auxiliaires féminines, sauf l'armée japonaise. En Australie, la Women's Auxiliary Australian Air Force, dirigée par Clare Stevenson, est créée pour faire participer les femmes dans les efforts de guerre dans le Pacifique. Parmi les forces du Troisième Reich, les SS ont pour pendant féminin les aufseherinnen (surveillantes), tandis que la Wehrmacht s'appuie sur les Wehrmachthelferin, également connues en français sous le surnom de « souris grises » à cause de la couleur de leur uniforme. Elles gardent leur statut civil et sont essentiellement utilisées dans la logistique, les transmissions ou les camps ; cependant, à partir de , certaines sont autorisées à entrer dans la Volkssturm pour défendre Berlin. Dans l'armée britannique, les femmes sont 400 000 à la fin de la guerre, soit 9 % des effectifs. L'armée rouge compte 500 000 femmes à partir de 1942, un million à la fin de la guerre[4]. Le Women's Army Corps (WAC), branche féminine de l'armée américaine, voit plus de 150 000 femmes y servir.
Dans les deux camps et sur chaque front, des centaines de milliers de femmes sont engagées dans les combats du second conflit mondial. Allemandes d'un côté, Britanniques et Soviétiques de l'autre contribuent activement aux pertes infligées à l'ennemi ; en contrepartie, elles sont tuées, blessées ou capturées. Les Américaines, en revanche, ne sont pas envoyées au combat[5]. Quant aux Allemandes, de fait leur mobilisation entre en contradiction avec l'idéologie du régime. Pour Hitler, le devoir de la femme nazie est d'assurer la survie de la race aryenne dans la salle d'accouchement, non sur le champ de bataille[6]. En , il se résout cependant à la création d'un bataillon d'infanterie féminin expérimental[7].
Depuis le début des années 1970, la plupart des armées occidentales ont commencé à admettre les femmes dans le service actif. Seuls quelques pays les autorisent à remplir des fonctions combattantes : Nouvelle-Zélande, Canada, Danemark, Finlande, France, Italie, Allemagne, Norvège, Israël, Serbie, Suède, Suisse[8], ainsi que les États-Unis depuis [9] (l'interdiction remontant à 1948[10]). En 2013, dans le contexte de la guerre civile syrienne et pour pallier la baisse des effectifs dans l'armée (morts, fuites vers l'Europe, désertion, etc.), le président Bachar el-Assad autorise les femmes à combattre sous l'uniforme[11].
Situation spécifique
Les femmes sont minoritaires dans toutes les armées où elles sont présentes. Bien que l'une des raisons de cette minorité est qu'elles peuvent être victimes de sexisme et d'agressions sexuelles de la part de leurs collègues ou supérieurs[12], il ne faut pas oublier qu'à travers l'histoire, quand les femmes étaient autorisées à combattre, les hommes y étaient souvent forcés.
Notes et références
- (en) Lyn Webster Wilde, « Did the Amazons really exist? », sur Diotima (consulté le )
- Marion Trévisi, Philippe Nivet, Les femmes et la guerre de l'Antiquité à 1918 : actes du colloque d'Amiens, 15-16 novembre 2007, Paris, Economica, , 412 p. (ISBN 978-2-7178-5951-5)
- « Le bataillon russe de la mort », sur Tetue.net
- Dont des tireuses d'élite (telles Lioudmila Pavlitchenko et Roza Chanina) et trois régiments d'aviation exclusivement composés de femmes, de la mécanicienne à la pilote (telles Marina Raskova, Lidia Litviak ou Iekaterina Boudanova), surnommées par les Allemands les « sorcières de la nuit » car elles coupaient le moteur de leur avion lorsqu'elles s'approchaient de leur cible.
- Campbell 1993, p. 301-302.
- Campbell 1993, p. 313-314.
- Campbell 1993, p. 317-318.
- (en) Helena Carreiras, Gender and the military : women in the armed forces of western democracies, Routledge, , 288 p. (ISBN 0-415-38358-7)
- « L’armée américaine ouvre tous ses postes aux femmes », sur Le Monde.fr,
- Gilles Paris, « Le combat des soldates américaines », Le Monde,
- Nigina Beroeva, « Dans Damas assiégée », Le Figaro Magazine, semaine du 11 décembre 2015, pages 58-70
- Leila Minano et Julia Pascual, La guerre invisible : Révélations sur les violences sexuelles dans l'armée française, Les Arènes, (ISBN 978-2-35204-302-7 et 2-35204-302-6)
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Svetlana Aleksievitch (trad. du russe par Galia Ackerman et Paul Lequesne), La guerre n'a pas un visage de femme, Paris, Presses de la Renaissance, , 398 p. (ISBN 978-2-856-16918-6, OCLC 803666320)
- Martin van Creveld (trad. de l'anglais par Michel Euvrard), Les femmes et la guerre [« Men, women and war »], Monaco, Éditions du Rocher, coll. « Art de la guerre », , 306 p. (ISBN 978-2-268-04225-1)
- Jean-François Dominé et Nathalie Genet-Rouffiac (dir.), Les femmes au combat : l'arme féminine de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, Vincennes, Service historique de la défense, coll. « Cahiers d'histoire militaire appliquée / Les statuts du monde combattant », , 102 p. (ISBN 978-2-110-96330-7)
- Claude Quétel, Femmes dans la guerre : 1939-1945, Paris, Larousse, coll. « L'oeil des archives », , 239 p. (ISBN 978-2-035-82641-1, OCLC 758078012)
- Bruce Myles (trad. de l'anglais par Pierre Saint-Jean), Les sorcières de la nuit : l'extraordinaire histoire des aviatrices soviétiques pendant la Seconde guerre mondiale [« Night Witches »], Albin Michel, , 264 p. (ISBN 978-2-226-05840-9)
- (en) D'Ann Campbell, « Women in Combat : The World War Two Experience in the United States, Great Britain, Germany, and the Soviet Union », Journal of Military History, no 57, , p. 301-323 (lire en ligne).
- Revue De la guerre, Jean Lopez (dir.), dossier « Femmes au combat. Mythe ou réalité ? », été 2022, Perrin.
Articles connexes
- Bataillon sacré
- Femmes dans l'Armée de défense d'Israël (en)
- En Nouvelle-Zélande : Human Rights (Women in Armed Forces) Amendment Act 2007.
- Guerrière amazone
- Femmes de réconfort
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