Dolma (plat)
Le dolma est une recette que l'on retrouve dans de nombreuses régions, où il est connu sous différents noms.
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C'est un plat très répandu dans les cuisines des pays de Méditerranée orientale, du Caucase, des Balkans, du Moyen-Orient, du Maghreb (notamment en Algérie et dans les régions marocaines de Tétouan et de Ksar El Kébir[1]), et de Méditerranée occidentale (Golfe du Lion, Ligurie, Adriatique, Sicile). On le trouve jusqu'en Asie centrale[2] et en Inde[3].
Le plat peut être à base de feuilles de vigne farcies dans certaines régions ou de légumes farcis (courgettes, des aubergines, des tomates, des poivrons ou du chou…) dans d'autres régions. La farce contient du riz, parfois de la viande hachée, des oignons et des épices.
Étymologie
L'origine du nom « dolma » est disputée. Le mot, dont l'usage daterait de la fin du XIXe siècle[4], est souvent associé au verbe turc doldurmak[5] (« remplir ») ou dolmak[4] (« être rempli ») et au mot turc ottoman, طولمه (tolma) qui désigne littéralement « quelque chose qui est farci[6] ». Les linguistes arméniens affirment que le mot dérive du mot urartéen toli, qui signifie « feuille de vigne[7] », faisant ainsi remonter le terme au royaume d'Urartu datant du IXe et VIe siècles av. J.-C. : les Arméniens auraient emprunté ce terme, tolimis, pour désigner ce plat constitué de « viande dans une feuille de vigne ». Avec le temps, tolimis s'est transformé en tolim , puis en tolima , et enfin en tolma[7]. Les sources iraniennes[8] affirment que le plat était déjà connu dès le XVIIe siècle.
On obtient ainsi les noms : տոլմա (tolma) ou դոլմա (dolma) en arménien, dolma en azéri et en turc, dolâma en turkmène, tulma en tatare[2], ტოლმა (tolma) en géorgien, ντολμάς (ndolmás) ou ντολμαδάκι (ndolmadáki) en grec, دوُلما (dolma) en arabe, دۆلمە (dolme) en kurde, دلمه (dolmeh) en persan. Pour éviter le terme « dolma », les Arméniens utilisent parfois des périphrases telles que tzitayoughov derevi patoog (littéralement « huile d'olive-feuille-emballé[7] »). Lorsqu'ils ne contiennent pas de viande, ils sont appelés yalancı dolma (« faux dolma ») en turc[2].
D'autres termes existent pour désigner ce plat. Il est appelé « feuille » lorsque ce sont elles qui sont farcies : yaprak en turc, japrak en albanais, yaprekh en araméen[9], یاپراخ (yaprakh) en kurde, يبرق (yabraq) à Alep, برگ (barg) en persan, terepavat (« emballé dans une feuille ») en arménien[7].
Parfois, c'est le mode de préparation, « farcir », qui a inspiré le nom : محشي (maḥshi) ou محشي ورق عنب (maḥshī waraq 'inab, « feuille de vigne farcie ») en arabe, γεμιστά (yemista) en grec, ממולא (memulah) en hébreu[3], rellenada en ladino, sarma (« enveloppé ») en turc, litsk (« farci »), patoog (« emballé ») en arménien[7].
Préparation et consommation
Les feuilles de vigne, que l'on peut trouver en conserve ou fraîches[10], ou les légumes, sont fourrées avec un mélange de viande hachée et de riz cru, puis roulées en forme de petit cigare. On les dispose ensuite dans une grande casserole en les arrosant d'eau, parfois de jus de grenade[9], et d'un peu d'huile. Puis on cuit pendant une dizaine de minutes. Il existe une grande variété de farces et de légumes utilisables. On y trouve parfois des noix, des pignons de pins, des raisins et des légumineuses[2]. On le farcit parfois avec du mouton haché, du bœuf, ou du poulet (notamment en Inde). On peut aussi le préparer avec des feuilles de ronce commune, aussi appelée mûrier sauvage.
Les sarmale (nom donné au dolma en Roumanie) sont l'un des plats traditionnels roumains. La farce peut alors contenir du porc, de l'aneth et le mets est souvent servi avec de la crème fraîche. En Algérie, où ce plat est très populaire, le dolma est souvent fait avec des courgettes et parfois avec des pommes de terre, des artichauts, des poivrons ou des feuilles de chou farcies. En Arménie, on prépare une version sans viande appelée պասուց տոլմա (pasuts tolma, « dolma de carême »). Elle est constituée de feuilles de chou farcies de haricots rouges, de pois chiches, de lentilles, de blé concassé, de pâte de tomate, d'oignons et d'épices[11]. Respectant les règles du carême arménien, il est végétarien ; cependant, malgré son nom, il est préparé tout au long de l'année. Certaines variantes utilisent des fruits (pommes, coings, melons), notamment en Iran[8],[3].
Ce plat est la plupart du temps servi comme entrée. On peut le manger froid (notamment quand il ne contient pas de viande) ; il peut aussi être nature, mariné dans l'huile d'olive, avec du citron ou servi chaud avec du yaourt, avec ou sans ail, du tahini, une sauce aigre-douce, ou de l’avgolémono grec[12].
Il serait à l'origine des kåldormar suédois, un plat qui aurait été ramené de l'Empire ottoman sous le règne de Charles XII de Suède, au début du XVIIIe siècle[13]. Par l'intermédiaire des Indiens, il aurait inspiré le bò cuốn lá lốt, du bœuf roulé dans des feuilles de lá lốt préparé au Viêt Nam[2].
Aspects culturels
La préparation des dolmas est laborieuse et nécessite de la patience. On les confectionne parfois avec son entourage. Ils peuvent ainsi servir de prétexte pour tester les talents culinaires d'une future belle-fille[14]. Servir des dolmas à des invités témoigne aussi d'une certaine hospitalité[3]. Les aliments farcis sont un symbole de fête et d'abondance, convenable pour des rassemblements familiaux[3].
Galerie
- Dolmas de Mossoul.
- Dolmas de poivrons et d'aubergine azerbaïdjanais.
- Bò cuốn lá lốt vietnamien.
- Dolmas crétois à la fleur de courge farcie de riz
Notes et références
- Fatima R'houni, Fan ttabkh almaghribi attitwani al assil, Tétouan, 1979.
- (en) Alan Davidson, The Oxford Companion to Food, OUP Oxford, , 960 p. (ISBN 978-0-19-104072-6 et 019104072X, lire en ligne), p. 258 et 854.
- (en) Gil Marks, Encyclopædia of Jewish Food, Houghton Mifflin Harcourt, , 672 p. (ISBN 978-0-544-18631-6 et 0544186311, lire en ligne).
- (en) « dolma - definition of dolma in English from the Oxford dictionary », sur www.oxforddictionaries.com (consulté le ).
- « Dict.com », sur www.dict.com (consulté le ).
- (en) « Definition of DOLMA », sur www.merriam-webster.com (consulté le ).
- (en) Irina Petrosian et David Underwood, Armenian Food : Fact, Fiction & Folklore, Lulu.com, , 243 p. (ISBN 978-1-4116-9865-9 et 1411698657, lire en ligne), p. 82.
- (en) electricpulp.com, « Dolma. Encyclopædia Iranica », sur www.iranicaonline.org (consulté le ).
- (en) Dale A. Johnson, The Great Fast Cookbook, Lulu.com, , 143 p. (ISBN 978-0-557-04032-2 et 0557040329, lire en ligne), p. 30.
- (en) Beth Hensperger, The Ultimate Rice Cooker Cookbook : 250 No-fail Recipes for Pilafs, Risotto, Polenta, Chilis, Soups, Porridges, Puddings, and More, from Start to Finish in Your Rice Cooker: Easyread Lar, ReadHowYouWant.com, , 540 p. (ISBN 978-1-4587-6958-9 et 1458769585, lire en ligne), p. 236.
- (en) « Pasus Tolma: Stuffed Cabbage Leaves. heghineh.com », sur heghineh.com, https://www.facebook.com/heghineskitchen, (consulté le ).
- (en) George Vutetakis, Vegetarian Traditions, AuthorHouse, , 216 p. (ISBN 978-1-4389-5591-9 et 143895591X, lire en ligne), p. 26.
- (en) Darra Goldstein, Fire and Ice : Classic Nordic Cooking, Ten Speed Press, , 304 p. (ISBN 978-1-60774-611-9 et 1607746115, lire en ligne).
- (en) Attila d'Hun Gyarmati, Attila d'Hun's Storybook/Cookbook : Delightful Reading Delicious Eating Storybook/Cookbook Through the Ages, AuthorHouse, , 196 p. (ISBN 978-1-4634-5405-0 et 1463454058, lire en ligne), p. 149.
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Dolma » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
- Alimentation et gastronomie
- Portail de la cuisine du Maghreb
- Portail du patrimoine culturel immatériel