François Certain de Canrobert

François Marcellin Certain de Canrobert, né François Certain Canrobert[1],[2] le à Saint-Céré et mort le à Paris, est un maréchal français. Il s'illustre dans les principales campagnes du Second Empire (particulièrement aux combats de l'Alma, de Magenta, de Solférino et de Saint-Privat). Après avoir été un soutien indéfectible de Napoléon III, il devient sous la Troisième République l'une des figures du parti bonapartiste et siège, de 1876 à 1894, au Sénat au sein du groupe de l'Appel au peuple.

Pour les articles homonymes, voir Canrobert.

François Certain de Canrobert
François Certain Canrobert

François Certain de Canrobert
photographié par Nadar.

Naissance
Saint-Céré (France)
Décès
Paris (France)
Origine Français
Allégeance  Royaume de France
 Royaume de France
 République française
 Empire français
 France
Arme Infanterie de ligne
Dignité d'État Maréchal de France
Années de service 1828 – 1873
Commandement Subdivision de Batna
Conflits Conquête de l'Algérie, Guerre de Crimée, Guerre franco-allemande de 1870
Faits d'armes Bataille de l'Alma
Bataille de Magenta
Bataille de Solférino
Bataille de Saint-Privat
Distinctions Voir « Décorations »
Autres fonctions Gouverneur militaire de Paris (1865-1870)
Sénateur du Lot (1876)
Sénateur de la Charente (1879)

Biographie

Origines familiales

François Certain de Canrobert est né dans une famille d'ancienne bourgeoisie[3]. Il voit le jour à Saint-Céré dans le Lot, où sa maison natale subsiste et où un monument à son effigie dû à Alfred Lenoir est érigé en 1897 place de la République[4]. Son acte de naissance ne porte pas de particule, mais deux documents délivrés postérieurement par la mairie de Saint-Céré en font état.

À sa naissance, son père, Antoine Certain Canrobert, ancien capitaine, est âgé de 55 ans. Cet officier de l'Ancien Régime a émigré en 1791 et servi à l'armée de Condé. Son demi-frère, Antoine, brillant officier issu de Saint-Cyr, a été tué par un boulet de canon à Fleurus le , en combattant pour l'Empereur Napoléon Ier.

Par la sœur de son père, Marie-Louise, il est le cousin d'Adolphe et de Marcellin Marbot, devenus respectivement maréchal de camp (général de brigade) et lieutenant général (général de division) sous la monarchie de Juillet.

Carrière militaire

Âgé de 17 ans, Canrobert entre le à l’École royale spéciale militaire de Saint-Cyr où il est nommé caporal le . À sa sortie de l’école, il intègre le 47e régiment d’infanterie de ligne (RIL), avec le grade de sous-lieutenant à compter du 1er octobre. Il y sert jusqu’en 1840 et y est promu lieutenant le .

L'Afrique du Nord

François Certain Canrobert.

En 1835, il arrive avec son unité en Algérie où il combat sur les bords de l’oued Sig et de l’Habra. En 1836, il est aux combats de Dar el Achen, de la Tafna, à Sidi Yacoub, à La Silal et à Bet el Laham.

Il est nommé lieutenant adjudant major, le . Le , il est promu capitaine et occupe les fonctions de capitaine adjudant major. Il prend part, au combat de Medjeoly-Amar et au siège de Constantine où, adjoint au colonel Combes, il est blessé et, à 27 ans, gagne la croix de chevalier de la Légion d'honneur.

Il est versé au 6e bataillon de chasseurs à pied, le . Il est au col de la Mouzaïa. L'année suivante, il participe aux combats de Nador, de Moursia et affronte les Flittas. Nommé chef de bataillon le , il rejoint le 13e régiment d’infanterie légère. Le 16 octobre, il passe au 5e bataillon de chasseurs d’Orléans, où il gagne la croix d’officier de la Légion d’honneur en s’illustrant aux combats de Gontas, Baal, Tadjena, Sidi-Brahim, puis près de l’oued Lemig, au combat de l’Isly et à Riou.

Promu lieutenant-colonel, le , il est muté au 16e RIL. L’année d’après, il rejoint le 64e RIL, le . Le , il est au 2e RIL et commande la subdivision de Batna.

Le passage à la Légion

François Certain Canrobert décoré de la Légion d’honneur.

Promu au grade de colonel, le 8 novembre, il est versé au 3e régiment d’infanterie légère qu’il quitte le 31 mars 1848 pour prendre les fonctions de chef de corps du 2e régiment étranger, tout en gardant la subdivision de Batna. Avec cette unité, il prend le bey Ahmed.

En juin, il permute avec le colonel de Cariés de Senilhes et prend le commandement du 3e régiment de zouaves et de la subdivision d’Aumale. En 1849, il est à Beni Mélikech, Sameur, Al Amri. Puis, il commande l'assaut lors de la prise de Zaatcha (le ), lieu de combats particulièrement sanglants et y soumet les insurgés. Il y gagne la cravate de la Légion d’honneur le .

Le général du Second Empire

Le maréchal de France François Certain de Canrobert à Versailles.

Rappelé en France par le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, il est nommé maréchal de camp (général de brigade) à compter du . Il est nommé commandant de la brigade d’infanterie de la 1re division de Paris, le , puis commandement de la 3e brigade, le et contribue à la réussite à Paris du coup d'État du 2 décembre 1851. Dans l’après-midi du , sur les boulevards Montmartre et Poissonnière, les soldats de la division commandée par Canrobert côtoient une foule où se mêlent curieux et manifestants[5],[6]. Dans une certaine confusion, les soldats ouvrent le feu. Le carnage fait entre une centaine et 300 morts dont des femmes et des enfants ainsi que des centaines de blessés[5],[7],[8] mais dès le au soir, la résistance parisienne au coup d’État est écrasée. Le bilan de ces journées parisiennes est de 300 à 400 personnes tuées sans compter les soldats[9]. Si on compte 2/3 d'ouvriers parmi les tués, on y trouve aussi de nombreux innocents et curieux, victimes de la division Canrobert sur les grands boulevards[9]. Dans toute la France, 26 884 personnes sont arrêtées, essentiellement dans le Sud-Est, le Sud-Ouest et quelques départements du Centre[10]. Environ 21 000 d'entre elles sont condamnées par des commissions mixtes (composées dans chaque département du préfet, d'un général et d'un magistrat) dont 9 530 à la déportation en Algérie et 239 autres au bagne de Cayenne. Toutefois, les mesures de répression prononcées par les 82 commissions mixtes inquiètent le président Louis-Napoléon Bonaparte[11] qui délègue en mission extraordinaire les généraux Canrobert, Espinasse et le conseiller d'État Quentin Bauchart, afin de réviser les décisions prises et préparer des mesures de grâce[10]. Si Espinasse et Canrobert, chargés du Sud-Ouest et du Languedoc, font preuve de peu d'indulgence envers les condamnés avec un petit millier de grâces accordées, le conseiller d'État Quentin-Bauchart, chargé du Sud-Est, accorde 3 400 grâces alors que Louis-Napoléon Bonaparte use également de son côté largement de son droit de grâce[12].

Canrobert cumule par la suite sa fonction avec l’emploi d’aide de camp du prince–président, puis de l’Empereur. Promu général de division, le , il commande la division d’infanterie au camp d’Helfaut-Saint Omer, à partir du 27 avril. En mai, il devient inspecteur général du 5e arrondissement de l’infanterie pour l’année 1853 avant d’être nommé à la division d’infanterie de l’armée d’Orient, le .

La Crimée

Général de division, il participe ensuite à la guerre de Crimée et assume le commandement en chef après le maréchal de Saint-Arnaud. Il prend part aux combats de la Dobrudja et à la bataille de l'Alma, où il est légèrement blessé. Il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur, le 1er octobre. Présent à Balaklava, et à Inkerman, il est blessé au cours de cette dernière bataille, le 5 novembre 1854. Il est alors promu grand-croix de la Légion d’honneur. Le 13 janvier 1855, il reçoit la médaille militaire.

Jugé trop timoré, il est relevé par le général Pélissier. Il reprend à sa demande le commandement de son ancienne division, devenue 1re division d'infanterie du 2e corps. Cette situation étant moralement difficile, Napoléon III insiste pour qu'il rentre en France. Devant plusieurs refus, il le nomme à nouveau son aide de camp et en août, lui intime l'ordre de rentrer à Paris pour occuper ses fonctions.

Ses différends avec Lord Raglan, général de l'armée britannique, l'obligent à se démettre de son commandement. Le , il est élevé à la dignité de maréchal de France.

L'Italie

Carpenedolo, plaque à Canrobert et Niel.

En , il commande les divisions de l'Est, à Nancy, puis le camp de Châlons, à compter du . Le , il reçoit le commandement du 3e corps de l'armée des Alpes et participe à la campagne d’Italie d’avril à juillet, passe par Turin, Dorial, Balba, Magenta et Solferino. Il se distingue à la bataille de Magenta () et contribue largement à la victoire lors de la bataille de Solférino ().

La France

Le château de l'Églantine, bâti au milieu du XIXe siècle par le Maréchal Canrobert.

Il rejoint alors la garnison de Nancy avec son corps d’armée. Il devient commandant du 3e arrondissement militaire de Nancy, le . En 1862, il commande les troupes du camp de Châlons puis passe au commandement supérieur du 4e corps d’armée de Lyon à compter d’octobre.

Le , il épouse à Paris Flora Leila Macdonald dont il aura trois enfants, parmi lesquels Napoléon Eugène Marcelin Alfred Certain de Canrobert, Officier de la Légion d'honneur[13].

Le , il commande le 1er corps d'armée et la 1re division militaire de Paris.

1870-1871

Le , il refuse de prendre le commandement de l'armée du Rhin, effrayé par les responsabilités qui en découlent, abandonne ce commandement vicié à Bazaine et devient un subordonné obéissant. Il est aux combats de Sainte-Barbe, de Noisseville et de Ladonchamps. Les 16/18 août, il commande le 6e corps d’armée du Rhin qui se distingue à Gravelotte, à Saint-Privat où il bouscule les trois corps du général von Steinmetz et décime la garde royale prussienne, mais, faute de munitions et de renforts, il abandonne sa position. Il est fait prisonnier avec le maréchal Bazaine lors de la reddition de Metz le . Après plusieurs mois de captivité, il est libéré et regagne la France en .

La fin de carrière militaire et la carrière politique

Portrait du Maréchal Canrobert, par Nélie Jacquemart (1870).

Il est alors nommé président de la commission d’avancement de l’infanterie puis membre du conseil supérieur de la guerre en 1872, membre du comité de défense en 1873. Il fait une carrière politique dans le groupe de l'Appel au peuple, en étant élu sénateur du Lot en 1876 puis sénateur de la Charente en 1879, fonction qu'il occupe jusqu'en 1894. Son collègue Victor Hugo, ne sera pas tendre pour lui : « J'ai vu Canrobert au Sénat. Caboche de reître. Méchant, mais bête [14]. »

Proche du maréchal de Mac Mahon, il vota, en , la dissolution de la Chambre et soutint le ministère Broglie-Fourtou. En 1878, il représenta le gouvernement français aux obsèques du roi Victor-Emmanuel II. Figure marquante du parti bonapartiste, sa participation aux débats politiques fut par la suite essentiellement axée sur les questions militaires. Il vota cependant généralement dans le sens des conservateurs, notamment contre les projets de loi sur l'enseignement, contre la réforme judiciaire, contre l'expulsion des princes ou contre le divorce, s’abstenant sur le rétablissement du scrutin d'arrondissement ou sur le projet de loi restrictif de la liberté de la presse[15].

Doyen des maréchaux de France de son époque, il se rendit aux obsèques du maréchal de Mac-Mahon en 1893 où il fut salué par l'amiral russe Avellane au nom de l'Empereur de Russie. Ce fut sa dernière apparition officielle. Il meurt à son domicile parisien, le . Ses obsèques furent célébrées le dimanche en l'église Saint-Louis-des-Invalides où il fut inhumé. L'amiral Henri Rieunier, ministre de la marine, fut désigné pour tenir l'un des cinq cordons du char funèbre.

Il était propriétaire du château de l'Églantine à Jouy-en-Josas[réf. nécessaire], qui abrite depuis 1991 le musée de la toile de Jouy.

Honneurs et postérité

Alfred Lenoir, détail du Monument au maréchal Canrobert (1897), Saint-Céré.

Une statue le représentant est érigée dans sa ville natale de Saint-Céré sur la place de la République.

Le nom de Canrobert a été donné :

Décorations

Castel Goffredo, plaque commémorative du général Canrobert.

France

 Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Danemark

Royaume de Sardaigne

Empire ottoman

Empire russe

Armoiries

Figure Blasonnement

« D'azur, à une main dextre ouverte et appaumée d'argent. »[16]

Anecdote

Durant la guerre de Crimée, le général était toujours optimiste dans ses dépêches qu'il terminait par : « « Tout va bien, signé Canrobert » ». Cette expression est restée dans la langue française pour désigner le fait de dissimuler ou minimiser une situation grave[réf. nécessaire].

Il a été l'un des nombreux amants de la célèbre comédienne Sarah Bernhardt[17].

Annexes

Sources

Les papiers personnels de François Certain de Canrobert sont conservés aux Archives nationales sous la cote 595AP[18]

  • « François Certain de Canrobert », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • « François Certain de Canrobert », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. Archives départementales du Lot en ligne, acte de naissance 4 E 2214, vue 35/73.
  2. Il est simplement appelé « Canrobert » par convenance.
  3. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 9, pages 137 à 139 Certain.
  4. « Monument au maréchal Canrobert – Saint-Céré », notice sur e-monumen.net.
  5. Pierre Milza, Napoléon III, Perrin, 2006, p. 260.
  6. Louis Girard, Napoléon III, Fayard, 1986. Réédition : 2002. p. 153.
  7. Claude Latta, La résistance des républicains au coup d'État du 2 décembre 1851.
  8. Luc Willette, op. cit., p. 148-149.
  9. Pierre Milza, Napoléon III, Perrin, 2006, p. 261.
  10. Les commissions mixtes de 1852, Criminocorpus.
  11. Pierre Milza, Napoléon III', Perrin, 2006, p. 268.
  12. Voir le tableau de Maurice Agulhon dans 1848 ou l'apprentissage de la République 1848-1852, Paris, Le Seuil, 1973 p. 235-236 repris par criminocorpus.cnrs.fr.
  13. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  14. Victor Hugo, Choses vues, Paris, Gallimard, folio, , 529 p. (ISBN 2-07-036141-1), p. 379
  15. Biographie, Sénat,
  16. Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, , 1171 p. (lire en ligne), et ses Compléments sur www.euraldic.com
  17. Stéphane Bern, Secrets d'Histoire 4
  18. Voir la notice dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales
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