Louis Jules Trochu
Louis-Jules Trochu, né au Palais à Belle-Île-en-Mer (Morbihan) le et mort à Tours (Indre-et-Loire) le , est un général de division et homme d'État français sous le Second Empire. Élève de Saint-Cyr et de l'École d'application du Corps royal d'état-major, gouverneur de Paris, il prend le pouvoir à la suite de la proclamation de la République en 1870, et met en place un gouvernement de la Défense nationale le . Il quitte le pouvoir le et met fin à son gouvernement après avoir tenté de poursuivre la guerre franco-allemande.
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Louis-Jules Trochu | |
Portrait du général Louis-Jules Trochu. | |
Fonctions | |
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Représentant du Morbihan à l'Assemblée nationale | |
– (1 an, 4 mois et 19 jours) |
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Élection | |
Président du gouvernement de la Défense nationale (chef du gouvernement) | |
– (5 mois et 13 jours) |
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Gouvernement | Gouvernement de la Défense nationale |
Prédécesseur | Napoléon III (empereur des Français) Charles Cousin-Montauban (chef du cabinet) |
Successeur | Adolphe Thiers (chef du pouvoir exécutif) Jules Dufaure (vice-président du Conseil des ministres) |
Biographie | |
Nom de naissance | Louis-Jules Trochu |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Le Palais (France) |
Date de décès | (à 81 ans) |
Lieu de décès | Tours (France) |
Parti politique | Orléaniste |
Diplômé de | École spéciale militaire de Saint-Cyr École d'application du Corps royal d'état-major |
Profession | Officier général |
Chef du gouvernement français | |
Carrière militaire
Louis-Jules Trochu passe toute son enfance à Belle-Île-en-Mer dans la ferme familiale du domaine de Bruté que son père, Jean-Louis Trochu, en agronome avisé, avait développée avec succès. Il fait ses études au prestigieux collège Sainte-Barbe à Paris puis intègre pour deux ans en 1835 l’école militaire de Saint-Cyr en région parisienne avant de passer deux autres années à l’école d’état-major. Officier, il sert en Algérie, comme aide de camp du général Lamoricière, des maréchaux Bugeaud et de Saint Arnaud. Ancien brigadier et blessé grièvement à Sébastopol le (guerre de Crimée), il est divisionnaire à Magenta et Solférino (Campagne d'Italie (1859). Il obtient le grade de général en 1866. Inspecteur de l'Infanterie il décrit l'impréparation de l'Armée Française dans un livre, l'Armée Française en 1867[1], dans lequel il concluait :
« En terminant, je dirai à l'armée française : Nous nous sommes endormis dans la satisfaction de nous-mêmes ; nous nous sommes détournés du travail, négligeant les efforts, les recherches, les comparaisons qui créent le progrès. Mettons-nous résolument à l'œuvre. »
. Son ambition de « [parler] des choses de la guerre et de l'armée librement[2] » entraîne sa disgrâce. D'autant que, plutôt orléaniste, il n'a jamais été favorable au régime impérial.
Pourtant la popularité qu’il en acquiert le fait nommer gouverneur de Paris le , pendant la guerre franco-prussienne de 1870.
Le successeur de l'Empire
Le , des manifestants parisiens, ayant appris la veille la capitulation de l'armée devant Sedan et la captivité de Napoléon III, envahissent l'Assemblée nationale et empêchent le Corps législatif de délibérer. La République est proclamée à l'Hôtel de ville. Le général Trochu devient président du gouvernement de la Défense nationale. Le , une manifestation populaire a lieu contre Trochu et son gouvernement. Il réussit à se maintenir et proclame : « Le gouverneur de Paris ne capitulera pas. »
Le gouvernement déclare vouloir consacrer toute l’énergie du pays à sa défense. Dans une proclamation à l’armée, il justifie la destitution de l’ancien pouvoir et affirme : « Nous ne sommes pas au pouvoir, mais au combat[3] », en ajoutant deux jours plus tard : « Ne pensez qu’à la guerre et aux mesures qu’elle doit engendrer[4]. »
Cependant, l'historien Henri Guillemin avance qu'à Paris, où le général Trochu est gouverneur militaire, le gouvernement, préoccupé par le risque de révolte populaire, fait peu d'efforts pour défendre efficacement la capitale et cherche à traiter avec les Prussiens pour maintenir l'ordre social[5]. Le , le général de la Motterouge, affecté au commandement supérieur des gardes nationales de la Seine, est promu gouverneur militaire de la 15e région, à Nantes ; il est remplacé par le général d'artillerie Tamisier, qui avait été cassé de son grade sous le Second Empire.
Le gouvernement ayant choisi de rester dans Paris encerclé par les troupes prussiennes et leurs alliés, une délégation est envoyée à Tours pour coordonner l'action en province sous les ordres d'Adolphe Crémieux, ministre de la Justice, accompagné par Alexandre Glais-Bizoin et l'amiral Fourichon.
Elle est rejointe le 9 octobre par Léon Gambetta investi des ministères de la guerre et de l'intérieur pour former de nouvelles armées : l'Armée du Nord, l'Armée de la Loire puis l'Armée de l'Est. Le , le général Trochu, qui avait qualifié de « rumeur » la reddition sans combat de l'armée de Bazaine à Metz, doit reconnaître les faits sous la pression de la foule. L'exaspération envers l'inertie des gardes nationales après la chute du Bourget et l'envoi d'Adolphe Thiers à Versailles pour négocier avec Bismarck se solde par le soulèvement du 31 octobre 1870, où Trochu ne parvient à sauver son gouvernement qu'en rassemblant les dernières brigades encore loyales, notamment avec l'aide de Jules Ferry.
Le gouvernement parvient à s'assurer de son soutien à Paris par un plébiscite, le , et organise deux jours plus tard des élections municipales à Paris.
À la suite de ces événements, Tamisier donne sa démission le et reprend le poste de chef d'escadron d’artillerie au 5e secteur de Paris. En province, où la victoire du général de Paladines à la tête de l'Armée de la Loire avait ressuscité l'espoir, les mauvaises nouvelles s'accumulent tandis que l’étau se resserre autour de Paris. La « Grande sortie » visant à briser l'encerclement allemand a lieu dans la nuit du ; dans la bataille de Champigny qui s'ensuit, les Français perdent trois fois plus d'hommes que l'ennemi (notamment faute d'un équipement adéquat contre le froid), mais l'impact psychologique sur les assiégés est plus grand encore car le siège n'a pas été levé. Une deuxième tentative, impliquant des troupes de la Garde Nationale, échoue le : c'est la deuxième bataille de Buzenval.
La destitution de Trochu, jugé responsable de cet échec, est demandée. Il démissionne de lui-même le après une fracassante déclaration dans laquelle il préconise en réalité la capitulation. Il est remplacé par Adolphe Thiers en tant que chef du pouvoir exécutif. Devant l'avance des armées allemandes, la délégation se replie sur Bordeaux.
Fin de vie
Le , Trochu est mis en disponibilité à sa demande. Thiers envoie Jules Favre lui annoncer qu'il va être fait maréchal de France mais Trochu n'accepte pas. Il refuse la grand-croix de la Légion d'honneur et de poser sa candidature à l'Académie française[6]. Il est élu député en février, mais, dès 1872, il quitte la scène politique.
Victor Hugo, qui s'était hasardé le avec Auguste Blanqui et Charles Delescluze dans un comité de Salut public dispersé par le général Trochu, marqua plus tard celui-ci d'une qualification cinglante : « Trochu, participe passé du verbe Trop Choir. »
Dans L'Année terrible, sous , poème XII, le poète écrit :
« Mais, encore une fois, qui donc à ce pauvre homme /
A livré ce Paris qui contient Sparte et Rome ? /
Où donc a-t-on été chercher ce guide-là ? /
Qui donc à nos destins terribles le mêla ? (...) /
On prend pour meneur et pour auxiliaire /
On ne sait quel pauvre être obscurément conduit /
Lent et fidèle, ayant derrière lui la nuit /
Dont le suprême instinct serait d'être immobile (...) /
sans tactique, sans but, sans colère, sans art /
(...) humble petit marcheur, morne et poussif, /
Rêveur comme la taupe, utile comme l'âne. »
Toutefois, lorsque le , Louis Blanc demande une fois encore à Victor Hugo d’intervenir pour exercer une pression sur le général, il répond : « Je vois plus de danger à renverser le gouvernement qu’à le maintenir. »[7] Pour sa défense, le général déclara le devant l'Assemblée réunie à Versailles, comme cela est rapporté par le Journal des débats du , que la résistance de Paris était une « héroïque folie. » Il affirma que Paris assiégé sans le secours d'une armée extérieure ne pouvait que céder devant l'ennemi et que les vrais responsables du désastre furent les membres du gouvernement qui firent croire au peuple le contraire de ce que, lui, général Trochu, avait répété. Aussi les accusations d’incompétence du commandement ou a fortiori celles de trahison n’étaient que « pures inepties ». Le , il terminait son discours ainsi :
« Messieurs, il n'y a qu'une date qui mérite de rester dans l'exécration publique, c'est la date de la déclaration de la guerre faite dans l'orgueil, sans préparations et sans alliances[8]. »
.
Décorations
- Légion d'honneur :
- Chevalier : 1844
- Officier : 1854
- Commandeur : 1855
- Grand officier de la Légion d'honneur en 1861
Généalogie
Guillaume TROCHU (29/11/1688 à Laillé – 23/04/1757 à Laillé) agriculteur | ||||||||||||||||
Jean René TROCHU (04/05/1718 à Laillé – 15/10/1798 à Laillé) notaire à Vannes, notaire royal et apostolique, trésorier de la paroisse de Toussaints à Rennes | ||||||||||||||||
Julienne ROUESSARD (14/11/1688 à Laillé – 29/05/1764 à Laillé) | ||||||||||||||||
Jean Marie TROCHU (28/10/1770 à Rennes – 17/07/1805 à Rennes) garde magasin des vivres | ||||||||||||||||
François LEJEUNE (1692-24/02/1747 à Rennes) négociant de draps et de soie | ||||||||||||||||
Julienne LEJEUNE (06/04/1727 à Rennes – 28/02/1773 à Rennes) | ||||||||||||||||
Laurence CHEVALIER | ||||||||||||||||
Jean Louis TROCHU (08/05/1790 à Rennes – 31/08/1861 au Palais) officier principal de l'administration de la Guerre, agronome, maire du Palais, conseiller général du Morbihan, conseiller général d'Agriculture | ||||||||||||||||
Étienne BURNEL (12/08/1702 à Rennes – 29/09/1778 à Rennes) doyen de la communauté des marchands | ||||||||||||||||
Antoine Charles BURNEL (08/07/1735 à Rennes – 21/12/1804 à Rennes) prieur consul, capitaine de la milice, administrateur de la ville de Rennes | ||||||||||||||||
Ursule LENOIR (20/03/1703 à Rennes – 25/09/1790 à Rennes) | ||||||||||||||||
Rose Françoise BURNEL (29/10/1769 à Rennes – 27/10/1840 à Lyon) garde magasin des vivres (?) | ||||||||||||||||
Louis VINCENT (???? à Bracieux – ???? à Bracieux) marchand de vins | ||||||||||||||||
Anne VINCENT (02/01/1746 à Nantes – ????) | ||||||||||||||||
Anne FLEURY (???? à Nantes – ????) | ||||||||||||||||
Louis Jules TROCHU (12/03/1815 au Palais – 07/10/1896 à Tours) président du Gouvernement de la Défense nationale | ||||||||||||||||
Pierre LE MAUX (29/06/1685 à Quiberon – ????) | ||||||||||||||||
Pierre LE MAUX (23/09/1718 à Quiberon – 13/05/1776 à Quiberon) maître chasse marée | ||||||||||||||||
Marie LE MARCHAND (21/05/1689 à Quiberon – ????) | ||||||||||||||||
Pierre LE MAUX (19/06/1754 à Quiberon – 08/02/1805 à Paris) négociant, maire de Quiberon, président du canton de Quiberon | ||||||||||||||||
François GUÉGAN (1696-????) | ||||||||||||||||
Louise GUÉGAN (08/10/1726 à Quiberon – 29/06/1807 à Quiberon) | ||||||||||||||||
Perrine LE ROUZIC (18/02/1697 à Carnac – ????) | ||||||||||||||||
Jeanne Prudence LE MAUX (11/03/1787 à Quiberon – 28/01/1876 à Nantes) | ||||||||||||||||
Job LE TOULLEC | ||||||||||||||||
Olivier LE TOULLEC (06/04/1717 à Quiberon – 1789) | ||||||||||||||||
Marie THOMAS (20/12/1682 à Quiberon – 16/04/1758 à Quiberon) | ||||||||||||||||
Jeanne LE TOULLEC (19/06/1754 à Quiberon – 14/10/1825 à Quiberon) | ||||||||||||||||
Renée LE BOULIER (1729-1789) | ||||||||||||||||
Notes et références
Notes
Références
- l'Armée Française en 1867 sur Gallica
- Louis, Jules Trochu, L'Armée française en 1867, Paris, Amyot, (lire en ligne), p. 333.
- Journal officiel de la République française, 6 septembre 1870, no 245, p. 1529, lire en ligne sur Gallica
- Journal officiel de la République française, 8 septembre 1870, no 247, p. 1537, lire en ligne sur Gallica.
- Cf. Henri Guillemin, Les origines de la Commune : L’héroïque défense de Paris (1870-1871), Gallimard, , 430 p..
- Quid des présidents de la République, 1987.
- Victor Hugo, Choses vues 1870-1885, Paris, Gallimard, Folio, , 529 p. (ISBN 2-07-036141-1), p.134.
- Anonyme, « Séance du mercredi 14 juin », Journal des débats politiques et littéraires, (lire en ligne).
- « Généastar : Ascendants de Louis, Jules TROCHU »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur gw3.geneanet.org.
Bibliographie
- Louis Jules Trochu, L'Empire et la défense de Paris devant le jury de la Seine : édition renfermant les débats dans leur complet, augmentée de nouveaux documents, suivie de pièces justificatives et du testament du général Trochu, Paris, J. Hetzel, , 1 vol. (580 p.) ; in-8 (BNF 31497738)
L'Empire et la défense de Paris devant le jury de la Seine sur Gallica - Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil : histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France, 1815-2002, Paris, Perrin, , 729 p., 729 p. : couv. ill. en coul. ; 25 cm (ISBN 2-262-01354-3, BNF 38907484)
- « Louis Jules Trochu », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
Articles connexes
Liens externes
- « Musée Trochu », sur www.musee-trochu.com (consulté le )
- Site internet du Musée Adrien Mentienne à Bry-sur-Marne - Animation sur la bataille de Champigny, avec quelques extraits audio de la chanson satirique Le Plan de Trochu
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