Gérard Souzay

Gérard Souzay (né Gérard Marcel Tisserand le à Angers, Maine-et-Loire, et mort le à Antibes, Alpes-Maritimes) est un chanteur classique (baryton) français.

Gérard Souzay
Nom de naissance Gérard Marcel Tisserand
Naissance
Angers, France
Décès
Antibes, France
Activité principale Artiste lyrique
Baryton
Style Mélodie française et Opéra

Il est considéré comme l'un des meilleurs interprètes de mélodies depuis Charles Panzéra et Pierre Bernac.[réf. nécessaire]

Biographie

D'une famille musicienne angevine, Gérard Souzay grandit à Chinon (il prendra plus tard son nom d'artiste d'un village des bords de Loire). Ses parents se sont rencontrés à la première représentation de Pelléas et Mélisande en 1902. Après ses classes au collège Rabelais à Chinon, il entre à la Sorbonne à Paris pour étudier la philosophie et y rencontre Pierre Bernac, qui décèle ses dons vocaux et l'encourage à étudier le chant.

Souzay entre au Conservatoire de Paris en 1940, étudiant avec Claire Croiza et Jean-Émile Vanni-Marcoux. Il commence à chanter comme ténor mais en 1943, sur les conseils du chanteur lyrique Henri Etcheverry, il devient baryton. Il s'essaye aussi à la composition et en 1942, trois de ses adaptations de poèmes de Paul Valéry sont données en concert par Pierre Bernac. Après avoir obtenu un prix de chant et un prix de vocalise, il continue à développer sa voix sous la conduite de Bernac, quoique tenant à se différencier par des méthodes et des idées plus récentes sur la prononciation[réf. nécessaire]. Attentif à ne pas se cantonner au répertoire français, il étudie le lied, particulièrement Schubert et Schumann, sous la conduite de Lotte Lehmann.

Il donne ses premières représentations publiques en 1945 : des récitals et des concerts dont le Requiem de Fauré à l'occasion du centenaire du compositeur au Royal Albert Hall à Londres. Il acquiert rapidement une renommée internationale pour le récital, d'abord accompagné par Jacqueline Bonneau, sa condisciple au Conservatoire de Paris, mais comme elle est réticente à voyager, il s'associe étroitement dès 1954 avec le pianiste américain Dalton Baldwin, association qui perdure jusqu'à la fin de sa carrière[1].

Ses facilités en langues étrangères lui permettent de chanter dans 13 langues différentes dont l'hébreu, le portugais et le russe. Dans la musique contemporaine, il se produit dans La Danse des morts d'Arthur Honegger et à la première du Canticum Sacrum d’Igor Stravinsky. Le compositeur Jacques Leguerney (1906-1997) écrit de nombreuses mélodies pour Souzay et sa sœur, la soprano Geneviève Touraine, qui avait créé en 1942 les Fiançailles pour rire de Francis Poulenc (leurs deux frères ont également été chanteurs).

Sa carrière lyrique commence en 1947 avec l'opéra-bouffe Il matrimonio segreto de Domenico Cimarosa au festival d'Aix-en-Provence mais ne prendra jamais le pas sur les récitals. Dans les années 1950, il chante notamment les rôles-titres de L'Orfeo de Claudio Monteverdi et de Don Giovanni de Mozart ainsi qu'Almaviva dans Les Noces de Figaro, Lescaut dans Manon de Jules Massenet, Méphistophélès dans La Damnation de Faust d'Hector Berlioz et surtout Golaud dans Pelléas et Mélisande de Claude Debussy.

Il fait ses adieux à la scène à la fin des années 1980 et consacre les dernières années de sa vie à enseigner aux États-Unis, en Europe et au Japon. Il travaille principalement le phrasé et l'interprétation du chant plutôt que la diction française.

Il est également passionné de peinture abstraite et publie en 1983 un livre, Sur mon chemin[2], dans lequel une sélection de ses peintures est accompagnée par de commentaires sur l'art et la vie. Il meurt dans sa maison d'Antibes le , et est inhumé au cimetière des Semboules de cette même commune.

Enregistrements

Les premiers enregistrements de Gérard Souzay datent de 1944 avec les sopranos Germaine Lubin et Geneviève Touraine (ce furent presque les seuls duos qu'il enregistra, à part les derniers avec Elly Ameling). Il enregistre pour le label La Boîte à musique avant de signer avec Decca. Il enregistre par la suite pour Philips et EMI. Une discographie complète a été publiée en 1991, listant plus de 750 titres[3].

Souzay a remporté à trois reprises le grand prix du disque, dont un prix pour son enregistrement des mélodies de Maurice Ravel. Il a également participé aux intégrales des mélodies de Fauré et de Poulenc.

Un grand nombre de ses premiers enregistrements (early recordings) ont été réédités, bien que Souzay les ait désavoués et ait cherché à interdire leur retransmission à la radio, leur préférant des enregistrements plus tardifs.

CD

DVD

  • The Art of Gérard Souzay (vol 1), avec l'orchestre de Radio-Canada, Roland Leduc et Jean Beaudet (dir.) et Dalton Baldwin (piano), Lully, Debussy, Ravel, Rameau, Mozart, Schubert, Berlioz, Gounod, Duparc, Fauré, Gluck, Canteloube - 1DVD VAI 2005.
  • The Art of Gérard Souzay, (vol 2) avec L'Orchestre de Radio Canada, Jean Deslauriers, dir. Dalton Baldwin, (piano), Fauré, Duparc, Debussy, Strauss, Lully, Shubert - Télédiffusions du et du . 1 DVD VAI 2007.

Bibliographie

  • Gérard Souzay, Les Vagues du silence, coll. Maîtres d'hier et d'aujourd'hui, Bibliothèque des arts, 2001
  • Gérard Souzay, Gérard Souzay, coll. Maîtres d'hier et d'aujourd'hui, Bibliothèque des arts, 2001
  • Gérard Souzay, Sur mon chemin, coll. Maîtres d'hier et d'aujourd'hui, Bibliothèque des arts, 2001
  • Gérard Souzay raconte, éditions Somogy, 2001

Critiques

Dans les années 1950, le style de Souzay devint la cible d'un ensemble de critiques après avoir été cité par Roland Barthes dans son essai Mythologies[4] pour illustrer l'analyse sémiologique. Barthes, qui qualifiait d'ailleurs Souzay d'« excellent baryton », écrivait : « ... ayant, par exemple, à chanter une “tristesse affreuse”, il ne se contente ni du simple contenu sémantique de ces mots, ni de la ligne musicale qui les soutient : il lui faut encore dramatiser la phonétique de l'affreux, suspendre puis faire exploser la double fricative, déchaîner le malheur dans l'épaisseur même des lettres; nul ne peut ignorer qu'il s'agit là d'affres particulièrement terribles. Malheureusement, ce pléonasme d'intentions étouffe et le mot et la musique, et principalement leur jonction, qui est l'objet même de l'art vocal. »

« Il faut d'ailleurs rappeler ici que l'esprit mélodramatique, dont relève l'interprétation de Gérard Souzay, est précisément l'une des acquisitions historiques de la bourgeoisie : on retrouve cette même surcharge d'intentions dans l'art de nos acteurs traditionnels, qui sont, on le sait, des acteurs formés par la bourgeoisie et pour elle. »

Quelques années plus tard, Barthes fit des critiques semblables à l'encontre du baryton Dietrich Fischer-Dieskau[5].

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Selon Dalton Baldwin, « il faut que la chimie entre deux êtres soit immédiate. Il faut ressentir la musique de la même façon. »[réf. nécessaire]
  2. Gérard Souzay, Sur mon chemin : Pensées et Dessins, Bibliothèque des arts, Paris, 1983 (ISBN 2850470449)
  3. (en) Manuel Morris, The Recorded Performances of Gérard Souzay: A Discography, Greenwood, New York, 1991 (ISBN 0-313-27392-8)
  4. Roland Barthes, « L'Art vocal bourgeois » dans Mythologies, Paris, 1957, p.169.
  5. Roland Barthes, « Le grain de la voix » dans L'Obvie et l'Obtus, Paris, Seuil, 1982, p.239
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