Gaston Prunier

Gaston Prunier, né au Havre le , et mort en son domicile du 24, rue Dombasle à Paris le , est un peintre et graveur post-impressionniste français.

Gaston Prunier
Biographie
Naissance
Décès
(à 64 ans)
Le Havre
Nom de naissance
Gaston Édouard Marius Prunier
Nationalité
Formation
Activité

Biographie

La Seine au pont de Grenelle (vers 1904), Paris, musée Carnavalet.

Gaston Prunier naît au Havre du mariage de Victor Adrien Prunier (1815-1868) et Ursule Louise Alleaume (1822-1870)[1]. Il entre à l'École des beaux-arts du Havre où il est l'élève de Charles Lhullier, puis il est admis à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier d'Alexandre Cabanel.

L'atelier de Gaston Prunier est situé au no 24 rue Dombasle dans le 15e arrondissement de Paris[2]. Dès 1891, il expose à la galerie parisienne Le Barc de Boutteville. Il présente ses gravures au Salon de 1893 et, l'année suivante, il est admis au Salon des Cent et au Salon des indépendants, où il exposera jusqu'en 1907.

Effectuant un long séjour dans les Pyrénées entre 1894 et 1898 afin d'y décorer des églises, il épouse Marie Anne Claire Etchebarne à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques) le 5 février 1895[3].

Entre 1898 et 1925, Gaston Prunier participe chaque année aux expositions de la Société nationale des beaux-arts. Il expose également ses œuvres au Havre et dans de nombreuses galeries parisiennes.

En 1907, on trouve Gaston Prunier au sein du Groupe des XXX, réunion de trente artistes indépendants d'avant-garde initiée par Pierre Dumont et comptant également dans ses rangs les noms de Raoul Dufy, Henri Matisse, André Derain, Albert Marquet, Maurice Louvrier, Charles Duhamel, Robert Antoine Pinchon, Charles Frechon, Pierre Girieud, Gaston Gosselin, Tristan Klingsor, Eugène Tirvert, Georges Bradberry, Charles Angrand, Marcel Couchaux, André Allard, Ernest Morel et Maurice de Vlaminck. Après une exposition commune à la galerie Legrip à Rouen (1907), le groupe prendra rapidement (1908) le nom demeuré historique de Société normande de peinture moderne.

En 1917, Gaston Prunier fait partie, avec Maurice Asselin, Louis Charlot, Henri Lebasque, Jules-Émile Zingg, des Missions d'artistes aux armées instituées par le général Niox, directeur des musées des armées, aux fins de représentations picturales de documentation de la guerre[4].

Œuvre

Le caisson de la Cité (construction du métro parisien), dessin aquarellé 24x32cm, collection particulière

Gaston Prunier peint le monde du travail, les usines et les activités portuaires. On lui doit de nombreuses vues de Paris, du Havre, de Londres et des Pyrénées (en particulier, pour cette dernière région, des environs de Saint-Palais, ville dont son épouse est native). Au lieu que ses paysages se fondent dans l'abondante production de la Belle Époque, observe Nicolas Éprendre, Gaston Prunier, « à la manière d'un documentariste, se fait le témoin des transformations qui secouent la Capitale au début du XXe siècle »[5].

Ami de Jean Jaurès[6], il a peint la Manifestation pacifiste du Pré-Saint-Gervais[7] (dimanche [8]) qui « donne une représentation colorée du meeting, avec ses nombreux drapeaux rouges, les habits endimanchés, les vendeurs de journaux, le vert d'une campagne pourtant si proche de Paris, et, au loin, Paris et ses fumées d'usine. La banlieue, souvent rejetée, espace incertain, est alors au centre de l'histoire et de ses représentations »[6].

Pour Guillaume Lasserre, « il cristallise la question de l'anti-paysage dans des scènes de chantiers, d'usines, prises sur le motif qu'il retravaille ensuite dans l'atelier. Son travail renvoie au courant socialiste jaurésien. Il s'inscrit dans un univers presque monochrome que l'on retrouve chez nombre d'artistes renvoyant à cet univers sombre »[9].

Ouvrages illustrés

France

L'Écluse de la Monnaie - Barrage-écluse devant l'hôtel de la Monnaie

Roumanie

Expositions

Expositions personnelles

  • Aquarelles de Gaston Prunier, Galerie Samuel Bing, Paris, 1899[22].
  • Galerie Siberberg, Paris, janvier-février 1902.
  • Gaston Prunier : paysages de Paris, de la Bretagne, du Havre, des Pyrénées, galerie Serrurier, no 37 boulevard Haussmann, Paris, janvier-.
  • Gaston Prunier : vues de la Tamise, galerie Allard, Paris, 1908.
  • Vente de l'atelier Gaston Prunier, hôtel des ventes (Philippe Fournier, commissaire-priseur ; Schorp à Églancourt, expert), rue Croix-de-fer, Rouen, 8 février 1975[25].

Expositions collectives

Conférences

  • Nicolas Éprendre, Gaston Prunier (1863-1927) : peindre avec humanité, Société d'études diverses (S.E.D.), hôtel de ville de Louviers, 14 décembre 2019[5].

Réception critique

  • « ...Et si j'ai réservé pour la dernière ligne le nom de Gaston Prunier, c'est afin qu'il y prenne tout le relief qu'il mérite à mes yeux. On admire en lui l'âpreté de la couleur, surprenante à ce degré chez un aquarelliste. Elle imprègne le papier. Elle y pénètre comme un acide. Par une simplification naturelle, il obtient dans ses paysages un caractère éminent de généralité. Une beauté cosmique s'en dégage. Certaine uniformité dans le sombre et le tourmenté, qui lui est familière, rend plus sensibles "quelques vifs mouvements vers la lumière"., d'une délicatesse subtile. Grâce au "sens primordial de la construction" que Claude Roger-Marx a reconnu en lui, Gaston Prunier suggère l'ossature du monde. Les solitudes où se plaît sa contemplation ont une taciturnité primitive. » - Jacques Copeau[28]
  • « Peintre de Paris et de Londres, de la Bretagne et de l'Auvergne, son humeur voyageuse l'a souvent amené aux pics casqués de neige, aux arbres séculaires, aux petites villes, aux bourgades du Béarn, et c'est une image infléchie, habilement coordonnée de tous les éléments étudiés par lui, qu'il présente en une force d'unité impressionnante […] Gaston Prunier, paysagiste classé, savant constructeur des terres, des collines, des vallées, harmoniste des ciels, se révèle observateur d'humanité, sans pour cela que l'expression dépasse le but de la tapisserie qui doit sans cesse rester un art de décoration; mais il ne lui est pas interdit de suggérer le drame et la comédie par ses groupements de personnages et les particularités des physionomies. » - Gustave Geffroy[12]
  • « Gaston Prunier a peint des rues, des canaux, des fleuves, des ports ; il a peint les constructions des villes modernes, des mouvements de terrain près des fortifications, des rochers de Bretagne, des cirques pyrénéens cernant quelque lac tranquille ; il a peint la montagne et la mer, mais en toutes ces œuvres le sujet est le même : c'est l'opposition du ciel mouvementé ou de l'eau courante avec la maison ou le roc immobiles ; c'est le contraste de l'élément fluide et transparent avec le bloc plein et solide du fer et de la pierre, c'est l'antithèse des lignes droites d'une architecture ferme avec les lignes sinueuses des nuages, l'antithèse des lignes horizontales calmes d'un ciel avec les lignes tourmentées des rochers. L'éloquence des lignes et des masses est donc la première des qualités de Gaston Prunier ; toutes ses compositions sont marquées de ce sens dominant : choisir le point de vue où la perspective est la plus significative, où la tache de lumière ou d'ombre est la plus émouvante. Il dresse dans le ciel quelque charpente quasi tragique, ou l'armature sombre d'un pont, ou le mur en ruine d'un coin de sa Démolition de la Cour des Comptes ; il oppose le dos aride des rocs à la profondeur infinie des nuages, et, qu'il s'agisse de la Pointe du Raz, du Cap Rosas ou des Falaises de la Hève, c'est le même élément d'émotion qui s'impose. » - Tristan Klingsor[33]
  • « […] Un schéma très élaboré, une composition souple, un graphisme précis et une matière dense, nourrie, d'où surgissent des formes indiquées dans leurs volumes essentiels. » - Gérald Schurr[34]
  • « Gaston Prunier s'est fait le peintre des quartiers populaires, des scènes sur les fortifications, et en même temps des architectures naturelles ou artificielles : il aime les cathédrales et les montagnes, les maisons en construction ou en démolition et les rochers à pic. Ce goût des verticales, des lignes ascendantes qui amène l'artiste à placer la ligne d'horizon très bas dans le tableau est l'une des caractéristiques de son talent. » - Dictionnaire Bénézit[35]

Notes et références

  1. Généastar, Gaston Prunier, généalogie
  2. Salon de la Société nationale des beaux-arts Le livre d'or des artistes exposants
  3. Musée d'art moderne André-Malraux, Dernières acquisitions : Gaston Prunier, dessins, 2019
  4. [PDF] François Robichon, Les missions d'artistes aux armées, 1917, CERMA - Musée de l'armée.
  5. « Conférence du SED - Le peintre Gaston Prunier mis en lumière à Louviers », La Dépêche de Louviers, 5 décembre 2019
  6. Vincent Duclert, Jaurès 1859-1914 : la politique et la légende, Éditions Autrement, Flammarion, 2013.
  7. Alain Boscus, Gaston Prunier, “La manifestation pacifiste du Pré-Saint-Gervais, 1913”, sur histoire-image.org.
  8. Assemblée nationale, 'La manifestation pacifiste de Pré Saint-Gervais, le tableau dans son contexte historique.
  9. Guillaume Lasserre, « Peindre la modernité - Travail et révolte dans la France industrielle », Mediapart, 21 novembre 2020
  10. Joconde, portail des collections des musées de France, Département des arts graphiques du Musée du Louvre et musée des beaux-arts de Chambéry, les œuvres de Gaston Prunier
  11. L'inventaire du patrimoine de Rhône-Alpes, “Les glaisières de Vanves” de Gaston Prunier, collection Mairie de Jassans-Riottier.
  12. Gustave Geffroy, Les Gobelins, collection « Les musées d'Europe », Éditions Ligaran, 1906-1908.
  13. Mobilier national, Gaston Prunier dans les collections
  14. Musée Carnavalet, Gaston Prunier dans les collections
  15. Musée Carnavalet, "Tanneries de la Glacière" dans les collections
  16. Musée Carnavalet, "Docks à la villette" dans les collections
  17. Musée Carnavalet, "Foule sur la place de la Concorde, 11 novembre 1918" dans les collections
  18. Musée Carnavalet, "Chantier en construction rue du Four" dans les collections
  19. Musée Carnavalet, "Chantier artésien de la butte-aux-Cailles" dans les collections
  20. Musée Carnavalet, "Glaisière à Vanves" dans les collections
  21. Musée Carnavalet, "Chantiers de construction de la rue de Sèvres, près du boulevard Raspail" dans les collections
  22. Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, t.3, Les Éditions de l'Amateur, 1979, p.140.
  23. Denis Milhau, « Misérabilisme de l'art ou la rigueur de l'inertie », in Toulouse, Autrement, 1991.
  24. Gaston Prunier, Paysage, notice sur photo.rmn.fr.
  25. La Gazette de l'Hôtel Drouot, 31 janvier 1975.
  26. Dont 1907 : Camille Mauclair, « La peinture à la Société nationale », Art & Décoration, tome XXI, janvier-juin 1907, pp. 177-186.
  27. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992, p. 75, 86 et 364.
  28. Jacques Copeau, « Exposition de la Société internationale d'aquarellistes à la Galerie Georges Petit », dans L'art et les artistes, revue d'art ancienne et moderne, tome II, octobre 1905-mars 1906.
  29. « Maison des Traouiero, les peintres exposés », Ouest-France, juin 2012.
  30. Nicolas Devers-Dreyfus, « Exposition - La classe ouvrière du passé au présent », L'Humanité, 3 juin 2019
  31. Musée des Beaux-Arts de Caen, Les villes ardentes, 1870-1914 - Art, travail, révolte, présentation de l'exposition, 2020
  32. Musée des Beaux-Arts de Caen, Les villes ardentes, 1870-1914 - Art, travail, révolte, dossier pédagogique, 2020
  33. Tristan Klingsor, « Gaston Prunier », Art & Décoration, tome XXIV, juillet-décembre 1908, pp. 89-92.
  34. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Paris, éditions de l'Amateur, , 1069 p., p. 631
  35. Dictionnaire Bénézit, t.11, Gründ, 1999, p. 283.

Annexes

Bibliographie

  • Daniel de Vénancourt, « À Gaston Prunier », La Croisade, revue d'art et de littérature, no 1, Le Havre, .
  • « Gaston Prunier », Revue des beaux-arts et des lettres, .
  • Société nationale des beaux-arts, « Gaston Prunier », in Livre d'or des artistes exposants.
  • Charles Morice, Gaston Prunier, Paris, Éditions Galerie Serrurier, 1905.
  • Charles Morice, « Enquête sur les tendances actuelles des arts plastiques, réponse de Gaston Prunier », Mercure de France, , pp.346-359, réédité par Les Lettres modernes, 1986.
  • G. Jean Aubry, « Un aquarelliste : Gaston Prunier », L'Art et les Artistes, no 21, .
  • Gustave Geffroy, Les Gobelins, collection « Les musées d'Europe », Éditions Ligaran, 1906-1908.
  • Ulrich Thieme et Felix Becker, Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, vol.27, E. A. Seemann, Leipzig, 1907-1950.
  • Tristan Klingsor, « Gaston Prunier », Art & Décoration, tome XXIV, juillet-décembre 1908 (consulter en ligne).
  • Charles du Bousquet et Camille Mauclair, « Gaston Prunier », L'art décoratif, revue de l'art ancien et de la vie artistique moderne, no 139, .
  • Tristan Kingsor, La peinture (l'art français depuis vingt ans), Paris, Éditions Rieder, 1921.
  • Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, t.3, Les Éditions de l'Amateur, 1979.
  • Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Paris, éditions de l'Amateur, , 1069 p.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Allgemeines Künstlerlexikon - Die Bildenden Künstler alles Zeiten und Völker, vol.8, K. G. Saur, 1999-2000.
  • Valérie Perlès, Le Pré entre Paris et banlieue - Histoire(s) du Pré-Saint-Gervais, Éditions Créaphis, 2004.
  • (en) Martin Wolpert et Jeffrey Winter, Figurative paintings - Paris and the modern spirit, Schiffer Publishing Ltd., 2006.
  • Gérard Bonnin, Salons et expositions - Le Havre (1833-1926) - Catalogue des exposants et liste de leurs œuvres, collection « Les salons de province », Éditions L'Échelle de Jacob, 2013 (présentation en ligne).
  • Vincent Duclert, Jaurès 1859-1914 : la politique et la légende, Éditions Autrement, Flammarion, .
  • Anne-Sophie Aguilar, Emmanuelle Delapierre, Nicolas Éprendre, Marine Kisiel, Valérie Nègre, James H. Rubin (en) et Bertrand Tillier, Les villes ardentes - Art, travail, révolte - 1870-1914, Éditions du musée des Beaux-Arts de Caen, 2020.

Liens externes

  • Portail de la France
  • Portail de la peinture
  • Portail de la gravure et de l'estampe
  • Portail de la Seine-Maritime
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.