Hormonosubstitution (dysphorie de genre)

L’hormonosubstitution pour une personne transgenre est un traitement hormonal à but féminisant ou masculinisant (on parle généralement de transition). Elle vise à remplacer les hormones sexuelles de la personne transgenre par celles du sexe cible, ce qui en fait donc une étape importante dans le cheminement physique et psychologique de la personne. Elle se déroule en deux phases de durées variables en fonction de l’état de santé physique et psychologique du patient.

Description

Accès au traitement

L’hormonosubstitution est délivrée par l’équipe médicale (pouvant être composée d'un médecin généraliste, de chirurgiens, d'un endocrinologue) qui encadre le patient. Une attestation psychiatrique peut être demandée et devra être accordée par un psychiatre elle n'est cependant pas obligatoire pour se faire délivrer un traitement hormonal. Des bilans de santé (dont éventuellement des bilans psychologiques afin de suivre le développement de sa transidentité) sont effectués pour vérifier si le patient n'a pas de contre-indication à l'hormonothérapie[réf. nécessaire][1].

Le psychiatre ou l'équipe médicale exige parfois que le patient ait vécu en permanence dans le sexe désiré pendant une période pouvant durer de 3 mois à 2 ans. Pendant cette période (appelée « expérience de vie réelle »), le patient a notamment adopté, mais a surtout dû faire adopter à son entourage, un prénom correspondant à sa personnalité et les attitudes adéquates. Ce laps de temps est rarement considéré comme le début d’une nouvelle vie par les patients, qui vivent souvent déjà comme la personne qu’ils sont.[pas clair] En général, il marque surtout le départ de leur épanouissement en tant qu’homme ou femme, et il permet à l’équipe médicale d’observer les capacités d’intégration sociale du patient dans sa « nouvelle » identité ainsi que sa détermination à poursuivre le processus enclenché. Cette exigence n'est légalement pas nécessaire.

Première phase

Le traitement commence souvent par des injections intramusculaires ou sous-cutanées d’anti-androgènes (non stéroïdiens pour les MtF, souvent stéroïdiens pour les FtM) qui ont pour but de faire baisser au plus bas la production des hormones sexuelles du patient, jusqu’à la bloquer totalement, supprimant ainsi leurs effets sur le corps[réf. obsolète][2].

Transgenre homme vers femme (MtF)

La suppression des hormones chez une personne transféminine peut se faire par l’injection de trois différents types de substances, avec chacun un but différent :

Transgenre femme vers homme (FtM)

Pour amorcer le processus de masculinisation, il est possible de tout de suite injecter de la testostérone, mais en général, le médecin commence par prescrire des antigonadotropes :

  • substances similaires à la LHRH ou à la GnRH pour diminuer les taux d’œstradiol et empêcher la production de gamètes (ovules) ;
  • bloquer les récepteurs d’œstrogènes : acétate de cyprotérone (progestatif synthétique stéroïdien) et autres progestatifs pour stopper le cycle menstruel.

Molécules disponibles

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Analogues de LHRH
Anti-androgènes stéroïdiens
Anti-androgènes non stéroïdiens
Progestatifs

Deuxième phase

Le patient reçoit des injections d’hormones du sexe cible, afin de favoriser l’apparition des caractères sexuels secondaires correspondants. Les changements sont visibles entre 6 et 8 semaines après le début du traitement par hormones exogènes. Les noms des produits peuvent différer selon le pays, mais les molécules utilisées, et les voies de traitement, restent les mêmes.

Transgenre homme vers femme (MtF)

Dans cette deuxième phase, on injecte à la patiente des hormones féminines, les œstrogènes, qui permettent certaines modifications corporelles : la poitrine pousse, les traits du visage et la peau s’adoucissent, la pilosité est moins visible, les testicules s’atrophient, et les érections sont moins importantes et moins régulières.

Transgenre femme vers homme (FtM)

Sous testostérone, la pilosité se développe sur tout le corps, la peau s’épaissit, la musculature se développe, la répartition des graisses change, la voix mue et le clitoris s'hypertrophie. La poitrine et la taille reste insensibles aux hormones, étant donné que la période de croissance du patient, et sa puberté, sont terminées. On observe aussi une augmentation de la libido chez la plupart des patients FtM sous testostérone.

La prise de testostérone produit généralement une aménorrhée (absence de menstruation) après trois à six mois sous traitement[3].

Durée du traitement et suivi

La durée totale du traitement par hormonosubstitution avant que le patient ne puisse demander une chirurgie de réattribution sexuelle est d’un an, minimum[Où ?]. Pendant le traitement, les rendez-vous avec l’endocrinologue sont environ tous les six mois, et le patient doit régulièrement faire des bilans de santé afin de surveiller l’influence des hormones sur les organes (surtout le cœur et le foie).[réf. nécessaire]

L'hormonosubstitution ne change pas le sexe génétique de la personne. De ce fait, tout arrêt du traitement hormonal entraîne une réapparition progressive des caractères secondaires de son sexe. Cependant, dans les cas des personnes MtF, la pousse de la poitrine est irréversible sans intervention chirurgicale. Dans les cas des personnes FtM, la mue, la pilosité et une éventuelle alopécie sont susceptible de persister même après l’arrêt du traitement.

Contre-indications et effets secondaires

Effets secondaires

La triptolérine et la leuroprorelin peuvent causer des bouffées de chaleur similaires à celles de la ménopause. Dans 50 à 60 % des cas des personnes FtM traitées par la testostérone, on observe l’apparition d’une acné plus ou moins importante, selon la prédisposition génétique. Seulement 10 à 15 % de ces patients ont ensuite recours à un traitement (cas graves).

La testostérone cause souvent une modification du profil lipidique, ce qui peut engendrer un danger de cholestérol, de surpoids et d’hypertension, donc des risques de problèmes cardiaques ; les patients FtM, et les patients transgenre de manière générale, doivent donc avoir de préférence une bonne hygiène de vie (pas de tabac, une bonne alimentation et de l’exercice physique régulier).

Dans les cas de patientes MtF de plus de 40 ans, et traitées par injection d’œstrogènes, on a noté un certain nombre de cas de trombo-embolies veineuses. L’évolution des traitements permet aujourd’hui à ces patientes d’être traitées par voie orale ou transdermique (patch).

Dans les effets secondaires les plus graves, on trouve des cas de cancers du sein ainsi que des problèmes cardio-vasculaires graves (crises et infections cardiaques) apparemment liés à l’utilisation de l’ethinyl-estradiol et de l’acétate de cyprotérone.

Contre-indications

Le patient doit obligatoirement être en bonne santé pour pouvoir supporter un tel traitement. Les maladies graves comme un cancer, ou une forte obésité, entraînent un refus catégorique des médecins.

L’hormonosubstitution est aussi déconseillée aux personnes souffrant de problèmes hépatiques, car les hormones de synthèse, surtout la testostérone, ont des répercussions importantes sur le foie, et peuvent mettre la vie du patient en danger. Dans ce cas, la demande de traitement est refusée.

Il y a aussi un risque d’ostéoporose accru (dû au manque d’hormones) dans la première phase du traitement, les patients sont donc très surveillés.

Notes et références

  1. « Commencer un traitement hormonal », sur Wiki Trans, (consulté le )
  2. Rapport de la Haute Autorité de la Santé : Situation Actuelle et Perspectives d’Évolution de la Prise en Charge Médicale du Transsexualisme en France, p. 102.
  3. (en) Ryan Nicholas Gorton et Laura Erickson-Schroth, « Hormonal and Surgical Treatment Options for Transgender Men (Female-to-Male) », Psychiatric Clinics, vol. 40, no 1, , p. 79–97 (ISSN 0193-953X et 1558-3147, PMID 28159147, DOI 10.1016/j.psc.2016.10.005, lire en ligne, consulté le )
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