Jacmel
Jacmel est une commune d'Haïti, chef-lieu du département du Sud-Est et de l'arrondissement de Jacmel. La ville coloniale fut bâtie par les français à la fin du XVIIe siècle[1].
Pays | |
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Département | |
Arrondissement | |
Capitale de | |
Superficie |
443,88 km2 |
Altitude |
43 |
Coordonnées |
18° 14′ 03″ N, 72° 32′ 05″ O |
Population |
187 253 hab. |
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Densité |
421,9 hab./km2 |
Gentilé |
jacmelien(e) |
Statut | |
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Membre de |
Réseau des villes créatives UNESCO (depuis ) |
Jumelage |
Fondation | |
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Fondateur |
C'est l'une des principales villes touristiques du pays.
Géographie
La ville se trouve sur la rive gauche de l'embouchure de la rivière de la Cosse (appelée aussi « Grande Rivière de Jacmel »), à l'endroit où celle-ci se jette dans la baie de Jacmel. La rivière des Orangers traverse la ville de Jacmel, avant d'aller se jeter dans la Grande Rivière de Jacmel au niveau de son embouchure sur la baie de Jacmel.
À l'ouest, se trouve l'embouchure de la Petite Rivière de Jacmel, et son site naturel et touristique de Bassin Bleu.
Communes limitrophes
La Vallée-de-Jacmel | Léogâne | Carrefour et Kenscoff | ||
Bainet | N | Cayes-Jacmel | ||
O Jacmel E | ||||
S | ||||
Mer des Caraïbes |
Démographie
La commune est peuplée de 170 289 habitants[2] (recensement par estimation de 2009), dont 39 643 habitants pour la ville elle-même, appelés Jacméliens.
Administration
La commune est composée des onze sections rurales de :
- Bas Cap Rouge (Orangers)
- Fond Melon (Selles)
- Cochon Gras
- La Gosseline
- Marbial
- Montagne La Voûte
- Grande Rivière de jacmel
- Bas Coq Chante
- Haut Coq Chante
- La Vanneau
- La Montagne
Histoire
Jacques Mel, marchand et capitaine de navire de Dieppe (France), a donné au milieu du XVIIe siècle son nom à la baie et à la rivière au bord de laquelle la ville s'est développée (N de Fer, Introduction à la Géographie, Paris, 1708).
Fondée en par la Compagnie de Saint-Domingue, Jacmel a prospéré grâce au commerce maritime. Fin , lors de la Révolution haïtienne, Romaine-la-Prophétesse (avec au moins dix mille partisans, en grande partie d'anciens esclaves) assiégeait et occupait Jacmel.[3],[4] En , Jacmel est un port méridional stratégique; elle est contestée en par les généraux Toussaint Louverture et André Rigaud. C'est le lieutenant de Rigaud — le futur président Alexandre Pétion —, qui s'occupe de la défense de Jacmel, lors de la guerre des couteaux. Une véritable guerre d’extermination est menée contre les mulâtres du Sud; près de 10 000 d’entre eux périssent malgré l'intervention de l'officier supérieur Magloire Ambroise, qui sauva la vie de centaines de familles respectées à Jacmel et fut considéré comme un héros par la population de cette ville à cette époque, et sera nommé commandant de Jacmel en par Jean-Jacques Dessalines. Les forces de Toussaint assiègent la ville en ; sa chute en garantit le triomphe de Toussaint. Pétion et Rigaud s'exilent en France.
Le drapeau vénézuélien fut créé à Jacmel[5].
Le , Jacmel fut sérieusement endommagée par le tremblement de terre d'Haïti de 2010 meurtrier (qui toucha surtout l'agglomération de Port-au-Prince, la capitale haïtienne). Selon Fednel Zidor, vice-délégué (équivalent d'un sous-préfet) du département du Sud-Est, celui-ci évoque une ville détruite à 60-80 %, la ville basse (les quartiers populaires et le centre historique), étant la plus atteinte[6].
Économie
La production artisanale de Jacmel comprend le papier mâché, le travail de bois, la peinture sur tissu, les bijoux et la broderie style Richelieu[réf. nécessaire].
Sites
- Les plages de Kabik, Ti mouillage et Raymond des Bains constituent une forte activité touristique, d'origine locale ou issue de la diaspora haïtienne, notamment pendant la période estivale.
- La chute de Bassin Bleu
- Le moulin Price[7]
- Cascade Pichon
- « le trou », jet d'eau reconnu pour sa célèbre fête annuelle, dite « fête ».
Urbanisme et patrimoine architectural
L'histoire économique et urbaine ainsi que le patrimoine architectural du centre ancien ont été étudiés dans le cadre d'une collaboration entre l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (ministère de la Culture haïtien) et l’Inventaire général du patrimoine culturel (ministère français de la Culture et de la Communication). La synthèse du travail d'inventaire a été publiée dans la revue électronique en ligne In Situ, revue des patrimoines[8] ainsi que dans un article comparant l'urbanisme de Jacmel à celui de Cap-Haïtien[9].
Culture
Jacmel possède une activité carnavalesque notable dans la région caraïbéenne[10], et un de ses personnages (la robalagallina, imitation ou caricature de la femme de planteur) a été adopté par le carnaval de République Dominicaine[11]. Le comportement festif des Jacméliens leur vaut une renommée internationale.
Au cours des célébrations de Pâques, un grand défilé de bandes de rara sous les rythmes de petro et congo, y est organisé. Les autorités civiles l'organisent afin de promouvoir la culture haïtienne qui est très liée à celle de l'Afrique australe.
Jacmel est également connue pour ses manifestations de la fête patronale le premier mai de chaque année.C'est la fête du Saint patron de la ville, Saint Jacques et Saint Philippe. Durant cette fête, les groupes musicaux d'Haïti se retrouvent à Jacmel et dans ses environs pour des concerts qu'on appelle en créole haïtien « bal ». Le , les Jacmeliens fêtent leur drapeau par de grands défilés de fanfares dans toute la ville. En novembre Jacmel perpétue la traditionnelle « Fête des Morts » (1er et ).
Jacmel accueille également un festival du film francophone en [12],[13], et un festival consacré au jazz[14].
Jumelage
- Strasbourg (France) depuis 1991 (coopération décentralisée)
Personnalités liées à Jacmel
- Horace-Camille Desmoulins (1792-1825), fils du révolutionnaire français Camille Desmoulins (1760-1794), s'installe en Haïti en 1817 où il épouse Zoé Villefranche, ils ont quatre enfants. Horace-Camille Desmoulins meurt à Jacmel le .
- Alcibiade Pommayrac (1844-1908), qui donne son nom à l'école CAP (Centre Alcibiade Pommayrac)
Jacmel a vu naître de nombreuses autres personnalités :
- Magloire Ambroise (1774-1807), officier supérieur dans l'armée coloniale française et général de l'armée révolutionnaire haïtienne, héros de l'indépendance d'Haïti et cosignataire de l'Acte de l'Indépendance de la Republique d'Haïti du .
- Charles Moravia (1875-1938)
- Roussan Camille (1912-1961)
- Castera Bazile (1923-1966), peintre
- Préfète Duffaut (né en 1923-2012), peintre
- Gérald Bloncourt (1926-2018), peintre et photographe
- René Depestre (né en 1926), écrivain et poète.
- Ti Paris (1933-1979), Twoubadou haïtien.
- Fred Baptiste (1933-1974), militant politique et le leader des Forces armées révolutionnaires d’Haïti (FARH).
- Maurice Cadet (1933-2020) poète, écrivain.
- Jean Métellus (1937-2014), l'auteur du roman Jacmel au crépuscule (Gallimard, 1981) et du recueil de poèmes Jacmel : Jacmel, ma cité musicale aux lèvres tropicales.
- Ulrick Chérubin (1943-2014), maire de la ville d'Amos au Québec.
- Michaëlle Jean (1957-), ex-secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie et ex-gouverneure générale du Canada.
- Dithny Joan Raton (1974-) femme politique haïtienne, ministre de la culture depuis 2015, promotrice du Carnaval de Jacmel auprès de l'Unesco
- Pierre-Paul Ancion (1977-), écrivain et journaliste.
- Marie Darline Exumé (1991-), mannequin.
- Michel Adrien, maire de la ville de Mont-Laurier au Québec.
- Emerson Vilbrun, poète et journaliste culturel.
- Raynaldo Pierre-Louis, poète et enseignant.
- Nancy Gilot, Reine de la culture du carnaval 2020 de Jacmel, Miss Jacmel (IMJ) 2020.
- Joseph Lambert (1961-), Homme d'État.
Notes et références
- vmf, patrimoine en mouvement — Le Cotentin, familles et territoires, Éditions de l'Esplanade, no 232, mai 2010, p. 16.
- [PDF] (fr) Population totale, par sexe et population de 18 ans et plus estimées en 2009, au niveau des différentes unités géographiques sur le site de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique (IHSI)
- Terry Rey, The Priest and the Prophetess: Abbé Ouvière, Romaine Rivière, and the Revolutionary Atlantic World (2017, Oxford University Press, (ISBN 978-0190625849), p. 14, 52.
- Carolyn E. Fick, The Making of Haiti: The Saint Domingue Revolution from Below (1990), p. 128.
- (es) Vinicio Romero Martínez, La Bandera : Historia de la Bandera, el Escudo y el Himno de Venezuela, Caracas, Imprenta Nacional, , 17 p. (lire en ligne), p. 3.
- Article des DNA du 15 janvier 2010
- « Le Moulin Price sous les feux de la Unitransfer », sur lenouvelliste.com/, (consulté le )
- Jean Davoigneau et Isabelle Duhau, « Jacmel, entre rêve et réalité », In Situ. Revue des patrimoines, no 30, (ISSN 1630-7305, DOI 10.4000/insitu.13721, lire en ligne, consulté le )
- Isabelle Duhau et Jean Davoigneau, « Cap-Haïtien versus Jacmel, essai sur la ville en Haïti », Études caribéennes, nos 39-40, (ISSN 1779-0980 et 1961-859X, DOI 10.4000/etudescaribeennes.12835, lire en ligne, consulté le )
- « JACMEL - Le carnaval de cette ville touristique », sur Le Petit Journal, (consulté le )
- selon l'article de WP espagnole "Carnaval en Repùblica Dominicana", traduit en français et incorporé au chapitre "Carnaval en République dominicaine"
- Sébastien Plot, « Festival du film francophone en Haïti », sur fondation-alliancefr.org, (consulté le )
- Dangelo Néard, « 4e édition du festival du film francophone en Haïti », sur lenouvelliste.com, (consulté le )
- Pharah Djine Colin, « Le Festival de jazz de Jacmel met le cap sur sa 4e édition », sur lenational.org, (consulté le )
Articles connexes
Liens externes
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