Jean Taxis

Jean Taxis ou Jean de Taxis, parfois orthographié Jean Taxil[1], né le [2] à Blégiers et décédé en 1714 à Clumanc, est un marchand et noble français.

Pour les articles homonymes, voir Taxis.

Jean Taxis
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Blason

Biographie

D'une vieille famille lombarde d'extraction noble, le grand-père de Jean Taxis est Jean Baptiste Taxis (1564-1618), l'enfant illégitime de Roger de Taxis (1513-1593) avec Cornelia de Hase, une abbesse de Louftémont, issue d'une famille noble du Brabant[3], qui fut reconnu en 1584 par son père. Après être entré dans cette grande famille de messagers, Jean Baptiste Taxis fut nommé dans le poste difficile de maître général des postes dans le Lyonnais, jusqu'en 1601, date à laquelle le Saint-Empire romain germanique cessa ses prétentions sur ce territoire français, en ratifiant le traité de Lyon[4],[5],[6]. Tout comme plusieurs familles italiennes, attiré par l'activité commerciale, l'aura de la cité des Papes à Avignon et les fermes fiscales, Jean Baptiste Taxis s’installa en Arles[7] où il exerça le métier d'astrologue jusqu'en 1618, date de sa mort.

Le fils de Jean Baptiste, Jacques Taxis (1598-?) resta à Lyon et devint un riche marchand, il épousa une certaine Catherine Daumas avec qui il eut un fils, dénommé Pierre (1621-1685), qui partit s'installer au lieu-dit Portail de Soleil-Bœufs dans les environs de Digne-les-Bains[8] où il racheta à Jean Matheron de Salignac l'hôtel des Dourbes[9],[10] et plusieurs hectares de vignes à Clumanc. Le , il se maria avec Blanche Lions[11] à Prads-Haute-Bléone et en 1648 naquit Jean.

Pierre Taxis avait destiné son fils aîné à reprendre l'affaire viticole familiale. Jean Taxis fit ses études dans le collège tenu par les jésuites à Digne-les-Bains où il acquit de solides connaissances. Il se passionna très vite pour le commerce. La mort de son père en 1685[2], le laissa libre de suivre ses intérêts personnels, notamment dans le domaine du négoce de tonneaux et de fûts de chêne.

Le , à l'âge de 21 ans, Jean Taxis se maria à Beaujeu avec Madeleine de Ripert (1649-1694), une jeune fille de 19 ans issue d'une vieille famille de la noblesse du Dauphiné, descendante de Hugues de Ripert et fille de François de Ripert[12],[13] et de Marie d'Artaud-Montauban, qui lui donnera deux enfants, une fille Marie Madeleine (née en ) et un fils héritier, François (né en 1674 à Chavailles, hameau de Prads-Haute-Bléone)[14].

Le vin de Digne n'était qu'un vin de garde destiné à la consommation locale et à la commercialisation régionale mais le « Grand Hiver » de 1709 va précipiter sa réputation dans tout le royaume du XVIe au XIXe siècle[15]. Au cours de l'an 1709, les cours du vin augmentaient et les vins du Bas Languedoc et de Provence, exemptés de droits, s’exportaient pour la première fois à Paris[16]. En 1709, son talent pour le commerce et surtout la réserve de tonneaux qu'il s'est constituée lui permit d'acheminer plusieurs centaines de pintes de vin par jour vers la capitale et ce qui fit sa fortune. On dit que le roi Louis XIV lui-même apprécia le vin de Digne.

Le , Jean Taxis acheta une charge de conseiller secrétaire du roi, maison et couronne de France en la chancellerie près le parlement d'Aix[17],[18].

En 1710, Jean Taxis traita avec un alchimiste dénommé Jean Trouin dit De Lisle[19],[20] qui prétendait avoir trouvé la pierre philosophale. De Lisle soutenait pouvoir transformer le plomb en or et le fer en argent. Jean Taxis reçut auprès de De Lisle vingt livres[21] de lingots d'or qu'il revendit à Lyon pour des sommes colossales[22],[23]. Ils firent affaire ensemble jusqu'à ce qu'il y eût un litige entre eux[24],[25].

Jean Taxis s'éteint en juillet 1714 à Clumanc, à l'âge de 65 ans.

Patronymie

Il co-existe deux origines du nom :

La famille Tasso, originaire du hameau Cornello dei Tasso dans la province de Bergame[26] dans la vallée du Brembo en Lombardie, remonterait jusqu'au VIe siècle[27] à l'époque des invasions barbares et serait probablement à l'origine des chevaliers Lombards qui seraient établis sur ce lieu et où ils ont bâti leur château fort[28] puis on prit le nom de leur fief comme patronyme. Tasso signifie tantôt en italien le taisson (tassi au pluriel), tantôt l'if (tassi en italien)[29]. Les paysages autour de Cornello accueillent aussi bien des ifs que des blaireaux. Mais la famille Tasso retiendra le taisson dans ses armoiries.

Au long de son histoire, l'orthographe du nom évoluera, même si certains descendants gardent intacts l'orthographe originel. Tasso se décline en Tassi car dans la langue italienne, ce pluriel indique la filiation au sens large du terme. Vers 1490, le nom qui a pris un pluriel en italien est francisé, en lui ajoutant un -s devenant ainsi Tassis. Puis, en 1512, une fois anobli par l'empereur Maximilien Ier, l'orthographe du nom de cette famille s'écrira désormais Taxis, car le -ss italien est remplacé en français par un -x[30],[31],[32] avec la particule von utilisée dans les pays germaniques et de en France. Comme beaucoup de familles authentiquement nobles, la branche française des Taxis a discrètement gommé la particule de son nom au moment de la Révolution, pour se protéger. Et comme beaucoup d'autres, elle ne l’a pas fait rétablir par la suite.

La seconde théorie explique que le nom de famille Taxis, avec ses dérivés (Tassy, Taxy, Taxil, Tassi, Tassel, Tacussel) est provençal et qu'il est à relier au nom sabin Tatius ou Taxilus[33].

Héraldisme

Blason de la famille Taxis de Digne.

La famille Taxis de Digne appartient désormais à la petite aristocratie de Haute-Provence[34] et reprend les armes modernes[35] de la famille Taxis de Cornello mais le blason se présente d'or coupé d'un trait. Le premier chargé d'une aigle double éployée de sable naissante du coupé, le second d'un taisson[36] de sable[37],[38].

Le blaireau figure toujours dans les armoiries familiales des Taxis. Les origines germaniques de la famille Taxis sont manifestées par l'aigle bicéphale aux ailes déployées du Saint-Empire romain germanique[39].

Arbre généalogique

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Reinerius Tasso (†1117)[40]
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Giacomo di Tassis
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Inconnue
 
Omedeo Tasso (†1296)[41]
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Inconnue
 
Ruggero Tasso (†1312) [42]
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Inconnue
 
Benedetto Tasso[43]
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Inconnue
 
Palazzo de Tassis
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Tonola de Magnasco[44]
 
Pasimo de Tassis[45],[46],[47]
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Alegria de Albricio
 
Ruggero de Tassis (†1515)[48],[49],[50]
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Kristina van Wachtendonk[51]
 
Jean Baptiste de Taxis (†1541) [52]
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cornelia de Hase
 
Roger de Taxis (†1593)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Inconnue
 
Jean Baptiste Taxis (†1618)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Catherine Daumas
 
Jacques Pierre Taxis
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Jean Taxis
 
 
 
 
 
 
 
 

Mariage et descendance

Marié le à Beaujeu avec Madeleine Ripert (née en 1650)[53]. De cette union naquirent :

  • Sa fille aînée, Marie Madeleine de Taxis[54] qui épousa Jean-Joseph de Ravel, baron d'Esclapon (1674-1738) en 1703[55],[56]. De cette union, sont nés neuf enfants[57],[58].

Notes et références

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Histoire véridique de la noblesse de Provence, par le baron du Roure (Bergerac, 1912) (p. 158),
  • Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence, volume 2 (1759) de Artefeuille
  • Les terribles ravages du grand hiver dans Historia, , no 759 de Françoise Labalette
  • Terroirs perdus, terroirs constants, terroirs conquis : vigne et olivier en Haute-Provence XIXe – XXIe siècles, Méditerranée, 2007 de André de Réparaz.
  • Chroniques de Haute Provence no 350, 2003

Sources

  1. Chroniques de Haute-Provence, Numéro 350 (2003)
  2. [Annales des Basses-Alpes. Série Nouvelle, Volume 36 page 251 (1960)]
  3. Supplément Aux Anciennes Editions Du Grand Dictionaire Historique ..., Volume 2 Par Louis Moréri page 616
  4. Les postiers: les métiers des P.T.T. de Louis Cumin (1984) page 40
  5. Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence. Tome premier par Artefeuil
  6. Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique par François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois, Académie des sciences, belles-lettres et arts
  7. Arles au Moyen Âge de Louis Stouff pages 152 et 153
  8. Stendhal club, volume 26, numéros 101 à 104 (1983)
  9. L'hôtel des Dourbes sera détruit en 1970
  10. Chroniques de Haute-Provence, N°350 (2003)
  11. Annales des Basses-Alpes. Sërie Nouvelle, Volume 36 (1960) page 251
  12. Dictionnaire de la noblesse de France par François Alexandre Aubert de la Chenaye Desbois
  13. La famille Ripert a bâti le castrum Riperti, dont il ne subsiste aujourd'hui que le beffroi de l'hôtel de ville de Valréas
  14. Marié le aux Blégiers avec sa cousine Thérèse Daumas
  15. André de Réparaz, Terroirs perdus, terroirs constants, terroirs conquis : vigne et olivier en Haute-Provence XIXe – XXIe siècles, Méditerranée, 2007, p. 58-59
  16. Françoise Labalette, Les terribles ravages du grand hiver dans Historia, mars 2009, n°759, p46-49
  17. Histoire Véridique de la Noblesse de Provence, par le baron du Roure (Bergerac, 1912)
  18. Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence, Volume 2 (1759) de Artefeuille, page 432
  19. La Semaine religieuse de Lyon et de la Province (1868)
  20. Le Grand Art de l'alchimie (1973) par Jacques Sadoul
  21. Revue de Paris Volume 17 page 361 par Théophile Gautier
  22. Histoire de la philosophie hermétique: accompagné d'un catalogue raisonné des écrivains de cette science, tome 2 par Nicolas Lenglet-Dufresnoy
  23. Memoirs of extraordinary popular delusions and the madness of crowds, Volume 1, page 190, par Charles Mackay
  24. Archives de la Bastille: 1709-1772 (1881) page 60 par François Nicolas Napoléon Ravaisson-Mollien, Louis Jean Félix Ravaisson-Mollien A. Durand et Pedone-Lauriel
  25. De Lisle fût embastillé à la Bastille pour faux-monnayage et meurt le 30 janvier 1712. L'enquête révéla que le faiseur d'or n'était qu'un charlatan. Sa technique, simple mais efficace, était de présenter une véritable pièce en or et de taire que le reste de la production n'était que de la pacotille.
  26. Musée de Cornello dei Tasso
  27. Origine, étymologie et signification des noms propres et des armoiries par Adolphe de Coston
  28. Almanach de Gotha: annuaire généalogique, diplomatique et statistique page 232
  29. Bernardo Tasso, Volumes 39 à 40 de Edward Williamson page 2
  30. Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Denis Diderot page 116
  31. Plusieurs variantes du nom ont coexisté : Tasso, Tassi, Tassus, Tassis, Tasis, Thassis, Tässis, Tarsis, Targis, Taxil, Taxus, Taxius, Taxis, Täxis, Taxys, Tazis, Tarzis, et Tazzys
  32. Dei Tassi di Valle Brembana
  33. Revue des langues romanes, Volume 82, numéro 2 page 227 (1977)
  34. La Vie en Haute-Provence de 1600 à 1850 de Raymond Collier (1973) page 302
  35. Armes de la maison de la Tour et Taxis (Thurn und Taxis)
  36. Animal qu'on retrouve dans le blason de la famille Thurn und Taxis
  37. Nobiliaire de Provence: armorial général de la Provence, du Comtat Venaissin, de la Principauté d'Orange par René Borricand (1974)
  38. Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique de François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois page 436
  39. La Lombardie faisait partie du Saint-Empire romain germanique depuis Charlemagne, roi des Lombards
  40. Almanach du gotha (1922) page 236
  41. Les plus anciennes familles du monde: répertoire encyclopédique des 1.400 plus anciennes familles du monde, encore existantes, originaires d'Europe, Volume 2 de J.-H. de Randeck (1984) page 1432
  42. Historisch-genealogischer Atlas: Seit Christi Geburt bis auf unsere Zeit de Karl Hopf page 433
  43. Manuel d'histoire: Les états de Europe et leurs colonies de A. M. H. J. Stokvis (1893)
  44. Bulletin des Musées royaux d'art et d'histoire (1933) page 145
  45. ou Paxio
  46. La vita de Torquato Tasso de Pierantonio Serassi page 8
  47. Della vita di Torquato Tasso de Niccolò Morelli di Gregorio page 7
  48. The life of Torquato Tasso: In two volumes, volume 1 de Robert Milman page 14
  49. Ruggero de Taxis introduisit l'usage des postes en Tyrol vers 1460
  50. Almanach de Gotha: annuaire généalogique, diplomatique et statistique (1892)
  51. Memoires pour servir a l'histoire litteraire des dix-sept provinces des Pays-Bas, en 12 volumes de Jean Noël Paquot page 253
  52. http://genealogy.euweb.cz/thurn/thurn3.html
  53. Ou orthographié Magdallène Ripert est issue d'une famille noble du Dauphiné.
  54. Inventaire-sommaire des archives départementales Page 300
  55. Dictionnaire De La Noblesse: Contenant les Généalogies, l'Histoire & la chronologie des familles nobles de France, l'explication de leurs armes & l'état des grandes Terres du Royaume aujourd'hui possédées à titre de Principautés, Duchés, Marquisats, Comtés, Vicomtés, Baronnies par création, héritages, alliances, donations, substitutions, mutations, achats ou autrement de François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois page 699
  56. Jean Joseph de Ravel d'Esclapon
  57. Pierre-Jean, François-Xavier, Jean-baptiste, Jean-Joseph, Pierre-François, Anne, Blanche, Melchion, Honoré Augustin, Madeleine et Rose
  58. Dictionnaire de la noblesse ... de France de François Alexandre Aubert de la Chenaye Desbois
  59. la seigneurie de Poil est partagée par dix seigneurs
  60. Fonds du Parlement de Provence: enregistrement, 1681-1790 Volume 3 de Marie-Christine Trouillet (1983)
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