La Chasse (film, 1980)

La Chasse ou parfois Cruising (La Chasse) (Cruising) est un film germano-américain réalisé par William Friedkin et sorti en 1980. Ce thriller policier est une adaptation du roman américain Cruising (1970) de Gerald Walker, journaliste de New York Times.

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La Chasse

Titre original Cruising
Réalisation William Friedkin
Scénario William Friedkin
Musique Jack Nitzsche
Acteurs principaux
Sociétés de production Lorimar Film Entertainment
Pays de production États-Unis
Allemagne de l'Ouest
Genre thriller policier
Durée 102 minutes
Sortie 1980

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film raconte l'histoire d'un jeune policier hétérosexuel incarné par Al Pacino envoyé dans le milieu gay sado-masochiste new-yorkais pour enquêter sur des meurtres d'homosexuels. Malgré la controverse et les critiques presse négatives à sa sortie, le film rencontre un succès, certes modeste au box-office. Il sera plus ou moins réhabilité par la presse au fil du temps[1].

Synopsis

À New York, deux homosexuels sont sauvagement assassinés. Convaincu d'avoir affaire à un tueur en série, le capitaine Edelson demande à Steve Burns  jeune policier au physique proche des victimes  d'infiltrer le milieu SM gay de Meatpacking District. Chargé de découvrir le coupable, Steve ne part pas sans appréhension. Alors que Nancy, sa petite-amie, le questionne sur ses derniers changements, il garde le mutisme qui est de règle. Installé dans un appartement sous l'identité de John Forbes, le policier sympathise avec son nouveau voisin, Ted Bailey, et traîne la nuit dans les boîtes homosexuelles à la recherche de quelques indices.

Mais sa présence n'empêche pas deux nouveaux meurtres : l'un dans Central Park et l'autre dans une cabine de projection d'un film pornographique. Soupçonnant un nommé Skip Lee, Steve l'attire dans un hôtel où ses collègues policiers interviennent pour arrêter les deux hommes. Mais le piège tendu était inutile : Skip, après un interrogatoire humiliant, est disculpé par ses empreintes. Peu après, Edelson transmet à Steve les portraits des étudiants de Lukas (l'une des victimes) et le jeune policier y reconnaît l'un de ceux qu'il aperçoit dans les boîtes, Stuart Richards. Steve commence une filature et découvre chez l'étudiant des indices probants. Il le drague dans un parc, et au moment où celui-ci sort son couteau, Steve, plus prompt, le blesse. L'assassin est enfin pris.

Quelques jours après, on retrouve le corps de Ted, sauvagement assassiné, dans son appartement. Edelson se rend compte qu'il était le voisin de Steve. Le film se termine sur les images de Steve, qui s'est réinstallé chez sa petite amie. Il se rase, le regard dans le vague, alors que Nancy découvre sa tenue de cuir et l'essaie.

Fiche technique

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Distribution

Production

Genèse et développement

L'idée de départ vient d'un livre publié en 1970, Cruising (Piège à hommes en France) de Gerald Walker, journaliste criminel du New York Times. L'auteur s'est inspiré de véritables meurtes d'homosexuels dans les années 1960[4]. Le producteur Philip D'Antoni décide d'en acquérir rapidement les droits pour en faire un film et engage le jeune Steven Spielberg pour le réaliser. Le projet ne concrétisera finalement pas. Jerry Weintraub rachète les droits et engage William Friedkin, comme réalisateur et scénariste[1].

Pour étoffer son scénario, William Friedkin fait appel à son ami Randy Jurgensen, déjà consultant sur French Connection (1971). Ancien policier, ce dernier a fait partie d'une brigade du NYPD surnommée de manière péjorative la « brigade des tantouzes » (The Pussy Posse) par d'autres policiers. Les deux hommes ont fait de nombreuses recherches pour le film et ont notamment fréquenté le Meatpacking District et ses clubs SM[1]. Le réalisateur est en contact avec certains membres de la mafia, qui possèdent alors ces clubs[4].

Le cinéaste propose tout d'abord le rôle principal à Richard Gere. Al Pacino est cependant séduit par le projet et Richard Gere va quant à lui partir tourner American Gigolo (1980) de Paul Schrader[1].

Pour maintenir Karen Allen dans l'ignorance de l'évolution du personnage campé par Al Pacino, William Friedkin ne lui a pas confié un script complet[4].

La Chasse est le premier film des acteurs Mike Starr[5], et Ed O'Neill[6]. On y voit aussi James Remar dans le petit rôle d'un homosexuel louche.

Tournage

Le tournage a lieu à l'été 1979[1]. Il se déroule à Manhattan (Central Park, Greenwich Village, The Hellfire Club, Chelsea, université Columbia, 1 Police Plaza)[7].

Le tournage est marqué par de nombreuses manifestations d'associations LGBT voulant empêcher les prises de vues. Certains enverront des lettres au maire de New York, Ed Koch, pour que les autorisations de tournage soient annulées[1].

Sortie et accueil

Dates de sortie

La Chasse est dévoilé en avant-première mondiale le à New York, avant sa sortie nationale dès le dans tous les États-Unis. En Allemagne de l'Ouest, il sort le et en France, le .

Controverse et censure

Les associations homosexuelles protestèrent que ce soit durant le tournage ou à la sortie du film à cause de la vision de l'homosexualité et la description négative de leur communauté que celui-ci entraînait  avec notamment le cliché des boîtes gay SM[8]. Ce désaveu gagna même Al Pacino, qui se brouilla avec William Friedkin[8].

Lorsque le film passe devant la MPAA pour obtenir sa classification, il choque fortement son président Richard Heffner qui déclare plus tard : « Il n’y a pas assez de X dans l’alphabet pour classer ce long-métrage ! » De nombreuses coupes seront imposées au réalisateur pour ne pas que le film soit classé X[4],[1].

Le film est censuré aux États-Unis et version vidéo[9]. Il a par ailleurs été banni à sa sortie dans plusieurs pays comme la Finlande, l'Iran et l'Afrique du Sud[4].

Critiques

À sa sortie, le film est globalement mal accueilli par la presse[1]. L'agrégateur Rotten Tomatoes rapporte que 50 % des 42 critiques ont donné un avis positif sur le film, avec une moyenne de 5,3/10[10].

Au fil du temps, le film sera finalement “réhabilité” par certains journalistes. En 2006, Camille Paglia déclare par exemple : « J'ai adoré La Chasse - alors que tout le monde le condamnait furieusement. Il avait une décadence underground qui n'était pas si différente de Histoire d'O ou autre film high porn européen des années 1960[11]. ». Par ailleurs, plusieurs réalisateurs le classent parmi leurs films favoris, comme Quentin Tarantino[12]. Le réalisateur danois Nicolas Winding Refn considère ce film comme un "chef-d'œuvre"[13]. Joshua et Ben Safdie le cite comme une influence majeure[14].

William Friedkin reviendra quelques années plus tard sur sa collaboration tumultueuse avec Al Pacino. Il déclare notamment « Travailler avec Al Pacino a été l’une des pires expériences professionnelles de ma vie. C’est vraiment un acteur surestimé. À l’époque, en plus, il avait pris de très mauvaises habitudes de travail. Il était devenu paresseux. Sans compter qu’il se pointait tous les jours en retard sur le tournage. » ou encore « Je ne me souviens pas d’un seul jour où Pacino soit arrivé sur le plateau en ayant appris ses répliques. Il lisait le scénario juste avant que la caméra soit prête à tourner. […] Il n’a jamais rien compris à ce qu’il devait jouer. » En 2014, il avouera finalement « avec le recul des années, je trouve qu’il n’est pas si mal dans le film[1]. »

Box-office

Lors de sa sortie en salles initiale aux États-Unis, La Chasse rapporte 19 798 718 de dollars de recettes au box-office, pour un budget estimé à 11 millions[1],[15]. Quinze ans plus tard, il totalise 14 495 dollars de recettes lors de sa ressortie de 1995[16], puis 15 805 dans une ressortie internationale en 2008[17]. En France, le long métrage totalise 670 259 entrées[18].

Distinctions

Nominations
  • Stinkers Bad Movie Awards 1980 : meilleure musique pour Jack Nitzsche

Sortie vidéo

Le film ressort dans une copie validée par William Friedkin chez Arrow, le 2019[19] puis le 19 janvier 2022 en France en Director's Cut[1].

Autour du film

  • Après avoir échoué à obtenir les droits du livre Cruising, Brian De Palma réalise son propre film, Pulsions[4]. Le film à un mécanisme équivalent : un individu vulnérable sert de proie pour arrêter un tueur en série. Néanmoins, la censure se jette sur La Chasse, beaucoup trop violent pour l'époque[20]. Pulsions devient un classique du thriller horrifique et l'un des films phares de De Palma.
  • À la quatre-vingt-quatrième minute, Stuart Richards dit à Steve Burns : « T'en fais pas, Dorothée, y a pas un chat. » Il s'agit vraisemblablement d'une allusion à la jeune héroïne du Magicien d'Oz : telle Dorothy, le flic s'est aventuré dans le mystérieux pays d'Oz (comme le suggère Nicolas Winding Refn à la fin de son entretien avec Friedkin, enregistré en , à propos du Convoi de la peur).
  • Interior. Leather Bar. est un docufiction sur un projet de film cherchant à recréer les scènes censurées du film, présenté au festival de Sundance en 2013.

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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