Lampedusa
Lampedusa est une île italienne d’une superficie de 20,2 km2 peuplée de 6 299 habitants. Elle est située entre l’île de Malte et la Tunisie. Elle appartient à l’archipel des Pélages (Pelagie en italien) qui comprend, outre Lampedusa, Linosa et l'îlot de Lampione.
Pour les articles homonymes, voir Lampedusa (homonymie).
Lampedusa Lampédouse | ||||
Géographie | ||||
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Pays | Italie | |||
Archipel | îles Pélages | |||
Localisation | Mer Méditerranée | |||
Coordonnées | 35° 30′ 47″ N, 12° 35′ 14″ E | |||
Superficie | 20,2 km2 | |||
Géologie | plateau calcaire | |||
Administration | ||||
Région autonome | Sicile | |||
Province | Agrigente | |||
Commune | Lampedusa e Linosa | |||
Démographie | ||||
Population | 6 299 hab. (2015) | |||
Densité | 311,83 hab./km2 | |||
Plus grande ville | Lampedusa | |||
Autres informations | ||||
Fuseau horaire | UTC+01:00 | |||
Géolocalisation sur la carte : Sicile
Géolocalisation sur la carte : Italie
Géolocalisation sur la carte : mer Méditerranée
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Îles en Italie | ||||
L'île de Lampedusa fait partie de la commune de Lampedusa e Linosa.
Étymologie
Lampedusa, autrefois également appelée Lampédouse[1], se nomme en italien : isola di Lampedusa et en sicilien : isula di Lampidusa ou Ampidusa. L'étymologie du nom est disputée. Il peut tirer son origine du grec ancien Λαπαδούσσα ou Λαμπερούσα, Lapadoússa / Lampedoúsa via le latin Lopadusa. Ce nom pourrait lui-même dériver du nom grec λέπας (lépas), « roche », en référence au relief rocailleux de l’île. Ce mot était également utilisé par les Grecs pour désigner un type d’huître, dont l’île tirerait son nom en raison de l’abondance de cette variété dans l’île. D’autres linguistes font dériver Lampedusa de λαμπάς (lampás), « torche », en raison des lumières placées sur l’île à destination des marins[2].
Géographie
Peuplée de 6 299 habitants en 2015[3], c’est la cinquième île sicilienne par la superficie. Sur le plan administratif, la commune de Lampedusa e Linosa appartient à la province d'Agrigente.
C’est le point le plus au sud du territoire italien, et l'un des plus méridionaux de l’Europe (après Chypre et la Crète), plus proche de l’Afrique que de l’Italie. Lampedusa se situe sur le plateau continental africain face au ras Kaboudia, au sud de Mahdia.
Lampedusa se trouve à 128 km à l'est-nord-est du ras Kaboudia, en Tunisie, 160 km à l'ouest-sud-ouest du Blata Tal-Melh, sur la côte occidentale de Malte, 208 km au sud-sud-ouest de Palma di Montechiaro, en Sicile, et 292 km au nord de Tripoli, en Libye.
L’île est formée d’un plateau calcaire qui culmine à 133 m d’altitude à l’« albero del sole », un calvaire en bois. Il forme sur la côte nord une impressionnante falaise, tandis qu’au sud la côte est très découpée, formant des promontoires et des anses profondes qui abritent de petites plages de sable, dont celle des Lapins située à proximité de l'îlot de Conigli (it). Il n’y a sur l’île qu’un centre habité, Lampedusa, dont les habitants vivent de pêche et de tourisme. L’intérieur de l’île, aride et caillouteux, a un aspect désertique.
- Lampedusa
- Îlot de Conigli
- Plages turquoise
- Côte Nord
Histoire
- 1254 : Louis IX de France (Saint Louis) sur le chemin de retour de la Septième croisade passe par l'île. Dans son livre Histoire de Saint Louis (présenté à Louis X le Hutin en ) Jean de Joinville décrit son escale sur l'île "que l'on appelle Lampedouse" et y découvre les ruines d'un "hermitage ancien dans les roches"[4].
- : le capitaine de frégate Bernardo Maria Sanvisente prend possession des îles de Lampedusa et de Linosa avec la charge de « gouverneur de sa majesté Ferdinand II de Bourbon (1810-1859), roi des Deux-Siciles, grand prince héritier de Toscane et duc de Parme »[5].
- 1872 : le gouvernement italien implante à Lampedusa une colonie pénitentiaire.
- : création de la commune de Lampedusa, avec Linosa comme fraction rattachée.
- 1887 : le premier banc d’éponges est découvert au large de Lampedusa par un pêcheur de Trapani, Leonardo Angugliaro.
- 1940-1945 : Lampedusa se transforme en place forte militaire. Elle est durement bombardée par les Alliés lors du débarquement en Sicile (voir l'article Bataille de Lampedusa pour plus de détails).
- 1951 : construction d’une centrale électrique.
- 1968 : ouverture de l’aéroport civil.
- : à 14 heures, deux Scud de fabrication soviétique lancés par la Libye explosent en mer, le premier à 2 km au nord-ouest et le second à 2 km au sud-ouest, de part et d’autre du cap Ponente. L'évènement fait connaitre l'ile aux européens, elle devient une destination touristique[6].
Migrations
La proximité de la Tunisie et de la Libye qui bordent le canal de Sicile font de l'île un point d’entrée privilégié pour les immigrés irréguliers qui veulent gagner l’Europe. Ceux-ci tentent la traversée au péril de leur vie dans des embarcations de fortune venant de Gabès, Zarzis, Sfax, Mahdia, ou de la côte libyenne.
L'île de Lampedusa a été, tout comme Porto Empedocle, le théâtre d'affaires concernant le secours de boat people en mer. Entre autres, l'affaire Zenzeri et Bayoudh (2007) dans laquelle deux capitaines de pêche ayant secouru des boat people en détresse se sont vus accusés d'aide à l'entrée irrégulière sur le territoire. Le tribunal d'Agrigente a finalement relâché les deux marins, estimant qu'ils n'avaient fait que se conformer à l'obligation de prêter assistance inscrite dans l'article 98 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.
Ce phénomène a commencé en 1992 et n'a cessé de s'amplifier ; il constitue un levier de pression politique des autorités libyennes sur l'Italie et l'Union européenne ; 31 700 migrants sans papiers sont arrivés sur l'île en 2007 (23 000 en 2005, 13 000 en 2004 et 8 000 en 2003).
Le rapport de Migreurop d' fait un point sur la situation des migrants se trouvant actuellement au centre de rétention de Lampedusa[7].
Entre les 9 et , entre 10 000 et 12 000[6] Tunisiens sans papiers sont arrivés sur l'île, profitant d'un relâchement de surveillance douanière et policière à la suite de la révolution tunisienne du 14 janvier 2011[8].
Le , le pape François se rend en visite à Lampedusa pour attirer l'attention du monde sur la situation de ces migrants[6].
Le , une embarcation transportant environ 500 migrants clandestins africains fait naufrage près de Lampedusa[6]. La catastrophe fait plus de 300 morts[9] (voir l'article Naufrage du 3 octobre 2013 à Lampedusa pour plus de détails).
À la suite de critiques sur les conditions d'accueil des clandestins venus par voie maritime, le gouvernement italien vide le centre pour migrants de Lampedusa, suspend ses dirigeants et envisage de le confier à la Croix-Rouge (il s'agit actuellement d'une convention entre l'État et une coopérative sociale)[10].
En 2017, la maire Giusi Nicolini est sèchement battue, au moment même où elle reçoit le Prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix[11]. L’ancien maire Salvatore Martello est réélu[11].
Le centre de Lampedusa est devenu un des « hotspots » européens destinés à trier les migrants, jusqu'en 2017 et les accords avec la Libye[12]. L’île tourne depuis au ralenti[6].
En une nouvelle vague massive de migrants débarque sur l’île et le maire craint que cela entraîne des contaminations à la Covid-19[13].
Économie
L'île vit essentiellement de la pêche et du tourisme, le nombre de visiteurs pouvant atteindre 200 000 en été[3]. Lampedusa possède un aéroport (code AITA : LMP).
Personnalités liées à l'île
- Giuseppe Tomasi (1896-1956), prince de Lampedusa, est un écrivain italien, auteur du livre Le Guépard, qui fut porté à l'écran par Visconti sous le même nom.
- Domenico Modugno (1928-1994), chanteur mort à Lampedusa
- Claudio Baglioni, (1951-), chanteur italien qui organise tous les étés un spectacle de variétés sur l'île. Il y a aussi une résidence.
- Filippo Pucillo (1989-), acteur italien né à Lampedusa
Œuvres en rapport avec l’île
- Le chanteur Mango a filmé à Lampedusa le clip vidéo de la chanson Mediterraneo, extrait de l'album Come l'acqua (1992)[14].
- Clandestins est le titre d'une suite de toiles dramatiques inspirées au peintre Blaise Patrix par son séjour sur l'île en 2001.
- Le film Respiro (2002) d'Emanuele Crialese a été filmé à Lampedusa.
- Le roman Eldorado de Laurent Gaudé paru en 2006, traite de la question de l'immigration clandestine vers l'île.
- L'île est au cœur du roman pour la jeunesse Lampedusa de Maryline Desbiolles paru en 2012 à L'École des Loisirs.
- Mare Magnum, de Letizia Gullo, Ester Sparatore sorti en 2014, film documentaire présenté au festival du cinéma du réel en 2014 : La campagne électorale houleuse de la candidate écologiste aux municipales Giusi Nicolini sur l’île de Lampedusa, devenue malgré elle cimetière de l’immigration africaine en Europe
- À ce stade de la nuit paru en 2014, récit de Maylis de Kerangal sur le naufrage du 3 octobre 2013 à Lampedusa
- Songe à Lampedusa, recueil de poésie de Josué Guébo, paru en 2014 sur le naufrage du 3 octobre 2013 à Lampedusa
- Lampedusa Beach, Lampedusa Snow et Lampedusa Way, aussi appelés le Triptyque du naufrage, pièces de la dramaturge italienne Lina Prosa.
- Debout sur le zinc sort en 2015 une chanson du nom de Lampedusa traitant de l'immigration dans l'album Eldorado(s).
- En 2016, le chanteur Français Christophe Maé fait référence à l'île dans sa chanson Lampedusa, issue de son dernier album L'attrape rêves.
- Fuocoammare, film documentaire italien de 2016 réalisé par Gianfranco Rosi.
- Emma-Jane Kirb, L'Opticien de Lampedusa, 2016
- Annelise Heurtier, Refuge, 2015
- Lampedusa et les îles Pélages.
- Plage de l'île des Conigli à Lampedusa
- Boat people dans les mers de Lampedusa
Notes et références
- Pierre Larousse, « Lampédouse », dans Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, vol. 10, (lire en ligne), p. 127
- (en) « History of Lampedusa », sur Italy this way (consulté le ).
- (it) « Isola di Lampedusa », sur legambiente.it, (consulté le ).
- Histoire de Saint Louis, L. Hachette et cie., 1865 - 347 pages
- Blondy, Alain, « Lampédouse aux XVIIIe et XIXe siècles », Revue d'histoire maritime, no 19, , p. 373-391 (ISBN 978-2-84050-954-7)
- « Retour à Lampedusa, théâtre des dissensions européennes », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Les frontières assassines de l’Europe, rapport Migreurop 2009 sur la violation des droits humains aux frontières
- Ces Tunisiens sans repères qui fuient leur pays, Le Figaro, 13 février 2011
- Le Monde.fr avec AFP, « Après le naufrage à Lampedusa, l'Italie décrète un deuil national », sur Le Monde.fr,
- Richard Heuzé, « Rome a vidé le centre pour migrants de Lampedusa », in Le Figaro, mardi 31 décembre 2013, page 6.
- « La pasionaria des migrants perd sa mairie de Lampedusa », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Un accord sur les migrations trouvé lors du sommet de l’Union européenne », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- J.Vitaline et D.Attal, « Plus de mille migrants arrivent à Lampedusa », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
- (it) « “Scusate”. Poi Mango muore », sur noinotizie.it (consulté le )
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