Le Point

Le Point est un magazine d'actualité hebdomadaire français, créé en 1972 par une équipe de journalistes venant essentiellement de L'Express et proches d'Olivier Chevrillon et de Claude Imbert. Son format s'inspire de celui du magazine américain Time.

Pour les articles homonymes, voir Le Point (homonymie) et Point.

Le Point

Pays France
Zone de diffusion France
Langue Français
Périodicité Hebdomadaire, parution le jeudi
Genre Magazine d'actualité
Prix au numéro 5,50 €
Diffusion 294 456 (diffusion France payée) ex. (2021[1])
Fondateur Olivier Chevrillon, Claude Imbert, Jacques Duquesne, Pierre Billard, Georges Suffert, Henri Trinchet, Robert Franc, Philippe Ramond, Michel Bracciali
Date de fondation 1972 (il y a 50 ans)
Éditeur Sebdo 1 boulevard Victor Paris 75015
Ville d’édition Paris

Propriétaire François Pinault via Artémis[2]
Directeur de publication Étienne Gernelle
Directeur de la rédaction Sébastien Le Fol
ISSN 0242-6005
ISSN (version électronique) 2271-0744
Site web www.lepoint.fr

Traditionnellement classé au centre-droit, le journal ouvre ses pages à toutes les opinions politiques (interviews, analyses, etc.). C'est l'un des cinq magazines d'actualité hebdomadaires de dimension nationale en France[3].

Depuis 1997, il appartient à la famille Pinault, qui détient à 100 % le groupe Sebdo-Le Point via sa holding Artémis.

Histoire

Le Point est fondé en 1972[4] par une équipe de journalistes qui avaient quitté, une année plus tôt, la rédaction en chef de L'Express, alors dirigé par Jean-Jacques Servan-Schreiber. Ils reprochaient à ce dernier d'avoir transformé cet hebdomadaire en son porte-parole exclusif . Le premier numéro du Point est consacré à Valéry Giscard d'Estaing, à l'époque ministre de l'Économie et des Finances dans le gouvernement du nouveau Premier ministre - Pierre Messmer ayant été nommé au mois de - et intitulé Giscard au banc d'essai .

L'équipe fondatrice du Point est composée d'Olivier Chevrillon (Pdg & éditorialiste), des journalistes : Claude Imbert, Jacques Duquesne, Pierre Billard, Georges Suffert, Henri Trinchet, Robert Franc, du responsable de la publicité et du marketing Philippe Ramond, et de l'administrateur Michel Bracciali. S'appuyant financièrement sur le groupe Hachette, dont le Pdg est alors Simon Nora, cette équipe recrute au printemps 1972 des journalistes – jugés parmi les plus performants – à travers les grands titres de la presse parisienne.

Le Point mise d'alors sur sa capacité à renouveler le genre de l'hebdomadaire d'information, le « newsmagazine », du type Newsweek ou Time. En trois années, le journal réussit à atteindre l'équilibre financier puis à être largement bénéficiaire. Il est toujours dans ce modèle.

Son directeur de la publication est Étienne Gernelle, nommé en 2014[5].

Actionnariats successifs

Après la victoire de la gauche aux élections de 1981, Le Point quitte le groupe Hachette, dont la nationalisation est évoquée ; l'équipe dirigeante craint d'y perdre son autonomie. Le journal intègre le groupe de cinéma Gaumont, présidé par Nicolas Seydoux[6].

En 1992, souhaitant se désengager de son investissement dans Le Point, Nicolas Seydoux cède ses parts à la Générale Occidentale[7]. Un GIE « L'Express-Le Point » prend alors naissance pour gérer en particulier la publicité, source importante de revenus. Cet étrange attelage de deux hebdomadaires concurrents ne durera qu'un temps. En , la CGE, devenue Alcatel-Alsthom, fait apport de ses activités de presse à CEP communication, une filiale d'Havas, groupe dont Alcatel (Pdg : Serge Tchuruk) devient l'actionnaire principal.

Le , le journal est racheté pour moins de 200 millions par l'homme d'affaires François Pinault, PDG de la holding Artémis[8] et présenté comme un proche de Jacques Chirac. François Pinault prend à travers son groupe le contrôle du Point. Claude Imbert, en garant de la continuité du journal et de sa ligne, demeure l'un des éditorialistes principaux.

Dates clés

  • Le paraissait le premier numéro du magazine avec pour titre en une « Crise de régime », au prix de 3,50 francs[9].
  • En 1975, grâce à l'accroissement de son audience et de ses recettes publicitaires, Le Point atteint, dès sa troisième année, son seuil de rentabilité. Il compte 150 collaborateurs.
  • Le , la société Gaumont rachète 51 % du capital du Point à Hachette, l'actionnaire initial et devient ainsi l'actionnaire principal du journal.
  • En décembre 1985, après le départ d'Olivier Chevrillon, Jacques Duquesne, directeur adjoint de la rédaction, est nommé président-directeur général.
  • Le , Le Point présente sa nouvelle formule : dos carré, nouvelle maquette, nouveau logo, format agrandi, prix en baisse. La diffusion du journal augmente régulièrement.
  • Le , lancement de la première édition ciblée du Point : « Le Point Grandes écoles et universités », suivie, en octobre 1995, par une édition Affaires en collaboration avec Business Week.
  • En janvier 2001, Le Point adopte une version rénovée de sa formule : nouveau logo, format élargi, pagination renforcée, nouvelles rubriques.
  • Le , Franz-Olivier Giesbert, poursuivi pour diffamation raciale et publique depuis un an (il sera condamné six jours plus tard[10]) annonce qu'il va quitter volontairement la présidence du Point, ne s'estimant plus « l'homme de la situation » (voir l'interview de Télérama du [11]). Il est remplacé par Étienne Gernelle, ancien directeur de la rédaction.
  • En février 2017, la directrice adjointe de la rédaction fait l’objet d’un licenciement pour faute grave, sans indemnités ni préavis. Selon son avocat, la procédure légale n’a pas été respectée parce que le motif du limogeage est « inavouable »[12].
  • En octobre 2017, le site d'information Mediapart publie plusieurs articles sur le traitement par Le Point d'informations reçues sur le financement par la Libye de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007 et sur des malversations criminelles liées à la construction de l'hôpital de Benghazi ; deux articles commandés par la rédaction, mis en page et payés n'auraient finalement pas été publiés[13],[14]. Le directeur du Point se défend de toute censure et accuse Mediapart de « complotisme »[15].

Diffusion

Diffusion du Point par numéro[16]
Année Diffusion France payée Évolution annuelle Diffusion totale
(gratuits inclus)
1999 301 423[17] 2,2 %[17] NC
2000 302 625[18] 0,4 %[18] NC
2001 329 073[19] 8,7 %[19] NC
2002 337 024[20] 2,4 % NC
2003 350 088[21] 3,9 % NC
2006 NC NC 408 931
2007 NC NC 443 956
2008 NC NC 443 738
2009 NC NC 434 745
2010 NC NC 429 650
2011 NC NC 430 086
2012 412 286 NC 432 813
2013 399 291 –3,2 % 417 940
2014 383 559 –3,9 % 401 171
2015 364 085 –5,1 % 380 222
2016 340 253 –6,5 % 355 586
2017 315 579 –7,3 % 330 602
2018 288 319 –8,7 % 301 722

Résultats financiers

En milliers €[22]
2014 2015 2016 2017 2018
Chiffre d'affaires 80 374 79 416 70 090 67 820 non publiés
Résultat (+ ou -) - 12 065 + 1 029 + 308 - 1 861
Effectif moyen annuel 182 187 175 175

Aide financière de l'État

Dans le cadre des aides de l'État à la presse écrite, Le Point touche environ 4,5 millions d'euros par an de subventions[23],[24],[25], auxquelles s'ajoutent des aides financières allouées par le ministère de la Culture et de la Communication[26].

Controverses

En , Bernard-Henri Lévy, chroniqueur au Point, attribue au journaliste du Monde diplomatique Bernard Cassen des propos antimusulmans tenus par le pamphlétaire d’extrême droite Pierre Cassen. L’hebdomadaire refuse la publication d’un droit de réponse ; il est condamné à s’exécuter par la 17e chambre correctionnelle (jugement du ). Laquelle, soulignant « l’insuffisance de rigueur et la carence de fond », « la gravité et la virulence » de la diffamation, estime que « le bénéfice de la bonne foi ne saurait lui être accordé » et impose au Point de payer 3 500 euros d’amende[27].

En avril 2015, Jérôme Béglé informe les abonnés du Point que Jean-Marie Le Pen se présente à l'élection présidentielle de 2017. L'information erronée provenait en réalité d'un canular générée par le site satirique Nordpresse[28].

En juin 2022, le journaliste du Point Aziz Zemouri publie un article accusant les députés Alexis Corbière et Raquel Garrido d'employer illégalement une femme de ménage algérienne à qui ils « imposeraient des cadences infernales », ce qu'ils démentent. Plusieurs journaux relèvent les incohérences de l'enquête[29],[30],[31]. L'article est retiré du site le lendemain de sa publication ; le directeur de publication du journal Étienne Gernelle expliquant dans un communiqué que « des erreurs et manquements à la prudence avaient été commis » ; il présente ses excuses aux deux concernés[32],[33] et met à pied le journaliste[34], déjà condamné en diffamation à quatre reprises[33], puis le convoque à un entretien préalable à un possible licenciement[35]. Celui-ci porte plainte contre le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde et le policier Noam Anouare qu'il dit être à l’origine de ces fausses informations[36]. Le parquet ouvre une enquête pour escroquerie[35].

Condamnations pour diffamation

En 2014, le directeur de la publication de l'hebdomadaire, Franz-Olivier Giesbert, a été condamné à 1 500 euros d'amende pour « diffamation publique envers un groupe de personnes à raison de leur origine ou nationalité chinoise »[37]. En 2021, Étienne Gernelle, directeur de publication de l’hebdomadaire, et Aziz Zemouri ont été condamnés à plusieurs milliers d'euros d'amende pour diffamation après avoir qualifiée de « call-girl » l'actrice Sand Van Roy dans un article[38].

Équipe de direction

Direction générale

  • Directeur de la publication : Étienne Gernelle
  • Président-directeur général : Renaud Grand-Clément
  • Directeur général délégué et vice-président : François Claverie

Direction de la rédaction

  • Directeur de la rédaction : Sébastien Le Fol
  • Directeurs adjoints de la rédaction: Florent Barraco, Christophe Ono-dit-Biot, Laurence Allard, Gilles Denis
  • Rédacteurs en chef : Emmanuel Berretta (France, Politique), Mathilde Gardin (Web), Romain Gubert (Monde), Fabien Roland-Lévy (Société), Christophe Ono-dit-Biot (Culture), Jérome Cordelier (Villes, Éditions régionales), Catherine Golliau (Hors-séries), Brigitte Hernandez (Guide, Spéciaux Paris et été)
  • Conseiller de la direction de la rédaction : Franz-Olivier Giesbert

Directeurs opérationnels

  • Directrice marketing abonnements : Sidonie Mabille
  • Directeur Exécutif Numérique, Produits et Technologies : Julien-Henri Maurice
  • Directrice de la communication et des partenariats : Sophie Gournay
  • Directeur des ressources humaines : Jérôme Dabeck
  • Directeur informatique et industriel : Olivier Bost
  • Directrice Data & Analytics : Joanna Blain

Chroniqueurs

Contrairement aux usages de la presse hebdomadaire et à ses habitudes passées, depuis plusieurs années Le Point ne publie plus que très irrégulièrement son ours dans ses pages. Le numéro du l'a rendu public.

Collaboratrices et collaborateurs actuels

Anciens collaborateurs du Point

Effectif et résultats

En 2017, le Point employait 171 collaborateurs. Le chiffre d'affaires était de 67 820 500 € et le résultat déficitaire de 1 861 300 €[39].

Récompense de bande dessinée

Un jury décerne depuis 2004 le prix de la BD du Point pour récompenser une bande dessinée. Après les attentats de , au cours desquels Georges Wolinski est assassiné, le prix change de nom en hommage au défunt, avec l'accord de sa veuve, et il devient le « Prix Wolinski de la BD du Point »[40].

Notes et références

  1. « Le Point - ACPM », sur Acpm.fr (consulté le ).
  2. « Médias français, qui possède quoi ? », sur Le Monde diplomatique, (consulté le ).
  3. Avec L'Obs, l'Express, Marianne et Valeurs actuelles, en exceptant Le Figaro Magazine, qui est un supplément.
  4. « La Presse à la Une, Le Point, n°1, 25 septembre 1972. », sur expositions.bnf.fr.
  5. « Étienne Gernelle officiellement nommé directeur de la publication du Point », sur Challenges (consulté le ).
  6. Michel Jamet, « Le « Point » un new-magazine à l'état pur », Communication et langages, vol. 52, no 52, , p. 96-106 (lire en ligne).
  7. fondée par James Goldsmith et ancrée depuis 1987 à la CGE, qui possède aussi L'Express.
  8. « François Pinault remporte le « Point ». Le patron de la Redoute et de la FNAC rachète l'hebdo pour moins de 200 millions. », sur Libération.fr, (consulté le ).
  9. D'un « Point » à 2 499 autres, lepoint.fr du 23 juillet 2020.
  10. « « Le Point » condamné pour diffamation pour un article sur les immigrants chinois », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  11. Franz-Olivier Giesbert : « Je ne suis plus l’homme de la situation », Télérama du 13 janvier 2014.
  12. « La directrice adjointe du « Point » est licenciée pour «motif inavouable» », Mediapart, (lire en ligne).
  13. Fabrice Arfi et Karl Laske, « Première censure au «Point»: les journalistes témoignent », Mediapart, (lire en ligne, consulté le ).
  14. Fabrice Arfi et Karl Laske, « « Le Point » a censuré une deuxième enquête sur l’affaire libyenne », Mediapart, (lire en ligne, consulté le ).
  15. « "Avec les compliments du Guide" : le droit de réponse d'Étienne Gernelle », France Inter, (lire en ligne, consulté le ).
  16. Diffusion Contrôle, 2012, site Office de Justification de la Diffusion 2005.
  17. Michel Delberghe, « Les magazines à gros tirage n'ont pas enrayé la baisse de leurs ventes », Le Monde, , p. 24.
  18. Michel Delberghe, « Coup de frein dans les magazines », Le Monde, , p. 21.
  19. José Barroso, « La diffusion de la presse s’est révélée « assez stable » en 2001 », Le Monde, , p. 21.
  20. Daniel Psenny, « La presse française a connu une légère régression en 2002 », Le Monde, , p. 20.
  21. Pascale Santi, « La baisse de la diffusion de la presse, amorcée en 2001, s’est poursuivie en 2003 », Le Monde, , p. 31.
  22. « Société d'exploitation de l'Hebdomadaire le Point : bilans », sur www.societe.com (consulté le ).
  23. Rapport de la Cour des Comptes sur les aides à la presse écrite, 18 septembre 2013.
  24. Les mensonges du Point sur « la France des assistés », Politis, 25 octobre 2013.
  25. Le Plan d'aide à la presse écrite 2009-2011, p. 647, rapport de la Cour des comptes de France.
  26. Budget 2012 du ministère de la Culture et de la Communication, 28 septembre 2011.
  27. Serge Halimi & Pierre Rimbert, « Voyage en feinte vérité », sur Le Monde diplomatique, .
  28. « Le journaliste Jérôme Béglé ou les nouveaux habits du dimanche », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  29. David Perrotin, Antton Rouget, « Les erreurs et incohérences du « Point » sur les députés Garrido-Corbière », sur Mediapart (consulté le )
  30. Vincent Coquaz et Luc Peillon, « Femme de ménage sans papiers: «Le Point» a-t-il publié une fausse info sur le couple Garrido-Corbière ? », sur Libération (consulté le )
  31. « Accusations visant Raquel Garrido et Alexis Corbière: les incohérences de l’enquête du «Point» », sur Libération (consulté le )
  32. « "Tout est faux" : accusés d'avoir employé une femme de ménage sans papiers, Alexis Corbière et Raquel Garrido portent plainte pour "diffamation" », sur Franceinfo, (consulté le )
  33. « Alexis Corbière et Raquel Garrido maintiennent leur plainte pour diffamation après le retrait de l’article du « Point » les mettant en cause », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  34. « « Le Point » met à pied le journaliste qui a mis en cause à tort Raquel Garrido et Alexis Corbière », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  35. « Fausses accusations contre Raquel Garrido et Alexis Corbière : ouverture d’une enquête pour escroquerie », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  36. « Fausses accusations contre Garrido et Corbière : le journaliste du « Point » Aziz Zemouri porte plainte contre Jean-Christophe Lagarde », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  37. « « Le Point » condamné pour diffamation pour un article sur les immigrants chinois », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  38. « Affaire Luc Besson : la plaignante fait condamner Le Point pour diffamation », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  39. « fiche d'identité de l'entreprise », sur www.societe.com (consulté le ).
  40. Didier Pasamonik, « Zep et "What a Wonderful World !" reçoivent le premier Prix Wolinski de la BD du Point 2015 », sur Actua BD, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la presse écrite
  • Portail de Paris
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.