Lorsque j'étais une œuvre d'art
Lorsque j'étais une œuvre d'art est un roman de l'écrivain français Éric-Emmanuel Schmitt. Il a été publié aux Éditions Albin Michel en 2002.
Lorsque j'étais une œuvre d'art | ||||||||
Auteur | Éric-Emmanuel Schmitt | |||||||
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Pays | France | |||||||
Genre | Roman | |||||||
Éditeur | Éditions Albin Michel | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 2002 | |||||||
Nombre de pages | 253 | |||||||
ISBN | 2-253-10958-4 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Résumé
Dans un État insulaire, Tazio, le frère cadet des jumeaux Firelli, deux mannequins célèbres d'une grande beauté, a décidé, à vingt ans, de se suicider en se jetant du haut d'une falaise, puisqu'il se trouve laid, banal et médiocre, dans l’ombre de ses frères, connus dans le monde entier pour leur beauté. Il en est empêché par la proposition de Zeus-Peter Lama, un artiste qui lui demande 24 heures pour changer sa vie. L'artiste contemporain exubérant lui propose de faire disparaître complètement son ancienne et déprimante vie, et de faire de lui une sculpture vivante nommée Adam bis. Le personnage va ensuite soumettre sa volonté à Zeus-Peter Lama qu’il appelle son « bienfaiteur » et va se laisser transformer. Son corps va être totalement transformé et déshumanisé pour devenir une « œuvre d’art ». Sa rencontre avec un autre artiste, le peintre Carlos Hannibal, va lui faire adopter une autre vision du monde : lui et sa fille Fiona l'encouragent et lui donnent la volonté de reconquérir et réclamer son droit à la vie et à la liberté.
Personnages
- Le narrateur : Tazio Adam Firelli, âgé de 20 ans, suicidaire et inexistant, qui deviendra la sculpture vivante Adam bis
- Zeus-Peter Lama : artiste contemporain de renommée médiatique mondiale, marginal, autoritaire et fin manipulateur
- Le docteur Fichet : docteur légiste débauché par Lama à cause de ses dettes de jeu
- Carlos Hannibal : grand peintre de l'invisible, vit près de la résidence de Lama
- Fiona Hannibal : fille du peintre Carlos Hannibal, femme d'Adam
- Enzo et Rienzi Firelli : frères de Tazio, considérés comme les plus beaux hommes du monde
- Zoltan : chauffeur de Zeus-Peter Lama
- Titus : domestique de Zeus-Peter Lama
Analyse et interprétation
Les yeux qui sont le miroir de l’âme
À travers les yeux d’Adam, on peut voir son fragment d’humanité à travers son âme. Malgré les transformations, Adam conserve la même nature et personnalité, ce qui transparaît dans ses yeux.
Le rejet des transformations
Adam commence à se décomposer lorsqu'il refuse d'accorder de l'importance aux apparences pour donner priorité à son humanité et retrouver son identité. Le rejet des transformations de Zeus est aussi un rejet de la quête des apparences, de l’existence à travers celles-ci. Tazio ne croit plus que les apparences sont capitales pour être heureux et cherche à retrouver son ancien corps.
L'art
Qu'est-ce que l'art à notre époque ? son existence grâce aux médias, qu'est-il tolérable de faire «pour» l'art ? sont les questions apportées, mais non résolues par ce roman. Et par extension, le roman questionne sur la «soumission» des Hommes devant ces médias : parce qu'on parle beaucoup de quelque chose, celui-ci est logiquement «bien» et doit être connu (comme on le voit pour les frères de Tazio, des personnages créés de toutes pièces par la télévision, la radio etc., mais aussi pour Tazio lui-même qui, puisqu'il est médiatisé, est connu de tous).
« Puisque les gens assimilent ce dont on parle à ce qui vaut, il [Zeus-Peter Lama] fait parler de lui pour qu'on ne doute plus de sa valeur. Puisque l'observateur pressé peut confondre qualité de l'ouvrage avec quantité de commentaires, il appelle les commentaires tous azimuts. »
« Sa [de Zeus] carrière, il ne la fait pas dans son atelier, il la fait dans les médias ; ses pigments, ce sont les journalistes, et là, il est, sinon un grand artiste, un grand manipulateur. Avec cette sculpture, sa dernière, il se poursuit et en même temps il se dépasse, il franchit une frontière, il s'installe dans le terrorisme, il devient criminel. »
L'existence
Par prolongement on en arrive à l'essence même du roman : qu'est-ce qu'« exister » dans notre monde moderne (et occidental) ? est-ce simplement être connu (comme Tazio le pense au début), ou bien est-ce autre chose (amour, bonheur, joie… que Tazio découvre en fin de récit, avec Fiona) ? et alors, qu'est-on est prêt à faire pour être connu ?
« Mon jeune ami, chacun de nous a trois existences. Une existence de chose : nous sommes un corps. Une existence d'esprit : nous sommes une conscience. Et une existence de discours : nous sommes ce dont les autres parlent »
Ou tout bêtement, la question de savoir ce qui caractérise l'Homme (physique, âme...). Toutes ces questions trouvent une réponse à la fin.
« Rien n'est plus difficile à prouver que l'existence de l'âme. C'est invisible. »
Le mythe de Faust
Lorsque j'étais une œuvre d'art est une sorte d'hypertexte (réécriture) du mythe de Faust, un conte populaire allemand écrit en 1587. Le docteur du même nom éprouve des difficultés à avoir de la renommée. Il va donc faire un pacte avec le Diable (ici Méphistophélès) qui consiste à lui faire changer de vie, en échange de son âme.
Éditions
- Édition imprimée originale
- Éric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j'étais une œuvre d'art, Paris, éd. Albin Michel, , 294 p., 145mm x 225mm (ISBN 978-2-226-10955-2)
- Édition imprimée au format de poche
- Éric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j'étais une œuvre d'art, Paris, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche », , 256 p., 18 cm (ISBN 978-2-253-10958-7)
Traductions
Le roman a été traduit en allemand, biélorusse, coréen, bulgare, grec moderne, italien, polonais, portugais et roumain[1].
Liens externes
- Ressources relatives à la littérature :
Notes et références
- Page « Lorsque j'étais une œuvre d'art », sur le site d'Éric-Emmanuel Schmitt, consultée le 8 juin 2017.
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