Adélaïde de France (1732-1800)
Marie Adélaïde de France, dite « Madame Adélaïde », puis à partir de 1752, « Madame », quatrième fille et sixième enfant de Louis XV et de Marie Leszczyńska, est née le à Versailles, baptisée[1] à Versailles le et morte le à Trieste.
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(à 67 ans) Trieste |
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Présentation
Alors qu'en 1738, la reine apprend qu'elle ne pourra plus avoir d'enfants et ferme sa porte au roi, les filles cadettes du roi étaient, par mesure d'économie et sur les conseils du cardinal de Fleury, envoyées terminer leur éducation à l'abbaye de Fontevraud, Madame Adélaïde réussit à attendrir son père et resta à Versailles, où elle fut élevée avec ses deux sœurs aînées Madame Élisabeth (qui épousa dès 1739 l'infant Philippe d'Espagne) et Madame Henriette. Les trois fillettes y vécurent dans l'ombre de leur frère le dauphin Louis. Louis XV, qui l'aimait beaucoup, s'amusait à la surnommer « Madame Torchon » en raison de son goût pour les travaux domestiques.
Elle est baptisée dans la religion catholique avec pour parrain Charles de Bourbon, comte de Charolais et pour marraine Louise-Anne de Bourbon-Condé, Mademoiselle de Charolais.
Imbue de son sang, et quoiqu'elle reçût avec une certaine joie les hommages de son cousin le prince de Conti ainsi que ceux du prince François-Xavier de Saxe, elle préféra rester célibataire.
Dotée d'un caractère vif, elle sut s'imposer comme un véritable chef de famille auprès de ses sœurs. Seule la benjamine Madame Louise, qui entra au Carmel en 1770, échappait à son ascendant.
Le clan des dévots
Défendant avec ardeur l'ordre des Jésuites, elle se mit à dos le Parlement, mais la princesse tenta aussi de s'opposer vainement, avec ses sœurs et le dauphin, à la liaison de Louis XV et de Madame de Pompadour. La mort de Madame Henriette (1752), puis plus tard, celle du Dauphin (1765), l'affectèrent beaucoup, et elle trouva en la musique – tout comme ses sœurs – une véritable raison de vivre.
Lorsque Marie-Antoinette devint dauphine de France (1770), « Madame » voulut se la concilier, contre Madame du Barry et y aurait réussi si l'impératrice Marie-Thérèse, mère de la dauphine, ne s'était pas opposée à cette entente (quoique la dauphine poursuivît plus farouchement encore la lutte contre la favorite). Néanmoins, la frivole Dauphine déplut bientôt à sa tante et c'est dans les salons de celle-ci qu'elle fut pour la première fois surnommée « l'Autrichienne », surnom qui la poursuivra jusque sur l'échafaud.
Les princesses allaient parfois prendre les eaux à Plombières dans le duché de Lorraine sur lequel régnait à titre nominal et viager leur grand-père Stanislas Leszczynski qu'elles pouvaient ainsi visiter.
Les années 1760 furent des années de deuil pour la famille royale : en 1759 mourut à Versailles la duchesse de Parme, aînée des filles du roi, en 1761 le duc de Bourgogne, fils aîné du dauphin promis au trône, en 1763 l'archiduchesse Marie-Isabelle épouse du futur empereur Joseph II, en 1765 le duc Philippe Ier de Parme puis peu avant Noël le dauphin, en 1766 le vieux roi Stanislas, en 1767, la dauphine Marie-Josèphe. En 1768 la mort de la reine mit un terme à cette marche funèbre. Le roi mourut le veillé par ses trois filles survivantes et présentes à la cour. Cette dernière marque d'amour filial fut moquée par la cour.
Dans le même temps, l'expulsion des jésuites consterna les enfants du roi.
À la mort du Dauphin (1765) puis de la Dauphine (1767), Madame Adélaïde avait été dépositaire de leurs papiers, ainsi que d'une instruction destinée au futur roi. Ce document fut ouvert deux jours après la mort du roi, le , dans un petit conseil de famille, en présence du nouveau roi Louis XVI. Il désignait trois premiers ministres possibles : Maurepas, d'Aiguillon et Machault.
En 1782 mourut la discrète Madame Sophie, puis en 1787, Madame Louise (en religion Thérèse de Saint-Augustin).
À l'aube de la Révolution, ne restaient en vie comme enfants de Louis XV et de la reine que Madame et sa sœur Madame Victoire.
La Révolution française
Après les événements du , les deux princesses durent quitter Versailles et préfèrent s'installer à Bellevue, près de Meudon (château offert par leur neveu Louis XVI) plutôt qu'aux Tuileries.
Les lois contre l'Église les incitèrent à fuir la France pour rejoindre l'Italie le .
Leur départ suscita une certaine émotion et elles furent arrêtées et retenues quelques jours à Arnay-le-Duc. Mirabeau les défendit devant l'Assemblée. Raillant l'assemblée qui avait délibéré pendant des heures sur le sort de deux dames qui préféraient entendre la messe à Rome plutôt qu'à Versailles, le tribun obtint que les princesses pussent entrer dans le duché de Savoie dont l'héritier avait épousé leur nièce Clotilde de France. Elles arrivèrent à Rome le où elles rencontrèrent dès le lendemain de leur arrivée, en audience privée, le pape Pie VI.
Cependant la montée au pouvoir de Napoléon Bonaparte et ses conquêtes les contraignirent à fuir encore plus loin, d'abord à Naples (1796), puis à Corfou (1799) et enfin à Trieste, où s'éteignit bientôt Madame Victoire, Madame Adélaïde mourut quelques mois plus tard, le , à l'âge de 68 ans. Dans leur exil, les deux soeurs étaient accompagnées par la marquise de Roquefeuil.
Bibliographie
- Les Princesses vagabondes : roman de Frédéric Lenormand, fondé sur l'exil de Mesdames en Italie entre 1791 et leur mort ; l'œuvre se base sur leur vie réelle mais est fictive
- Mesdames de France : roman de Bruno Cortequisse
- Chronique de la Révolution, éditions Larousse, 1989.
- Henri Valentino, Adélaïde de France: fille de Louis XV, Editions Balzac, 194
- Guillaume Garcia-Moreau, "Entre tradition et Lumières, les choix de Mesdames Tantes", Antologia di Belli Arte, 2009, p. 94-119, lire l'article
Musique
- Ensemble Quentin Lejeune, Le violon de Madame Adelaïde, Calliope, 2017
- Olivier Baumont, Julien Chauvin, A Madame: divertissement pour Adelaïde, Aparté, 2017
Ascendance
Notes et références
- Archives départementales des Yvelines en ligne, registre des baptêmes 1737 de Versailles, paroisse Notre-Dame, vue 27/76
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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